Mon blog-notes du mardi 17 juin 2014.

Un mouvement des intermittents précaires au service des cultureux subventionnés.

jean-michel-ribes-jack-lang-lundi-16-juin-2014-place-concorde-1617062-616x380                                                                                                            Les prolos de la culture (en arrière-plan) au service des privilégiés Ribes et Lang (manquent Toreton, Poladylès, Huster et Arditi).

    Les caractéristiques du régime. Les droits sont acquis pour huit mois (243 jours) à condition d’avoir travaillé 507 heures en dix mois. L’allocation journalière est ensuite calculée sur la base du salaire perçu. Pour une rémunération au SMIC, elle s’élève à 27,80 € peut atteindre 121,33 € pour un salaire non plafonné de 240 000 € ou plus. Ainsi, un qui aurait encaissé 600 000 € (ou 1 million d’€uros, ou 3 m€, peu importe) pour un travail de quatre mois sur un ou plusieurs films pourrait ensuite percevoir 3 685 € pendant huit mois. Mais il pourrait aussi faire quelques piges puisque le cumul revenus + salaires est possible jusqu’à 5 475 € mensuels. C’est un droit que beaucoup d’intermittents privilégiés refusent d’exercer mais pas tous. Ainsi, le régime des intermittents n’est pas un instrument de solidarité puisqu’il n a pas pour but de procurer sans discernement des moyens de vivre à des travailleurs précaires. Pour les intermittents qui n’atteignent pas le minimum de 507 heures de travail en dix mois nécessaire à l’obtention du statut, c’est, comme pour le reste de la population le RSA qui assure cette mission.

    Données statistiques. Cela n’étonnera personne mais le régime, même réformé, arrange surtout les hauts revenus du spectacle. Alors que le salaire moyen des intermittents est supérieur à celui des autres salariés (2 322 € contre 2 130 €) leur salaire médian plafonne à 13 700 € annuels (contre 18 400 €, soit – 25%). Ce qui est logique quand on sait les revenus des stars du spectacle. Cela tient à ce que seuls 43% des 254 000 personnes (dont 40% de techniciens) aux revenus très disparates intéressées par le régime remplissent les conditions d’accès aux droits ; parmi eux, beaucoup cumulent salaires et indemnités. Les autres ne parviennent pas à effectuer les 507 heures de contrat sur dix mois. Ainsi, l’accès au régime constitue un objectif vital, de qui donne lieu à bien des abus.

    Des abus qui confinent à l’escroquerie. Parmi ceux-ci, le fait que des soi-disant intermittents qui travaillent en réalité à plein temps (ce sont les fameux permittents) et, soit de leur propre chef, soit qu’ils y sont poussés par leurs employeurs, trichent avec le système. Les sociétés de production radio-télévisuelle, notamment, qui en emploient plus que de raison (il me semble qu’il y en a six mille rien qu’à Radio-France) usent et abusent d’expédients pour faire supporter leurs rémunérations par l’Unedic. Certains de ces expédients constituent une véritable escroquerie à la Sécurité sociale. Par exemple, le fait pour les société de production de « rémunérer » non en argent sonnant et trébuchant en quotas d’heures permettant à l’employé d’accéder au chômage.

    Un régime douteux sur le fond autant que sur la forme. Problématique sur la forme, le régime des intermittents l’est aussi quant au fond ? En réalité, plus qu’un régime de chômage, c’est devenu une rente publique qui profite surtout aux catégories les mieux payées du spectacle. On comprendrait très bien que l’allocation soit calculée pour assurer aux artistes un revenu minimum mais pas qu’elle serve de complément de revenu à ceux d’entre eux qui gagnent déjà bien leur vie. On nous dit que cela permet de rémunérer le temps de préparation des spectacles. Cet argument vaut pour le spectacle vivant (théâtre, opéra, danse, représentations musicales, cirque, arts de la rue, etc.) mais pas pour le cinéma ou la production de disques, par exemple. D’ailleurs, l’artiste est celui qui se consacre à son art et, si c’est sa vocation d’en vivre, cherche et trouve à sa production des acquéreurs. Cela vaut pour un peintre et ses tableaux, un écrivain et ses livres, un sculpteur et ses sculptures, etc. Pourquoi, pour monter sa pièce, un théâtreux devrait-il recevoir de l’argent pris dans la poche de gens qui ne la verront jamais en plus de celui qu’il recevra de ceux qui la verront ? Et pourquoi un acteur aurait-il ce droit alors qu’un écrivain, un peintre, un sculpteur en sont privés ?

    Pourquoi un électricien salarié d’un théâtre est-il mieux traité que son collègue artisan ? Mieux encore, on ne comprend pas bien pourquoi tant de techniciens bénéficient de ce régime (921 spécialités répertoriées à l’ « avenant n°1 de l’annexe VIII au règlement général annexe à la convention du 19 février 2009 relative à l’indemnisation du chômage ») alors qu’ils pourraient très bien vivre de celui des autres travailleurs. Pourquoi un serrurier-métallier, un tapissier-décorateur, un électricien, etc., employé par un théâtre ou sur un film est-il rémunéré quand il ne travaille pas alors que son homologue artisan ne l’est pas ? Comment justifier que l’un puisse gagner 48 000 € en ne travaillant que 608 heures dans l’année quand l’autre effectue quatre fois ce temps pour deux fois moins de salaire ?

    Une corporation instrumentalisée par les privilégiés de la culture subventionnée. Tout ceci est à mettre au compte de la fumisterie généralisée et du goût des privilèges qui président à la gestion de notre pays. Ce serait risible si cela ne coûtait plus d’un milliard d’€uros par an (25% de son déficit) au régime général de l’UNEDIC, celui des salariés, qui bouche les trous. Le plus formidable est que ce sont les intermittents pauvres, dûment instrumentalisés par les privilégiés de la culture subventionnée comme Jean-Michel Ribes, qui se mobilisent le plus pour préserver un système qui leur assure beaucoup de vacances, certes, mais leur permet tout juste de survivre. Et, en perturbant les festivals pour s’opposer à une réforme qui ne touchera que les 3 000 intermittents les plus favorisés (sur 254 000), ils mènent un combat qui n’est pas le leur, ce, en sciant la branche sur laquelle ils sont assis.

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Affaire Alstom : Montebourg préfère la solution Siemens. Normal !

alstom-et-ge-dont-on-voit-ici-les-sigles-cohabitent-au-techn-hom-de-belfort-avec-pres-de-5-000-emplois-photo-xavier-gorau                                                                                               Alstom et General Electric sont présents sur le même site à Belfort.

    L’agité Montebourg, après avoir bien foutu le b… (comme dit Ghislaine Ottenheimer, la rédactrice en chef de Challenges) dans une affaire qui ne regarde pas l’État, se prononce pour la solution Siemens contre General Electric. Normal, c’est la plus mauvaise ! Mais ça lui permet de montrer combien il est influent. Pour ceux qui n’ont pas tout suivi, voici un résumé des deux offres.

    Siemens, qui n’avait rien demandé, s’est résolu, pour faire plaisir au ministre anti-allemand converti, à monter sur un coin de table une projet de reprise d’Alstom. Après quelques tâtonnements, Siemens, associé au japonais  Mitsubishi, ne propose plus de créer deux pôles, l’un français, l’autre allemand. Le premier devait être chargé du transport, le second de l’énergie. Exit cette solution : Siemens ne propose plus que de racheter le secteur turbines à gaz d’Alstom pour 3,9 mds€. L’intervention de Mitsubishi sous forme d’association avec Alstom à hauteur de 3,1 mds€ est destinée à améliorer l’offre puisqu’elle permet de faire un sort à ses activités dans les turbines à vapeur et dans l’hydroélectrique.

    Avec ça, on n’y voit pas beaucoup plus clair. D’autant que Siemens, en sureffectifs évidents, ne renonce pas à ses plans de licenciement. Lorsqu’il aura repris le secteur turbines à gaz d’Alstom, il le sera encore plus et sera obligatoirement amené à dégraisser également en France. Quant à l’activité transport où la taille d’Alstom ne lui permet plus d’être concurrentiel, il lui restera sur les bras. Enfin, la « solution » Siemens + Mitsubishi ne répond pas à la préoccupation affichée par Montebourg de maintien d’Alstom dans le giron national. Du coup, l’État envisage d’y prendre des parts. Avec quel argent ? Ce qui était impossible avant le sera-t-il maintenant ?

    L’insuffisance et l’incohérence de été offre au regard des préoccupations affichées par Montebourg sautent aux yeux quand on les compare au projet de General Electric. Pour mémoire, GE, qui travaille déjà beaucoup avec Alstom, a proposé 12,5 mds€ pour son activité énergie avec, à la clé, un soutien à son secteur transports, la création de 1000 emplois et le maintien en France des centres de décision et de recherche. Par ailleurs, au contraire de siemens, aucune menace de restructuration ne pèse sur General Electric car le géant américain réalise 143 Mds$ de chiffre d’affaire et 14,8 mds$ de bénéfice net avec 307 000 salariés quand son concurrent allemand fait 100 mds$ de CA et 5,4 mds$ avec 405 000 salariés.

    On se demandait si le but de Montebourg n’était pas d’aller toujours à l’encontre des amis de Sarkozy comme Martin Bouygues. Si on avait encore quelques doutes sur les motivations du ministre de l’Économie dans cette affaire, ces derniers développements devraient les dissiper. D’aucuns disent qu’il s’agit surtout d’empêcher les Américains de se développer. Pour cela, plutôt que de s’en prendre à une entreprise qui investit lourdement en France, le gouvernement socialiste ferait mieux de s’investir pour les protéger des dégâts que ne manquera pas d’y faire le traité de libre-échange transatlantique.

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