J’ai naguère publié un article qui a fait un peu de bruit titré Pourquoi la guerre des civilisations est inéluctable. Je me suis trompé sur deux points. La première est qu’il n’y en a pas une, ni deux, mais trois guerres ; la seconde est qu’on y est plongé jusqu’au cou.
La France contre elle-même.
Je pensais en écrivant ce texte à la guerre opposant l’Islam à l’Occident sans voir qu’elle a été déclenchée depuis une trentaine d’années, en partie à cause de la cécité des Occidentaux et de leur incapacité à éteindre les braises qui couvent en Palestine. Cette guerre a envahi les écrans de télévision le 11 septembre 2001 et a éclaté au grand jour avec l’offensive de DAESH en Syrie-Irak. Une guerre que l’Occident, compte tenu de sa supériorité militaire et de ses incommensurables moyens, ne peut pas perdre mais dans laquelle il se perdra car il y perdra l’honneur. Je n’avais pas encore compris qu’il y avait une deuxième guerre, plus insidieuse mais mortelle à coup sûr ; une guerre qui, d’ailleurs, pèse sur le déroulement de la première : c’est la bataille qui, en arrière-fond de la guerre civile ukrainienne, oppose les défenseurs de la civilisation romaine-chrétienne multiséculaire à ceux, qu’Eric Zemmour appelle les « dé-constructeurs », qui s’acharnent à la détruire pour construire sur ses ruines une société universelle, individualiste et marchande, conforme à leur folie « progressiste », une société aléatoire et néfaste car sans fondations, c’est-à-dire sans fondements historiques et moraux.
Je travaillais à l’écriture de deux articles de fond sur ce thème quand ont paru deux livres qui ont mis en évidence, à la charnière de ces deux guerres de civilisations, une troisième, une guerre civile proprement française, celle-là, qui oppose les autoproclamés progressistes français à ceux – qu’ils appellent réactionnaires – qui sont des conservateurs au vrai sens du terme, c’est-à-dire, des « préservateurs » de la Nation et de la civilisation françaises. En d’autres termes, une guerre entre amoureux et haineux de la France, entre patriotes et antinationaux.
Cette guerre franco-française que d’aucuns qualifieront un peu vite de picrocholine est, en réalité, au cœur de l’offensive des « dé-constructeurs » contre la civilisation occidentale car la France est devenue leur champ de bataille préférentiel pour deux raisons. La première est que notre république est née (non pas en 1789 ou 1792 mais en 1875) sous les auspices d’une franc-maçonnerie d’un type nouveau à l’époque et adepte de pratiques intrusives[1], autoproclamée avant-garde de la civilisation, qui s’est emparée de tous les rouages de la société et a imposé son modèle articulé non pas sur la laïcité mais sur l’anticléricalisme. La seconde est que, fruit d’une ouverture des frontières tous azimuts depuis quarante ans, nos élites politico-intellectuelles sont très largement cosmopolites[2]. Parmi elles, beaucoup viennent des classes favorisées du tiers-monde. Leur accueil a été très largement facilité par les intellectuels autochtones français traumatisés par l’histoire coloniale de notre pays. Incapables d’une lecture objective et contextuelle de l’Histoire, ceux-ci ne peuvent se défendre d’imputer à la France d’aujourd’hui la responsabilité de ce qu’ils considèrent comme des crimes de celle du XIXème siècle[3].
Ces gens jugent rétrospectivement l’esclavage et le fait colonial (ils préfèrent dire « colonialisme ») – dont ils font mine d’oublier qu’il fut l’oeuvre de leurs propres modèles politiques – comme une raison suffisante, définitive, absolue et sans appel pour accorder aux descendants des anciens esclaves et colonisés des droits ad vitam aeternam. Grâce à une interprétation extensive de la formule de Clémenceau « ils ont des droits sur la France » à propos des combattants de 14-18 venus de l’empire français, ils considèrent que leur lointaine progéniture en hérite obligatoirement, y compris ceux qui, pour se « libérer », ont commencé par assassiner ces combattants ! Ainsi, plutôt que d’assumer l’Histoire de notre pays et de s’en inspirer pour essayer de faire mieux que nos prédécesseurs, nos élites bien pensantes ont endossé leurs erreurs et en ont conçu de la honte, du repentir, de la haine de soi et des autres. Dominées par ces sentiments que Spinoza appelait « les passions tristes », elles trouvent dans le soutien sans condition aux populations du tiers-monde le moyen de soigner leurs propres névroses[4]. Pas au point, notons-le, de recevoir des Immigrés chez eux ou de leur donner eux-mêmes du travail : non, ils veulent que ce soit le contribuable qui s’en charge ! Cela va jusqu’à subventionner grassement des associations chargées de trouver des emplois et des logements à des primo-arrivants dont le flot ne se tarit jamais (plus de 200 000 personnes chaque année). Grâce à eux, la France sert de havre à nombre d’intellectuels ou de privilégiés de son ancien empire, algériens, notamment, qui, après avoir contribué à la ruine de leur pays, ont trouvé des situations confortables dans la sphère publique[5]. C’est ainsi que les élus issus de familles immigrées sont présents en nombre disproportionné dans nos institutions. Dès lors, il est facile de comprendre pourquoi la Nation et la civilisation françaises sont les premières cibles et les premières victimes de l’offensive antinationale des « forces de progrès » mondialistes, libérales, individualistes, communautaristes.
Deux débats autour de deux livres ont illustré cette réalité. Le premier, déclenché par le livre d’Eric Zemmour, Le suicide français, a trouvé son acmé avec le véritable procès en sorcellerie qui lui a été fait samedi 4 à l’émission de France 2 On n’est pas couché. De son côté, Edwy Plenel, qui ne se prend pas pour une m…, a commis un hallucinant Pour les Musulmans imité du Pour les Juifs d’Emile Zola. Mais, tandis qu’Eric Zemmour est la cible de la pseudo-intelligentsia ignorante mais bien pensante, lui se pose l’accusateur public, en Saint-Just du pauvre, qui se répand sur les ondes et dans la presse pour diffuser un discours de haine anti-française absolument sidérant. Je laisse au lecteur qui y aurait échappé le soin de le découvrir en écoutant sur France-Culture l’émission de ce midi La grande table Pour une lecture de l’islamophobie, ou de visionner celle d’Arte 28 minutes du 30 septembre. Il y « débat » avec un Finkielkraut au bord de l’apoplexie. Vous pouvez également lire l’article de Jeune Afrique (un média où il se sent chez lui et où il se lâche) La banalisation de la xénophobie n’a pas d’étiquette politique.
[1] La franc-maçonnerie française, non reconnue par la franc-maçonnerie internationale dont elle enfreint les règles morales (refus de l’athéisme, interdiction de mettre son appartenance maçonnique au service d’ambitions politiques ou matérielles), fonctionne comme un super lobby au service de ses membres.
[2] 5,7 millions de personnes de moins de 18 ans nées en France ont au moins un parent né à l’étranger ; 21 millions de résidents ont au moins un grand-parent né à l’étranger.
[3] Remarquons qu’ils sont beaucoup moins prompts à juger sévèrement les crimes, bien réels, ceux-là, de ceux qui ont partagé leurs délires idéologiques.
[4] C’est une évidence s’agissant d’Edwy Plenel, fils d’un fonctionnaire gauchiste tiers-mondiste viré de l’Éducation nationale pour cause de menées anti-françaises.