Mon blog-notes du mardi 18 mars 2014.

    Au menu, de mardi : le micro-parti de MLP, Montebourg enfumé dans l’affaire de SFR à Numericable, les Occidentaux marris en Ukraine et Luca Zidane en équipe de France.

« Jeanne », pucelle mais pas innocente !

Newly elected president of French far-right party Front national (National Front), Marine Le Pen (L) speaks with her father, former president Jean-Marie Le Pen during the party's congress, on January 16, 2011 in Tours, western France. The 42-year-old FN vice-president Marine Le Pen (67.5%) beats his rival Bruno Gollnisch (32.35%) in the vote conducted among the grouping's 24,000-odd members. AFP PHOTO MIGUEL MEDINA                                                                                                     Jeanne est à Marine ce que la Cotelec est à Jean-Marie

    Connaissez-vous « Jeanne » ? C’est le nom, inspiré de Jeanne d’Arc, évidemment, du micro-parti de Marine Le Pen. Les Français le savent un peu mieux depuis l’affaire Copé-Bygmalion, pour capter de l’argent public, asseoir son autorité sur un parti ou se monnayer, chaque politique de quelque renom a son propre parti. Sauf erreur de ma part, l’État en reconnaissait et finançait quelque deux-cents-soixante-dix en 2012. il semble qu’il en existe en fait environ quatre cents. Celui de Christine Boutin, le Parti chrétien démocrate, lui a servi de réceptacle pour monnayer plusieurs centaines de milliers d’€uros son retrait de la présidentielle de 2012. 

    Plus généralement, la structure sert à multiplier les dons privés pour un même parti plus important. C’est une « pompe à finances ». Par exemple, toutes les huiles de l’UMP ou du PS, pour ne citer qu’eux, ont le leur. Ainsi, les généreux donateurs peuvent donner deux fois 7 500 €uros par an (dont le contribuable acquitte en fin de circuit 66% sous forme de crédits d’impôts), ce que la loi, faite par ceux qui en profitent, autorise. Un système auquel des élus EELV veulent mettre fin mais ils se heurtent, comme de juste, à la résistance de leurs collègues.

    Le micro-parti est un excellent moyen pour un leader de garder la main sur les finances d’un parti plus important. C’est aussi un instrument efficace dans l’art d’en capter à des fins privées. Par exemple, via la facturation de prestations plus ou moins réelles et, le plus souvent, sur-valorisées.

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P. Drahi : « Moi, Français ? Plus jamais ! »

Patrick Drahi

    Il faut que le vrai patron de Numericable ait vraiment des munitions pour se permettre l’arrogance dont il a fait preuve aujourd’hui à son point de presse. Répondant à une question sur le « souhait » de Fleur Pellerin, la ministre de « l’économie numérique » de le voir rapatrier ses avoirs en France et d’y payer ses impôts, il a déclaré qu’il n’en ferait rien. On s’en doutait mais il aurait pu, comme Pinault et comme d’autres avant lui, faire des promesses verbales dont tout le monde aurait fait mine de se satisfaire. Même pas ! Mais il n’y a là rien que de très normal. Drahi n’est pas français, ou, plutôt, il ne l’est plus. Et il réserve son patriotisme à l’état juif, où il a créé une chaîne de télévision « destinée, dit-il, à améliorer l’image d’Israël ». D’autre part, il est intimement associé, dans Numericable, au groupe américain Carlyle, très lié au Pentagone et connu en France pour l’affaire de la vente de l’Imprimerie nationale[1]. Enfin, le rachat de SFR est une transaction privée dans laquelle les ministres Pellerin et Montebourg mettent leur grain de sel sans y avoir aucune légitimité et uniquement pour avoir l’air de servir à quelque chose.

    Mais tout cela n’est qu’enfumage. En réalité, si le Gouvernement avait réellement la volonté d’en changer le cours, il traiterait directement avec Vincent Bolloré, Claude Bébéar et Jean-René Fourtou, les patrons de Vivendi ou Fredéric Oudéa (Société générale), Jean-Pierre Jouyet (Caisse des dépôts et Consignations), deux hauts fonctionnaires qui n’ont rien à lui refuser. il est possible que Montebourg et Pellerin veuillent sincèrement ce qu’ils demandent, notamment le premier cité. Celui-ci, de surcroît, s’était beaucoup engagé dans le projet concurrent et, là aussi, il s’agit de sauver la face. Le problème est que les connivences entre les propriétaires de Vivendi, l’État et Patrick Drahi, auxquelles celui-ci doit sa fortune (lire mon article du 16 mars) sont telles que deux ministricules n’ont aucun moyen de s’y opposer. D’où le ton de Drahi. D’où aussi les contorsions des deux ministres. Faire semblant de croire qu’il est français, lui demander de se rapatrier à ce – faux – titre, et s’interroger publiquement mais assez timidement sur la solidité de l’offre, tout cela n’est qu’une manière détournée d’éviter les vraies questions, celles auxquelles j’ai répondu dans mon article déjà cité.

 


[1] En 2007, l’État français lui a racheté 376,5 millions d’euros les locaux de lImprimerie nationale (actuel Ministère des Affaires étrangères) qu’il lui avait vendus en 2003 pour… 85 millions d’euros !

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Ubi bene, ibi patria.

People celebrate as they hold Russian flags in Simferopol's Lenin Square on March 17, 2014. Crimea declared independence on March 17 and applied to join Russia while the Kremlin braced for sanctions after the flashpoint peninsula voted to leave Ukraine in a ballot that will likely fan the worst East-West tensions since the Cold War. Official results from Sunday's poll showed 96.77 percent of the voters in the mostly Russian-speaking region opted to switch to Kremlin rule, in the most radical redrawing of the map of Europe since Kosovo's 2008 declaration of independence from Serbia. AFP PHOTO/ VASILY MAXIMOV                                                                                                              Le drapeau russe flotte sur la Crimée.

    Il y a quelques semaines, les Européistes patentés faisaient mine de croire que les Ukrainiens se révoltaient non pas contre leurs despotes incapables et corrompus mais pour entrer dans l’UE. « Faites-vous tuer, nous nous chargeons du reste ! », leur disaient-ils. Après le vote massif des Criméens en faveur d’un rattachement à la Russie, voici qu’on découvre que les Ukrainiens aspirent surtout à sortir de la misère où leurs maîtres démocratiquement élus les ont plongés depuis que leur pays est « libre ». Et, c’est curieux, pour satisfaire cette aspiration, beaucoup regardent vers l’Orient plutôt que vers l’Occident. Le peuple ukrainien aurait-il des doutes sur la sincérité des Occidentaux et, plus encore, sur leur capacité à tenir leurs promesses ? Le discours tenu par les Criméens pour expliquer leur adhésion massive à l’ancienne puissance tutélaire par la certitude d’accéder à un niveau de vie décent n’est-il pas en train d’ébranler les certitudes de leurs déjà anciens concitoyens ?

    Quoi qu’il en soit, les Américains bombent encore le torse et promettent des représailles aux seconds couteaux de la galaxie poutiniste mais ils évitent soigneusement de s’en prendre à Poutine lui-même, à son Premier ministre et à leurs amis oligarques. Interdire de visa onze personnalités proches du président de la Russie et geler leurs avoirs éventuels aux Etats-Unis est, paraît-il, la sanction la plus grave jamais prise depuis la guerre froide par les Américains à l’égard de Russes. Ce sera donc sans doute jugé suffisant pour sauver la face d’Obama.

    L’Union européenne, elle, ne cache pas son désir d’un compromis avec Poutine. J’imagine assez que, cette nuit, la première suivant la demande officielle de rattachement de la Crimée à la Russie, sera des plus mauvaises pour Fabius, Hollande et leurs homologues européens.  Je ne serais pas étonné si certains d’entre eux la passaient à genoux à prier pour que Vladimir Poutine ne pousse pas son avantage au point de susciter la même demande d’autres populations russes d’Ukraine. C’est là, pour le coup, qu’on pourrait sérieusement parler d’une situation à la Tchèque. Et on serait bons pour rejouer Munich 1938. L’histoire ferait un sacré flash-back. Tout ça parce que des apprentis-sorciers aveuglés par leurs propres lubies internationalistes et oublieux de la géopolitique, ont poussé des populations ukrainiennes désespérées aux pires extrémités.

    En réalité, tout le monde se résigne déjà, non sans proclamer l’inverse, à voir la Crimée revenir dans le giron russe.  Et les Européens, qui continuent de penser et de parler à la place des Ukrainiens, rêvent maintenant à un Poutine assez raisonnable pour négocier une « sortie de crise » honorable… pour eux-mêmes. Les perdants, dans l’affaire, ce sont les Ukrainiens, justement. J’ai peur pour eux qu’ils aient, par orgueil et sens de l’honneur, la tentation d’engager le combat ; un combat perdu d’avance et qu’ils seront seuls à mener. Mais il n’est pas trop tard pour que les Occidentaux, retrouvant un peu de sens des réalités, renoncent à leurs préjugés calculés et proposent à Vladimir Poutine, qui n’a sans doute pas envie d’une guerre avec les Ukrainiens, de faire vraiment la paix. Avec eux-mêmes !

 

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Après Enzo, voici Luca Zidane…

3874-luca-zidane-invite-a-participer-a-650x0-1                                                                                                          Luca Z. à l’entraînement des « grands » du Real Madrid

    Dans mon blog-notes du 25 février dernier, je me réjouissais de ce que l’aîné des fils de Zizou ait choisi la France. En réalité, c’est surtout la France qui l’avait choisi puisqu’il avait été appelé au stage national des U19. J’extrapolais un peu mais je suis sûr de ne pas me tromper en parlant de patriotisme.

    Cette semaine, c’est-à-dire moins d’un mois plus tard, c’est le cadet, Luca, qui vient d’être appelé en stage de pré-selection en équipe de France des U16. Bis repetita placent ! Mon opinion se renforce. Et nous n’avons sans doute pas fini de voir des Zidane en bleu car Zizou (et madame) ont encore deux garçons footeux qui, les chats ne faisant pas des chiens, ne manqueront pas d’être jugés bons pour le service… national.

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