MLP a le vent en poupe. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
Pour tous les hommes politiques français, passer à la télé constitue une chance formidable de faire connaître ses idées et son programme. Quand il s’agit des personnalités du Front National, les médias se muent, au mieux en jurés d’examens, le plus souvent en tribunal inquisitorial. Ce dimanche, à C politique, sur France 5, ça n’a pas manqué. En tout cas, on a eu droit au réquisitoire en règle de la part de Caroline Roux, la présentatrice. Mais, comme l’invitée s’est montrée plutôt patiente, on a échappé de peu au lynchage habituel. A la place, on a eu droit à une interrogation orale de Claude Weill, un habitué des plateaux de télé que le site de l’émission a discrètement présenté comme « éditorialiste et journaliste politique », sans dire de quel média. Pour info, il s’agit de l’Obs.
Marine Le Pen s’est montrée, disais-je, plus patiente que d’habitude, mais j’ai trouvé qu’elle se laissait encore trop embarquer dans des trucs sans importance dont il est évident qu’il s’agit de la classique manœuvre des intervieweurs pour lui faire perdre un maximum de temps. Par exemple, on l’a beaucoup cuisinée sur l’emprunt de 9 millions contracté auprès d’une banque Tchéquo-Russe, la First Cezch Russian Bank. Il s’agissait d’accréditer dans l’esprit des téléspectateurs, comme la presse le fait pour ses lecteurs, l’idée qu’il y aurait des contreparties cachées. Autrement dit, quand une banque américaine, anglaise ou allemande vous prête de l’argent, tout est clair ; mais, quand c’est une banque russe, c’est louche. La question se pose-t-elle pour les milliers d’entreprises françaises qui font des affaires avec la Russie en passant par des banques russes ? Mais, passons !
Mais ce n’est pas vraiment le propos de cet article. En effet, je me demande si, en réalité, il n’est pas déjà trop tard pour sauver la France. car il s’agit bien de ça. La dissolution de la France dans l’Europe et l’arrimage de celle-ci à l’Amérique, avec tout leur cortège de conséquences sur notre société, sont très avancés. Je suis convaincu et j’ai souvent écrit que rien ne pourra l’empêcher, hormis la prise de pouvoir par une coalition de partis nationistes en 2017. Une hypothèse peu réaliste compte tenu du cours des choses politiques. Tout indique en effet que les élections de 2017 sont déjà jouées : Alain Juppé sera président de la République et, comme il ne diffère pas d’un iota de ses collègues de l’UMPS, tout continuera comme avant.
Juppé sera président parce que, déjà, les amateurs de maroquins sont sur leurs starting-blocks. Tout le monde voit les centristes saliver à l’idée de revenir au pouvoir dans son sillage. Mais a-ton remarqué qu’un Nicolas Dupont-Aignan a déjà commencé à prendre ses distances avec le Rassemblement Bleu Marine ? (Voir ou revoir Questions d’info sur LCP). Dans le même temps, on voit bien que le Rassemblement Bleu Marine laisse peu de place aux formations qui le composent à côté du FN. Des partis qui, d’ailleurs, ne sont pas en position d’attirer à eux des électeurs en rupture de ban avec l’UMP mais peu enclins à voter FN.
Or, à partir du moment où le FN ne dispose pas d’alliés puissants, les institutions joueront pleinement non seulement à la présidentielle mais aussi aux législatives qui suivront. Marine Le Pen a le vent en poupe, c’est incontestable, et il est tout à fait clair qu’elle sera au second tour de la présidentielle. Le candidat de gauche absent du second tour, selle ne gagnera pas d’électeurs à droite. Si elle trouve face à elle Nicolas Sarkozy, elle fera sans doute un bon score au second tour car la participation des électeurs de gauche et du centre sera moindre mais elle ne pourra pas gagner, faute d’une alliance avec un parti susceptible de lui en apporter. Pour la même raison, si Juppé lui est opposé, je pense qu’elle ne gagnera rien entre les deux tours. Et son score sera moindre car les électeurs centristes et de gauche se porteront sur Juppé.
Il va de soi que les législatives qui suivront confirmeront la présidentielle. Total : l’UMPS aura cinq ans de plus pour faire avancer son projet atlantiste. Pour mémoire, ce projet implique quatre conséquences majeures : 1. renforcement des pouvoirs de l’UE aux dépens des états-nations et mise en œuvre de l’Europe des régions transnationales ; 2. « otanisation » des forces armées européennes, c’est-à-dire tutelle des Américains sur la défense européenne avec, en corollaire, un affaiblissement accéléré (c’est déjà très sensible) des forces armées françaises ; 3. signature du projet de traité de commerce transatlantique (TAFTA) ; 4. accélération de l’immigration sans conditions car le but est de maintenir une forte consommation malgré la dénatalité des peuples autochtones. Remarque : la France entraîne dans ce mouvement les pays de son ancien empire. Quant aux pays du Maghreb, les Américains négocient directement avec eux.
Je rappelle que, dans les statistiques, le flux d’immigrants se dissout automatiquement par la grâce de lois d’acquisition de la nationalité française très favorables. Le délai pour obtenir la naturalisation, par exemple, a été ramené en 2012 de 5 à 3 ans. Résultat : l’immigration réalimente automatiquement l’UMPS en électeurs. Et, quand les électeurs musulmans seront assez nombreux, ils pourront faire directement pression pour accélérer la communautarisation de la France. Michel Onfray craint que l’Europe soit islamisée avant cinquante ans ; s’agissant de la France, ce sera, à raison de 200 000 primo-arrivants chaque année, fait avant 2030.
En tout cas, en 2022, il sera déjà trop tard pour arrêter le processus de dénationalisation de notre pays.