Présidentielle : dans une semaine, la campagne (2)

Contre Macron, une solution : Bayrou

Dès que la campagne aura commencé, Emmanuel Macron redeviendra un candidat comme les autres. Certes, les médias férus de politique-spectacle continueront de lui servir de porte-voix quoi qu’il dise, en tout cas jusqu’à ce que les sondages – leur seule boussole – mettent en évidence le peu de cas que le Peuple de France fait de lui. Quand on insulte la vraie politique, la politique au sens noble (car la politique a sa noblesse), elle se venge. A un moment donné, la campagne pour la Présidentielle est la confrontation des projets et des bilans, des arguments et des idées. Alors, les chauffeurs de salles, les imprécateurs et les contempteurs professionnels de la politique se voient confrontés à leurs insuffisances et à leurs contradictions. Dans un débat politique, ce que l’un veut taire est dit par l’autre, ce que l’un veut faire croire est démenti par l’autre ; chaque candidat est un projecteur qui met en lumière les défauts des autres.

Alors, ceux qui, comme Macron ou, dans une moindre mesure, Mélenchon, font, comme l’a si bien di Catherine Nay, un « one man show dans un no man’s land », se verront rattrapés par la vraie vie, la réalité. La vraie vie et la réalité sont que, dans quelques jours, ils ne seront plus les seules vedettes d’un spectacle dont ils auraient la maîtrise du texte, de la scène, de la promotion et même du public.

La réalité, c’est que les candidats des deux grands partis de gouvernement et leurs satellites sont toujours les mieux placés pour l’emporter au soir du 6 mai prochain. Marine le Pen aurait eu sa chance de figurer au deuxième tour si Sarkozy ou Juppé l’avaient emporté à la primaire dite « de la droite et du centre ». Pas de chance pour elle : c‘est Fillon qui, grâce à son positionnement résolument conservateur, limite réactionnaire, a supplanté un Sarkozy jugé peu sérieux et abîmé et un Juppé trop proche de la Gauche. Conséquence immédiate, et quoi qu’en disent nos spécialistes patentés décidément bien timorés, Marine Le Pen perdra ses électeurs transfuges du déjà antique RPR et tous ceux qui, tels les marcheurs de la Manif Pour Tous, sont déçus par ses positions en matière de questions de société.

Les listes FN aux Régionales de décembre 2015 avaient obtenu 27,1% des voix exprimées, ce qui a fait crier au triomphe. On oubliait juste de dire que la participation était de 58,41%. Objectivement, ses 6 820 000 voix, augmentées de quelques centaines de milliers d’électeurs lui suffiraient pour être, avec 19%, au second tour d’une Présidentielle à laquelle participeraient 80% des électeurs inscrits. Problème : comme Sarkozy en 2007 et, dans une moindre mesure en 2012, Fillon, grâce, encore une fois, à son positionnement très droitier, récupérera une grande partie de l’électorat qui se porte sur le FN aux élections locales, sans doute de l’ordre de deux millions. Avec, dans le meilleur des cas, 5,5 à 6 millions de voix, soit 15 à 16,3% des votants, Marine Le Pen ne sera pas au second tour de la Présidentielle.

Pourquoi ? Parce que le Parti socialiste et ses alliés ne sont pas très bons pour gouverner mais restent une belle machine électorale. Tout d’abord, le candidat vainqueur de la primaire de « la Belle Alliance Populaire » aura le soutien de ses concurrents. Et il aura celui des velléitaires qui, tels des girouettes, vont là où le vent souffle. En effet, les médias ont beau spéculer sur des « ralliements » d’élus socialistes à Emmanuel Macron, il suffit d’en faire la liste pour voir qu’il s’agit surtout de seconds couteaux, souvent en difficulté dans leurs circonscriptions, qui veulent ménager l’avenir. Et il est tout-à-fait improbable que Macron parvienne à débaucher beaucoup de Socialistes autres que ceux qui veulent se faire plaisir en réglant leurs comptes avec Manuel Valls.

S’agissant de Jean-Luc Mélenchon, c’est encore plus simple : depuis le temps qu’il est dans la dissidence, il a déjà fait le plein de potentiels ralliements. Pour lui, c’est même l’inverse qui risque de se produire : les Communistes n’ont pas trop aimé la façon dont ils se sont fait forcer la main pour le soutenir. Et il pensent toujours que la meilleure manière de sauver leurs circonscriptions est de négocier avec des Socialistes d’autant plus compréhensifs qu’ils sont affaiblis. D’ailleurs, les médias n’en parlent pas trop mais le bras-de-fer entre Mélenchon et le PC est déjà engagé en coulisses.

Tout cela sera mis en évidence quand, son candidat étant désigné, la machine électorale socialiste se mettra en branle. Quand j’écris « la machine électorale », j’entends non seulement le PS lui-même et ses alliés mais – et surtout –, le vivier électoral de la gauche, c’est-à-dire l’énorme secteur public, ses proches (combien d’artisans votent à gauche parce que leur épouse fonctionnaire fait bouillir la marmite ?) et ses relais dans l’opinion. Tout ceux qui, de près ou de loin, se sentent menacés par le programme jugé antisocial de François Fillon s’en remettront au seul candidat acquis à leur cause et ayant encore une chance, fût-elle minime, de l’emporter. Ce candidat n’est pas Macron : les gens sérieux savent qu’il n’est pas de gauche ; ce n’est pas non plus Mélenchon : il ne peut pas gagner ni même être au second tour. Seul le candidat issu de la primaire du PS et de ses alliés correspond à cette attente.

Chacun connaît le principe de la dynamique électorale : un candidat attire d’autant plus les suffrages qu’il est jugé capable de l’emporter, même si ses chances sont minimes. D’ici au 23 avril, jour du premier tour de la présidentielle, la campagne aura fait son œuvre : à partir du socle de 14% dont les derniers sondages créditaient Hollande candidat, les promesses de vote pour le candidat socialiste grimperont jusqu’à atteindre 19%, ce qui est le poids électoral d’une gauche de gouvernement rationnelle et crédible.

Reste le cas Macron qui selon toute vraisemblance, attirera plus d’électeurs centristes que d’électeurs de gauche. Pour Valls et pour Fillon, qui, tous d’eux ne veulent pas voir brouiller les cartes non seulement en 2017 mais, surtout, en 2024, il n’y a qu’une parade : François Bayrou.

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8 Responses to Présidentielle : dans une semaine, la campagne (2)

  1. Feray says:

    Camarade tu impliques les médias comme soutien de certains hommes politiques mais ces médias sont aux mains du grand capital qui tire les ficelles et qui met actuellement en avant 2 candidats à la présidentielle,au cas où,un à droite F.Fillon et l’autre Macron considéré comme centre gauche. Comment Macron par exemple a-t-il pu réunir les fonds nécessaires pour ses meetings rassemblant des milliers de personnes ?Le grand capital(n’oublions pas que Macron était employé par Rotschild) pense gagner à tous les coups avec l’un ou avec l’autre,mais contrairement à une certaine analyse c’est Marine Le Pen qui va les coiffer sur le poteau grâce à son charisme et le travail de terrain considérable de ses militants.

  2. LEVY Raymond says:

    Bayrou, candidat épuisé, candidat de l’usure et du déjà vu, qui espère passer à l’usure, justement…..Les autres l’ont laissé acquérir le siège de maire de Pau avec le contrat: “Prends ça puisque tu y tiens tant, et fous nous la paix pour le reste!”

  3. SEVY says:

    Surtout pas François Bayrou. Il a déjà fait assez de mal au MODEM. Laissons le à Pau.

  4. Henri Belasco says:

    Macron, Mélanchon, ce ne sont pas des hommes politiques mais des baladins qui font du spectacle et les médias adorent le spectacle.
    Malheureusement ils ne sont pas les seuls. Par exemple le pitoyable Montebourg qui se fait une gloire que son grand père ait fait partie du FLN dans le but inavoué de recueillir le maximum de votes de français de convenance mais qui a oublié que son aïeul Ahmed OULD CADI, Agha de Frendah combattit aux côtés de l’armée française lors de la conquête de l’Algérie. (Il offrit à la France, sur son domaine, assez d’hectares pour qu’on puisse y construire la ville de Lourmel.et fut élevé en 1867 au grade de Grand Officier de la Légion d’honneur).Le matamore Montebourg devrait plutôt se montrer fier de celui-ci qui lui n’a pas de sang français sur les mains.

    • Montebourg a toujours dit que son grand-père était un militaire et patriote français qui quitta l’Algérie en 1962 pour la Métropole. Il a eu des cousins dans l’ALN, sans plus.
      Ceci étant, je ne le suis pas à la trace, tellement il m’indiffère.
      http://www.kabyle.com/archives/l-actu-diaspora-kabyle/article/arnaud-montebourg-berberitude

      • Henri Belasco says:

        Ce n’est pas pour rien que MONTEBOURG est avocat.
        Son discours varie selon qui l’écoute et où on l’écoute.
        Ci dessous une autre version tirée du site
        http://oumma.com/Arnaud-Montebourg-Mon-grand-pere
        “…pendant la guerre d’Algérie, il était du coté du FLN. (…) C’est-à-dire, il a finalement été l’un de ceux qui (…) s’est battu pour la décolonisation…”.
        Ceci étant, je vais suivre votre conseil et le passer aux oubliettes.

        • C’est vraiment une sous-merde ! remarquez, il y en a un sacré lot, chez les élus ! Il y a dix ans, j’ai compté que les Piérouges représentaient plus de 20% des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat. C’est énorme ! Savez-vous que Cazeneuve en est un ? Mais eux ne se disent pas “traîtres”; ils se disent “libéraux”. Etonnez-vous après ça ques les Algériens soient comme chez eux en France !

          • Henri Belasco says:

            Les Pieds-rouges c’est comme les moudjahidin, il y en a eu infiniment plus après 1962 qu’avant. Les “résistants” en France aussi d’ailleurs (700.000 cartes de résistant après la guerre !)
            Il reste encore de la place dans les poubelles de l’histoire.

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