L’affaire Dieudonné continue d’abreuver une actualité sordide grâce au ministre de l’Intérieur Valls et aux révélations du Canard enchaîné. Elle prend un tour scandaleux avec l’exploitation originale qu’en fait le Nouvel Obs.
Attention ! Un combat peut en cacher un autre.
Jamais je n’avais vu Eric Naulleau dans cet état. Autant le complice d’Eric Zemmour est emprunté quand il s’agit de défendre son propre travail, autant il est décidé et combatif lorsqu’il s’élève contre une injustice frappant son ami. Hier, au Grand journal de Canal+, il s’insurgeait avec passion (Voir) contre une mauvaise action de l’un des principaux organes du bien-penser français, en présence de son Directeur de la rédaction, Renaud Dély. Objet de son indignation : la couverture du Nouvel Obs, inspirée de l’affiche du film de Mathieu Kassowitz, La haine, amalgamant Alain Soral, Dieudonné et… Eric Zemmour.
Quelques minutes plus tard, le Point.fr, sous le titre : « Le Nouvel Obs se paie Eric Zemmour », en faisait sa Une avec, citant l’agence Sipa Média, quelques passages de l’article du Nouvel Obs, dont celui-ci : « Ce sont bien eux, les néo-racistes, qui accaparent l’espace médiatique, formant une nébuleuse hétéroclite, unie dans une certitude, celle de lutter contre la bien-pensance. On y trouve pêle-mêle des intellectuels obsédés par la perte d’identité française, comme Alain Finkielkraut, des piliers du Paf, comme Eric Zemmour, des politiciens pyromanes collectionnant les « dérapages » – Jean-François Copé et ses voleurs de pains au chocolat pendant le ramadan -, des humoristes comme Dieudonné, menacé d’interdiction, dont la quenelle, bras d’honneur au système, est reprise par une cohorte allant du Printemps français aux antisémites de tout bord, qui se nourrissent des saillies du polémiste Alain Soral ».
A première vue, il s’agirait de stigmatiser des racistes et des antisémites. Le problème est que les trois noms cités en compagnie de Soral et de Dieudonné sont ceux de trois Juifs français. Trois personnalités qui, par ailleurs et sauf erreur de ma part, vivent leur judaïté de trois façons différentes : Eric Zemmour revendique ses origines judéo-berbères et tient la religion dans le strict cadre privé. Il n’est pas sioniste et ne juge pas Israël autrement que comme un état étranger. Alain Finkielkraut est un « Juif » athée, sioniste au sens où il se préoccupe et s’inquiète de façon presque névrotique de l’avenir d’Israël. Quant à Jean-François Copé, époux à la ville de Nadia Hamama, d’origine kabyle, il se déclare « juif non pratiquant ». « Ma communauté, déclare-t-il dans Tribune juive, c’est la communauté nationale. » En lisant ces trois noms, j’ai sursauté. Qui peut croire une seconde que ces trois-là sont des antisémites au même titre qu’Alain Soral et Dieudonné M’Bala M’Bala ?
Le Nouvel Obs, qui a été de tous les combats contre le racisme et l’antisémitisme, n’est pas lui-même suspect de vouloir nuire à des Juifs. A plus forte raison quand deux de ses fondateurs, Jean Daniel et André Gorz, sont, eux aussi, juifs, et quand le troisième, Claude Perdriel est, par son parcours de vie et son engagement, très proche des Juifs. Mais Le Nouvel Obs n’est pas que ça : c’est aussi un des porte-parole de la mouvance tiersmondiste et anticolonialiste rétrospective. C’est encore le chantre de la repentance. C’est enfin le héraut de l’anti-France internationaliste, cosmopolitiste et communautariste. Or, ce qui unit Zemmour, Finkielkraut et Copé, c’est le souverainisme, c’est-à-dire le nationalisme au sens premier et non dévoyé du terme, ou nationisme. L’amalgame opéré par la Une du Nouvel Obs a, en réalité, un but : discréditer d’authentiques patriotes.
Plus généralement, il participe de l’offensive de l’anti-France contre le phénomène de revival du patriotisme français. La réaction tardive (le premier signalement de Tracfin, l’organisme chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent, date de 2007 !) du gouvernement Ayrault contre Dieudonné s’accompagne d’un rappel persistant de ses liens avec la famille Le Pen. Ainsi, Dieudonné, l’affairiste délinquant fiscal, l’idole des banlieusards blacks-beurs, est aussi l’ami du FN et le père d’une filleule de Jean-Marie Le Pen. (Voir) Ces rappels persistants – et incontestables car c’est une réalité – sont un moyen de re-diaboliser le FN. Comment ne pas y voir aussi et surtout un moyen de salir l’ensemble d’un mouvement patriotique autrement plus dangereux pour le système ? Car, quoi qu’en disent les patriotes sincères qui voient dans le FN la seule force d’opposition à la décadence nationale, le véritable ennemi de la Gauche, mais pas seulement d’elle, c’est cette France silencieuse jusqu’à l’an dernier qui a fini par comprendre que la patrie est vraiment en danger et qui cherche un moyen de la sauver sans la livrer pieds et poings liés à des aventuriers.