Les Régionales 2015 en deux temps : aujourd’hui, les raisons de l’échec du FN. Demain, l’analyse des résultats et les perspectives pour 2017.
Que manque-t-il au FN pour gagner ?
Cela fait des années (2008 exactement) que je dis que le FN seul n’est pas une solution pour sauver la France. C’était un constat objectif qui ne prenait en compte que les données objectives, lesquelles démontraient (et démontrent toujours) que le Front national ne PEUT pas, compte tenu non seulement du système électoral mais aussi de l’attente politique des Français, accéder au pouvoir. Les résultats des Régionales ne font que me conforter dans cette certitude.
Après 2012 et le virage stratégique de Marine Le Pen, je me suis mis à penser que, non seulement le FN ne pouvait pas accéder au pouvoir mais qu’il n’était pas souhaitable qu’il y accède. Ce, non pas pour les raisons que la doxa dominante veut accréditer, à savoir toutes les tares dont les lobbies cosmopolitistes qui réécrivent l’Histoire selon leurs visées idéologiques affublent le FN : fascisme, pétainisme, antisémitisme (une injure qu’on n’entend plus guère depuis que le FN a pris un virage sioniste), racisme, tous procès d’intention ou d’opinion à la mode stalinienne faits au FN qui ne m’ont jamais empêché de penser par moi-même. Mais je ne suis pas seul dans ce cas ; les Français sont peut-être des veaux, mais ce ne sont pas des moutons. C’est le deuxième enseignement le plus important du deuxième tour des Régionales.
La deuxième raison objective de mes doutes quant à la validité d’un accès éventuel de l’équipe actuelle du FN au pouvoir est son projet, du point de vue de son programme, de ses options thématiques et de son positionnement sur l’échiquier politique. Sous ces trois aspects, il est difficile de créditer ce projet de la moindre cohérence. A force de vouloir à la fois se dé-diaboliser et ratisser large, le FN est devenu une auberge espagnole ou se cuisine une espèce de ragoût idéologique à partir des ingrédients que chaque nouveau convive rallié y apporte. Les choses sont tellement confuses qu’on pourrait croire de pure forme le programme et les positions politiques du FN ; sa direction, se basant sur l’idée que les Français se fichent de ces questions, pourrait les avoir traitées un peu par-dessus la jambe, de manière superficielle, prenant délibérément le parti de dire à chacun ce qu’il veut entendre, avec cette arrière-pensée qu’il serait bien temps, à l’approche du pouvoir, de les creuser sérieusement.
Mais, quand, dans le même temps, on considère les prises de positions de Marine Le Pen sur les questions sociétales[1], quand, de surcroît, on observe la mise à l’écart des historiques du FN et leur remplacement par des ralliés de formations politiques traditionnellement adverses, on est bien obligé de penser qu’il s’agit d’un virage idéologique. Un virage pour se rapprocher à la fois de l’opinion dominante, ce qu’on appelle « dé-diabolisation », et des attentes prêtées au nouvel électorat du parti. Marine Le Pen est, sur cette voie, allée très loin. Non seulement elle a renié la totalité des combats politiques qui sont à l’origine de la création même du FN mais elle a épousé des lubies philosophiques absolument antinomiques avec les valeurs qui le fondent. Plus grave, elle l’a fait sur un mode radical et avec une violence, à l’encontre de son père, notamment, qui ne pouvaient que la rendre suspecte aux yeux, non seulement des militants et sympathisants du FN mais également à ceux des électeurs tentés de lui confier les commandes du pays.
Car, et c’est une dimension que, décidément, la classe politique dans son ensemble ne prend pas en compte, le Peuple de France juge des choses et des Hommes à partir de critères moraux (je n’écris pas « des valeurs » tant ce mot est dévoyé) : la loyauté, le respect à la fois des autres et de soi-même (estime de soi) qui commande celui de la parole donnée, la fidélité, le refus de la déchéance morale, etc., toutes vertus du mos majorem Romain, dont la fides, la pietas, la majestas, la virtus, la gravitas, constituent, à travers les âges, le ciment des sociétés occidentales. Le Peuple est composé de citoyens qui ne se déterminent pas en fonction de leur intérêt personnel mais d’après l’idée qu’ils se font de l’intérêt général. Les bien-pensants font mine de s’étonner de ce que des Français qui vivent dans des zones sans immigration votent pour le FN ; jamais ils ne s’avisent que ce n’est pas leur confort personnel qui importe aux Français mais l’intérêt et même, s’agissant de l’immigration et de la communautarisation, la survie de leur pays. De même, ce n’est pas parce que 50% des Français ne paient pas d’impôt direct qu’ils sont favorables au matraquage fiscal. Etc. Le sentiment d’appartenance à la Nation est indissociable de la compassion au sens premier de souffrance partagée (pâtir ensemble) entre concitoyens, c’est-à-dire de la solidarité.
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Mais la défense de l’intérêt général à elle seule ne suffit pas ; il faut encore qu’elle soit le fait de gens vertueux et dignes de respect. Il ne suffit pas au FN de présenter une alternative, serait-elle crédible, aux partis qui envoient notre pays dans le mur ; il faut aussi qu’elle émane de gens respectueux non seulement de leurs électeurs mais aussi de leurs adversaires. Respecter ses électeurs, c’est ne pas leur raconter de craques, ne pas essayer de leur faire prendre des vessies pour des lanternes, ne pas leur promettre la lune. Respecter les Français, c’est aussi essayer de se faire aimer d’eux. Franchement, je ne crois pas que Marine Le Pen soit « aimable » quand elle s’exprime, ni aucun de ses proches excepté Louis Aliot et Wallerand de Saint-Just (mais celui-ci a le tort d’avoir fait défaut à Jean-Marie Le Pen). Que ce soit Florian Philippot, Nicolas Bay, David Rachline ou d’autres de cette génération, dès qu’ils ouvrent la bouche, on croirait entendre des chenapans effrontés, irrespectueux et moqueurs. Quant à Marion Maréchal-Le Pen, elle sue la méchanceté. Sans doute ou peut-être n’est-elle pas si méchante qu’elle en a l’air mais c’est une raison de plus pour se corriger. Mais je peux me tromper. Ce qui n’empêche car, même fausse, si cette impression est partagée par les Français, elle rend à elle seule rédhibitoire leur adhésion au vote FN. Que ces comportements s’adressent à leurs adversaires politiques ne change rien à l’affaire. Les Français n’aiment pas les malpolis, même quand ils n’exercent pas leur impertinence à leur encontre.
J’ai écrit que Louis Aliot n’avait pas ces travers. Eh, bien, ça s’est vu dans ses résultats de ce dimanche. Entre le 1er et le 2ème tour, il a amélioré son score de plus de 23% en passant de 635 000 à 782 000 voix, soit un gain de 147 000 voix. Vous avez bien lu ! C’est 65 000 de plus que le total des voix des nouveaux votants. Louis Aliot a non seulement fait le plein des voix de « la droite de la droite » (FN + DLF + extrême-Droite) mais il a récolté 70% des suffrages supplémentaires du 2ème tour. Les observateurs, « spécialistes » et autres pros de la politique ont imputé cette performance au fait que le vote FN est traditionnellement important en Languedoc-Roussillon « à cause des Piénoirs » (sous-entendus racistes, etc.) ; c’est vite évacuer que, entre 2010 et 2015, Louis Aliot a multiplié par 3 le score du FN en Midi-Pyrénées (287 600 voix contre 95 600 cinq ans plus tôt, soit un bonus de 192 000 suffrages alors qu’il n’y a eu que 101 000 inscrits de plus). Je ne doute pas une seconde que sa personnalité, beaucoup plus consensuelle que celle des personnages cités plus haut, ait joué en sa faveur. Remarque : Louis Aliot s’étant déclaré opposé à l’éviction de Jean-Marie Le Pen de la direction du parti, celle-ci s’est faite dans son dos. Si on suit les raisonnement de la doxa anti-lepéniste, cela aurait dû jouer contre lui. Ce n’est pas le cas. J’en déduis que sa fidélité a été appréciée par l’électorat. Parce que les vertus morales s’apprécient dans l’absolu et non en fonction de celui qui en fait preuve ou de celui envers qui elles s’exercent.
Système politique, mode de scrutin et adversité, le contexte ne suffit pas à expliquer les échecs répétés du FN. Il s’y ajoute des éléments objectifs inhérents au parti lui-même et à ses chefs. Une stratégie du « seul contre tous » douteuse, un programme peu crédible, des options idéologiques illisibles, un positionnement politique déroutant : tout cela suffit à rendre ardue la marche du FN vers le pouvoir. Si on y ajoute les pratiques et les comportements personnels de ses cadres les plus visibles, celui-ci devient un objectif hors d’atteinte. A cet instant, je suis plus que jamais convaincu que Marine Le Pen ne gagnera jamais. Les chiffres le montrent, malgré les 6,8 millions de suffrages recueillis par les listes FN ce dimanche 13 décembre. (A suivre)
Lire ici la suite : Les Français ne veulent pas confier la France au FN (2)
Vos arguments méritent l’attention, Kader. Mais, personnellement, je ne suis pas convaincu que MLP ne gagnera jamais… à moins que ne se dégage une personnalité qui « portera » la nation comme l’a fait de Gaulle en 1958. Mais il faut bien admettre que l’on ne la discerne pas à ce jour.
Tout a fait d’accord avec toi Kader j’ai toujours dit que pour gagner il ne faut pas injurier l’adversaire mais du respect.
D’accord mais avec quelques restrictions tout de même car qui pourrait faire plus mal que les socialistes et la droite depuis trente ans ! Ils ont voulu mettre de l’ordre dans d’autres pays, constatons les dégâts !!! Où en est notre économie ? Et j’en passe. Alors tout compte fait, les français se dirigent lentement mais sûrement vers un autre parti qui leur propose d’autres solutions ! Croyez-vous noble les dernières déclarations de Valls tentant d’apeurer les français par un risque de guerre civile ? La diabolisation du FN ne fonctionne plus et nous le voyons par les derniers votes ! Wait and see !…
» Pour gagner il ne faut pas injurier l’adversaire » ….. le front républicain en est un bel exemple.
Sauf, ne vous en déplaise que le FN est comme la mer……..il monte , monte….. et en ce qui concerne le respect de l’adversaire, je crois que Droite et Gauche ont encore plus de leçons à recevoir qu’à en donner. j’ai même dans un post décerner la palme à 2 inélégants hommes politiques . Messieurs Estrosi et Bartolone , l’un a été sauvé par les voix de la gauche , l’autre a pris sa claque par les voix de la Droite = 0 PARTOUT et balle au centre . il reste encore 18 mois …………….les Français ne sont pas sourds ni aveugles …..et surtout ne veulent plus être pris pour des truffes ….Quoique !
Pas sur que les Français soient attentifs à la « correction » des politiques…. la vulgarité, la trivialité, la violence gratuite, la goujaterie de Valls n’ont pas gêné les électeurs de gauche, non plus que les vociférations et les menaces d’un Mélanchon….. le conformisme d’une société peureuse et avachie suffit !
Tous les cadres et les électeurs sont à respecté ..Car ils en prennent plein la tronche et ils ont bien le droit de se défendre…Quand on entend les MANOLO, toute sa clique et les LR on a le droit d’être offusqué….
Quand à 2017 de l’eau passera sous le pond …Souvenez vous de 1958 ???
S’agissant de la violence, j’ai écrit quelque part que Valls était un apprenti gaudillo. Mais lui est en place et il a toute la propagande subventionnée à son service. Croyez-vous que les Français veuillent remplacer des malotrus par des mal élevés ? C’est tout ce que je dis. Et j’ai cité un contr’exemple : Louis Aliot qui fait un super coup en LR-MP parce qu’IL SAIT SE TENIR.
En fait, le FN veut jouer dans la cour des grands mais il en refuse les règles. Les règles, c’est le scrutin majoritaire, un minimum de stratégie et de cohérence traduites par un positionnement clair à la droite de LR. Au lieu de quoi, MLP a remplacé les historiques par de jeunes pousses chevènementistes aux dents qui rayent le plancher dont elle a adopté les thèses.
Depuis Platon (dans Les Lois), on sait que seul le pouvoir permet de changer les choses. Qu’elle prenne le pouvoir en revenant à ses fondamentaux et en s’alliant avec des partis indépendants (et non en créant un satellite sans consistance comme le Rassemblement bleu marine). Là, elle pourra changer les choses.
1000 excuses mais cela fait 7 ans que je le dis.
Kader,
j’aime bien M Platon et sa République ; mais nous sommes au 21 siècle où la probité, l’intégrité, et tout le tutim qui va avec, hélas n’est plus de mise …..Ils sont tous des Killers…………………..et les bonnes manières ont été mises au rencard depuis belle lurette…………la preuve, ils n’ont aucun scrupule à jouer dans une cour de récréation ensemble comme de vrais agneaux en goûtant et dès qu’un autre larron revendique une part, ils se liguent pour le chasser.
Voilà la politique d’aujourd’hui, elle est malsaine et ne sert que l’entregent. lA VICTOIRE ne viendra par le peuple qui dans un moment de lucidité et de conscience fera tomber les apparachiks. Du moins, c’est ce que j’espère pour bientôt.
quand aujourd’hui on entend dire que le français a plus peur du F N que des terroriste,mais ou va t-on ? ces gens la a mon avis non jamais connu la peur d’un attentat a leur porte .moi je suis français et patriote et le F N ne me fait pas plus peur que la droite ou gauche qui nous emmène en bateau depuis des année la soupe est bone en politique et tout nos dirigeant y mange dans la meme soupière
« le Peuple de France juge des choses et des Hommes à partir de critères moraux ………Le sentiment d’appartenance à la Nation est indissociable de la compassion au sens premier de souffrance partagée etc … »
c’est tout a fait exact et je vous remercie de l’avoir dit
tout à fait ce que je pense
tout ce que la gauche a essayé de faire pour démolir cette société, la famille, la nation etc.. a provoqué un choc qui tout d’un coup a fait prendre conscience à ce peuple de la valeur de ce qu’ils avaient entre les mains , ajoutez qu’en même temps l’islam arrivait d’un autre coté avec la même idée de mettre en pièce la démocratie et la liberté et vous avez cet électrochoc qui a changé complètement la donne politique en France
bien sur, vous avez parfaitement raison, les français savent que le FN – qui a du succès parce qu’il dit (de l’immigration ) ce que les 9/10emes des gens pensent – n’a pas la capacité de répondre à cette nouvelle situation et ils le regrettent d’autant qu’ils ne voient personne pour le faire
pour ma part, j’espère -faute de mieux – que les républicains pourront arriver à cette révolution nécessaire, car on a dépassé le stade des reformes et c’est pour cela que je suis attentivement le travail des équipes autour de Sarkozy – jusqu’à présent c’est quasiment du « sans faute » (analyse et propositions)!
en ce qui concerne louis alliot, je crois que vous ne prenez pas en compte dans son rebond d’un paramètre que je connais bien (parce que c’est là où je vis)
c’est que le candidat LP était complétement disqualifié depuis le départ pour ses liens avec des clients islamiques et que ceux qui sont venus rejoindre alliot étaient ceux qui voulaient à tout prix virer la gauche de la région – à tout prix!!