Reniement, plagiats, oublis : comment une campagne peut gâcher une élection
Marine Le Pen, décidément, fait tout pour rater la dernière marche qui mène au triomphe. Jamais les circonstances ne se sont à ce point liguées pour lui fournir la première chance pour une Française de devenir la Présidente de la république. Alors que tout était en place en novembre pour ne lui laisser espérer qu’un décevant 15%, les dieux de la démocratie s’en étaient mêlés. La révélation des turpitudes de François Fillon l’avait propulsée au rang de favorite pour le Premier tour ; ensuite, le comportement pour le moins a-normal d’Emmanuel Macron lui avait ouvert une fenêtre pour un hold-up historique sur l’Elysée.
Et voici qu’en deux jours Marine Le Pen réduit presque à néant les fruits d’une belle première semaine de campagne de second tour. D’abord, en revenant maladroitement sur l’engagement de quitter l’€uro. J’ai toujours dit et écrit que MLP n’avait aucun intérêt à essayer de faire de la politique comme ses adversaires, c’est-à-dire, à étaler une science économique qu’elle n’a pas. Une faiblesse qui n’en est pas une, en réalité, si on se souvient de l’esprit des institutions de la Vème République, mais qui, à l’heure des confrontations télévisuelles avec des journalistes d’autant plus hargneux et de mauvaise foi qu’ils ne sont pas responsables, eux, est mise en évidence à la moindre hésitation à répondre à une question du genre prix d’un pain au chocolat. Une faiblesse de surcroît mal compensée par ses faibles équipes.
Bref, au lieu de se concentrer sur ses fondamentaux – la menace existentielle qui pèse sur la France, la situation matérielle des Français, le malaise et le mal-vivre dus à des causes exogènes, l’immigration, la communautarisation, l’islam envahissant, le terrorisme, l’insécurité, MLP croit bon de parler, dans le détail, de tout et de n’importe quoi. Sur l’Europe, notamment, sujet délicat et sensible s’il en est qui relève, en réalité, du rapport de forces que le Président élu veut ou ne veut pas, peut ou ne peut pas, imposer à ses homologues des autres membres de l’UE. Là, les contradicteurs médiatiques, qui n’interrogent pas MLP et ses représentants mais les mettent à la question, ont le génie de vous embrouiller dans des détails. A chaque réponse, ils opposent une objection qu’ils assènent avec d’autant plus de force qu’ils la découvrent en la lisant sur les multiples fiches que leurs assistants sous-payés et incultes leur ont préparées à l’avance.
Bref, tout cela pour dire qu’avec son histoire de renégociation et non plus de sortie de l’€uro, Marine Le Pen a donné un excellent prétexte à ses ennemis qui n’en manquent pas de la mettre dans l’embarras. Dès qu’elle a prononcé le mot, elle s’est engagée dans l’entonnoir qui mène obligatoirement à la perte de centaines de milliers de promesses de suffrages chèrement acquis. Le processus est connu : une fois prononcé le mot fatidique, les contradicteurs de mauvaise foi, même s’ils comprennent parfaitement ce que vous avez voulu dire, n’ont de cesse de vous relancer jusqu’à la nausée. Et au bout du bout du harcèlement, vous vous heurtez à un « Vous ne pouvez pas le faire, l’Europe l’interdit ! » péremptoire et définitif. D’ailleurs, s’agissant de la bourde du jour, le mot négociation à lui seul suffit à réduire à néant les meilleures intentions tant il a été vidé de son sens et dévalué par Sarkozy et, surtout, Hollande.
Non contente de revenir sur un engagement, ce qui est toujours très mal vu, en politique, Marine Le Pen a commis une deuxième bourde (on attend la suivante car « jamais deux sans trois ! ») : un plagiat. Une bourde que je me retiens de qualifier pour ne pas être grossier. Au meeting de Villepinte, plagier mot pour mot un discours de François Fillon datant de quelques semaines à peine ; un discours, paraît-il, fourni par Paul-Marie Couteaux, qui en a revendiqué la paternité sans dire que lui-même s’est beaucoup inspiré de Clemenceau ;un plagiat de plagiat, en quelque sorte ! Comme disait le regretté Bobby Lapointe, « pour une sonnerie, c’est une belle sonnerie ! »
Ainsi, Marine Le Pen a fourni à l’anti-France macroniste deux prétextes de discréditer sa candidature pendant deux jours. Que faire pour réparer ? Parler d’autre chose ! Parler, par exemple, d’une question que personne, aucun des onze candidats à la Présidentielle, n’a évoquée : notre politique étrangère dominée par l’engagement de nos forces armées en Irak et en Syrie. Le silence des candidats – qui n’ont pas été questionnés – sur cette matière est inquiétant. Marine Le Pen serait bien inspirée de s’en saisir pour marquer sa différence avec ses prédécesseurs. Sarkozy et Hollande, rompant avec la fameuse « politique arabe de la France » confirmée avec force par Chirac et avec un formidable talent oratoire par Villepin dans son discours du 14 février 2003 sur l’Irak à l’ONU, ont envoyé nos soldats en Afghanistan, en Libye, en Irak et en Syrie, avec les désastreux résultats qu’on sait tant au plan militaire qu’au plan diplomatique.
Hormis l’intervention de nos armées au Mali, les opérations militaires françaises, comme celles des Américains et de leurs « alliés », s’apparentent à des ratonnades en vue d’objectifs pas très reluisants. La France marquerait une rupture salutaire en y mettant résolument fin, affirmant ainsi son indépendance, sa souveraineté retrouvée et sa volonté d’opter pour une solution politique aux problèmes du Levant. Le Président de la République qui ferait cela, ou, plutôt, la Présidente de la République, rendrait à notre pays l’estime qu’elle a perdue dans l’esprit des Peuples de ces contrées. Sur le plan intérieur, le bénéfice serait immédiat pour le pays : la fin du terrorisme islamique qui, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, n’a rien à voir avec une guerre de civilisation que l’Islam voudrait nous imposer mais tout à voir avec des représailles pour l’engagement de nos forces au Levant.
Sur le plan non plus politique mais politicien, Marine Le Pen, si elle prenait dès maintenant l’engagement de retirer nos troupes d’Irak et de cesser de participer aux bombardements en Syrie, gagnerait l’estime d’une grande partie des quatre millions cinq-cent-mille électeurs musulmans de France. Beaucoup d’entre eux, ceux issus des lignées les plus anciennes de l’immigration maghrébine, notamment, sont, en réalité, très sécularisés. Ils ont avec l’islam une relation très relâchée qui s’apparente à celle de nos concitoyens dits « chrétiens » ou « juifs » avec leur religion supposée. Ils respectent, pas tous et à des degrés divers, les principaux préceptes de l’Islam, ceux qui s’apparentent à des coutumes. par exemple, la fête de l’aïd, mais ils fêtent aussi Noël ; ils font le ramadan mais ne mettent jamais les pieds à la mosquée ni même ne prient chez eux, etc. La différence avec les Chrétiens et les Juifs laïcs, si j’ose dire, est qu’eux subissent une pression morale des islamistes et des salafistes en général sur le thème de la solidarité avec leurs « frères » martyrs des armées occidentales en Irak, Syrie et Liban. Retirer aux salafistes ce prétexte pour imposer leurs vues à leurs coreligionnaires plus coulants sur la religion serait une bonne façon de les aider à achever leur intégration.
Sur le plan politique, ces Musulmans français de vieille lignée sont très partagés et les consignes de votes des organisations autoproclamées « représentatives » de l’Islam de France n’ont aucun effet sur eux. Ils sont plus nombreux à voter à gauche, notamment pour Mélenchon. Depuis Chirac, ils sont presque aussi nombreux à opter pour les Reps (moins avec Sarkozy) ; et ils le sont de plus en plus à se tourner vers le FN et, surtout Marine Le Pen. Que Marine Le Pen prenne l’initiative que je propose et ils seront plus nombreux encore à lui apporter leurs suffrages dimanche prochain 7 mai.
Mais cette initiative aurait une autre portée, universelle, celle-là, et de haute politique : symboliser la volonté de Marine le Pen de rendre sa souveraineté à la France. Pour cela, ce sont tous les électeurs patriotes qui lui en seraient reconnaissants. Qu’elle en parle demain, au débat qui l’oppose au petit, superficiel et inconsistant Macron et il sera bien en peine, en deux jours, de reprendre l’avantage qu’elle en tirerait.
Vous avez raison pour l’euro et l’UE, je pense qu’elle essaye de récupérer une partie de la droite ecoeurée mais c’est difficile de rétro- pédaler au lieu de tout miser sur le point commun: la perte de notre pays ! La 2ème bourde (le plagiat) est énorme et les médias vont en faire » leurs choux gras ».Ils ne sont pourtant pas débutants,c’est à se poser certaines questions sur la provenance du texte par ailleurs très beau.
Sur le plan diplomatique,je vous suis sur l’abandon de notre participation de guerre dans certains pays, cela atténuerait la parole des salafistes mais pas complètement ! Vivant à Lille,je constate la transformation,sous pression, de Français musulmans tout à fait sécularisés et neutres qui renouent de façon radicale avec leur religion qu’ils pratiquaient jusque là dans le privé.J’en connais beaucoup et je suis désolée pour eux de cette régression.Tout dépend où l’on vit Kader et j’en veux à nos gouvernements successifs qui n’ont pas su les protéger en ne les comprenant pas et faisant l’amalgame.
J’aime bien votre définition de Macron 🙂
cordialement
Un peut trop pressé sur ce commentaire Kader . L’auteur du texte est moins incisif. http://www.bfmtv.com/politique/plagiat-du-fn-paul-marie-couteaux-juge-excessif-le-terme-de-plagiat-1155250.html
Excusez-moi de donner MON point de vue. Quelque chose a dû vous échapper : Peul-Marie Couteau essaie de désamorçant la gaffe pour arranger les bobos de MLP.
Sur le plagiat assumé il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Je suis surpris vous fin politique de tomber dans le piège de la presse inféodée 1mn 30 sur 1 heure de discour.s. Sur l’Euro c’est un sac de noeuds même si je suis partisan d’un retrait progressif et d’une relation avec nos amis anglais. Pour l’islam vous avez 100% raison mais cela va être compliqué sur le terrain en cette phase de reconquête. Mais se serait un Formidable pied de nez aux américains et à nos chers islamistes.
Un ancien ministre algérien préfère Marine à la TV algérienne. Parfaitement cohérent les intérêts de l’Algérie passent avant les contingences françaises
Après ce fameux débat du mercredi soir, à mon humble avis, MLP ne gagnera pas de voix, mais Macron risque de rallier des indécis supplémentaires. Il me semble que MLP a été inutilement agressive sur la forme, et trop approximative quant au fond.
Par exemple, concernant la sortie de l’ Euro, il y a des travaux très clairs d’un certain nombre d’économistes, expliquant comment la monnaie unique avantage l’ Allemagne au détriment d’un certain nombre de pays dont la France : pas un mot de MLP pour expliquer clairement aux Français que l’Allemagne nous « couillonne » !
Dans un autre domaine, l’expulsion des fichés « S » (11000 personnes) : totalement irréaliste juridiquement et matériellement !
Au final : déception…
Elle a été CONS-TER-NANTE ! (Article à suivre ± 165h)