Avertissement : ce texte a, à sa parution, suscité quelques réactions d’indignation d’amis de Mohand Hamoumou et d’autres, nombreuses, de proches de Thierry Rolando. En cause – outre le ton très polémique que je revendique car, encore une fois, je ne débats pas avec mes ennemis, je les combats – le mot « charognards » employé pour les désigner.
Ayant très attentivement relu l’article, je me suis rendu compte que, s’agissant du président des Cercles algérianistes, il y avait amalgame possible du fait de la mise en page. En effet, j’ai reparlé de « bal des charognards » après un paragraphe consacré à Thierry Rolando sous-titré « Et Thierry Rolando, qu’allait-il faire dans cette galère ? » qui disait assez que je ne le mettais pas dans le même sac que les précédents. Mes divergences avec lui sont d’un autre ordre. Un …carambolage, pour le coup, mal venu.
Je tiens à dire ici qu’à aucun moment je n’ai pensé confondre Mohand Hamoumou et Jeannette Bougrab d’une part et, d’autre part, Thierry Rolando, ni même Dominique Shnapper ou Djamel Oubechou. En effet, à ma connaissance, jamais Thierry Rolando, au contraire de M. Hamoumou et J. Bougrab, n’a tiré le moindre avantage de ses responsabilités à la tête du Cercle algérianiste, ni politique, ni éditorial, ni même honorifique, ni moins encore financier par le biais d’une nomination à un quelconque « fromage de la République », « comité Théodule » ou autre sinécure, grassement rémunérés. J’ai tenu à rectifier mon propos en séparant l’avant dernier paragraphe de mon article de celui consacré à Thierry et en y incluant ce fragment de phrase : « Un bal où Thierry Rolando n’avait pas sa place. Car ces gens, Mohand Hamoumou et Jeannette Bougrab […] ».
Cérémonie d’hommage…

Onze tombes d’enfants et une stèle. Huit petits corps n’ont pas été retrouvés.
Samedi 14 septembre : cérémonie au camp de Bourg-Lastic. Elle est organisée par Taiffour Mohamed, l’homme qui, sans beaucoup de moyens mais avec énergie, a érigé une humble stèle en hommage aux Harkis ayant séjourné là et un petit cimetière pour accueillir les dépouilles de onze enfants morts dans ce camp et qui n’ont pas trouvé de sépulture dans les cimetières du canton. Un cimetière entretenu par le 92° Régiment d’Infanterie d’Auvergne.
C’est le jour choisi par Mohand Hamoumou pour organiser à Volvic, dont il est le maire, un colloque. Celui qui a bâti sa carrière publique sur la défense des Harkis, celui qui a eu pendant plusieurs années un quasi monopole de l’expression publique sur cette question a, pour sa rentrée politique, choisi …la diversité (!).
Pour tous ceux qui voyaient en lui le chantre de la harkitude, quelle surprise ! Pour les autres, ceux qui, comme moi, ont toujours su qui il est, qui sont ses amis et quel est son combat, rien d’étonnant. En effet, au moment de la création d’AJIR, en 1998, j’avais eu avec lui une longue conversation téléphonique au cours de laquelle il m’avait dit : « Le combat des Immigrés est le nôtre ! ». Je luis avais répondu : « Dans ce cas, nous n’avons rien à faire ensemble ! ». Reconnaissons que, sur ce point, il fait preuve de constance. Le problème est qu’il a toujours excipé d’une, fausse, appartenance à la communauté harkie pour faire carrière. Tout en menant une défense des harkis assez curieuse.
Par exemple, il a toujours proclamé, dans toutes ses interventions, que les Harkis aussi « étaient pour l’indépendance de l’Algérie ! », une assertion reprise par son homologue féminin Fatima Benaci-Lancou ; ou que la plupart d’entre eux s’étaient engagés dans les forces supplétives contraints et forcés ou par intérêt (drôle de défense !). Le titre de son livre à lui seul : « Et ils sont devenus Harkis » tend à faire croire que le choix politique et l’amour de la France n’ont eu aucun rôle dans leur engagement. Bref, Mohand est le chef de file de ceux que j’appelle les enfants de Harkis renégats, ces jeunes formatés au politiquement correct socialiste, tiers-mondiste et pseudo-humaniste auxquels on a fait croire que leurs parents n’avaient de choix qu’entre traître et victime : traîtres eux qui avaient été fidèles à la France, victimes les autres. Kader Arif et Jeannette Bougrab sont de ceux-là. Ce qui n’empêche pas cette dernière d’invoquer systématiquement son père Harki pour servir ses propres intérêts. Mais nous y reviendrons.
Au lendemain de son élection à la mairie de Volvic en 2008 avec les voix de l’UMP contre le maire sortant socialiste Jean Laurency, Mohand Hamoumou avait proclamé dans La Montagne : « Je suis toujours socialiste ! » Ce qui ne l’avait pas empêché par la suite, durant tout le quinquennat Sarkozy, de draguer assidûment le meilleur ami du Président de la République, Brice Hortefeux. Car Mohand, quand il s’agit de soigner sa carrière, n’a jamais été sectaire : Chevênementiste de cœur, il indiquait néanmoins qu’il voterait Bayrou à la présidentielle de 2007, tout en proclamant : « Il n’y a pas de vote harki ». Ce qui ne l’empêcha pas, donc, de se faire élire maire en 2008 avec le soutien de l’UMP et de se faire nommer au Haut Conseil à l’Intégration, un fromage de la République dont les membres sont grassement rémunérés relativement au travail fourni. Une sinécure, quoi !

Mohand Hamoumou
Depuis, Mohand Hamoumou avait disparu des radars. Il avait abandonné la présidence d’AJIR et les Harkis avaient perdu sa trace. Le voici qui réapparaît à quelques mois des municipales de 2014. Et il choisit pour cela le jour d’une cérémonie en hommage aux Harkis pour, je le répète, organiser à Volvic un colloque de la diversité au titre pompeusement abscons : « Intégration à la française : mythes et réalités ». Or, pour réussir son coup, il n’a pas ménagé les manœuvres. Un peu de bons sens aurait convaincu tout organisateur sincère de reculer d’une demi-heure ou même d’une heure le début de son colloque somme toute banal et à portée générale pour permettre à un événement d’une très forte charge symbolique de se dérouler au mieux. D’autant plus que plusieurs intervenants parmi les plus importants à ce colloque comme le Général Meyer, seront à Bourg-Lastic.[1] Lui-même aurait dû annoncer qu’il s’y rendrait. Au lieu de quoi, après avoir essayé de faire annuler la cérémonie, il a avancé l’heure du début de son colloque de 14h à 13h30 pour dissuader les Harkis d’aller aux deux. Une opération qui a des effets puisque nombre de ses groupies ont d’ores et déjà pris prétexte de cet horaire pour renoncer à leur participation à l’hommage.
Le bal des charognards…
Au-delà de ce carambolage apparemment malheureux mais qui, en réalité, est révélateur du niveau de notre vie publique, la manifestation de ce week-end à Volvic montre deux choses : 1. le projet de nos élites politiques est d’imposer de gré ou de force, avec l’argent des contribuables, l’idéologie cosmopolitiste et communatariste contre la Nation ; 2. ce projet est confié à la lie du personnel politique. De ce point de vue, la formule d’Ernest Renan, « La démocratie est la porte ouverte au charlatanisme ! » est plus que jamais pertinente. il est vrai que « le despote fait toujours tomber les honneurs sur des épaules incapables de les porter ».

Jeannette Bougrab
J’ai parlé plus haut de Mohand Hamoumou : je n’y reviendrai pas. Mais Jeannette Bougrab n’est pas mal non plus, dans le genre. Voici une femme qui attend, pour proclamer sa filiation, de ne plus être en position de faire le bien aux Harkis. D’ailleurs, y a-t-elle jamais songé ? Je ne crois pas. Alors qu’elle était en pleine ascension, je lui ai écrit plusieurs fois pour lui demander de faire son coming out, de proclamer haut et fort sa harkitude. J’avais, espérant la troubler, cité Matoub Lounès qui, interrogé par Pivot à Apostrophes sur les risques qu’il prenait à proclamer qu’il n’était ni arabe ni musulman, avait répondu : « Il faut se montrer aux siens ! » Cela voulait dire que, quand la vie vous a permis d’occuper la position influente qui est la vôtre, vous vous devez de rendre à ceux qui vous y ont hissé quelque chose de votre réussite. Or, les risques que Matoub prenait étaient d’une autre nature que ceux que des Jeannette Bougrab, des Kader Arif (auquel j’avais également écrit) ou d’autres auraient à proclamer leur appartenance. Elle n’avait jamais, de même que Kader Arif, répondu.
Mais Jeannette a toujours été et est toujours parfaitement dans le politiquement correct. Elle a toujours parlé des Harkis comme des Immigrés ; elle que la France a portée aux nues, celle que la France a faite ministre, dit qu’elle a été victime du racisme des Français. Cela me révulse tout particulièrement car, en plus de cinquante ans, je n’ai jamais, au grand jamais, et les miens pas plus que moi, subi la moindre brimade pouvant être mise sur le compte du supposé « racisme » des Français ; enfin, récemment, Jeannette a démontré sa médiocrité, sa petitesse et sa vraie nature. Lorsque Elkabbach a déclaré sur Public Sénat, en l’interrogeant, que les Harkis et l’Armée française ont torturé (Lire), Jeannette s’est montrée outrée mais désarçonnée et s’est contentée de défendre son père. La raison est que, en réalité, elle pense comme Elkabbach. Et elle ne s’est pas privée de le dire quelques semaines plus tard sur France Culture, à l’émission d’Emmanuel Laurentin, « La fabrique de l’Histoire », en admettant que l’Armée française avait torturé. Autrement dit l’Armée française, oui, son père, soldat de cette même armée, non !
Mais, je le répète, ce qui me choque particulièrement, c’est que, invitée à participer à un débat à Volvic l’après-midi du 14 septembre, elle ne songe pas à se rendre à Bourg-Lastic, à cinquante-sept kilomètres de là, le matin du même jour, à une cérémonie à laquelle elle a été invitée, qui sera, à n’en pas douter, chargée d’émotions et qui regarde directement ce qui doit rester sa préoccupation prioritaire : la défense des siens.


Dominique Schnapper et Jamel Oubechou
Participent également à ce colloque les habitués du genre comme Domnique Schnapper, incontournable « sociologue » proclamée spécialiste des ces questions par le système et la doxa. Dominique Schnapper a surtout pour elle d’être la fille de Raymond Aron, un des plus grands intellectuels français du siècle. Mais, pour l’avoir souvent entendue sur le même sujet depuis un colloque organisé en 1989 à la Maison de la Chimie par Françoise Gaspard (qui a inventé la formule : Harkis, traîtres ou victimes !), elle n’a pas hérité grand-chose de son père. Il y a aussi Jamel Oubechou, fils de Harki apparenté à Mohand Hamoumou, qui doit tout (et ce n’est pas si mal mais il a beaucoup déçu, depuis) au fait qu’il sortit major de sa promotion de l’Ecole normale supérieure d’ULM.
Et Thierry Rolando, que va-t-il faire dans cette galère ?

Thierry Rolando
En lisant le programme de ce colloque, on se dit : « Mais, nom d’un chien ! Qu’est-ce que les Harkis ont à voir avec l’intégration des Immigrés ? » Les Harkis ne sont pas des métèques : ils ne sont pas nés dans un pays étranger. Ils ne sont pas immigrés. Ils sont Français par le sang versé et non à titre alimentaire. Au contraire des Immigrés, ils n’ont pas la nostalgie du pays d’origine car ils ont construit leur histoire en opposition avec ce que ce pays est devenu ; la problématique harkie est une affaire franco-française née de leur abandon par la France et des mauvais traitements que celle-ci a fait subir dans les camps à nombre d’entre eux. Au contraire, la France a reçu du mieux qu’elle a pu les Immigrés fuyant la misère ou la dictature. Les enfants d’Immigrés pensent au pays de leurs pères comme à une sorte de paradis perdu (et pour cause : ils n’y vont que pour leurs vacances !) ; les Harkis y voient le responsable de leur drame. Les enfants d’Immigrés sont souvent bi-nationaux et considèrent, notamment les Maghrébins, le pays d’origine de leurs parents comme leur vraie patrie ; les enfants de Harkis n’ont qu’une patrie, la France. Mais, évidemment, je ne pose ces questions que pour la forme : nous savons tous que nos « élites » dominantes, cosmopolitistes, tiers-mondistes et droits-de l’hommistes à géométrie variable ont décidé, une fois pour toutes de nous considérer comme des Immigrés.
Mais, les Pieds-Noirs ? Qu’est-ce que les Pieds-Noirs ont à faire dans un débat sur l’intégration ? Ainsi, les Pieds-Noirs aussi n’étaient pas des Français, avant 62 ?
Qu’est-ce qu’un homme comme Thierry Rolando, le président du Cercle algérianiste, la plus connue des associations de Pieds-Noirs, a à faire dans ce colloque ? Et, surtout, qu’a-t-il à faire dans un colloque organisé par des gens qui ont toujours partagé avec les porteurs de valises du FLN la thèse de la responsabilité des Pieds-Noirs dans le drame harki ? Car tous ces personnages que je viens de décrire et dont, pour certains, j’ai révélé le parcours, sont cul et chemise avec le lobby révisionniste de l’histoire de l’Algérie française : les Benjamin Stora, les Pierre Daum, les Georges Morin, les Mohamed Harbi, et les organisations comme La Ligue des Droits de l’Homme de Toulon, qui a mené le combat (soutenu par Hamoumou) de la suppression de l’article 4 de la loi du 23 février 2005, faussement dit « sur le rôle positif de la colonisation » et qui reconnaissait timidement le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ».[2] On se perd en conjectures.
Enfin ! On se perd en conjectures, quand on ne connaît pas les arcanes de la politique. En effet, pour être admis par le système à faire de la politique, c’est-à-dire, selon les charlatans dont la démocratie française fait des élus, à se faire élire, il faut en passer par le philtre du politiquement correct. Il se trouve que, depuis quelque temps, on prête à l’ami Rolando des ambitions politiques, c’est-à-dire, encore une fois, des envies de se faire élire. Alors, il fait comme tout le monde : il va à Canossa ! Lui, l’ami de Robert Ménard, investi à Béziers par le FN, se montre à Volvic avec les ennemis du FN…
Carambolage…
Ce week-end, à Volvic, il y a bal des charognards. Un bal où Thierry Rolando n’avait pas sa place. Car ces gens, Mohand Hamoumou et Jeannette Bougrab, qui bâtissent leur notoriété, leur carrière et leur réussite sur les cadavres de cent-cinquante mille personnes au bas mot, Harkis, femmes et enfants de Harkis, massacrés en représailles pour leur fidélité à leur pays, de milliers de Pieds-Noirs massacrés ou disparus parce qu’ils avaient cru à la France, des vingt-et-un-mille Harkis qui ne sont pas revenus des geôles algériennes, des centaines d’enfants restés sans sépultures dans les camps de concentration et de travail forcé que furent les camps de « regroupement » et les hameaux de forestage, ces gens qui vivent sur le drame PNH sont des charognards.
Reste que, ce samedi, à Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), sur une clairière aménagée dans un bois au cœur d’un terrain militaire servi par un chemin goudronné il y a seulement cinq ans, il y aura une cérémonie devant la stèle érigée par la volonté d’un homme seul, mais avec l’aide de notre Armée française, en hommage aux quelque cinq mille hommes, femmes et enfants, qui y séjournèrent. Et, un peu plus loin, dans une autre clairière, nous nous recueillerons devant les onze petites tombes d’enfants morts dans ce camp en seulement quatre mois dont les dépouilles ont été retrouvées. A nos lecteurs auvergnats : nous espérons vous y voir nombreux.