Marine a le blues

MLP patine et dérape : la peur de gagner ?

Depuis quelques jours, Marine Le Pen semble avoir perdu sa boussole. Elle vient, en quelques jours, de gâcher une belle semaine internationale où on l’a vue au Kremlin adoubée par Vladimir Poutine. La première bévue est sa sortie inutile sur sa nièce. En réponse à une question sur un éventuel ministère pour Marion Maréchal, Marine Le Pen a porté sur sa personne deux ou trois jugements sans aucun intérêt politique mais bien propres à entretenir le buzz. Puis la candidate FN s’est laissé piéger sur le Vel d’hiv. Qu’avait-elle à aller sur ce terrain ? Qu’est-ce que ça lui aurait coûté de botter en touche ? Elle aurait évité la polémique en disant que Jacques Chirac, le Super-Menteur des Guignols dont on veut maintenant faire un arbitre de l’Histoire, avait tranché la question de la responsabilité de la France dans cette affaire. A force de fréquenter les médias, MLP a baissé sa garde ; elle se croit admise dans le saint des saints de la politique, elle ne l’est pas : l’anti-France est à l’affût du moindre faux pas. Mais, apparemment, elle a, en cette difficile fin de campagne, perdu toute lucidité. Est-ce la peur de gagner ou l’effet d’une fatigue passagère ?

Cette impression est confortée par la tournure que prend sa campagne. Jean-Luc Mélenchon monte dans les sondages et voici que la candidate FN et son équipe joignent leurs attaques à celles de ses concurrents. Mais, si ceux-ci ont de bonnes raisons de s’inquiéter de la menace Mélenchon, ce n’est pas le cas de Marine Le Pen. En effet, Méluche est l’adversaire rêvé pour qu’au deuxième tour tous les électeurs de François Fillon et une partie de ceux d’Emmanuel Macron se reportent sur elle. Au pire, les plus timorés d’entre eux se réfugieraient dans l’abstention. Or, une confrontation droite assumée contre gauche castro-chaviste tournerait à coup sûr à l’avantage de Marine Le Pen.

https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/la-chute-de-marine-le-pen-dans-les-sondages-le-resultat-d-une-campagne-ratee_466723

Les « experts » et autres « consultants »[1] nous disent que Mélenchon prendrait des électeurs à Marine Le Pen : comme dirait Fillon, et alors ? A supposer qu’ils voient juste, sa réserve de voix est tellement importante (merci, Fillon !) que, même si Mélenchon y puisait un peu, cela n’empêcherait pas MLP d’être au second tour. D’ailleurs, le travail de contre est fait par Fillon, Macron et Hamon qui, eux, ont de bonnes raisons de s’inquiéter de la montée de Mélenchon. Enfin, si MLP se trouve au second tour face à Macron ou à Fillon, il est évident que les électeurs qui l’auraient (soi-disant) abandonnée au premier tour reviendraient vers elle. Pourquoi les braquer ?

https://www.letemps.ch/monde/2017/04/13/marine-pen-une-candidate-deja-fatiguee-pouvoir

Mais c’est un fait que la campagne de Marine Le Pen se met à ressembler à l’élection elle-même : elle est devenue incohérente et illisible. La fatigue, qui touche aussi les autres candidats, n’explique pas tout ; le désir de MLP et son staff  de ressembler aux autres lui font faire une campagne classique alors qu’elle n’est pas une candidate classique. Il semble qu’ils aient perdu de vue ce qu’en football on appelle les fondamentaux. Non contents d’attaquer tous leurs adversaires l’un après l’autre au lieu de dérouler leurs thèmes (immigration, islamisation, communautarisation, perte de souveraineté, valeurs romaines-chrétiennes, etc.) en les laissant s’écharper pour la deuxième place, MLP et les siens se dispersent en cherchant une réponse à chacune des questions secondaires posées par la déliquescence générale de notre pays. La France souffre de trois maux : les charges assises sur la production (supérieures de 107 mds€ à celles pesant sur les entreprises allemandes) qui grèvent la compétitivité de nos entreprises ; les questions dites « sociétales » mais qui relèvent, en réalité, du modèle de civilisation dans lequel nous voulons vivre ; la perte de souveraineté qui nous interdit, en vérité, de porter remède aux deux autres.

Comme le FN en général et l’équipe de Marine le Pen en particulier n’écoutent personne et surtout pas les gens qui leur tiennent tête – dont je m’honore de faire partie – je n’irai pas plus loin. N’empêche, après avoir beaucoup espéré, nous, les Patriotes, risquons, à cause de leur inconséquence, de voir notre cher pays tomber définitivement, cette fois, entre les griffes de l’anti-France.

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[1] A chaque fois que j’entends un de ces personnages, je pense à cette blague. Les habitants d’un quartier résidentiel s’étant plaints de ce que leur sommeil soit constamment troublé par les ébats nocturnes d’un chat et de ses nombreuses congénères femelles, son propriétaire décide de le castrer. Or, après quelque temps de répit, le trouble reprend plus fort que jamais. Aux voisins venus se plaindre, le propriétaire explique : « Que voulez-vous, depuis qu’il ne pratique plus, il est devenu consultant ! »

 

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6 réponses à Marine a le blues

  1. Robert dit :

    Marine Le Pen dispose d’un socle d’électeurs plus solide que Mélenchon, lequel exploite surtout son image de tribun et se met en avant pour torpiller Hamon et ce qui reste du PS.
    Mais vous avez raison Kader, ce n’est pas le moment pour la candidate de s’égarer sur des chemins de traverse en oubliant ses fondamentaux…

  2. Monrose dit :

    Analyse juste et d’actualité. Marine ne serait-elle pas atteinte du syndrome de son père qui reculait devant le Pouvoir ? L’énormité de la tâche, la crainte de ne pas avoir une majorité suffisante, le vide à la sortie de l’Europe pourtant nécessaire pour prendre des mesures de salut public, le stress la font peut-être reculer.
    Mais le problème se posera au vainqueur, d’une France ingouvernable et en pleine décadence, et je crains que finalement tout ce fourbi ne se termine tragiquement.
    Le salut ne viendra pas des urnes…

    • Kader Hamiche dit :

      Vous imaginez des Français faire du « dégagisme » par la force alors qu’ils n’oseraient pas le faire par les urnes ?

      • Monrose dit :

        Cette solution peut être imposée par des circonstances extérieures ou inattendues. En 1958, il a fallu l’Algérie et l’Armée pour que De Gaulle revienne au pouvoir. Sans elles, il ne serait jamais parvenu au pouvoir par les urnes. Les scores du RPF n’ont jamais dépassé ceux du FN et il l’avait mis en veilleuse. De Gaulle en 1958 était déconsidéré, qualifié de fachiste par la gauche et de vieux ringard par beaucoup …
        Je pense que le vainqueur dans un mois aura une assemblée ingouvernable de toutes façons, alors que l’Euro va sombrer et que notre dette est ingérable.
        L’immigration exponentielle en particulier va tout faire exploser.

  3. Snineminga dit :

    Fondamentalement, je pense que le FN ne souhaite pas gouverner ( trop compliqué et idéal pour prendre des coups….)
    Le FN souhaite une majorité d’élus pour empêcher le système de tourner et ramasser le plus de fric possible

  4. Joe Hodgson dit :

    Vous pouvez dire ce que bon vous semble en tout cas moi je vais voter pour marine comme toute ma famille a vote pour Trump.

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