Spéciale municipales 2014

    Sans me prendre pour un politologue, j’ai souhaité commenter les résultats intéressants du premier tour des municipales 2014, à ma sauce et en fonction de mes préoccupations, c’est-à-dire, sans objectivité aucune. La percée du FN est intéressante par ce qu’elle révèle (ou confirme) des aspirations politiques des Français. Nous en parlerons demain.

Les Français fin prêts pour une alternative patriotique.

President of French far-right party Front national (FN) Marine Le Pen flanked by FN General secretary Steeve Briois (L), speaks, on May 14, 2012 in Henin-Beaumont, northern France, during a press conference to announce her candidacy in the June 2012 French parliamentary election. French president of the Parti de Gauche Jean-Luc Melenchon plans to challenge Le Pen in the 11th constituency in the northern Pas-de-Calais department, which includes Le Pen's stronghold town of Henin-Beaumont.  AFP PHOTO / DENIS CHARLET                                                                                            Steve Briois et MLP

    Le premier tour des municipales vient de livrer son verdict. Je dois dire que je ne m’attendais pas à ça. Le score national des listes parrainées par le Rassemblement Bleu-Marine est trois fois supérieur à celui de 2008. C’est très spectaculaire, même s’il y a eu cette année beaucoup plus de listes estampillées « extrême-droite » par la presse bien-pensante. Mais il suffit de détailler les résultats pour constater que l’ampleur de ce score ne doit pas tout à la multiplication des listes. Steeve Briois élu dès le premier tour à Hénin-Beaumont, on a beau l’avoir cru possible, quand ça arrive, on est juste halluciné. On se dit : « Les Français ont osé ! » 

    J’ai assisté à tant de réélections d’escrocs, de voleurs et de malfaisants condamnés que j’en avais perdu toute confiance en la capacité des Français à réagir. Ce soir, je suis heureusement détrompé. Non pas que je me réjouisse particulièrement de voir un cadre du FN à la tête d’une municipalité mais cet événement marque un tournant quant à l’état d’esprit des Français. L’élection de Steeve Briois au premier tour est très spectaculaire mais elle est surtout signifiante : cette fois, c’est sûr, les Français ne veulent plus laisser leur pays partir en vrille sans réagir.

    Si ce fait était isolé, on pourrait, pour s’en réjouir ou pour s’en plaindre, dire une fois de plus : « Une hirondelle ne fait pas le printemps ! » Mais ce n’est pas le cas. Pour la première fois depuis qu’en 1995 Jean-Marie Le Chevallier et Jacques Bompard ont été élus à Toulon et Orange, le FN et ses alliés pourraient gagner plusieurs villes importantes dimanche prochain. Florian Philippot, qui a viré en tête avec 35% des voix pourrait l’emporter à Forbach. Idem de David Rachline ; avec 40,2% des voix au premier tour, il a toutes chances de prendre Fréjus à l’UMP, donnant enfin à cette ville symbole de la corruption politique la possibilité d’en sortir. A Avignon, le candidat FN Philippe Lottiaux a obtenu neuf points de plus que son concurrent UMP mais il est talonné par son adversaire socialiste. Il a toutes ses chances dans une triangulaire car je crois en l’exemple. Les Vauclusiens, qui ont fait confiance à Jacques Bompard, triomphalement reconduit pour un quatrième mandat à Orange, et ont élu son épouse à Bollène, pourraient fort bien récidiver à Carpentras, 

621007-le-vice-president-du-front-national-louis-aliot-a-paris-le-14-octobre-2013                                                                                             Louis Aliot à Perpignan ?

    Ceci étant, je vais finit par croire que Marine le Pen a monté une affaire de recyclage d’anciens gauchistes, francs-maçons et autres gaullistes. Dans le Gard, Gilbert Collard, membre de la Grande Loge de France, ancien du MRAP et du PS, et passé par tous les partis intermédiaires avant d’atterrir au Rassemblement Bleu-Marine, a toutes les chances de devenir dimanche maire de Saint-Gilles. Et la ville voisine de Beaucaire pourrait se donner un maire RBM en la personne du jeune Julien Sanchez. 

    Perpignan m’intéresse tout particulièrement, parce que plusieurs hommes politiques des Pyrénées Orientales sont des amis sincères et fidèles des Piénoirs et des Harkis. Malgré son refus du 19 mars comme date officielle de la fin de la guerre d’Algérie, malgré la création du Centre de documentation des Français d’Algérie, dont Madame Suzy Simon-Nicaise (la « Reine-mère ») se croit seule propriétaire, j’ai du mal à croire en la sincérité du maire sortant Jean-Marc Pujol, très décrié pour avoir jumelé Perpignan avec sa ville de naissance Mostaganem. Je trouverais assez cocasse – et réjouissant car l’homme est sympathique – que Louis Aliot, que d’aucuns ont le tort de ne considérer que comme le prince consort, devienne le maire de la plus grosse ville gagnable par le FN dimanche prochain. Au moins, là, on n’aurait pas de doute sur l’engagement politique du vainqueur. Ce qui n’est pas le cas de Béziers.

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Robert Ménard, le coucou.

robert-menard-arrive-largement-en-tete-a-beziers-avec-plus_841635_510x255                                                                                           Robert Ménard à sa permanence de Béziers

    Béziers est, apparemment, la ville de plus de cinquante mille habitants la plus près de tomber dans l’escarcelle du FN. Apparemment ! En réalité, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’opportuniste Robert Ménard dévoile au grand public sa vraie nature. Les lecteurs de ce blog n’en seront pas étonnés car je lui ai consacré quelques lignes mais la coqueluche des médias a, dès dimanche 18h, appelé le socialiste Du Plaa (qu’il dit être son ami) et le communiste Couquet à le rejoindre, ajoutant : « Je veux travailler avec eux ». Chassez le naturel, il revient au galop ! Le tiersmondiste mal dégauchi qui, tel le coucou, a fait ses œufs dans le nid du FN, n’a pas été long à jeter par-dessus bord ses hôtes désormais encombrants. Mais nous n’allons pas plaindre Marine et ses amis ; elle avait sans doute de bonnes raisons de servir de marche-pied à un imposteur qui n’a même pas pris la peine de cacher sa vraie nature. (Lire)

    Il en est un qui doit se mordre les doigts. On l’a vu, hagard, à la télévision, et entendu débiter une réaction confuse dont on a seulement compris qu’il espérait encore alors qu’il venait de dire le contraire trente secondes plus tôt. Je connais bien Elie Aboud et, bien que je ne me fasse pas d’illusions sur sa façon de faire de la politique (c’est un grand copain de Copé), je pensais que sa bonhomie et son côté copain compenseraient son absence totale de sens politique. Et je croyais les Biterrois assez sages pour faire la part des choses entre le rejet légitime d’une clique politique (l’UMPS) irresponsable et la perspective de livrer leur ville à un amateur opportuniste entouré de bobos dont aucun n’a jamais fait de politique. Enfin, je pensais que les Piénoirs de Béziers, les seuls, peut-être, auxquels Elie Aboud n’a jamais compté son soutien, le lui rendraient dans l’urne. Alors, quand j’ai lu un article du Midi Libre dans lequel, à trois jours du scrutin, il se présentait en rempart contre… le FN, les bras m’en sont tombés. Elie Aboud, le fils de phalangiste libanais, la caution droitière de l’ami du FLN Raymond Couderc, le président du Groupe de travail sur les Rapatriés à l’Assemblée nationale, attaquait le FN chéri des Piénoirs. Car, à Béziers comme dans beaucoup de villes du Midi, le FN n’est rien sans les Piénoirs et c’est parce qu’ils se sont détournés d’eux que les élus UMP du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées ont été balayés en 2012.  C’était par trop insulter la politique. Et, quand on insulte la politique, elle se venge ! 

    C’est raté sur toute la ligne. Apparemment, les Biterrois, fatigués du manque de sérieux d’Elie Aboud, s’en remettent à un type qui leur a parlé de crottes de chiens pendant un an sans jamais leur dire avec qui il allait gérer leur ville. Quant aux PN, ils ont plébiscité un fils de PN qui n’a pas hésité à s’inventer pour les séduire un père héros de l’OAS, qui a prétendu avoir assisté personnellement aux massacres de Piénoirs du 5 juillet à Oran, et qui s’est trahi en proclamant dans un petit film découvert l’an dernier, selon ce qu’il dit, la question piénoire et harkie, à 60 ans. Mais qui écoute qui, aujourd’hui ?

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Toulouse vouée à l’alternance Moudenc-Cohen-Moudenc

4360776_3_e946_jean-luc-moudenc-et-pierre-cohen-avant-un_f4944e870ffd6502882378d686192bcc                                                                                                     A toi, à moi !

    A Toulouse, tout indique que Pierre Cohen, le communautariste provocateur ami des trublions des soirs de victoire de l’Algérie et amateur de drapeaux algériens sur le balcon du Capitole pourrait bien en être débarqué dimanche prochain. Dommage que ce soit pour y mettre un apparatchik de l’UMP ! Maire de 2001 à 2008, Moudenc, pour lequel les Piénoirs toulousains avaient appelé à voter, les avait beaucoup déçus. Ils s’en étaient détournés au profit de Cohen. Avec les résultats qu’on connaît. Si Moudenc revient, sauront-ils lui imposer, au moins, qu’il rende son identité au Pont Bayard ?

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