Vite, re-sanctuariser l’école !

Najat, rendez-nous nos enfants !

French Education Minister Vincent Peillon (L) and French Minister for Women's Rights and Government Spokesperson Najat Vallaud-Belkacem (R) speak with pupils about egality between boys and girls during a visit to a primary school on the theme "The ABCD of equality" on January 13, 2014, in Villeurbanne near Lyon, central-eastern France.  AFP PHOTO/PHILIPPE DESMAZES

    L’école est devenue le lieu de formatage des futurs citoyens dès l’âge de 2 ans. Exemple : les « débats » organisés à propos de l’attentat de Charlie Hebdo. Hier, au journal de 13h de France Inter ((ré)écouter cette émission), le témoignage hallucinant d’une enseignante tétait suivi de l’intervention tout aussi hallucinante d’un « sociologue ». 
    Verbatim :
Claire Servajan : « Comment parler de ces événements avec les élèves ? On sait que, pour bon nombre d’enseignants, c’est très difficile dans certaines classes avec certains élèves. C’est même pratiquement impossible. Ecoutez le récit de cette enseignante de Reims. Elle s’appelle Marie-Claire. Elle témoigne de ce qui s’est passé hier dans sa classe. »
Marie-Claire : « Quand ils sont arrivés, il y avait projetées sur le mur un certain nombre de caricatures. Donc, j’ai confronté les élèves à la lecture de ces dessins-là. Je me suis rendu compte que pour une partie des élèves, en particulier ceux d’origine maghrébine, c’était violent. Donc, on s’est arrêté sur certains dessins, en particulier celui où on voit le Prophète la tête dans les mains disant « C’est dur d’être aimé par des cons ! ». Et, là, je demande à un élève de me dire ce qu’il voit. Il me dit que ça ne se fait pas, que c’est un dessin insultant, qu’il se sent insulté dans sa religion musulmane, etc. Je lui demande pourquoi, je lui demande de décrire de dessin. Il me dit : « Les Musulmans sont traités de cons ». Je lui dis « Non ! Vous ne regardez pas le dessins ! » Donc là on a un face-à-face un peu dur. Je leur dis « Regardez le dessin ! Regardez le dessin ! » Je luis demande de lire et je me rends compte à ce moment-là qu’il a une lecture très impressionniste (!) du dessin. C’est-à-dire qu’en fait il a vu la représentation de Mahomet… Il a vu le mot « con ». Donc, je l’amène à regarder le dessin plus précisément et lui « Mais, c’est qui, les cons ? » Je parle des caricatures, je parle des intégristes, etc. On arrive au bout d’un certain moment à ce qu’il comprenne qui sont les cons. Et que c’est pas les Musulmans en général. Puis le débat avance et je me rends compte, en fait, d’un (sic) espèce de front. Et ça m’a fait drôle, aussi. C’est-à-dire que tous les gamins qui sont d’origine maghrébine et turque étaient choqué et, au final, le message qui passe, c’est : « Ça se fait pas ! » C’est ça qui m’a choquée. C’est-à-dire qu’ils ne se posent même plus la question de leur foi – du fait qu’ils sont d’une certaine culture, ils sont forcément croyants – et qu’on ne pouvait pas représenter le Prophète, qu’on ne pouvait surtout pas en rire… Quant, après, on a discuté de « Est-ce qu’il y a des limites au rire, etc. ? » (sic), bah, ils étaient tous d’accord sur le fait que « Non ! ». Il y a des sujets dont on ne pouvait pas rire. Et la religion, on ne pouvait pas en rire. Et j’ai montré d’autres dessins ; j’ai montré des dessins avec pas uniquement des intégristes musulmans, etc. Mais, pour eux, c’est black-out complet, on ne peut pas en rire, point, fermez, on tire le rideau, quoi ! (ton consterné). »
C. Servajan : « C’est ce qui s’appelle un cas d’école. On va ouvrir le débat et on na parler de tout ça avec Olivier Bobino, qui est sociologue des religions, de la laïcité. Avec Emmanuelle Davier, qui suit les questions d’éducation à France Inter. Emmanuelle, peut-être une question concernant cette émotion qu’on sent un peu partout, chez les enseignants, les élèves mais aussi au ministère ? »
E.D. : « Oui, alors, nous avons fait écouter ce témoignage très fort à Florence Robine, la n°2 de l’Education nationale, écoutez sa réaction. »
Fl. Robine : « La réaction de ces élèves, elle n’est pas aberrante (notez le redoublement du sujet, comme chez Hollande). Il faut l’entendre, et ne pas du tout la stigmatiser. »
E.D. : « Dépasser les opinions personnelles, entrer dans le domaine du savoir, ce sont les préconisations de Florence Robine. »
F.R. : « Je crois que, ça, c’est un point très important. D’abord, les enseignants, ils (nouveau redoublement du sujet) doivent être maîtres de leurs affects et être extrêmement sereins. Si, d’ailleurs, dans un cadre aussi complexe et aussi dur que celui que nous vivons, un enseignant ne se sent pas capable de dépasser ses émotions, ce que je peux tout-à-fiat comprendre, le travail en équipe me semble essentiel.
E.D. : Outre un travail des équipes pédagogiques, la réponse est dans le contenu des programmes. Le fait religieux est enseigné tout au long de la scolarité ; ce n’est pas un cours dédié, c’est un enseignement transversal, en éducation civique, en histoire : christianisme, judaïsme en 6ème, islam en 5ème. Bien sûr, la difficulté, c’est de faire distinguer aux élèves la différence entre croyance personnelle et savoir. »
F.R. : « C’est tout l’objet du travail que l’école va mener : respecter les croyances, c’est ça aussi la laïcité, c’est surtout pas mettre la religion hors de l’école. »
E.D. : « Il faut donc pour les enseignants bâtir un discours pédagogique, celui où peut s’établir la distinction capitale entre croyances individuelles et apprentissage des savoirs.
Claire Servajan : « […] Olivier Bobino, je vous voyais bondir sur votre chaise tout-à-l’heure en entendant l’enseignante de Reims. Pourquoi ? Elle a tout faut, d’après vous ? »
Olivier Bobino : « Je ne me permettrais pas du tout de critiquer parce que, y compris (!), moi j’ai été en situation de zone d’éducation prioritaire violence (ZEPV), au début de ma carrière et je voyais bien deux chocs : d’abord, le choc des émotions. En effet, l’enseignante, comme tous les Français, comme tous les Montaigne attachés à la liberté de conscience et d’expression, ont été choqué, troublé, déstabilisés par l’attentat. Choc des émotions ! Le seul problème, c’est qu’il y a un deuxième choc et, ça, en effet, il faut faire œuvre de pédagogie, c’est le choc des ignorances. On ne peut pas ne pas savoir que, quand on présente comme cela des caricatures à des personnes qui se déclarent croyantes, elles se sentent blessées. C’est comme si demain, Claire, je venais avec une caricature où je piétine la liberté de conscience, où j’écris et je m’arrange pour faire un dessin, ce que je ne ferai jamais, où je dis « Bien fait pour Charlie Hebdo ! » Vous allez être comment ? Mal à l’aise ! »
C.S. : « Ben, là, je serais un peu en colère… »
O.B. : « Vous serez en colère. Donc, on voit bien que ce choc des émotions aboutit à ce que les historiens ont appelé la « guerre des haines religieuses » qui ont fait des guerres de religions, pendant cinq générations, (très ému) qui ont fait cinq cent-mille morts… Le seul moyen de lutter contre cela,… »
C.S. : « C’est quoi, c’est d’enseigner ? »
O.B. : « … c’est la pédagogie. C’est d’enseigner la culture de l’autre, c’est savoir qui est l’autre. C’est ce qu’on appelle en philosophie politique « l’itinérance du point de vue » : je descends de ma colline, je vais sur ta colline et je regarde ton point de vue. Ensuite, tu viens sur ma colline, et, de nouveau, tu regardes le même problème. »
E.D. : « Comment fait-on pour développer cet apprentissage, cet enseignement, face à de telles résistances qui s’expriment depuis des années ? »
O.B. : « Je l’ai même vécu ! Ce que j’ai fait dans mes cours, à l’époque – c’était dans le quartier des Pyramides, à Evry, un quartier « sensible » – le seul moyen que je faisais c’était de montrer « Mais attendez ! Nous sommes tous semblables… » Et j’avais toujours en tête cette phrase du fondateur de l’anthropologie, Marcel Mauss : « Soit les hommes se défient, se méfient, et c’est la guerre, soit les hommes se confient et traitent bien et c’est la paix ! » Je les amenais à comprendre que c’était de la bienveillance, et s’il n’y a pas confiance, s’il n’y a pas discussion, c’est la guerre ! »
C.S. : « Comment on fait, dans un pays comme la France, où la laïcité est brandie en étendard, où on dit que ça (la religion) relève de la sphère privée, et que… Ben, si quand même, globalement ! C’est ce qu’on nous dit !… »
O.B. : « C’est ce qu’on vous dit… »
C.S. : « Comment vous mettez ça à l’école, ça va… créer la panique ! »
O.B. : « Pas du tout ! Qu’est-ce-que c’est que la laïcité ? Là-dessus, le grand savant Emile Poulat, qui est mort il y a quelques mois, a travaillé sur 4 000 pages sur la laïcité. « La laïcité, c’est la liberté de conscience, jusqu’au bout, pourvu qu’elle ne trouble pas l’ordre public. » Article 1 de loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905 : « La République assure (elle rend certaine) la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous réserve de l’intérêt de l’ordre public. » Est-qu’un moment donné le fait de parler de religion à l’école, ça crée un trouble à l’ordre public ? Non ! Ne pas en parler, ça crée là un trouble à l’ordre public, parce que, ne pas en parler, ce n’est pas connaître l’autre, c’est développer des émotions, le choc des émotions, c’est-à-dire l’appel à la guerre des haines religieuses. Oui, il faut faire de la pédagogie ! Oui, il faut… »
C.S. : « Et ne pas attendre les situations de crise pour aborder ces problèmes… »
O.B. : « Mais bien sûr ! Mais bien sûr ! C’est ça l’enjeu. »

    DECRYPTAGE
1. Jamais personne ne se pose la question de la pertinence d’un débat (forcément orienté, comme le montre l’exemple ci-dessus) sur un acte et une question aussi graves avec des enfants dont ne connaît pas l’âge, d’ailleurs. Mais on sait que ça commence dès la primaire.
2. L’avis des enfants non musulmans n’est jamais évoqué.
3. En fait de « débat », on est en réalité témoins d’une injonction à commenter des névroses d’adultes. C’est évidemment valable pour toutes les questions, notamment sexuelles, qui servent de thème à ce véritable lavage de cerveaux. Auquel les enfants résistent, d’ailleurs…
4. Le discours du « sociologue » qui intervient est en parfaite contradiction avec le message qu’il veut faire passer. Il prétend dire aux élèves « Nous sommes tous semblables ! » mais il les désigne sous les vocables « l’autre ». Autrement dit, il admet et pose implicitement la différence QU’IL INTERDIT A D’AUTRES (Zemmour, Houellebec) D’EXPRIMER !
5. Le plus important à mes yeux : LES PARENTS SONT ABSENT ET TENUS A L’ECART DE CETTE AFFAIRE. En amont : on ne leur a pas demandé leur avis sur le principe même de ces débats. Ensuite, on ne les tient pas au courant de ce qui s’y passe. Enfin, ils ne sont pas conviés à donner leur point de vue dans les médias. Témoin ce journal de France Inter d’où ils sont absents. il est vrai que le franc-maçon Peillon a déclaré un jour qu’il fallait « soustraire les enfants, dès leur plus jeunes âge, à l’influence néfaste de leurs parents ! »
C’est à vous !

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6 réponses à Vite, re-sanctuariser l’école !

  1. MIKEl dit :

    Hallucinant débat, qui révèle à quel point le mal est profond…
    Commentaires et analyse des plus pertinents, hélas…. merci !

  2. louleloule dit :

    Halte au formatage…..
    Ils commencèrent par formater le haut..l’Ena..Sciences po..les facs..
    et maintenant l’école primaire et ce sera la maternelle…si ce n’est déjà en cours…
    L’homme universel…est en route….STOP…..

  3. domichel dit :

    témoignage d’un prof chez BOURDIN, la minute de silence a été très difficile à faire .Dans certains établissements scolaires et dès le primaire aussi . Où la République a-t-elle failli ? et où continue–elle à le faire. moi j’appelle cela, défaites, ECHEC sur tous les fronts. Nos valeurs qui font la démocratie, la citoyenneté, l’éveil des consciences ne seront jamais suivies et l’assimilation et l’intégration non plus; le bouchon de la cocotte minute est en train de sauter . Hélas…….

  4. Miane albert dit :

    Le formatage de la plupart des journalistes en vue et des média constituent avec celui de l’éducation nationale politisée, à gauche , le cancer qui ronge la NATION !
    Il sera très difficile d’en sortir, ils ont corrompu notre jeunesse pour en faire des citoyens sans jugement ni culture aptes a se laisser conduire à l’abattoir des plus forts ou des plus résolus !
    Espérance en perte de vitesse … Sauf sursaut, sinon : fin du film à la française.

  5. Chrif dit :

    Voici ce que m’a rapporté un parent de deux enfants 8 et 10 ans ayant des origines arabes et inscrits dans une école privée :
    « Hier mes enfants ont fait 1 minute de silence à la demande de la directrice. On leur a ensuite expliqué que des musulmans avaient assassiné des journalistes et des policiers à Paris. Le choix des mots a été difficile le soir lorsque j’ai voulu leur expliquer.
    Je ne sais pas si ils ont compris. Les pauvres enfants…

  6. jany dit :

    L’école n’est plus sanctuarisée depuis bien longtemps, je vous en avais parlé dans une de mes réponses à propos de mai 68 .Ayant fait partie, mon mari et moi-même, du corps enseignant, nous avons assisté au formatage des jeunes générations : pas d’esprit critique, Histoire revue et corrigée d’idéologie de gauche ,programme tronqué volontairement,négationnisme et repentance généralisée. Et le plus important est le manque de neutralité vis à vis de la politique intérieure comme extérieure ! Cela se fait, bien sur, par des petits mots, des allusions qui ont un effet ravageur dans des cerveaux encore immatures !
    Quand à l’explication donnée sur les attentats à des jeunes enfants (dont mon petit fils 4 ans), c’est absurde et inconscient !
    L’étonnement des politiques et médias face aux réactions de certains élèves, me fait sourire amèrement, alors qu’il y a plus de 20 ans que nous constatons des faits similaires.
    Amicalement

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