Sarkozy sur Dati : « Une Arabe à la justice, ça avait du sens ! »

Rachida Dati : à quand le coming out de « la Française d’origine française » ?

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    Késaco ? « Je m’étais dit que Rachida Dati, avec père et mère algérien et marocain, pour parler de la politique pénale, cela avait du sens ». Quel message Nicolas Sarkozy a-t-il voulu envoyer à ses électeurs ? A-t-il voulu signifier qu’il a choisi une arabe au ministère de la Justice parce que les prétoires et les prisons étaient surtout fréquentés par des Arabes ? Mais alors, Zemmour avait raison[1] ? On se perd en conjectures. 

    Mais, surtout, quelle double erreur ! Rachida Dati s’est toujours présentée comme « une Française d’origine française ».[2] Or, sous prétexte que son père est né au Maroc et sa mère en Algérie, ses deux parents sont renvoyés respectivement à une nationalité supposée marocaine pour l’un et algérienne pour l’autre. Mais alors, leur choix, effectué en 1962, n’a-t-il pas de sens ? Car Rachida Dati, si elle ne dit pas tout, sème des indices qui permettent de savoir en réalité qui elle est. Faute de précisions de sa part, il est permis de se questionner et, éventuellement, de faire jouer ses neurones (à condition d’en avoir un peu plus de deux, évidemment !). 

    Voici une femme qui minimise systématiquement, en des termes qui ne laissent aucun doute sur son attachement viscéral et exclusif à la France, le fait qu’elle soit née de parents eux-mêmes venus d’une terre qui n’est plus française mais qui l’a été. Son père, d’origine marocaine, était en Algérie pendant la guerre dite « d’indépendance ». Y ayant rencontré sa future femme, il y reste jusqu’à la fin des « événements » puis décide de venir avec elle en métropole où ils fondent ensemble une famille. Ce, en 1963, à une époque où le flux migratoire était plutôt inverse : les « Algériens » immigrés en France et, si on en croit la propagande du FLN, tous indépendantistes, y croisaient les « Rapatriés » chassés d’Algérie ; les Rapatriés, c’est-à-dire les Piénoirs et les Harkis survivants des massacres de 1962 ; et une famille qui se retrouvera plus tard dans une cité de Châlons-sur-Saône où vivaient de très nombreux Harkis. Cela n’éveille-t-il rien ?

Le racialisme ou le racisme politiquement correct.

    Pour moi, un Marocain en Algérie pendant la guerre  du même nom, qui épouse une « algérienne » et quitte l’Algérie devenue indépendante pour s’installer dans l’ancienne métropole coloniale ne peut être qu’une personne ayant un très fort attachement à celle-ci. Je ne serais donc pas étonné que M. Dati ait été engagé dans l’Armée française et qu’il ait fait – comme M. Zidane père – la guerre d’Algérie dans ses rangs. Cette quasi certitude est confortée par le fait que, avec sa femme, il ait fait le parcours inverse des immigrés algériens (au sens national du terme). Que, de plus, la famille se soit installée dans une ville et un quartier à forte population harkie ne fait que renforcer cette certitude. Dès lors, le discours de Rachida Dati, ses références exclusivement françaises, s’éclairent d’un jour éclatant. Les enfants d’immigrés maghrébins sont élevés dans le culte de la patrie de leurs pères, au besoin idéalisée pour les besoins de la cause et embellie par une Histoire réécrite avec l’aide des porteurs de valises français ; les enfants Dati, eux, ont été élevés dans l’amour de la France.

    Cela, Sarkozy ne peut pas l’ignorer. Son « erreur » n’en est que plus grossière ou, plus exactement, sa faute n’en est que plus condamnable. Qu’il renvoie les immigrés à leurs origines et à leur patrie de cœur passe encore mais qu’il y amalgame, sous je ne sais quel prétexte, des Français nés en terre de France et, de surcroît, revendiquant un attachement et une allégeance exclusifs à la France est scandaleux. Ne s’agit-il pas là d’une façon de signifier qu’un maghrébin fier de sa francité serait un traître à sa « patrie » d’assignation ? Alors, qui se ressemble s’assemble ? Le racialisme n’est-il pas un racisme politiquement correct ? 

    Ceci étant dit, il revient à Rachida Dati de dire enfin la vérité vraie, de faire son coming out, en somme.[3]

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[1] En parlant de l’importance statistique (confirmée par l’Insee) dans la délinquance. Mais il a été condamné parce que, comme à son habitude, il a proféré une généralité en disant à Salut les Terriens, sur Canal+ : « Mais pourquoi, on est contrôlé 17 fois ? (…) Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait ».

[2] « Je ne viens pas d’ailleurs. Je suis née à Saint-Rémy, Saône-et-Loire » Voir vidéo

[3] Idem de la famille Zidane, dont le père a combattu en Algérie dans les rangs de l’Armée française.

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