Mon blog-notes du mardi sera publié ce soir.
MAM a encore perdu une occasion de se taire.
Mme Alliot-Marie[1] ayant dépassé 62 ans et ayant effectué plus de 5 ans de mandat, a droit à sa retraite de député. Pour bénéficier d’une pension complète, elle aurait dû exercer 22 ans et ½ (41,5 ans pour les salariés de droit commun), soit quelque 4 725 € (6 750 € avant la réforme de 2010). Mais elle n’a fait « que » 13 ans. Si elle avait été une salariée lambda, la décote de 5% par année manquante aurait fait tomber sa pension au minimum, soit 1 200 €. Au lieu de quoi, elle percevra, au prorata du nombre d’années de mandat, 57,75% des droits, soit plus de 2 700 €.
Mais, ça, c’est la théorie : en réalité, Mme Alliot-Marie a, pendant tout le temps où elle était ministre, été député en titre. A ce titre, elle cotisait au régime, abondé par l’assemblée nationale. Les ministres n’ayant pas de retraite, c’est, pendant cette période, le régime des députés qui s’applique. En l’occurrence, les 157 mois d’exercice ministériel de Mme Alliot-Marie lors qu’elle était député lui permettent d’atteindre un total de 26 années de cotisation, pris en charge à près de 90% par l’État. C’est donc une retraite à taux plein, soit plus de 4 700 €, qu’elle perçoit à ce titre.
S’agissant de son mandat européen, en théorie, elle aurait eu droit à 1 400 € mensuels à condition d’avoir cotisé 5 ans au fonds de pension privé qui s’en occupe. Mais, Mme Alliot-Marie n’ayant été député européen que pendant trois ans, le mystère plane sur cette période.
Mais, qu’on se rassure : ses mandats locaux aussi lui donnent droit à pensions. Maire de Saint-Jean-de-Luz de 1995 à 2002, Premier adjoint depuis lors, elle a aussi été Vice-présidente du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques. Enfin, les Français ne le savent pas toujours, les fonctions au sein des partis politiques sont très bien rémunérées (comme celles des syndicalistes, d’ailleurs). Quand on sait que, premier secrétaire du Parti socialiste Laurent Fabius touchait 100 000 Frs (15 000 €) par mois en 1992, combien Madame Alliot-Marie, qui a été membre des instances de son parti de 1981 comme Présidente du RPR de 1999 à 2002 puis comme Vice-présidente de l’UMP de 2009 à 2012 ?
Ceci étant, ces informations ne sont données que pour indication. L’élection de Madame Alliot-Marie au Parlement Européen ne lui ferait perdre aucune de ses pensions. La véritable question, qui ne lui a pas été posée et dont on ne trouve trace dans aucun des commentaires lus sur l’affaire, est celle de la source des revenus dont elle dit qu’elle les perdrait en allant au Parlement européen. Sachant qu’un Député européen touche 12 256 euros mensuels, dont 7 957 euros de salaire de base et 4 299 euros de frais généraux, ce à quoi il convient d’ajouter une indemnité journalière de 304 euros, il y a lieu de penser que les revenus actuels hors pensions de retraite de MAM dépassent 15 000 €uros. D’où tire-t-elle ces revenus ? Exerce-t-elle une activité salariée ? A-t-elle créé une entreprise privée ? On n’en sait rien (mais Médiapart et le Canard enchaîné ne tarderont sans doute pas à nous le dire !).
Connaissant les mœurs du temps, il est probable que l’ancien ministre ait créé un cabinet de conseil bidon qui lui sert à rentabiliser sa très belle carrière politique. Et on ne sera pas étonné que figurent parmi ses clients des personnages ou des institutions étrangères qui ont beaucoup gagné à sa fréquentation. Pour mémoire, Jean-François Copé était jusqu’à très récemment (je ne sais pas s’il y a renoncé) avocat d’un cabinet d’affaire gagnait 20 000 €uros par mois en y travaillant à mi-temps. Quant à l’ancien Premier Ministre Villepin, il rentabilise son passage à Matignon, où il a favorisé l’accession du Qatar à un statut fiscal privilégié, en créant un cabinet d’avocat d’affaire ayant pour seul client à plus de 2 millions d’€uros annuel… le Qatar ! (Lire) un pays où il exerce aujourd’hui comme administrateur du Centre de Doha pour la liberté d’information jadis créé par Robert Ménard.
D’ici qu’on apprenne bientôt que MAM travaille pour la famille Ben Ali !
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[1] Député : juin 1988 – mai 1993 ; septembre 1995 – juin 2002 ; juin 2002 – juillet 2002 ; juin 2007 – juillet 2007 ; mars 2011 – juin 2012. Secrétaire d’État : mars 1986 – mai 1988 : Enseignement. Ministre : mars 1993 – mai 1995 : Jeunesse et Sports ; mai 2002 – juin 2002 : Défense et Anciens Combattants ; juin 2002 – juin 2009 : Outre-mer et Collectivités territoriales. Ministre d’État : juin 2009 – novembre 2010: Garde des Sceaux, Justice et Libertés ; novembre 2010 – février 2011 : Affaires étrangères et européennes. Député européen : 1989-1992. Elue locale sans discontinuer depuis 1981.