Ce dimanche 21 septembre a lieu à Saint-Laurent du Var le congrès annuel du Comité Veritas. (Programme) Celui de l’an dernier à Valras (Hérault) était d’une tristesse indescriptible. Je crois n’avoir pas été le seul à y avoir senti une odeur de mort. Il est vrai que le Palais de la méditerranée, bien trop vaste pour les quelques dizaines de participants, sonnait bien creux. Cette année, il y aura sans doute beaucoup plus de monde compte tenu du lieu choisi. Une chose est sûre : l’assistance n’y sera pas plus jeune qu’à Valras.
Mourir sans avoir lutté ?
On n’oublie pas !
C’est le grand drame des Piénoirs que de n’avoir pas su intéresser leurs enfants à leur cause. Nous le payons aujourd’hui. Nous payons l’incapacité de nos aînés à comprendre qu’hors la politique active il ne pouvait y avoir d’issue favorable à notre combat. Les mêmes causes qui ont causé la perte de l’Algérie française et la nôtre expliquent l’oubli dans lequel la France et les Français ont définitivement relégué notre petite histoire. Et, plus grave, notre renoncement à la lutte vaudra à la France toute entière de sortir de l’Histoire avec un grand « H ». Et pourtant ! Ô combien il est évident que la perte de l’Algérie française et notre sacrifice ne sont, à cinquante ans d’écart, que le prélude à ce qui arrive sous nos yeux à notre pays ! Dès juillet 1962, alors que les siens restés au pays succombaient sous le couteau des égorgeurs de Harkis, le Bachaga Boualam l’avait pressenti et écrit dans son livre Mon pays, la France,[1]. Eh bien ! Nous y sommes ![2]
« On vous l’avait bien dit ! », s’écrieront certains Piénoirs. Malheureusement, ils n’auront, nous n’aurons, pas été assez nombreux à le dire et nous ne l’aurons pas crié assez fort. Et, surtout, nous ne nous serons pas donné les moyens de nous faire entendre. Pour cela, il eût fallu que nous eussions été capables d’entraîner avec nous au moins nos proches et nos enfants. Or, sur les deux millions et demi de Français d’Algérie et apparentés adultes, combien sommes-nous à crier ? Une poignée.
Quant à convaincre nos compatriotes métros, encore fallait-il que nous acceptions de descendre de notre Aventin de victimes méritoires. Avoir souffert par la faute de l’ignorance, de l’indifférence, du racisme, même, des Français et de la vilenie de ceux qu’ils avaient élus ne suffisait pas à mériter d’eux plus d’attention à notre malheur ; il fallait aussi que nous fassions l’effort d’aller vers eux pour leur expliquer qu’après nous, ce serait eux qu’on sacrifierait. Mais, pour cela, il fallait que les Piénoirs en fussent eux-mêmes convaincus. Au lieu de quoi, le drame de l’exode et de la perte de leur pays a glissé sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard.
Et il fallait qu’eux-mêmes fussent solidaires du malheur des leurs. Or, combien de Piénoirs ont véritablement souffert dans leur chair de l’abandon de l’Algérie française en 1962 ? Combien sont partis « une main devant, une main derrière » en laissant là-bas, sans sépulture, le cadavre d’un être cher ? Dans l’absolu, trop, beaucoup trop ! En réalité, à l’échelle d’un peuple, très peu. En tout cas, trop peu pour que ce peuple se montre solidaire de ces parents orphelins de leurs enfants, de ces enfants orphelins de leurs parents, de ces veufs et de ces veuves inconsolables qu’on voit défiler en traînant leur deuil chaque 26 mars et chaque 5 juillet depuis ceux funestes de 1962. Non ! La plupart des Piénoirs se sont très vite consolés et sont restés arc-boutés sur leur quant-à-soi. « Là-bas », ils votaient majoritairement à gauche ; ils en ont gardé l’habitude ici, en se disant que c’était Deugôl qui les avait trahis, comme s’il avait été le seul, comme s’il n’y avait pas eu autour de lui toute l’engeance du communisme et du socialisme rouge sang. D’ailleurs, beaucoup de Piénoirs avaient fini par penser comme les bradeurs de l’Algérie française que l’Algérie n’était pas leur pays. Et beaucoup d’autres, récemment immigrés, ne se sentaient pas la fibre vraiment française. Quant aux Juifs d’Algérie, beaucoup se sont très vite convaincus qu’eux-mêmes étaient des victimes du colonialisme[3].
Non ! La plupart des Piénoirs ont très vite repris leurs petites habitudes. Ceux qui avaient des biens se sont – pas tous et pas de manière équitable – fait indemniser. Les autres, ceux qui étaient pauvres en Algérie ont tôt fait de l’être moins en Métropole. Et beaucoup ont pu faire faire des études et assurer des situations à leurs enfants, lesquels ont pour la plupart réussi, y compris en politique. Le plus souvent à gauche, d’ailleurs, sans que jamais ils ne fissent bénéficier leurs compatriotes moins chanceux ou moins méritants de leur position. La plupart, pour rester dans le politiquement correct, ne mentionnent jamais leurs origines. C’est ainsi qu’il y a en moyenne vingt à vingt-cinq pour cent des élus nationaux nés en Afrique du Nord ou enfants de natifs d’AFN (vous avez bien lu : 20 à 25%), y compris des enfants d’anciens OAS. S’entendent-ils ou se sont-ils entendus pour que, par exemple, la stigmatisation des PN par les médias publics cesse ? Non ! Jamais ! Ont-ils fait front commun pour que l’État indemnise de manière juste, équitable et totale les Français d’Algérie pour les pertes subies du fait de l’abandon de leur pays ? Niet ! Et beaucoup d’entre eux ont, pour complaire aux révisionnistes de la Ligue des Droits de l’Homme, voté la suppression de l’article 4 de la loi du 23 février 2005.
J’ai écrit au début de cet article que la politique active était la seule façon de faire valoir ses droits. Je ne pensais évidemment pas à la politique telle que, comme on vient de le voir, beaucoup la pratiquent en ordre dispersé et dans leur propre intérêt. La seule politique qui convienne à une minorité opprimée ou, en tout cas, bafouée, est une politique de type syndical, si je puis dire. Pour cela, ne compter que sur soi-même. Quand la cause de cette minorité rejoint les intérêts vitaux d’une Nation et d’une civilisation menacées de disparition, alors, elle peut s’ériger en avant-garde et, forte de son expérience historique, prendre la tête de la résistance. C’est ce vers quoi j’ai tenté en vain d’entraîner les Piénoirs en 2009 avec le projet de création du MPN (Mouvement pour le Peuple et la Nation). Les PN n’étaient pas assez mûrs pour y croire. Le sont-ils à présent que le danger se fait plus présent et qu’eux-mêmes sont en voie de disparition ? Ou continueront-ils de pétitionner et de se plaindre à ceux-là même qui ont causé leur mal ?
Les Piénoirs disparaîtront-ils sans avoir vraiment lutté ? (A suivre)
[1] Lire mon article du 24/9/2013. Pour info, je vais republier très prochainement (début octobre) le livre du de Saïd Boualam Mon pays, la France avec une très longue préface intitulée « Saïd Boualam, le Bachaga visionnaire ».
[2] Michel Onfray a déclaré que la France serait musulmane en 2050. Elle le sera bien avant parce que ce n’est pas la volonté des seuls Musulmans mais de tous ceux, qui nous gouvernent ou qui nous dictent ce que nous devons penser, qui veulent la fin de la Nation française et de sa civilisation.