Hier, j’ai présenté à ma façon quelques résultats du premier tour intéressants pour le mouvement patriotique français. Aujourd’hui, j’en propose une analyse dans la perspective de la renaissance d’une vraie droite nationale et patriotique. Autrement dit, qu’est-ce que les résultats de dimanche peuvent nous faire espérer… et craindre ?
Victorieux, le FN reste une assurance-vie pour l’UMPS.
Je ne l’ai pas assez noté hier mais, au moins autant que le score des listes parrainées par le Rassemblement Bleu-Marine, l’abstention massive est un phénomène remarquable du premier tour de dimanche 23 mars.
La victoire du FN n’est pas celle des Français car la victoire électorale ne vaut que si elle ouvre des perspectives politiques de fond. Or, si le Rassemblement Bleu-Marine est à lui seul le dépositaire des valeurs nationales et patriotiques des Français et l’unique défenseur de la Nation française, alors, l’avenir de la France me paraît bien sombre. Cela, pour deux raisons. La première est que le FN est incapable de convaincre les 20% de Français qui, tout en ne voulant plus de l’UMPS, se refusent à faire confiance à un parti attrape-tout, sans ligne clairement définie et dirigée par des amateurs ; la seconde est que le Front National ne séduit qu’en proportion de ses renoncements et de ses accommodement avec un système qu’il continue pourtant de combattre.
La victoire électorale ne vaut que si elle ouvre des perspectives politiques de fond.
Par exemple, on a pu lire ici et là que le FN était en train de noyauter la franc-maçonnerie ; c’est tout le contraire qui se produit, comme en témoignent la place prise en son sein par Gilbert Collard, membre de la Grande Loge de France et le soutien du Rassemblement Bleu Marine à Robert Ménard. Par exemple, le FN est mal à l’aise dès qu’on parle du mariage gay. C’est normal : le communautarisme homosexuel s’affirme jusqu’au sein du FN avec l’arrivée aux plus hautes fonctions du parti d’homosexuels comme Florian Philippot et Steeve Riois. Un phénomène qui s’est traduit pas le refus de Marine Le Pen de participer ou même de cautionner le mouvement La manif pour tous de l’an dernier. Par exemple, la quasi conversion de Marine au gaullisme sous l’influence de Florian Philippot. Enfin, mais c’est plus insidieux et sournois, l’o.p.a. réalisée sur le RBM par les anciens Chevénementistes tels l’incontournable Philippot. Le phénomène est si spectaculaire qu’il évoque l’existence d’un véritable national-socialisme à la mode Chevênement.
Seul, le FN ne viendra au pouvoir que pour présider aux funérailles de la France.
Ces virages successifs du Rassemblement Bleu-Marine n’empêchent pas les électeurs impulsifs de voter pour ses candidats car leur vote est surtout un exutoire. Le score de Robert Ménard au premier tour en est une illustration magistrale, tant cet homme cumule les contradictions et les zones d’ombre incompatibles avec une adhésion sincère et réfléchie. Les électeurs « politiques », eux, préfèrent s’abstenir. Les Français qui ne veulent plus ni de la Gauche ni de l’UMP, ceux qui votent UMP au premier tour et s’abstiennent au second sont, en dépit des apparences, des électeurs actifs. Ils ont, intuitivement ou plus ou moins clairement exprimé, un désir d’une alternative à droite que le FN ou le RBM ne peuvent pas satisfaire. Or, comme on l’a vu hier, l’abstention a spectaculairement augmenté entre 2008 et 2014 (+6 points en moyenne). Et les candidats FN les mieux placés l’ont été dans des communes ayant fortement voté. Cela signifie que les électeurs qui n’ont pas trouvé chaussure à leur pied sont au moins aussi nombreux que ceux qui se sont réfugiés dans un vote FN. Conclusion : le FN n’offre pas de réponse satisfaisante à la demande d’une autre politique nationale.
En réalité, mais cela n’étonnera pas les fidèles de ce blog car je l’ai écrit maintes fois, la France patriotique ne peut marcher que sur deux pieds. Aujourd’hui, elle est unijambiste et, certes, elle peut, en claudiquant, arriver à son but mais quand ? Dans dix ans, terme que Marine Le Pen s’est fixé pour accéder aux responsabilités ? Pour quoi faire ? Présider aux funérailles de la France ? C’est dans ce sens que j’ai écrit l’an dernier que le RBM risquait d’être le fossoyeur de la France, sous-entendu préalablement assassinée par l’UMPS et ses satellites. Pour que le mouvement patriotique arrive suffisamment tôt au pouvoir, assez, en tout cas, pour empêcher le « grand remplacement » dénoncé par Renaud Camus, la communautarisation de la France et sa dissolution dans un ensemble supra-national où l’identité française sera noyée conformément au grand dessein des apprentis-sorciers qui nous régentent, en un mot, pour que la France soit sauvée, il faut un projet politique porté par deux jambes.
A cet égard, je suis très pessimiste. « Sachant c’que j’sais et voyant c’que j’vois, j’ai bin raison d’penser c’que j’pense ! » (Dicton franc-comtois). Je me suis réjoui, un temps, de la renaissance du mouvement patriotique. L’an dernier, notre beau pays de France était parcouru par un frisson, un sursaut, une effervescence salutaires qui se traduisaient, autour du mouvement la Manif pour tous, par la création d’une galaxie de micro-partis, de groupes de réflexion, d’associations de défense des valeurs françaises, etc., comme la promesse d’une renaissance des idées étouffées et interdites d’expression par soixante ans de gaullo-socialo-communisme. Cela ressemblait à une « résurrection » de la vraie droite nationale et patriotique, celle qui a défendu la France en Algérie contre son démembrement et qui s’est de tout temps opposée aux menées subversives des malades qui veulent faire l’Histoire selon leurs propres délires.
Le mouvement patriotique est né mais il ne le sait pas. Il est là, […]diffus, mais ne demandant qu’à s’agréger, comme les premières cellules vivantes aux premières heures de la Création.
Qu’est-elle devenue, cette droite nationale et patriotique ? Elle s’est laissée noyauter, comme le FN, par la mouvance gaulliste, chevénementiste, communautariste, tiers-mondiste, internationaliste, maçonnique, etc. Voyez les noms du comité de parrainage du Socle, un « club » de réflexion censé constituer « un levier, un point d’appui, à partir duquel mille et une initiatives peuvent se construire », si on en croit le mail envoyé par ses fondateurs à une élite soigneusement sélectionnée : le pire y côtoie le meilleur mais c’est surtout l’alliance de la carpe et du lapin. Comment, par exemple, Renaud Camus peut-il faire un bout de chemin avec Robert Ménard, comment le souverainiste Paul-Marie Coûteaux cohabite-t-il avec l’Européiste (fédéraliste) Chantal Delsol, épouse du nationaliste Charles Millon ? Comment des défenseurs de la France chrétienne, qui rivalisent d’imprécations contre les menées de l’anti-France sur Radio Courtoisie imaginent-ils de travailler avec les communautaristes musulmans de Fils de france ? Et tout ce beau monde soutient les candidats FN aux municipales en compagnie, quelquefois, de Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan (encore un Gaulliste !).
En réalité, et sauf erreur de ma part, le mouvement patriotique est né mais il ne le sait pas. Il est là, quelque part et partout, incertain de sa propre existence, vague, confus, décevant et prometteur, hésitant et ballotté comme une barque sans boussole, diffus, mais ne demandant qu’à s’agréger, comme les premières cellules vivantes aux premières heures de la Création. C’est à cela que les Patriotes sincères et désintéressés doivent travailler car laisser au FN le monopole du patriotisme, c’est offrir à l’UMPS une assurance-vie et une concession à perpétuité sur la France.