A deux jours du scrutin européen, pourquoi voter contre l’Europe fédérale personnifiée par Martin Schulz, candidat de la gauche européenne et Jean-Claude Juncker, celui de la Droite et du Centre ? Aujourd’hui, le projet français de réforme territoriale prémice à l’Europe des Régions transnationales.
Une réforme territoriale peut en cacher une autre chargée de menaces.
Défaire l’UE pour faire l’Europe des Peuples.
Tout d’abord, je suis toujours étonné qu’on trouve banal de voir des élus locaux s’arroger le pouvoir de décider entre eux des frontières internes de notre pays. De quel droit ? Les Régions, les Départements, les Communes qu’ils gèrent par mandat du Peuple leur appartiennent-ils ? Et pourquoi des référendums locaux, comme ce fut le cas en Alsace ? L’Alsace appartient-elle aux Alsaciens ? Les Français, tous les Français, ne sont-ils pas partout chez eux en France ? Il y a cinquante ans, les malades qui nous gouvernent ont, prémice de ce à quoi nous assistons depuis vingt ans, abandonné l’Algérie à la suite d’un référendum truqué où seuls les Métropolitains avaient voté. C’était scandaleux et criminel. Faut-il qu’aujourd’hui les Français acceptent de ne pas être consultés tous ensemble et tous en même temps sur l’organisation politico-administrative de leur pays ?
Ce questionnement n’est pas que de principe. En réalité, c’est l’avenir de la France qui est en jeu. Mes lecteurs savent que je crains, car j’en vois les signes, la dissolution de notre pays dans des ensembles qui ne nous ressemblent pas (et que nous avons récusés en 2005, la seule fois qu’on nous a consultés). Les politiques sont des sournois : de la même façon qu’ils ont adopté un projet de constitution européenne que nous et tous les peuples européens consultés avions refusé, de même ils sont fort capables de reconfigurer les nations européennes selon leurs délires et sans demander l’avis des Européens.
Les Régions transnationales sont une des faces du projet final des Européistes : l’abolition de la Nation par un grignotage par les deux bouts. Par le haut, c’est le continuel mouvement de confiscation des pouvoirs de l’Etat par l’Europe ET (nous le verrons demain) les organes supranationaux non élus. Par le bas, c’est la féodalisation de la France résiduelle par, dans un premier temps, la suppression des Départements au profit de Régions agrandies sous prétexte de « taille critique », comme ils disent, censées faciliter la compétition économique, en attendant la mise en place subreptice de Régions transnationales. Ainsi voit-on pointer un projet de fusion des Régions PACA et Rhône-Alpes pour, dit-on, les rendre compétitives par rapport à la Lombardie italienne. Mais alors, quid du projet d’organisation de l’UE en Euro-Régions ?
Le grignotage des Nations par les deux bouts
La réalité est que la conjoncture politique commande aux idéologues qui nous gouvernent de faire profil bas est de ne pas amener sur le tapis des thèmes qui risquent de mettre le feu aux poudres en une période où le projet européen est sérieusement malmené par les Peuples. Mais le projet est non seulement toujours dans leurs têtes mais en cours de mise en œuvre discrète mais efficace grâce à l’appui financier de l’UE. Encore une fois, il s’agit, pour ce qui est de la France, après regroupement des Régions actuelles, de les fusionner dans un deuxième temps avec des régions limitrophes étrangères. Ainsi, beaucoup moins médiatique car ses promoteurs ont moins la passion des caméras et des micros que Ségolène Royal, le projet d’Eurorégion Pyrénées-Méditerranée, une fusion pour l’heure platonique des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon pour le côté français avec la Catalogne et les Îles Baléares côté espagnol, faisait discrètement l’actualité le 5 mai dernier à Toulouse. Ce jour-là, le président socialiste de la Région Midi-Pyrénées Martin Malvy transmettait le flambeau de la présidence de l’Eurorégion Pyrénées-Méditerranée à son homologue, le président des Iles Baléares. (Pour vous donner envie d’en savoir plus, lire. Mais je vous recommande d’aller plus loin car le projet est assez hallucinant).
Les voisins basques Bayonne-San Sebastián ont opté pour une Eurocité au sein d’une Eurorégion Aquitaine-Euskadi. Entre les Portugais et les Espagnols, il y a, notamment, l’ER Galice-Nord du Portugal. L’Eurorégion Alpes-Méditerranée associe deux régions françaises : Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes, et trois régions italiennes : Vallée d’Aoste, Piémont, Ligurie.
Dans l’est, la région Lorraine est impliquée dans l’ER Grande Région avec le Grand-Duché de Luxembourg, les Länder de Rhénanie-Palatinat et de Sarre, la Région wallonne, les Communautés française et germanophone de Belgique. Elle l’est également avec le Land de Sarre et la Communauté urbaine de Sarrebrück dans l’EuroDistrict Saar-Moselle. En Flandre française, le West-Vlaanderen / Flandre-Dunkerque-Côte d’Opale et l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai : Lille Métropole Communauté urbaine + Communes des arrondissements de Mouscron, Tournai et Ath, les communes de Lessines, notamment.
Chez nos voisins, l’Euroregion Meuse-Rhin est constituée par cinq entités : en Belgique, la province de Liège, la Communauté germanophone et la Province de Limbourg ; aux Pays-Bas, la partie méridionale de la province du Limbourg ; en Allemagne, le District de Cologne et l’Association REGIO Aachen, formée des arrondissements d’Euskirchen, d’Heinsberg, de Düren, d’Aix-la-Chapelle-Campagne, Aix-la-Chapelle-Ville. Cette structure a bénéficié de 144 millions d’€uros de subventions européennes entre 2007 et 2013.
L’Europe des menaces qui planent
Loin de moi l’idée de faire peur à nos chers lecteurs mais, si les projets dont je viens de parler sont sans danger autre que celui de la dissolution des peuples, après tout, pourquoi pas, si c’était leur volonté ? Mais, entre les mains de certains allumés européens, ils font froid dans le dos. Par exemple, en Hongrie, où un certain Viktor Orban, qui nargue volontiers une UE pourtant généreuse (33,3 mds€ d’aide pour une contribution hongroise de 5,5 mds€ entre 2007 et 2013), est en train d’installer une dictature ouvertement fascisante appuyée sur des milices d’une violence effrayante. Sous couvert de ces fameux projets transnationaux, la Hongrie délivre un titre de citoyenneté et le droit de vote à toutes les minorités magyares (magyar állampolgárság) résidant dans les pays limitrophes depuis la dislocation de l’Autriche-Hongrie. Et son président ne cache pasn ses visées sur les territoires perdus en 1920 et 1945. Or, des Magyars, il y en a dans tous les pays voisins de la Hongrie : la Roumanie (1 435 000), la Slovaquie (520 000), la Serbie (293 000), l’Ukraine, pour laquelle le rapprochement récent d’Orban d’avec Poutine n’augure rien de bon, (157 000), l’Autriche (40 000), la Croatie (17 000) et la Slovénie (6 200).
On ne sera pas étonné de constater que les projets d’associations de régions transnationales financés par l’UE y pullulent. On y compte au moins 8 GECT (Groupements européens de coopération territoriale). Avec la Slovaquie : Abaúj-Abaújban, Karst-Bodva, Ister-Granum, Pons Danubii, Rába-Danube-Vág, Arrabona ; avec la Roumanie et la Serbie : Bánát Triplex Confinium ; avec la Slovaquie, la Roumanie et l’Ukraine (ça fleure bon les Sudètes), Ung-Tisza-Túr-Sajó.
Les Européistes se gargarisent de ce que l’Europe serait garante de la paix. La vérité est que c’est la paix qui a permis de faire l’Europe. Mais, tout cela est dépassé ; avec ces projets de Régions transnationales, c’est une Europe lourde de multiples conflits en gestation qu’on nous prépare.