Suite à l’envoi de ma lettre de diffusion à un adhérent du mouvement Citoyens du Vote Blanc, j’ai reçu une invitation à aider à faire connaître ce mouvement. J’ai répondu favorablement mais l’idée m’est venue de diffuser ma réponse sous forme de « lettre ouverte à Yann ».
Voter blanc, c’est s’agiter comme une mouche dans un bocal.
« Je suis allé sur le site de Citoyens du Vote Blanc où j’ai lu les professions de foi de chaque candidat (y compris ceux des autres circonscriptions que la mienne). C’était instructif mais je ne suis pas du tout d’accord avec vous. Pour résumer mon point de vue, je pense que vous lâchez la proie pour l’ombre. Autrement dit, votre combat pour la reconnaissance du vote blanc vous détourne du vrai combat qui est de changer le système.
A supposer que le vote blanc soit reconnu comme l’expression d’une insatisfaction quant à l’offre politique, il n’en aura pas pour autant valeur de proposition alternative, ni pour conséquence de désigner des représentants chargés de la défendre et de la mettre en œuvre au sein des institutions délibératives ou décisives. Concrètement, il ne pèsera pas plus que l’abstention. En réalité, votre courant ou mouvement politique est déjà représenté : ce sont les (au moins) 25% d’abstentionnistes surnuméraires, si je puis dire, par rapport à la norme souhaitable.
Par ailleurs, un mouvement comme CVB est forcément neutre. Peut chaut à l’UMPS et à ses satellites que le vote blanc soit reconnu ou pas. Qu’il le soit ne les empêchera pas de continuer à confisquer le pouvoir et à accaparer les biens et les ressources chèrement produites par les Français sans jamais s’inquiéter de l’avenir de la France pourvu qu’ils assurent le leur et celui de leurs proches. Le CVB n’est pas un mouvement démocratique au sens littéral de ce mot, c’est-à-dire qu’il ne contribue nullement à redonner la souveraineté, c’est-à-dire le pouvoir de choisir en dernière instance, au peuple ni la maîtrise de son destin. Or, c’est très exactement de ça que le système politique, au sens large d’organisation de la Cité, souffre. (Lire La France Confisquée)
Pour le changer, il faut faire de la politique et le faire selon les règles existantes quitte à proposer aux Français d’en changer. Faire de la politique, c’est entrer dans le combat électoral, disputer une à une aux irresponsables qui nous gouvernent les positions politiques, car il serait illusoire d’espérer voir faire à ceux qui sont en place ce à quoi ils n’ont pas pensé d’eux-mêmes depuis cinquante ans. Que vous le vouliez ou non, vous ne pouvez, nous ne pouvons, changer le système autrement qu’en y participant.
Y participer, c’est choisir ! A la lecture des professions de foi des candidats de CVB, je comprends que la plupart des sensibilités politiques y sont représentées. Quoique ! Le ton de beaucoup d’entre elles a un parfum de « tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil… sauf le FN ! » Il se trouve que, aujourd’hui, tout imparfait qu’il soit – et je ne suis pas le dernier à pointer ses manques et ses erreurs -, le mouvement présidé par Marine Le Pen est, du point de vue des idées et des solutions qu’il professe, celui qui se rapproche le plus de ce dont la France et les Français ont besoin. Et plus aucune alternative aux politiques qui envoient la France dans le mur ne s’imposera sans lui. Les citoyens soucieux de l’avenir de leur pays et, comme ceux de CVB, mécontents de l’offre politique, sont-ils prêts à l’accepter au lieu de s’agiter comme des mouches dans un bocal ?
Là est la question ! »