Vers l’Europe des Régions transnationales.
Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a, entre autres annonces, parlé de son projet de réforme territoriale. A cette occasion, il a parlé de « mettre un terme aux enchevêtrements et doublons » des communes, intercommunalités, départements et régions. Remarquons qu’il le fait après avoir lui-même créé une nouvelle collectivité territoriale, la Métropole, à laquelle il n’a pas été capable d’imposer un statut juridique unique. En effet, d’après la loi votée en décembre 2013, elles seront de trois types : les métropoles de droit commun (EPCI), les métropoles à statut particulier (Grand Paris, Aix-Marseille-Provence Métropole) et une collectivité territoriale, la Métropole de Lyon qui regroupe les compétences du Grand Lyon et du Département du Rhône. Notons que la Métropole du Grand Paris aura les compétences de la Ville de Paris et des communes des départements de la Petite Couronne. Mais le Conseil Général de Paris, ceux des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne (que nos médiocrates désignent sous leurs numéros 92, 93 – le fameux 9.3, voire 9 cube – et 94) ne seraient pas supprimés pour autant. Pas plus, d’ailleurs, que le Conseil général des Bouches-du-Rhône dont, pourtant, 93% de la population sera administrée par Aix-Marseille-Provence Métropole. Ça va ? On suit ?
Evidemment, notre Président shamallow aimerait bien réduire le nombre de Régions et celui des Départements mais il ne se résigne pas à exercer cette mission régalienne de l’État. Aussi se contente-t-il d’émettre le souhait que les collectivités territoriales se rapprochent. Mais, plutôt que de le leur imposer dans l’intérêt du pays, il préfère brandir la carotte de dotations supplémentaires pour celles qui collaboreront. Je serais curieux, au passage, de savoir ce que le Conseil Constitutionnel en dira, le moment venu. Si ce moment vient !
Sur le fond, je ne peux m’empêcher de voir dans ce projet, tant dans sa forme que dans son contenu, le deuxième pas vers la « dénationalisation » de la France. Le projet commun de l’UMPS et de leurs satellites est et reste la création d’une Europe supranationale. La forme privilégiée par les faux démiurges et authentiques apprentis-sorciers que sont nos élites est une Europe des Régions (par opposition à l’Europe des Nations des souverainistes). Dans un premier temps, il s’agit de réduire le nombre de Régions françaises pour, disent-ils, « leur faire atteindre la « taille critique » des länder allemands ». Ce, sans tenir compte de l’Histoire qui fait de ceux-ci les héritiers des quelque trois-cent-soixante tribus germaniques de l’époque romaine. Ensuite, il s’agit de donner naissance à un monstre chimérique né de l’imagination délirante des malades qui nous gouvernent en créant artificiellement des « régions transfrontalières ». Jean-Marie Colombani (qui défend farouchement toutes les initiatives de François Hollande sur le service public de Radiotélévision), a, naguère, théorisé la chose dans une très long article du Monde. L’Aquitaine serait fusionnée avec le Pays basque et la Navarre ; Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon ressusciteraient avec la Catalogne et l’Aragon la mythique Septimanie ; Rhône-Alpes et PACA rejoindraient la Lombardie (Milan), le Piémont (Turin), le Val d’Aoste et l’Étrurie (Gênes) pour former ce qui serait peut-être la plus belle province d’une Europe fantasmée ; l’Alsace et la Lorraine retrouveraient leurs sœurs rhénanes, Sarre, Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg ; Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais fusionneraient avec la Belgique. Etc. Evidemment, il faudra convaincre les fiers Ibères et tordre un peu le bras des susceptibles nationalistes italiens, mais nos Epiméthée sont à mille lieues de ces considérations. Seule compte pour eux la réduction au forceps de la France bimillénaire pour la faire entrer dans leur délire européen. A noter que ces projets sont soutenus financièrement par l’Europe. (Lire La France Confisquée).
Tout ce que la Révolution de 1789 avait détruit a été rétabli par cinquante ans de pratique dévoyée de la 5ème République. Un État faible, c’est l’assurance pour les charognards de se nourrir impunément de sa carcasse, et le moyen pour les lobbies coalisés de vivre sur son dos comme les parasites sur un corps sans force. Ce projet participe de l’abaissement de l’État au profit des féodalités électives, où sévissent gabegie[1], clientélisme, népotisme et corruption, que sont devenues les collectivités territoriales. Pour y mettre fin et permettre à la France de retrouver son lustre et sa puissance, il fallait évidemment faire tout le contraire : rendre l’État à son Peuple en supprimant le maximum d’intermédiaires entre eux. Tous les pays à structures fédérales le doivent à leur histoire. La France n’en fait pas partie. A plus forte raison depuis que les Français élisent leur président au suffrage universel direct. La décentralisation est une vaste fumisterie et un échec cuisant.
Il faut renationaliser les institutions et la vie politique. Supprimer les Régions, le Sénat et les corps consultatifs qui ne sont en réalité que des « fromages de la République » (ex : Conseil économique, social et environnemental), imposer le regroupement des Communes, réduire les compétences financières des présidents de Conseils généraux mais leur transférer des missions de sécurité publique, diviser le nombre de Députés par deux, instaurer la représentation proportionnelle pour permettre à toutes les sensibilités politiques de s’exprimer, supprimer les Préfectures et Sous-Préfectures, supprimer le cumul des mandats, interdire aux hauts fonctionnaires de faire de la politique, instaurer un cursus honorum, etc. Voilà qui réformerait vraiment la République et donnerait de la force à la France et confiance aux Français. Et il faut le faire après consultation du peuple français par référendum.
[1] En Région Centre (Président : François Bonneau, PS), chaque conseiller régional dispose d’une voiture avec chauffeur…