Voici une nouvelle rubrique, utile, je crois, du fait que nos médias ont tendance à ne pas toujours tout dire.
Finkielkraut ou la morale publique à géométrie variable.
Sur France Culture, dans son émission Répliques du samedi 3 mai titrée La démocratie a-t-elle besoin de limites, M. Alain Finkielkraut a montré une drôle de facette de son personnage. Parlant de Bernard Cahuzac et d’Aquilino Morelle pris chacun dans une histoire de conflit d’intérêts, le tout nouvel académicien s’est interrogé sur la pertinence de la mise en cause de ces deux personnages sous prétexte, selon lui, que le premier n’était finalement coupable que d’avoir ouvert un compte en Suisse (!) et que le second, pris par un emploi du temps chargé, avait été obligé de faire venir un cireur de chaussures à l’Elysée. Quant à son conflit d’intérêts, il l’avait commis avant de devenir conseiller du Prince, ce qui, pour Finkielkraut, valait absolution.
Interloqué, je m’attendis alors à l’entendre justifier le viol d’une femme de ménage guinéenne de New-York par Strauss-Kahn par le fait qu’elle l’avait aguiché. Je pensai qu’il allait se reprendre mais rien ne vint. Au contraire, pendant un quart d’heure, il maintint sa thèse en oubliant que le premier, Ministre du budget, était aussi le responsable, pointilleux et sans concession quand il s’agissait des autres, de la lutte contre l’évasion fiscale. D’autre part, il s’était enrichi en recevant, pendant des années, et pas seulement un jour qu’il avait perdu l’esprit, de l’argent de laboratoires qu’il était censé contrôler. Quant à, non pas son mais ses comptes en Suisse, l’un avait fonctionné pendant vingt ans. L’autre, dont tout indique qu’il était pourvu de 16 millions d’€uros et dont plus personne ne parle, présente toutes les apparences du réceptacle des sommes faramineuses versées par les mêmes labos au parti de Bernard Cahuzac, c’est-à-dire au PS. Ce qui explique l’omerta qui règne aujourd’hui sur cette affaire. Une omerta que l’UMP se garde bien de dénoncer car, comme on le devine, elle a sans doute sa part dans ce trafic. Mais qu’on se rassure, la Justice fera son œuvre… quand tout le monde aura oublié Cahuzac.
Je croyais que philosophie rimait avec morale. Apparemment, pour Finkielkraut, ce n’est pas le cas. Mais l’explication est dans l’émission elle-même. (Ecoutez, si le cœur vous en dit, mais, franchement, Cynthia Fleury y est insupportable). En fait, peu importent la vérité et la gravité du sujet pourvu que M. Finkielkraut règle ses comptes avec son ennemi préféré Edwy Plenel. Pour fustiger une fois de plus le patron de Médiapart, tout lui est bon, y compris la confusion des valeurs et la perte du sens commun.
Le dévoiement par l’homme public de la mission que le Peuple lui a confiée de défendre l’intérêt général est, à mon sens, le crime le plus grave qu’il puisse commettre. Il fut un temps où c’était sévèrement puni. Aujourd’hui, le vol, le détournement de fonds publics, le conflit d’intérêts et autres forfaits commis dans le cadre de la fonction politique sont considérés comme des crimes de droit commun. On trouve tout à fait normal qu’il y ait dans la classe politique la même proportion de délinquants que dans la société civile, autant de bandits chez les policiers ou les avocats que parmi les pékins moyens et, mais c’est encore autre chose, autant d’antimilitaristes dans l’Armée que dans l’ensemble de la population. Le caractère sacré de la fonction de service public a été aboli par la suppression du code civil de la notion de crime de forfaiture en 1994. Ainsi, des hauts fonctionnaires dévoyés sont promus et des élus pris dans la main dans le sac et condamnés font un retour triomphal après un petit purgatoire de quelques mois.
Médiapart est infiniment utile à notre société pourrie jusqu’à la mœlle. Quant à son fondateur et directeur Edwy Plenel, qui est capable de se fâcher avec lui-même, il me fait penser à cette blague. Quelqu’un demande à son ami quel est l’animal le plus méchant de la création. S’en suit ce dialogue : « C’est le lion ? – Non ! – Le crocodile ? – Non ! – Je donne ma langue au chat… – C’est le crocodilion !!! – ??? – …un animal avec, d’un côté, une tête et un torse de lion et, de l’autre, une tête et un torse de crocodile. » Après une hésitation, l’ami dit : « Mais s’il a deux têtes et pas de queue, comment fait-il pour ch… ? – Ben, justement, il ne peut pas ! Et c’est ça qui le rend méchant ! »
Franchement, Plenel, tout ce qu’on a envie de lui dire, c’est : « Pète un coup ! » Quant au compulsif et dyspraxique Finkielkraut, je crois qu’il devrait arrêter la coke.
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John Kerry craint la dérive d’Israël vers un régime d’apartheid.
« La création de deux États sera la seule solution réaliste. Parce qu’un État unitaire finirait par être soit un État d’apartheid avec des citoyens de seconde classe, soit un État qui détruira la capacité d’Israël d’être un État juif ». C’est, selon le site d’information Daily Beast, ce que le Secrétaire d’État américain (Ministre des Affaires étrangères) John Kerry a déclaré. (Lire aussi Libération et Le Monde)
Proclamer qu’Israël est un état juif mène tout naturellement à ostraciser les autres populations ou, plutôt, les Musulmans car, s’agissant des quelque cent-cinquante-mille Arabes chrétiens, le Gouvernement Netanyahou s’efforce de les désolidariser des autres Palestiniens par des avantages fiscaux. De fait, tout concourt à vérifier le diagnostic de John Kerry. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait que l’Europe mette son poids dans la balance, par exemple, en cessant de faire transiter par le gouvernement israélien les aides destinées aux Palestiniens.
Mais il faudrait surtout que les Américains y mettent du leur. Or, si on en croit Elie Barnavi, l’ancien ambassadeur d’Israël en France (l’Opinion), « ils n’ont pas fait le boulot ! Le secrétaire d’Etat John Kerry s’est contenté de se balader entre Ramallah et Jérusalem. Il n’a même pas pu obtenir un accord-cadre… Coincé par le Congrès et le lobby juif, Barak Obama n’a tout simplement pas la force politique pour le faire ». Il aurait pu ajouter, « comme le gouvernement français, sous influence du même lobby ».
Cette réflexion sans détours de M. Barnavi dit une réalité que les bien-pensants prompts à crier à l’antisémitisme dès qu’on critique Israël ou qu’on parle de lobby juif font tout pour occulter. Or, Elie Barnavi n’est pas seul à tenir de tels propos. J’ai déjà parlé ici de Shlomo Sand (à écouter sur France Culture dans l’émission d’Alain Finkielkraut Répliques titrée « Faut-il déconstruire Israël ? ») mais de très nombreux intellectuels juifs israéliens, souvent des anciens combattants des guerres israélo-arabes, dénoncent et condamnent les dérives d’essence raciste d’un état juif sous influence de sa diaspora notamment américaine. C’est le cas, s’il fallait n’en citer qu’un, d’Amos Oz, fondateur du mouvement La Paix maintenant.
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Vu sur Public Sénat Les Nouveaux Chiens de garde. Orienté mais passionnant !
Ce documentaire réalisé à partir du livre de Serge Halimi publié en 1997 avec un fort retentissement est, pour les Français qui doutent encore de la confiscation des richesses nationales et, surtout, de la manière dont elle nous est vendue, éclairante. Mais, attention ! Comme toujours dans notre très cher pays, on ne nous dit que ce qu’on veut bien nous dire. Serge Halimi opérait une dénonciation très gauchisante d’un système médiatique – présupposé de droite, ce qui fait sourire aujourd’hui – au service du capitalisme prédateur cher à la doxa communiste. Malgré le recul, ce documentaire n’opère absolument aucune réactualisation. Les dénonciateurs, de gauche, évidemment, sont toujours dans le « C’est pas nous, c’est les autres ! ». Leur obsession étant l’argent mais seulement l’argent, ils dénoncent comme de juste le lobby financier mais ils omettent consciencieusement, parce qu’ils en sont, de parler de la multitude d’autres prédateurs qui participent à la curée.
Le plus formidable est que le parti-pris gauchisant ait gagné cette chaîne publique parlementaire où, par essence, on pouvait à bon droit s’attendre à ce que tous les points de vue soient abordés. Or, pas du tout ! Sur LCP-Public Sénat comme partout ailleurs dans les médias, le persiflage et le procès d’intention règnent en maîtres. Et cela se vérifie sur les plateaux comme dans toutes les émissions de la chaîne. Cela n’empêche : j’y ai vu une série de documentaires absolument formidables et instructifs – nonobstant, encore une fois, les commentaires orientés et souvent en décalage avec les faits relatés. Outre « les Nouveaux Chiens de garde » (samedi 17 à 17 h), je vous recommande par exemple les rediffusions suivantes : Le système Poutine (avec un commentaire sidérant), Comme un coup de tonnerre (sur la chute de Jospin), Pétrole, une histoire sans fin, Le génocide arménien, Les dessous de la mondialisation, Delanoë libéré, La grande évasion fiscale, etc.
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Pour Strauss-Kahn, tout va bien, merci !
A propos de lobby juif (français), l’Express vient de nous donner des nouvelles de Dominique Strauss-Kahn. L’ancien candidat à la primaire du PS en vue de la Présidentielle de 2012 n’a pas résisté à la tentation. Il fallait qu’il fasse parler de lui avec, en arrière-pensée évidente, car ces gens-là manquent totalement de verguenza et ne doutent de rien (voir Cahuzac), son retour « aux affaires ». Pour l’heure, les affaires de celui qui, naguère, avait déclaré dans un magazine israélien qu’il se demandait chaque matin comment servir Israël vont très bien. Je vous laisse, si vous ne l’avez lu, découvrir cette hallucinante opération médiatique dans l’article de l’Express du 10 mai dernier.