Sarko et MLP judiciairement out, Hollande mis au rancart par Aubry
Juppé, Le Maire et Fillon exultent : mais est-ce bon pour la France ?
Martine Aubry est une tueuse mais elle ne sait faire que ça. Dommage pour les socialistes et la gauche en général ; avec un peu de courage, elle aurait pu faire quelque chose de son héritage paternel. Malheureusement pour elle, de Jacques Delors, elle a également hérité de la pusillanimité. Et bon sang n’a pas menti : au pied du mur, le père s’est dégonflé ; la fille en fera autant quand l’enjeu sera vraiment intéressant.
Après la fuite de Jospin, Martine Aubry a eu assez de culot et de vice (Ségolène s’en souvient encore) pour s’emparer de la direction du PS. Ce qui permit à Hollande de creuser son sillon loin des bastons internes au parti. Bilan, Hollande à l’Elysée, Aubry à Lille.
L’opération Aubry d’aujourd’hui ressemble beaucoup à celle de 2008 : elle détruit le très peu de chances qu’un socialiste succède à François Hollande l’an prochain. Tout le monde fait semblant de voir en elle une possible alternative gagnante mais, en réalité, Martine Aubry va faire exactement comme alors : animer la politique politicienne et – telle le Prince Eugène de Beauharnais et ses 30 000 hommes survivants sur les 691 000 engagés par Napoléon en Russie – conduire les restes du PS en déroute jusqu’à la bonne grosse et inévitable dérouillée de 2017. Mais la comparaison s’arrête là : en 1812, Napoléon put reconstituer ses troupes et continuer pendant encore deux ans à massacrer à qui mieux-mieux les Européens. Hollande, lui, sera éliminé, non pas parce qu’il sera battu à la primaire socialiste mais parce qu’il renoncera à être candidat tant la perspective d’une victoire ne sera plus cet automne qu’un rêve évanoui.
Du coup, la primaire socialiste ne sera rien de plus qu’un congrès pour désigner ceux qui vont récupérer les dépouilles du parti. Or, comme de juste, un congrès socialiste se gagne à gauche. Manuel Valls reviendra à ses 6% ou guère plus, Macron retournera faire de l’argent chez Rothschild & Co et disparaîtra du paysage politique, tandis que Cambadélis disputera à Aubry le contrôle d’une entreprise socialiste devenue PME mais toujours ultra-rentable pour ceux qui en ont l’usufruit. Car le système a ceci de bon pour les chefs de partis que c’est la piétaille qui pâtit de leur insuffisance. Eux continuent, en attendant des jours meilleurs, de cumuler les fonctions électives, les responsabilités d’appareils grassement rémunérées… et les généreuses retraites acquises.
Je vois d’ici la fausse droite LR se frotter les mains : Sarkozy out, Marine Le Pen menacée de suivre son exemple et Hollande éliminé sans successeur crédible, les Juppé, Fillon et Le Maire voient la vie en bleu plus ou moins pâle. En effet, n’en déplaise à ses groupies déjà prêtes à transférer sur sa nièce leur adulation irrationnelle et sans bornes, l’éviction judiciaire de Marine Le Pen de la présidentielle éloignerait un danger FN en réalité peu fondé (lire ici et là). Du coup, le Graal présidentiel ne pourrait pas échapper à l’un des deux premiers cités, le troisième jouant Matignon. A cet exercice, Alain Fillon serait le mieux placé car lui s’est très vite positionné résolument à droite, ce qui lui permettra de récupérer l’électorat de Nicolas Sarkozy et une partie de celui de Marine Le Pen.
La tournure prise par les événements sera bonne pour les Reps ; mais sera-t-elle bonne pour la France ? La réponse est : non ! En effet, l’éviction de Sarkozy, de MLP et de Hollande aura deux conséquences : le gauchissement du PS et le recentrage de la fausse droite. Recentrage signifie renoncement à toutes les promesses de réparation des dégâts causés par cinq ans de présidence Hollande et de gouvernement socialiste : les lois Taubira survivront telles quelles, l’intégration européenne sera accélérée, l’immigration ne ralentira pas, la communautarisation sera affirmée et le TAFTA ratifié. Tout cela constitue les cinq volets d’un projet de civilisation dûment conçu, concerté et mis en œuvre qui est d’abolir le modèle de société français hérité de la civilisation romaine chrétienne. Basé sur le trépied formé par le citoyen, la famille et le peuple souverain constituant une nation, notre modèle de société sera remplacé par un système qui ne connaît que l’individu consommateur, dénué d’esprit public, sans racines et sans attaches autres que ses biens matériels.
C’est la destruction d’une civilisation qui est en jeu en 2017. Pour l’éviter, il y a une solution : qu’émerge et s’impose un mouvement citoyen résolu à une révolution politique.