Hollande trahi par l’un des siens.
Céline aussi l’a !
L’économiste socialiste Thomas Piketty, mondialement célébré pour son livre Le Capital au XXIème siècle, un pavé de 976 pages dont 1,5 millions d’exemplaires ont déjà été vendus et qui, traduit en anglais, fait fureur aux États-Unis, vient de se distinguer de nouveau en refusant la Légion d’Honneur. Ce refus bien venu dit combien la réputée plus haute « distinction » est dévoyée et ne fait plus envie qu’aux carriéristes, aux saltimbanques et à ceux dont Napoléon disait qu’on « les mène par des hochets ».
Combien de parasites de la République, combien d’escrocs officiels, combien de bandits, de voleurs, de tricheurs, de « charlatans » de la politique, comme aurait dit Renan, ont eu cette décoration ? Et comment appeler « distinction » une décoration attribuée à trois mille personnes chaque année et dont la première promotion 2015 compte pas moins de six-cents-quatre-vingt-onze noms ? Et combien de lauréats méritants parmi eux ?
En réalité, la Légion d’Honneur sert surtout à récupérer des personnalités déjà distinguées par ailleurs pour attirer à soi une part de leur rayonnement. Quand François Hollande décore Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014, promu officier, et Jean Tirole, prix Nobel d’économie 2014, c’est eux qui l’honorent et non l’inverse. S’agissant en particulier de ces deux personnalités, c’est même une démonstration de l’inanité de cette décoration ou, dit autrement, une façon de relever l’insuffisance de celui qui les a choisies car toutes deux, à l’âge qu’elles ont, et vu leur parcours, auraient dû être depuis bien longtemps à un grade bien plus élevé que celui (officier) où elles ont été « promues » ce 1er janvier.
Enfin, pour juger de la banalité de cette décoration, je propose au lecteur d’aller voir (sur Wikipédia, par exemple) la liste des gens qui l’ont refusée. C’est à leur aune qu’on peut mesurer la valeur de ceux qui l’ont reçue et acceptée à titre civil. Et de méditer cette formule d’Erik Satie : « Il ne suffit pas de refuser la Légion d’Honneur ; encore faut-il ne pas la mériter ! » ou celle de Jules Renard : « En France, le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière. »
J’ai quant à moi une pensée pour notre ami Jean-François Collin, qui a payé de cinq ans de prison son sens de l’honneur qui l’a conduit il y a cinquante quatre ans à refuser par les armes l’abandon de l’Algérie française, avec ses huit-cent-mille Piénoirs et ses deux millions de Français musulmans. Décoré à titre militaire (la seule raison qui vaille) en 2011, il a été déchu par le tribunal administratif en 2013. En 2011, le Président de la République s’appelait Nicolas Sarkozy ; depuis 2013, il s’appelle François Hollande. C’est dire si cette décoration est devenue un mode de promotion politique. Une chose est sûre : Jean-François Collin a été décoré deux fois : la première, en l’obtenant à titre militaire, encore une fois ; la seconde, en la perdant.
Salut Kader,
Je ne réagis pas souvent mais je lis régulièrement tes « Etats d’âme »; je suis d’accord avec certains…………..réticent sur d’autres.
Pour ce qui concerne cette tragique farce de remise de Légion d’Honneur, il est certain que cela ne représente plus rien, surtout lorsque l’on prend connaissance de la photo que tu nous gratifies; tu aurais pu tout aussi bien nous mettre notre immam du Sud-Ouest.
Tu cites JFC et je t’en remercie; je précise tout de même que JFC ne l’avait acceptée que pour la dédier à tous les combattants prestigieux assassinés par le pouvoir gaulliste.
Sa déchéance aura beaucoup plus souillé les fantoches du pouvoir que lui-même.
Napoléone doit se retourner dans sa tombe.
Bonjour Kader,
Bien d’accord avec vous. On peut également se dire que brader la plus haute décoration française fait partie de la volonté de « tout casser ». On peut aussi se dire que l’insignifiance ou la turpitude de certains récipiendaires signalent les mêmes caractéristiques chez ceux qui la décernent et la dévoient . Je crois me souvenir que de Gaulle (pas le temps de vérifier) avait crée l’Ordre National du Mérite pour justement éviter d’avoir à brader la Légion d’Honneur. En fait, quand on voit un liseré rouge à un veston, il faut demander à son porteur s’il l’a gagné au feu. Si oui, on peut saluer.
Et il me semble qu’autrefois, quand un soldat titulaire de la Légion d’honneur était mis en prison militaire (ce qui n’est pas forcément infamant), sa médaille était accrochée à la porte de la cellule (côté extérieur) et une sentinelle la gardait.
Antres temps, autres mœurs…
Bonne journée
Je retiens ce qui me semble le plus important dans votre réaction que je rejoins en tous points: » Et il me semble qu’autrefois, quand un soldat titulaire de la Légion d’honneur était mis en prison militaire (ce qui n’est pas forcément infamant), sa médaille était accrochée à la porte de la cellule (côté extérieur) et une sentinelle la gardait. »
En effet, c’est tout à fait exact et comme vous dites: « les temps changent »
Bonjour Kader. Habituellement j’aime bien commenter et vous le savez mais là avec cette photo jointe , je dis : NO COMMENT…… Bon wenk-end Georgette
Tout a fait d’accord !
Massadin dit: « En fait, quand on voit un liseré rouge à un veston, il faut demander à son porteur s’il l’a gagné au feu. Si oui, on peut saluer. » OUI, mais hélas, là aussi, pas tout le temps. L ‘ imposture existe malheureusement. Mais avouons-le, plus rarement.