« Ils » veulent tous changer un système qui les nourrit
Avez-vous remarqué que la plupart des candidats à la Présidentielle de 2017 veulent tout changer ? Tous jouent les chantres de la France de nouveau forte mais si, parmi eux, ceux qui, comme Juppé et Sarkozy, sont trop évidemment mouillées dans la décadence nationale ne la ramènent pas trop, les autres, les « jeunes » n’ont pas de ces pudeurs. Les titres des ouvrages qu’ils ont commis à cette fin disent combien la France est tombée bas et appellent à la réaction : le Sursaut Français (Copé), Ne vous résignez pas ! (Bruno Le Maire), France, lève-toi et marche ! (Nicolas Dupont-Aignan). .
Kosciusko-Morizet, elle, verse déjà carrément dans la positive attitude avec ce titre osé : Nous avons changé de monde. Ce titre abscons m’a intrigué. Comme je ne suis pas maso, je n’ai pas lu son livre, ni aucun des autres d’ailleurs, et j’ai bien l’intention de m’en tenir à cette position. Mais je suis allé par curiosité voir comment Albin Michel, son éditeur, présente la chose. Je vous en reproduis ici deux paragraphes sur trois à savourer doucement.
» Pour avoir, tout au long de sa vie, en tant que maire de Longjumeau, en tant qu’élue de Paris, en tant que ministre, osé bousculer à droite les tabous et les chefs, Nathalie Kosciusko-Morizet est bien placée pour réinventer un nouveau modèle de société.
« À travers son expérience, ses voyages et ses mandats, elle raconte pourquoi les vieilles recettes ne marchent plus. Une certaine lâcheté de la classe politique l’a révoltée. Elle le dit et ne regrette rien. Libre toujours, rebelle souvent, l’auteur nous montre à la fois les périls mais aussi les opportunités propres à cette mutation qui se réalise dans la douleur et, parfois, la violence. Refusant toute fascination destructrice pour la décadence qu’on nous annonce, l’ancienne ministre ne renonce pas à son credo : l’espérance est l’autre nom de la France. »
Où l’on comprend que la « rebelle » NKM va, elle aussi, si elle est élue en 2017 (ou en 2022, qui est sa cible comme elle est celle de ses concurrents directs), elle aussi porter la France sur les hauteurs.
Ce qui est amusant, c’est que, pour conforter sa prétention à être le renouveau de la France, elle s’appuie sur son expérience ; autrement dit, pour mieux convaincre les Français qu’elle est the good woman in the good place, elle les invite à se souvenir de ses échecs passés. Donc, NKM, député depuis 2002, fut également pendant 5 ans Maire de Longjumeau et Conseillère régionale IDF, et, surtout, ministre pendant cinq ans également. Pas mal, pour une femme de 43 ans. Il est vrai que NKM fait partie de ce que j’appelle le lobby des lobbies, celui qui ringardise la franc-maçonnerie et contrôle en Europe et, surtout, en France, tout du sol au plafond : la French American Foundation. La FAF dont le Président Hollande et neuf de ses ministres mais aussi Juppé et un tas d’apparatchiks UMP ont connu le programme Young leaders.
Les autres n’ont pas le culot de NKM (quoique !) mais leur passif est encore plus conséquent que le sien. Deux au moins sont des euro-atlantistes sans complexe : Copé et Le Maire. Au moins, Nicolas Dupont-Aignan n’est pas affublé de cette tare mais c’est tout ce qui le distingue des autres ; les trois ont les mêmes prétentions que NKM : apparaître comme des hommes neufs alors qu’ils ont déjà une belle carrière derrière eux au service du système. Jugez plutôt !
Nicolas Dupont-Aignan, 55 ans : Sciences-Po, ENA cabinets de Bayrou puis Barnier, apparatchik gaulliste pendant 2 ans ; Maire d’Yerres (Essonne) depuis 21 ans, Député depuis 19 ans. Très tôt dans le giron du clan souverainiste de Pasqua-Seguin au sein du RPR, il a fondé Debout le République en 1999.
Depuis, il chasse les micros dans les couloirs de l’Assemblée nationale et il écume les plateaux de télévision pour faire l’imprécateur. La France n’est plus la France ; c’est la faute du système. Alors, il faut changer le système. Mais, surtout, pas d’extrêmes. Tout content de sa trouvaille, il répète son slogan : Ni système, ni extrême ! Oui, parce que, s’il a un peu flirté avec Marine Le Pen il y a deux ans, il a compris qu’il fallait se recentrer pour avoir une chance de conquérir à l’Elysée. C’est assez amusant parce que Marine Le Pen aussi ne veut plus des extrêmes (ce qui n’empêche pas toute la bien-pensance de lui tomber dessus sous prétexte que, dans l’héritage de son père (qu’elle a salement renié l’été dernier) il y avait non seulement le FN mais aussi son idéologie crypto-fasciste. D’après lui, puisque Jean-Marie Le Pen est toujours Président d’honneur du FN, le FN est toujours lepéniste. C’est grave, docteur ?
Ni système, ni extrêmes. Ce qui signifie pas d’alliance avec l’UMP ni avec le PS et ses satellites. Moyennant quoi, Nicolas Dupont-Aignan se dit prêt à gouverner avec tous les autres… sauf le FN, encore une fois… mais il veut bien de Philippot. C’est-à-dire qu’il veut bien gouverner avec des gens aussi différents qu’Henri Guaino, Arnaud Montebourg, Florian Philippot, donc, Jean-Pierre Chevènement, Philippe de Villiers et même Mélenchon. On m’excusera de ne pas chercher à comprendre. Mais je remarque que l’Énarque Dupont-Aignan a encore bien des accointances avec l’énarchie qui a mis la France à genoux.
Bruno Le maire (47 ans, Sciences-Po, ENA) n’a même pas pris la peine de se faire élire localement. Il est directement passé de l’école à la Direction des Affaires stratégiques de la Sécurité et Désarmement du Ministère des Affaires étrangères, puis au cabinet de Villepin au Secrétariat de la Présidence de la République puis à l’Intérieur et à Matignon. Un cursus qui lu a (sans doute) fourni toutes les compétences pour devenir Secrétaire d’État aux Affaires européennes puis Ministre de l’Agriculture. Entre-temps, il est devenu Député de l’Eure.
Bref, Monsieur Le Maire connaît tout de la vie des élites et rien de celle des Français. Cela le rend d’autant plus apte à la changer en bien puisque, par ouï-dire, il a su qu’elle n’était pas folichonne, en moyenne. Et il se targue d’être encore plus compétent que ses concurrents en la matière car lui n’a même pas été élu local.
Mais voici le top du top des charlatans démocratiques : Jean-François Copé, 52 ans. Je dis le top du top car non seulement le clone de Sarkozy a suivi le même cursus d’incompétence que les trois autres (Dircab, Député, Maire de Meaux, Ministre) mais lui a, de plus, plusieurs fois volé la République. C’est évidemment un atout considérable quand on veut réformer et, cela va sans dire, moraliser, la politique.
Devenu avocat en 2007 à la faveur du décret permettant aux anciens ministres et parlementaires d’entrer dans la carrière sans formation spécifique ni examen et ALORS QU’IL EST DEPUTE, il exerce à temps partiel, dans le cabinet d’avocats d’affaires Gide Loyrette Nouel, l’un des plus importants de France. Jusque là, rien que de très banal. Mais, quand on sait que ce cabinet fut chargé de conseiller l’État dans le projet de fusion GDF-Suez et que lui était alors payé 20 000 € par mois… à mi-temps (760 000 €uros en 3 ans), on ne peut pas ne pas se poser des questions. La vérité est qu’il a profité d’un emploi fictif absolument scandaleux.
A qui va-t-on faire avaler cette fable que l’Etat, GDF et Suez, truffés de technocrates, de financiers et de juristes de tous acabits, auraient eu besoin d’être « conseillés » par un cabinet privé où « travaillait » un copain et complice du Président de la République ?
La France ne peut pas plus confier son destin à ces quatre-là qu’à ceux qui l’ont précipitée dans le gouffre.