Droit de suite…

    Cette nouvelle rubrique nous permettra de revenir, sans nous appesantir sur le fond, sur des sujets traités, soit parce qu’ils font l’objet d’un rebondissement, soit qu’une nouvelle illustration en est donnée par l’actualité. Aujourd’hui, un article du Canard enchaîné illustre parfaitement ce que signifient les mots lobby et connivence en économie et en politique.

Stéphane Fouks, un lobby à lui tout seul.

 images                                                                                    Stéphane Fouks, l’ami de DSK et de Valls : il est partout !

    Le grand public ne connaît pas vraiment Stéphane Fouks et c’est un tort. Cet homme est, avec d’autres, au cœur du système français de confiscation des pouvoirs et des ressources par une coalition de lobbies prédateurs. Via les sociétés Havas Worldwide (ex-Euro RSCG, la boîte de Séguéla), une filiale d’Havas (groupe Bolloré) mondialement représentée par deux-cents-trente-trois agences, Stéphane Fouks « conseille » notamment L’Oréal, EDF, PSA, Air France, BNP Paribas, EADS, France Télécom, Sanofi-Aventis, Orange, Bledina, CNIEL, TOTAL, Nestlé, Unilever, etc. Jusque là, rien à signaler.

    Mais on est en France et, en France, il n’y a jamais loin des bénéficiaires des politiques publiques à ceux qui les font. Autrement dit, pour bien « conseiller » des entreprises du CAC 40, le mieux est d’avoir des hommes à soi jusqu’au cœur du pouvoir. C’est ainsi que (accrochez-vous, car ça dépasse l’entendement), des proches de Stéphane Fouks squattent quasiment ou ont squatté les allées du pouvoir.

    Parmi ses proches conseillers de ministres du Gouvernement Ayrault, le plus connu est (était ?) Gilles Finckelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, le think tank du PS très largement financé par l’État (lire La France Confisquée). Il suivait les questions d’image et d’opinion auprès de Pierre Moscovici. Celui-ci parti, je ne serais pas étonné qu’il ait continué avec son successeur. Une chose est sûre, le grand ami et complice de Strauss-Kahn est aussi éditorialiste du Huffington Post français, créé par… Anne Sinclair et détenu par le Monde (34%) et Mathieu Pigasse (15%).

    Il y avait aussi Viviane Nardon (auprès de Claude Bartolone) et Nathalie Mercier (auprès de Valérie Trierweiler). Marion Bougeard puis Anne Hommel « conseillaient » Bernard Cahuzac. C’est Anne Hommel, proche de DSK et d’Anne Sinclair, qui est, via sa propre société de communication Majorelle, à l’origine du documentaire « Un jour un destin » consacré à celle-ci et de l’interview de celui-là à l’Express. Selon le Canard enchaîné, elle est toujours consultée par Manuel Valls, lequel, comme chacun sait, est un proche de Strauss-Kahn.

    Mais la liste des anciens d’Havas dans les ministères est longue. Certains cumulent les relations politiques, les relations d’affaires et les relations familiales. L’attachée de presse du Président de la République est Emilie Lang, compagne de Gaspard Gantzer, lequel a remplacé Aquilino Morelle, lui-même ancien d’Havas ; son homologue à Matignon est Marie Murault. D’autres affidés de Fouks-Strauss-Kahn placés auprès de ministres ont pour noms Sacha Mandel (Le Drian, Défense), Roman Abreu (Fabius, Affaires étrangères), Marie-Emmanuelle Assidon (Caseneuve, Intérieur), Henri Pitron (Marisol Touraine, Affaires sociales), Anne Descamps (Christian Eckert, Budget), Mathilde Renoir (Lebranchu, Réforme de l’État) Emilie Gargatte (Pellerin, Commerce extérieur). Moralité, ce n’est pas un gouvernement Valls qui dirige la France mais un gouvernement Fouks au service de Bolloré et de DSK.

    Qu’on se rassure : le lobbyiste strauss-kahnien Stéphane Fouks ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Le Canard enchaîné signale que deux de ses employés conseillent Xavier Bertrand, le franc-mac UMP qui, dans l’affaire de la vente d’Alstom, vient de se prononcer en faveur de General Electric, dont le conseiller est… Fouks Stéphane. Il est partout ! Y compris au CRIF, dont il a rejoint le Comité directeur en juillet dernier (Lire).

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Vente d’Alstom à General Electric : le frère de l’acheteur conseille le vendeur !

7289698-alstom-ge-les-confidences-de-patrick-kron                                                                                         Patrick Kron, PDG d’Alstom

    Le choix de General Electric par Patrick Kron pour la reprise des activités énergie d’Alstom n’est pas seulement pertinent sur le fond ; il arrange bien aussi les affaires (c’est le cas de le dire) de la direction de la société française. En effet, Alstom, prise dans une tempête judiciaire, est aux prises avec la Justice américaine pour de sombre histoires de corruption. Pas aux Etats-Unis, évidemment, ni en France (en tout cas, jusqu’à nouvel ordre) mais en Indonésie, un pays réputé moins regardant sur les dessous de table.

    Jeff Immelt, le grand patron de General Electric dont le frère Steve conseille Patrick Kron, a promis de reprendre le contentieux judiciaire d’Alstom et de payer les amendes. Pour faciliter encore plus l’arrangement, non seulement Alstom emploie une certaine Rachel Brandenburger, une ancienne du Département américain de la Justice. Le problème est qu’il faudra peut-être aussi embaucher un  Brésilien, un Chinois et un Indien car le Brésil, l’Inde et la Chine, eux aussi, semblent prêts à mettre Alstom sur la sellette pour des faits de corruption.

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