UMP : Copé arrose ses amis aux dépens de ses adhérents.. et des contribuables.
Selon Libé, et il n’y a pas vraiment de raison de douter des résultats de son enquête, la société Bygmalion des amis de Jean-François Copé aurait bénéficié de 20 millions d’€uros de commandes en 2012, sur une période extrêmement courte de six mois. Pour la faire courte, Pygmalion aurait perçu ces sommes astronomiques pour des prestations dont on ne trouve de traces nulle part et dont les participants présumés ne se souviennent pas. L’un d’eux, Pierre Lellouche, qui va même jusqu’à demander à son avocat de porter l’affaire en Justice, ne se souvient pas avoir assisté à l’une des 55 « conventions » facturées 12,7 m€ à l’UMP.
Les médias s’attardent beaucoup sur la destination de ces fonds, notamment, sur l’hypothèse d’un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. On ne prête qu’aux riches mais il ne faut tout de même pas exagérer. En effet, si on additionne les sommes affectées par la presse au financement occultes des campagnes de Sarkozy, on atteint des sommes astronomiques, au moins cent millions dont les cinquante de Kadhafi et au moins vingt-cinq du Qatar. Il y a sans doute là-dedans une part de vrai mais l’alibi politique permet surtout de jeter un voile pudique sur d’autres aspects du scandale.
Le premier est que, quelle qu’en soient les sources, l’argent de l’UMP est constitué in fine et pour l’essentiel d’argent public. Sur ces sommes, une part provient d’aides directes mais, surtout, chaque €uro de cotisation et de don donne droit à un crédit d’impôt de 66 %. Moralité, quand Bygmalion bénéficie de 20 millions d’€uros de commandes bidon, le contribuable en est de 13,2 millions.
Le second est le ridicule des cris d’orfraie de ceux qui font semblant aujourd’hui de découvrir le pot aux roses. C’est vraiment prendre les Français pour des c… que d’oser affirmer ou même suggérer que les cadres de l’UMP ne savaient pas. En réalité, détourner une partie des finances des partis politiques est un sport national pratiqué par TOUS les partis. Non pour des intérêts privés, quoique, en l’occurrence, Guy Alvès et Bastien Millot (par ailleurs impliqué dans une affaire de marchés truqués de France Télévisions), les amis de Copé, n’ont certainement pas oublié de se servir au passage, mais pour contourner l’hypocrisie politiquement correcte qui consiste à faire croire que les élus des instances politiques ne sont pas rémunérées. A l’UMP comme au PS et comme dans tous les autres partis, tous ceux qui de près ou de loin participent même symboliquement aux décisions prises par les partis, les présidents et secrétaires généraux ou nationaux (il y en a plus de cent, à l’UMP !), les membres d’instances consultatives (qu’on ne consulte jamais), les élus non permanents salariés des instances locales, tous sont rémunérés. Certains le sont via des emplois fictifs dans des collectivités territoriales, d’autres sont des salariés fantômes d’entreprises très dépendantes de l’État (les banques, les labos pharmaceutiques, les entreprises de téléphonie et de BTP, etc.) mais ça ne suffit jamais. Les plus gâtés émargent en plus aux finances de leurs partis car l’État, on ne le sait pas, est très généreux. Mais comme on ne peut pas rompre le sacro-saint et faux principe de bénévolat (pour ne pas choquer les vrais bénévoles), ça ne se dit pas. D’où le recours à des moyens contournés. La surfacturation ou la facturation de prestations fictives est le meilleur de ces moyens.
Il est curieux que les cadres de l’UMP, les Juppé, les Fillon, n’aient pas, dès que la presse a mis en évidence les premières curiosité de la gestion financière de leur part par Copé, porté l’affaire en Justice. Mieux, ils se sont satisfaits de cette curieuse décision de mettre les comptes de l’UMP sous scellés tant que les autres partis n’auraient pas fait la lumière sur leurs propres comptes (?). Et il est curieux qu’il ne soit trouvé aucun adhérent de l’UMP pour demander à la Justice de se saisir de l’affaire. Quand au procureur de la République, alors qu’il s’agit, encore une fois, d’argent public, il ne s’est pas manifesté et n’a demandé aucune enquête. Et, pour finir, aucun de nos chers médias, pas même ceux qui ont dévoilé cette affaire, ne s’est étonné de ces ratés. Étonnant, non ?
Copé, qui continue imperturbablement de jouer les chefs de l’opposition, reste droit dans ses bottes. Et pour cause. il sait tout cela. Et il sait que même ses adversaires socialistes n’iront pas jusqu’au bout de la dénonciation car tout le monde se tient par la barbichette. Tout au plus quelques « lampistes » tomberont-ils mais le système perdurera. Et ce ne sont certainement pas les médias français, complices ou au mieux complaisants car vivant grassement d’argent public, qui l’en empêcheront.