39% des Français souhaitent que Marine Le Pen se présente en 2017

Un sondage Odoxa portant sur les « souhaits » des Français pour l’avenir politique du pays fait le buzz. Les Français, paraît-il, ne veulent ni de Hollande, ni de Sarkozy. Pour le « renouveler la vie politique », ils plébiscitent… Juppé (72 ans en 2017) ! Vous ne vous étonnerez pas si je vous propose une interprétation très personnelle de ce sondage idiot.

La Présidentielle de 2017 est-elle déjà jouée ?

mlp   A quatorze mois de la présidentielle, la déferlante de sondages bidons commence avec celui d’Odoxa pour le Parisien. Odoxa, c’est l’institut tellement rigoureux qu’il fait des pronostics de second tour sans tenir compte des résultats du premier. Avec ce sondage pour le Parisien, il innove en demandant aux sondés non d’indiquer leurs intentions de vote mais de dire qui ils voudraient voir candidater. En tout cas, c’est l’axe quasi unanimement suivi par les commentaires. Renseignement pris, la question était : « Selon vous, chacune des personnalités politiques suivantes incarne-t-elle plutôt bien le renouvellement politique ? » C’est dire si c’est sérieux !

    Une bonne façon de faire le buzz à bon compte. Et ça marche. Samedi, tous les médias ont fait leurs titres sur le rejet de Hollande et de Sarkozy au prétexte que 74% des Français ne veulent pas les voir candidats. Et de gloser sur le « besoin de renouvellement ». La preuve, selon eux : Alain Juppé (52%), 70 ans aux prunes, est le seul avec Emmanuel Macron (55%) pour lequel la majorité des Français répond oui à la question posée.

    Ceci étant, ce sondage peut être signifiant… si on le lit à l’envers. Et à condition de l’analyser sur des critères politiques objectifs et pas seulement pour faire de la branlette médiatique. Dans ce cas, écartons d’emblée les souhaits de candidature portant sur des personnages comme Macron, Marion Maréchal-Le Pen (43% de réponses positives)[1], Le Maire (36%), Wauquiez et NKM (34%), Bertrand (33%), Pécresse (32%), Vallaud-Belkacem (31%), parce qu’ILS NE SERONT PAS CANDIDATS à la Présidentielle de 2017. Les médias nous diront le contraire pour nous occuper et pour avoir quelque chose sur quoi gloser pendant un an mais c’est un fait. S’agissant des cinq premiers, même si les « Reps » n’ont plus grand-chose de gaulliste, ils n’en continuent pas moins de « chasser en meute » et quiconque ferait prendre des risques à sa caste (aujourd’hui, ils disent « la famille », comme dans Le Parrain) se grillerait définitivement. Quand à Najat, qui a douze ans de moins que Xavier Bertrand, il faut vraiment que les auteurs de ce sondage aient l’esprit tordu pour avoir posé la question à son sujet. Ou alors, ils se projettent déjà sur 2027 ?

    Ne seront pas non plus candidats, mais pour des raisons différentes, Valls (38% de réponses positives), Bayrou (33%), Mélenchon (24%) et Duflot (15%). En effet, il faudrait des circonstances politiques exceptionnelles pour que les deux premiers se substituent à leurs favoris naturels et affichés : Hollande pour Valls et Juppé pour Bayrou. D’ailleurs, celui-ci y réfléchirait à deux fois avant de mettre à exécution sa menace de se présenter contre Sarkozy s’il sort vainqueur d’une primaire de plus en plus hypothétique à mon sens. Ce, pour deux raisons. La première est que sa candidature affaiblirait autant sinon plus Hollande que Sarkozy. La seconde est que, de ses 6 820 914 électeurs de 2007, seuls 3 275 122 ont revoté pour lui en 2012, alors qu’il y avait eu 1,6 million d’inscrits de plus. Combien d’entre eux lui seront restés fidèles en 2017 ? En réalité, l’électorat de François Bayrou s’est probablement dissous dans la soupe idéologique et stratégique pour le moins inconsistante qu’il lui a servie depuis.

    Valls, lui, ne peut pas obérer son avenir en s’opposant à son mentor Hollande. C’est le prix à payer pour son maintien à Matignon, beaucoup plus lucratif qu’on le laisse croire aux Français[2]. Quant à Mélenchon et Duflot, il faut vraiment faire abstraction des réalités politiques pour imaginer une seconde qu’ils soient candidats en 2017. La seule raison de leur présence dans le débat politique est que les médias aiment le b… et le chaos politiques dont ils sont deux agents particulièrement actifs et efficaces.

    Notons que les deux seuls dont la candidature ne dépend que d’eux-mêmes, François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan, n’apparaissent pas dans ce sondage. C’est dire si celui-ci est sérieux ! Il est vrai qu’ils échappent à toute spéculation, d’où l’escamotage. J’en dirai deux mots à la fin de la deuxième partie de cet article.

    En revanche, les résultats de ce sondage qui concernent Sarkozy, Hollande, Marine Le Pen et Alain Juppé donnent des indications intéressantes pour 2017, à condition, encore une fois, de les lire à l’envers et de tenir compte des subtilités politiques.

    Les 74% de sondés qui, paraît-il, ne veulent pas de la candidature de Hollande et de Sarkozy sont ceux qui ne voteront pas pour eux. Leur restent 26%, ce qui constitue une bonne base à près d’un an et demi de l’élection, même si, parmi eux, il y a des électeurs qui voudraient voir leurs champions réciproques opposés à leur adversaire supposé le plus faible. On peut raisonnablement estimer qu’ils se neutralisent mutuellement. En effet, si le souhait de voir de jeunes pousses qui n’ont pas encore eu l’occasion de déplaire jouer un rôle dans la vie politique future ne mange pas de pain, il n’y a aucun doute que le souhait de voir se représenter deux anciens Présidents de la République se confond avec l’intention de voter pour eux. En effet, il ne fait aucun doute que leurs bilans, comme tout bilan, les desservent plus qu’ils ne les servent.

    Donc, partir à l’élection avec un potentiel de 26% n’est pas si mal. Pour mémoire, un an avant mai 2012, certains sondages ne créditaient Nicolas Sarkozy que de 21% des intentions de vote ; donc, même avec une base réduite à 19 ou 20%, il ne peut qu’être conforté (s’il en était besoin) dans sa volonté de se présenter. Cela, parce que ces 19 ou 20%, qui ne sont que le noyau dur de son électorat potentiel, ne le lâcheront jamais. A partir de cette base, de ce socle granitique, tous les électeurs qu’il convaincra ou séduira seront un plus. A charge pour lui de faire assez bien pour être l’un des deux candidats admis au second tour, c’est-à-dire obtenir, selon le nombre de candidats, environ 27% à 30% des voix au premier.

    François Hollande est exactement dans le même cas, à ceci prêt que lui n’a aucun rival à gauche. Il lui suffit d’annoncer sa candidature pour que tous  les velléitaires rentrent dans leur niche. La présidentielle de 2002 joue comme le tabou absolu ; personne ne se risquera à refaire le coup de la multiplication des candidatures dans un contexte de raréfaction de l’électorat de gauche. D’ailleurs, personne ne voudra tuer la poule aux œufs d’or ; le socialisme hôtelier ne prendra pas le risque de perdre aux Législatives qui suivront la Présidentielle le peu de  sinécures confortables et rémunératrices qui lui reste.

    Cette logique joue dans l’autre sens pour Marine Le Pen. Si 61% des Français ne veulent pas de sa candidature, MLP peut se dire qu’il lui reste 39% d’électeurs potentiels et qu’elle part sur de très bonnes bases. Mais c’est un mirage car, dans son cas, ces 39% reflètent son électorat maximal, certes, mais parfaitement hypothétique et presque fantasmatique. Seule une tout petite part de cet électorat potentiel lui est irréductiblement acquise. Le reste est volatile, c’est un nuage venu du RPR et dont une partie se dissipera et l’autre retournera à la maison-mère au premier discours vraiment nationaliste et patriotique de Nicolas Sarkozy. On peut lui faire confiance pour en faire, et plus d’un, encore !

    D’ailleurs, l’histoire électorale du FN démontre que c’est un doux rêve. Election après élection, le FN ne gagne rien en voix depuis 2012 et, même, perd en pourcentage des électeurs inscrits. Au récentes Régionales, les listes FN ont fait moins au deuxième tour que le total des voix récoltées par lui et les listes dites « nationalistes » au premier (6 820 477 au lieu de 7 023 021 dont, pour compter large, les 827 211 de Debout la France), ce, avec 3 459 365 suffrages exprimés de plus dont 2 820 883 pour la seule Métropole. Pour ceux qui préfèrent la comparaison avec la Présidentielle de 2012, le score du FN au second tour des Régionales de 2015 est inférieur de 244 856 voix à celui cumulé de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan. C’est une double constante : l’électorat du FN augmente moins vite que le nombre de Français en âge de voter et il se mobilise quasi totalement au premier tour.

    Alors, évidemment, il est toujours permis aux groupies de Marine Le Pen de rêver à un score de 39% au premier tour. Mais est-ce que cela changerait quelque chose ? C’est toute la question.

(Prochain article : Et si Marine Le Pen n’était pas au second tour ?)

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[1] Curieusement, Odoxa dit des cinq personnalités suivantes qu’elles incarnent l’avenir pour 36 à 31 % des Français, et présentent Marine Le Pen comme rejetée alors que 39% souhaitent qu’elle soit candidate à la Présidentielle de 2017. Il est vrai que son président s’appelle Gaël Sliman.
[2] Les fameux « fonds secrets de Matignon » n’ont jamais été supprimés mais intégrés dans le budget de l’Elysée que, par convention, la représentation nationale n’a pas le droit de contrôler. Une partie reste au Premier ministre ; l’autre est répartie entre les ministres. Je ne vous dis pas combien pour ne pas écœurer ceux qui ne le savent pas.

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3 réponses à 39% des Français souhaitent que Marine Le Pen se présente en 2017

  1. annie dit :

    nous partons pour plus d’un ans de sondages aussi ridicules les uns que les autres , hélas !!
    le renouvellement de la chasse politique avec Juppé , 70 ans ?? pauvre France , enfin nous avons les dirigeants que nous méritons ………………………..

    je viens de me relire j’ai écrit CHASSE à la place de CLASSE , et bé !!

  2. MIGLIACCIO dit :

    Il n’y a que le faibles qui se laissent influencer par les sondages, Pour moi c’est d’abord De Villiers à défaut c’est Marine Le Pen. Ce n’est pas en refaisant naître de ses cendres les LR par Juppé, le bras droit d’Hollande, que le changement de politique se fera. A L’UMPS se sont des traitres qui ont vendus et ruiné la France. Le Changement ne peut se faire qu’à droite, la vraie, celle qui redonnera à la France l’honneur perdu et la fierté d’être Français.

  3. domichel dit :

    MANIPULATIONS quand tu nous tiens! De puis les derniers jours de 2015 à aujourd’hui, je n’entends que cela…………………… mais les Français pour les régionales qui avaient tant envie de changer …………..ont changé certes … mais pour les mêmes (têtes de liste censés nous leurrer)……………..Hélas, Hélas, Hélas, comme disait le grand Charles…….et comme il est dit dans le post précédent par Annie, on a les édiles que l’on mérite . Tristoun en ce début d’année 2016, mais cette année nous avons de la chance, l’année dure 12 mois….( Lol) .. donc à bientôt dans les sondages et les aneries publiés par nos chers médias. Bonne année 2016.

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