La direction de l’UMP a laissé jusqu’au 15 juin à Jean-François Copé pour, paraît-il, expédier les affaires courantes. Ou, plus sûrement, faire disparaître les traces de ses dérives. Au Sénat, ils n’ont pas attendu la visite du juge pour faire le ménage. Dans le même temps, l’affaire Bygmalion rattrape Patrick de Carolis.
La bande de Bygmalion sévissait aussi sur France-Télévisions.
Dans un article titré « France Télés : l’autre enquête sur des bygmillions », le Canard enchaîné donne quelques détails sur la collusion intéressée de l’ancien Président du service public de radiotélévision avec les dirigeants de Bygmalion. Parmi les mis en cause figurent Damien Cueir et et Camille Pascal, amis des fondateurs de Bygmalion Guy Alves et Bastien Millot, lui-même salarié de Pascal de Carolis. Le premier gérait les finances du groupe France Télévisions dont le second était secrétaire général avant de devenir conseiller de Sarkozy.
Bygmalion a bénéficié, sans appels d’offres, de 1,2 millions d’€uros de commandes de France Télévisions en six ans, dont les premières alors que Bastien Millot y travaillait encore. Commencées sous Carolis, lequel en a signé pour 934 000 €uros, elles ont continué après son départ en 2010. Le tout, pour des prestations pour le moins fantaisistes et quelque peu fantômatiques et hors de prix. Par exemple, l’écriture d’un discours du président de Carolis lui était facturée 7 000 €. Il sera difficile à l’ancien président de France Télévisions de s’en expliquer quand on sait que Bygmalion lui a versé 120 000 € de rétro-commissions en 2011, alors qu’il en était parti depuis un an.
Le plus formidable est que Patrick de Carolis lui-même bénéficie, via sa boîte de production Anaprod créée dès le lendemain de son départ de France Télévisions en 2010, de plusieurs millions d’€uros de commandes dont il conteste le montant avancé de 8 m€ (lire), ce, dans des conditions jugées douteuses par ses concurrents. Un système très répandu puisque la quasi totalité des programmes sous-traités l’est à des anciens du service public. Je ne serais pas étonné que Renaud Van Ruymbeke l’interroge pour savoir si lui-même n’a pas versé des rétro-commissions et à qui.
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Les voleurs de patates du sénat font le ménage.
Robert Rizzo, ex-administrateur de la ville de Bell, en Californie, qui s’octroyait un salaire annuel de près de 800.000 dollars, devra également restituer 8,8 millions de dollars à sa municipalité, selon un jugement de la Cour supérieure de Los Angeles. L’Amérique…
Le marquis Henri de Raincourt, président du groupe UMP du Sénat en 2008-2009, touchait par virement 4 000 € par mois provenant de la cagnotte d’argent public détournée à des fins opaques (lire mon blog-notes du mardi 20 mai). Pour mémoire, cette cagnotte d’un montant de 400 000 € bénéficiait illégalement à trente Sénateurs centristes et onze UMP comme « frais de représentation » alors que le contribuable leur verse déjà à ce titre plus de 6 000 €, non imposables, chaque mois.
Opaques, ces pratiques le resteront encore plus maintenant que le ménage a été fait dans les comptes des deux associations impliquées dans le scandale, l’URS (domiciliée au château de son président-marquis) et le CRESPI. Tenez-vous bien, selon le Canard enchaîné, la comptabilité des deux associations a été détruite sur ordre des trésoriers du groupe UMP ! Comme notre droit est fait par et pour les élus, j’attends de voir si cette affaire scandaleuse du point de vue moral et civique sera considérée comme passible de poursuites. Si c’était le cas, il me semble (à vérifier) que le délit de destruction de preuves est passible de trois ans d’emprisonnement et 45 c000 € d’amende… pour le Français moyen, évidemment ! Et pour les élus ?
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Les Balkany, bientôt sdf ?

La Villa Pamplemousse à Saint-Martin et le Moulin de Cossy à Giverny, propriétés des Balkany.
Les voleurs privés vivent dans les chaînes ; les voleurs publics dans l’or et le pourpre. Tite-Live
Deux qui risquent de goûter très vite aux rigueurs de la loi, ce sont Patrick et Isabelle Balkany. Le Maire de Levallois-Perret et son épouse et néanmoins premier adjoint vont-ils bientôt se retrouver à la rue ? Apparemment, l’enquête de l’incontournable juge Ruymbeke a pris cette semaine une tournure décisive. Isabelle Balkany est sortie de sa garde à vue de deux jours avec une mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale et une caution d’1 million d’€uros à verser avant fin juin. L’étau se resserre autour de ceux que le Canard enchaîné appelle les Thénardier des Hauts-e-Seine. Et, pour s’assurer qu’il paieront bien, en cas de condamnation, le juge s’apprête à saisir les biens du couple officiellement séparé, ce, en vertu d’une loi votée sous la présidence de… leur ami et mentor Sarkozy.
Des biens dignes des Mille et une nuits. Jugez plutôt : une splendide villa délicieusement baptisée Pamplemousse à Saint-Martin ; un riad à Marrakech (Dar Guycy) et un moulin luxueusement restauré à Giverny (Eure). Y ajouter une fortune planquée à Singapour. Patrick Balkany, qui est officiellement domicilié à sa permanence de député à Levallois, risque d’avoir à s’y installer vraiment.
Riad Dar Guycy à Marrakech
Blague à part, au-delà de la personnalité du couple, c’est surtout le rôle faussement occulte de l’ami de Nicolas Sarkozy qui est intéressant. J’écris faussement occulte parce que sa position centrale dans la Françafrique est parfaitement connue, au point d’apparaître comme omniprésent dans un documentaire passionnant diffusé sur France 2 en décembre 2010, Françafrique, la raison d’Etat, où on le voit recevoir à Paris les dirigeants africains comme s’il était ministre. Des potentats tous membres, comme lui, de la franc-maçonnerie.