Hollande perd la main.

Pourquoi pas la dissolution ?

4430747_6_54dc_francois-hollande-a-l-elysee-en-avril_70897a94b36e9f2929bec645e9227fa9

    « Quand je me vois, je me désole ; quand je regarde Hollande, je me gondole ! » (Juan Carlos). Tandis que, par une manœuvre politicienne remarquable du roi Juan Carlos1, la monarchie espagnole s’offre un nouveau bail, Hollande voit tout ce qu’il touche partir en eau de boudin. Au point que je me demande s’il ne ferait pas bien, ne serait-ce que pour s’offrir des vacances, de dissoudre l’Assemblée nationale. Et je suis sérieux. Je pense sincèrement que ce serait la meilleure façon pour lui de conserver une chance de réélection en 2017.   

    Rappelez-vous Mitterrand en 1993. Avec la nomination de Balladur à Matignon, il a créé la zizanie entre les deux « amis de trente ans » du RPR. L’appétit venant en mangeant, ledit Balladur s’est convaincu qu’il allait croquer Chirac tout cru. Cela a coûté très cher aux Français car, pour acheter nos voix, Balladur avait laissé filer le déficit (d’un peu moins de 100 mds€ en deux ans). En pure perte, comme chacun sait mais ça a failli marcher.

    Si Hollande optait pour la dissolution, il contribuerait à renforcer le b… qui règne à l’UMP. Celle-ci, malgré son état de déliquescence, gagnerait à coup sûr les législatives anticipées, grâce à des institutions pernicieuses mais utiles à la conservation d’un système dévoyé. Hollande serait amené à nommer soit Juppé, soit un challenger aux dents longues qui, le moment venu, viendrait lui disputer, ainsi qu’à Fillon et Sarkozy, la candidature pour la présidentielle de 2017. Compte tenu de l’état de la France, du refus opposé par les Français à la réforme et du peu de courage de nos élites, il est peu probable que le gouvernement issu des urnes parvienne à redresser les comptes de la Nation ni la courbe du chômage. Ce, d’autant que l’UMP pense, comme les Socialistes, que l’Immigration est un bien pour notre pays et que, par conséquent, elle n’en baissera pas le niveau de manière efficiente.

    Quand arrivera l’heure du scrutin présidentiel, les ténors de l’UMP (et du Centre) auront passé trois ans à s’étriper. On peut compter sur les Socialistes pour, en la matière, mettre de l’huile sur le feu et, aussi, lancer de jolis débats de société qui aideront Marine Le Pen à gagner le premier tour de la présidentielle. Il suffira alors à Hollande d’être au second pour s’assurer toutes les chances de l’emporter. Mais ce n’est que de la spéculation.

________________

Réforme territoriale : revenir aux Provinces d’Ancien Régime.

france_anciennes_provinces

    Pour l’heure, François Hollande détourne l’attention des Français sur une réforme territoriale présentée comme « la » réforme du quinquennat, le nouveau graal hollandais. Une affaire qui, comme c’était prévisible, tourne à la foire d’empoigne entre les féodaux. Ce que François Hollande a l’air d’avoir oublié, c’est que quatorze Régions au lieu de vingt, c’est non seulement six Régions de moins mais c’est surtout autant de féodaux, autant de cours qui devraient renoncer à leurs fiefs, et autant de clientèles privées de privilèges et de passe-droits. Réduits en nombre, les roitelets régionaux seraient renforcés en pouvoirs, en moyens et en prébendes. Comme je suis un citoyen constructif, je tiens à apporter ma pierre à l’édifice.

    Tant qu’à pousser plus loin le retour au féodalisme, si on revenait aux Provinces d’Ancien régime et si on rebaptisait Ducs les Présidents de Régions ? Là, au moins, nul ne pourrait nier la cohérence politique, géographique et culturelle de la réforme. Il suffit en effet de voyager les yeux ouverts pour voir à quel point les Provinces françaises se distinguent les unes des autres par la géographie, le climat, la topologie, la langue, la cuisine, tout ce qui fait, en somme, une « culture » (Aïe, gros mot !). Surtout, on aurait des territoires liés par une histoire. Et qu’on ne vienne pas m’opposer la disparité de leurs formes, de leurs étendues ou de leurs formes. Au diable la géométrie ! Je revendique pour elles le droit à la différence. Vive la fantaisie !

    Une chose est sûre : on recouvrerait alors trente-neuf provinces aux noms qui parlent à nos souvenirs d’écoliers (je parle pour les plus de quarante ans) : l’Anjou, berceau de Richard Cœur de Lion, la Gascogne, patrie de D’Artagnan, le Dauphiné, qui a vu naître le Chevalier Bayard, la Guyenne, l’Auvergne, le Beaujolais, le Berry, le Bourbonnais, la Flandre, etc., tous évocateurs de la geste nationale. Mais c’est justement contre cela que s’exerce la phobie rétroactive de nos élites à l’égard de tout ce qui rappelle l’ancien régime.

    Ces trente-neuf Provinces seraient chapeautées par autant de Conseils d’une quinzaine de personnes, émanation des élus locaux, dotés de compétences en matière d’organisation des activités sociales au sein de ces Provinces (école, culture, sports, loisirs, tourisme, commerce, solidarité, urbanisme). Elles pourraient être regroupées aux sein de onze Régions politico-administratives aux compétences strictement encadrées et limitées, notamment en matière fiscale et de police. Mais, tout bien réfléchi, en lieu et place des vingt Régions et quatre-vingt-quinze Départements métropolitains, trente-neuf Provinces suffisent, sous la tutelle de l’Etat central, celui-ci récupérant les compétences régaliennes des Départements et des Régions actuels : fiscalité, sécurité intérieure, aménagement du territoire.

    Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

________________

1 En abdiquant dès cette année, le roi évite à son fils le risque de se voir, l’an prochain, refuser l’adoubement par un parlement espagnol où les monarchistes risquent de se trouver en minorité, entraînant ainsi la fin de la monarchie espagnole. En accédant dès cette année au trône, Felipe est assuré de régner car les Espagnols n’oseront pas l’en chasser. Ce n’est donc pas tant par désintéressement que Juan Carlos a abdiqué, mais par un fin calcul politique.

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *