Coupe du Monde 2014 : la France en pôle position.

    Après quelques jours de déconnexion totale, je me permets un petit plaisir avec quelques réflexions sur la qualification de la France pour un quart de finale de la Coupe du Monde et un pronostic risqué pour la suite…

Bravo, la France ! Et merci, les Franco-Algériens !

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    Jusqu’au huitième de finale contre le Nigéria, je n’étais vraiment pas rassuré. Comme d’habitude, les médias, sous prétexte qu’ils avaient battu le Honduras et la Suisse, en faisaient des tonnes sur les chances des Bleus de remporter la Coupe – ce que personne jusqu’alors n’osait envisager. Le piètre nul concédé à l’Equateur ne les avait qu’à demi refroidis et beaucoup présentaient le Nigéria comme une péripétie sur la route du titre. J’exagère à peine, mais c’était à peu près le ton dominant.  Une euphorie à laquelle les anciens pros recyclés en consultants ne se laissaient pas aller, heureusement. Roland Courbis, lui, se démenait pour ramener les esprits à la raison. Oui, la France avait battu le Honduras mais elle jouait à onze contre dix ; certes, elle avait passé cinq buts à la Suisse mais celle-ci avait dès le premier quart d’heure perdu deux de ses meilleurs jours. Du reste, elle était « passée au travers », comme on dit dans le jargon pour signifier que cette défaite était circonstancielle ; dans le même temps, tout avait réussi aux Français. D’ailleurs, nous avions quand même pris deux buts en deuxième mi-temps.

    Bref ! La qualification de la France acquise, ce n’était pas une raison pour s’emballer. Du coup, et ayant vu le Nigéria jouer, je m’étais persuadé, en m’installant devant la télé pour visualiser le huitième de finale sur BeinSport, que nous allions passer à la trappe. J’essayais de me rassurer en me disant que Deschamps allait nous trouver quelque chose. C’est exactement ce qui arriva. Alors que les commentaires de début de match s’impatientaient de ce que la bataille du milieu de terrain fût perdue par les Français, j’y vis au contraire une tactique de Dédé (Deschamps). C’est que je répondis à mon fils qui, à 661 km de là, regardait aussi le match et s’inquiétait par sms. J’avais en effet l’impression que les Français laissaient les Nigérians faire le jeu pour mieux mettre le paquet sur les attaques. De fait, à chaque fois qu’ils avaient le ballon, ce ne sont pas les quatre attaquants qui se ruaient vers l’avant mais toute l’équipe à l’exception des deux défenseurs centraux et du gardien. Ainsi, ce ne furent pas seulement trois ou quatre joueurs qui eurent des occasions de marquer mais six ou sept ; d’ailleurs, en première mi-temps, Benzema fut discret, ce qui n’augurait rien de bon en deuxième mi-temps pour les Nigérians car on ne l’imaginait pas rater tout son match. Mais avec Giroult et Valbuena, le meneur de jeu, on vit beaucoup les milieux de terrains Pogba, Matuidi et Cabaye ; quant à l’arrière droit Debuchy, il fut l’un des joueurs les plus en vue de tout le match. Comme chacun le sait, ce fut concrétisé par de multiples occasions et un premier but de Pogba. Le dernier quart d’heure, avec des Nigérians fatigués, un Benzema retrouvé et un Griezmann en promenade grâce au travail de sape effectué pendant une heure par Giroult, fut formidable. Et ne me parlez pas des quelques occasions de but concédées : je les ai oubliées !

    Total : nous voici en situation de jouer un sixième quart-de-finale de Coupe du Monde (1958, 1982, 1986, 1998, 2006, 2014). Le jouer et le gagner ! Et on pourra, comme Jean-Marie Le Pen,  tirer notre chapeau à l’équipe d’Algérie, et lui dire : « Merci ! ». En effet, en poussant l’Allemagne à une prolongation épuisante en huitième de finale, celle que d’aucuns présentent comme l’équipe de France bis car dix-sept des vingt-trois joueurs sélectionnés sont nés en France aura contribué à notre victoire de ce vendredi. Car je ne doute pas une seconde que l’équipe d’Allemagne, qui ne m’excitait pas plus que ça jusqu’à présent, ne tiendra pas la distance face à un équipe de France qui aura joué une demi-heure de moins qu’elle et aura bénéficié de vingt-quatre heures de plus de récupération. Et surtout une équipe de France rendue meilleure par le très grand tacticien qu’est Deschamps.

    La France de 2014 me rappelle celle de 1998 : une équipe en devenir (Zizou n’était pas encore le meilleur joueur du monde et le meilleur français de l’époque était Djorkaeff) dont le noyau dur jouait dans les meilleurs clubs d’Europe (Zidane et Deschamps à la Juve, Djorkaeff et Desailly au Milan AC, Lizarazu au Bayern) dirigée à l’époque par un « technicien » à principes, Aimé Jacquet, sans grand passé international mais rigoureux, secondé sur le terrain par un certain Didier Deschamps. On a pu voir dans Les yeux dans les bleus son influence dans la succès de l’équipe de France en 1998. La différence est qu’aujourd’hui les joueurs sont en moyenne deux ans plus jeunes, mais ils jouent tous dans de grands clubs (Real, Man City, Man Utd, Arsenal, Liverpool, PSG, Juve, etc.). Surtout, ils évoluent sous les ordres d’un coach doté d’un palmarès prestigieux comme joueur (entre autres titres, Champion du Monde 1998, Champion d’Europe 2000, vainqueur de la Ligue des Champions avec Marseille et la Juventus de Turin) et, déjà, comme entraîneur (vainqueur de la Coupe de la Ligue 2003 et finaliste de la Ligue des Champions 2004 avec Monaco, Champion de France et trois fois vainqueur de la Coupe de la Ligue avec Marseille). Depuis qu’il a foulé un terrain pour la première fois, Didier Deschamps a toujours été capitaine de son équipe : son autorité naturelle ne fait de doute pour personne. Il n’a donc aucun mal à imposer ses vues et à se faire entendre de jeunes joueurs talentueux. C’est pourquoi il arrive à faire mettre en oeuvre une tactique que son itinéraire et son expérience lui ont inspirée. De ce point de vue, il me semble, après le match de lundi contre le Nigéria, qu’il a pris un coup d’avance sur ses adversaires. A l’exception des Pays-bas, toutes les sélections nationales en sont encore à imiter le jeu tout en maîtrise du ballon qui a fait le bonheur du Barça et de l’équipe d’Espagne. A l’instar du Real qui a éliminé le Bayern en demie-finale de la Ligue des Champions 2014 en lui laissant la possession du ballon, Deschamps, lui, a peut-être trouvé la parade. C’est, encore une fois, ce que je crois avoir vu contre le Nigéria.

    Bref, je crois en la France (pas la France politique qui me désespère) et je crois d’autant plus en elle que, à l’exception de celle, là encore, des Pays-Bas… et de la Colombie, les autres équipes qualifiées, on toutes eu au moins une prolongation à jouer. Hier, l’Argentine a eu un mal fou à se débarrasser de la Suisse (but à la 118ème minute). Avant elle, l’Allemagne, donc, a été sérieusement éreintée par l’équipe d’Algérie ; le Brésil, quant à lui, est passé par un trou de souris et sans convaincre face au Chili. Si nous le retrouvons mardi prochain en demie-finale, ce qui n’est pas encore fait, je crois sérieusement en nos chances. Je n’en dirai pas tant s’il était facilement éliminé par la Colombie. L’idéal serait une qualification de celle-ci aux tirs au but. Ainsi, l’équipe de France affronterait une équipe diminuée par une heure de jeu supplémentaire et un jour de récupération de moins.

    Et alors, à nous le paradis de la finale, sans doute contre les Pays-Bas car les considérations ci-dessus – hormis celles sur l’influence particulière de Deschamps – valent pour les Bataves ! Et là, franchement, face à un Robben époustouflant, je me dégonfle et renonce à tout pronostic. Mais je prie Saint-Didier pour que la France l’emporte. Amen !

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