Sonia Mabrouk : les terroristes de DAECH détestent la Tunisie et ce qu’elle représente !
Dommage que le propos soit d’emblée plombé[1] par cette assertion: « Les terroristes de DAECH haïssent ce pays et ce qu’il représente, en matière de femmes, d’avancées constitutionnelles et politiques. Ils en font, avec l’Europe, l’une de leurs principales cibles ». C’est quasiment un copier-coller de la thèse officielle qui prévaut dans toutes les réactions officielles d’après attentat : les islamistes attaquent l’Occident et sa civilisation, incapables qu’ils sont de la comprendre tant leur ignorance est crasse et leur mental attardé.
Evidemment, c’est plus facile que de reconnaître que tout ce merdier résulte de l’invasion de l’Irak puis de la guerre en Syrie et de la déstabilisation de la Libye par les faucons américains et leurs caniches britanniques, français et arabes saoudiens. Quant au fait que la Tunisie soit particulièrement en pointe dans ce phénomène, Sonia est bien placée pour savoir que ça a beaucoup à voir avec le mépris avec lequel le régime Ben Ali a traité sa population. Ce n’est quand même pas un hasard si les soi-disant « Printemps arabes » ont commencé en Tunisie. Là comme en Algérie dans les années 80/90 et comme en Egypte, ce sont les islamistes, d’abord les Frères musulmans puis les wahhabites, qui ont pris en charge la misère des peuples. Comment s’étonner, et pourquoi nier, que ces populations délaissées aient conçu pour ces organisations un grand respect et, pour certains, une formidable dévotion ?
Ce que nous vivons depuis 2003, y compris les attentats aveugles commis par des jeunes Musulmans déculturés vivants en Occident, est une guerre nationale dans laquelle les islamistes ont pris le pas sur les laïcs parce que ceux-ci (Saddam et Assad) ont été les premières cibles de la déstabilisation du Levant. Et on oublie trop souvent que DAECH, initialement État islamique d’Irak, fut créé en 2006 par le Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak, une alliance de groupes armés djihadistes dont Al-Qaïda en Irak, et cinq autres groupes djihadistes irakiens, avec une trentaine de tribus sunnites représentant environ 70 % de la population de la province d’al-Anbar, à l’ouest de l’Irak.
Qu’on le veuille ou non, DAECH est d’abord un mouvement de résistance à l’occupation de l’Irak. En tout cas, c’est ainsi qu’il est perçu par la jeunesse musulmane du monde entier.
Dès lors, comment s’étonner que des jeunes Musulmans européens ou nord-africains exaltés éprouvent le même sentiment que les républicains d’Europe et d’Amérique venus au secours de la République espagnole en guerre contre l’armée de Franco en 1936 ? Ces gens sont assimilables aux Brigades internationales, à ceci près que leur équation personnelle (mal-être, misère sociale et sexuelle, désespérance de l’avenir, que sais-je encore ?) joue un grand rôle dans leur engagement en faveur de DAECH.
La deuxième erreur de Sonia Mabrouk est de reprendre à son compte, elle, la Tunisienne, le mantra des médias occidentaux qui portent la parole officielle de nos politiques vendus à l’Amérique, voyant dans ce foutoir une guerre de religion : éteignons les brasiers irakien, syrien, libyen ET palestinien et le djihad cessera ! Beaucoup de Musulmans tolèrent l’islamisme parce qu’il s’appuie sur la défense d’une « oumma » supposée méprisée par l’Occident, ce que, encore une fois, la multiplication des ratonnades à une échelle géopolitique depuis vingt-cinq ans accrédite largement. Privez-les de ce prétexte ou de cet alibi et vous assécherez le fan-club des islamistes. Paradoxalement, Sonia en fournit elle-même une preuve en relatant l’épisode de la population de Hay el-Karma repoussant l’assaut des djihadistes aux cris de « Irhèb dégage » (« Dégage, terrorisme ! »).
Les Musulmans de tous les pays, pas seulement tunisiens, sont prêts à se lever contre ces fanatiques nihilistes et nécrophiles. Encore faut-il qu’on les y encourage au lieu de flatter, ce que Sonia montre très bien, les islamistes pour avoir la paix dans les cités au prix de l’abandon de leurs populations à leurs auto-proclamés directeurs de conscience. De même pourrait-on donner beaucoup plus souvent et, même, s’agissant de la lutte contre un danger qui menace notre société toute entière, la parole uniquement aux voix musulmanes laïques telles que celle de Sonia Mabrouk. Cela a été fait, mais pas assez, et les voix de Ghaleb Bencheikh, de Malek Chebel ou d’Abdelwahab Meddeb – ces deux derniers malheureusement disparus récemment et irremplaçables – sont couvertes par celles d’un Tarik Ramadan ou, pire, d’un Marwan Muhammad. Ce dernier, un provocateur qui a la prétention d’islamiser l’Europe avant 2050, joue, de surcroît, un drôle de jeu avec les fanatiques islamophobes de l’autre bord, les Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut. Tous s’entendent objectivement pour entretenir leurs haines mutuelles par leurs outrances.
Que les médias donnent enfin la parole à des Musulmans acquis au principe de laïcité, patriotes et aimant la France, c’est en effet une nécessité. Je le dis depuis longtemps. Tant mieux si Sonia va dans ce sens et profite de son appartenance à la caste médiatique pour le demander. Mais pourquoi parler si c’est pour dire la même chose que les autres ?
Kader Hamiche, Fils de Harki, fier de l’être – Français par le sang versé.
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Vous avez raison pour les Saoud mais je pense qu’au sein même de la société saoudienne nous avons de multiples visions du monde. Les Saoud sont pragmatiques ils évaluent les rapports de force au sein de leur société pour l’instant ceux sont encore les adeptes de la charia qui dirigent. Le Quatar minuscule pays veut etre plus royaliste que le roi. Pour lui aussi un debat interne existe. Pour l’instant le petrole et le gaz assoient leur puissance qu’en sera t’il lorsquils seront sans ressources.Qu’il y ait plusieurs courants de pensée dans l’islam je vous le concède mais ils ne sont pas du tout refotmistes au sens des lumières on en est loin. L’islam doit se réformer la France par sa place particulière avec la laïcité peut jouer un rôle moteur. La France aurait dû rester ferme sur les principes c’est au musulman de s’adapter à la société française mais en retour la France doit être ferme sur toute discrimination basée sur la race la religion etc…les anciens combattants et les fils et filles de harkis ont été écartés du débat de la fondation de l’islam de France. Vous avez raison nous aurions dû jouer un rôle central pourtant par exemple à Lyon la mosquée n’aurait pu se faire sans les harkis et les anciens combattants. On aurait dû s’inspirer de cet exemple mais comme le dit Alliot on a préféré travailler avec les bourreaux. Les harkis et leurs enfants croyants ont un rôle historique par leur singularité ils auraient dus avoir un rôle central en vue de la création de la fondation de l’islam de France mais a t’on vraiment eu là dessus un débat non la communauté n’a pas compris ou ne veut pas comprendre les véritables enjeux. A nous de les réveiller pour beaucoup seule la réparation compte le reste importe peu. Notre place dans la société française etc…ne fait pas partie de leurs réflexions.
Le Coran oeuvre incréé est descendu en un bloc à Mahomet pour les exégètes de l’islam il ne souffre d’aucune modification. Là est tout le drame de l’islam le Coran porte en lui même les attributs de la violence d’exclusion. Pourtant pendant les 20 premières années de ses prêches Mahomet prêche un certain humanisme sans grand succès d’ailleurs ayant seulement une centaine de croyants autour de lui. Quittant La Mecque pour Médine. Il change son fusil d’épaule et prêche un islam conquérant avec lequel il a plus de succès il réunit à force de guerre de très nombreux adeptes. Dans le Coran de Médine les mécréants rassemblent aussi bien les juifs les chrétiens les athées et les polythéistes. La femme même est considérée comme inférieure même si on note un progrès par rapport au statut des femmes de l’époque … Daech quand il viole vend des femmes chrétiennes yezidis pille et fait des chrétiens des dhimmis ne fait qu’appliquer la Charia. Le Coran de Médine sans parler des hadiths a pris malheureusement le pouvoir même si ici et là certains hommes de foi ont essayé d’en expurger le texte. Il n’en demeure pas moins aujourd’hui la bataille entre les professeurs de foi qui veulent garder leurs pouvoirs et les modernistes est en train de se dérouler même en France. La bataille entre le Coran de La Mecque contre le Coran de Médine. Les musulmans doivent comprendre les enjeux. On parle de recherche de démocratie des peuples arabes je crois plutôt qu’ils recherchent une autre lecture de l’islam qui les étouffent. Je ne leur ferai pas injure en remarquant qu’en France comme d’ailleurs de nombreux pays la foi des croyants est mince et superficielle, et ne repose pas sur l’examen de conscience ni même esprit critique, mais sur le conformisme et la servilité. Les imams de tout poil en profitent! Pour finir je voudrais inviter vos lecteurs de lire les oeuvres de Mahmoud Muhammad Taha un soudanais philosophe qui fait une relecture du Coran et dont je m’inspire largement. Ce dernier a été pendu pour ses idées en 1985.
« Pour les exégètes de l’islam [le Coran] ne souffre d’aucune modification » Arrêtez de colporter les bêtises que racontent les haineux de tous bords. Depuis toujours et encore aujourd’hui, le Coran est étudié et interprété.
Il y a quatre écoles d’interprétation du Coran. Trois sont rationalistes. Seul le wahabisme en tient pour une interprétation radicale et ultra violent. Le recteur de la Grande Mosquée Al Anza vient de déclarer secte et une assemblée d’oulémas réunis à Grozny a chassé du sunnisme. La raison est que les Saoud, qui ont assis leur puissance sur leur alliance avec le fondateur de la secte au XVIIIè siècle, ne sont pas légitimes pour être gardiens des lieux saints de l’Islam. ils doivent donc recourir à des méthodes de gouvernement basées sur la peur et la violence.
Mais leur prosélytisme est déjà en train de se retourner contre eux (voir plus haut Grozny et Al Anzar). L’illégitimité des Saoud à garder La Mecque et Médine et, par extension, régner sur l’Arabie, est de plus en plus présente dans le discours de DAECH d’un côté et des Iraniens de l’autre. Il en va de même des Emirats, eux aussi dirigés par des dynasties issues de tribus n’appartenant pas au clan du Prophète Mohamed, les Quraïch, seuls légitimes à garder les lieux saints de l’Islam.
Il y a fort à parier que tout ce beau monde, à commencer par les Saoud, sera chassé dans les années à venir, comme ce fut le cas les deux fois où il a pris le pouvoir en Arabie.
Je ne peux, pour en savoir plus, que vous renvoyer à ma réfutation des délires de Zemmour selon lesquelles l’Islam est incompatible avec la France (ce qui n’est pas l’avis de Marine Le Pen, je le relève en passant). https://www.kader-hamiche.fr/2016/09/eric-zemmour-oiseau-de-mauvais-augure-33/#more-7725