Pendant ce temps, la corruption institutionnalisée (2/4).

Avec GDF-Suez, Rachida Dati profite pleinement de l’ascenseur social à la française.

rachida-dati-strasbourg-2237577-jpg_1946227                                                                                              Rachida Dati au service de la France.

    La preuve que la discrimination n’a pas cours en France est que les enfants de l’immigration peuvent magouiller autant et aussi impunément que les Français « de souche » …à condition d’être parrainés en politique. Ces derniers temps, on en a eu plusieurs démonstrations avec la révélation des sommes astronomiques versées par serge Dassault à ses rabatteurs de banlieue. Dans le même genre mais côté socialiste, il y a eu le versement de 740 000 €uros de subventions sur le budget de la Région PACA à des associations d’immigrés par la députée Sylvie Andrieux, fait pour lequel elle a été, en septembre dernier, condamnée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à 4 ans de prison dont 3 avec sursis. Son collègue Patrick Menucci a fait mieux – affaire en cours – en faisant attribuer 90 000 € de subventions à une certaine Nassera Benmarnia qui, en politique, est… la suppléante du député Menucci Patrick. Plus près du sommet de l’Etat, plus personne n’ignore le cas de la famille Arif, bénéficiaire de commandes publiques douteuses ou celui du conseiller du Président Hollande chargé de « l’égalité et de la diversité » Faouzi Lamdaoui. Celui qui s’était fait attribuer une voiture avec chauffeur et desz gardes du corps du Service de protection des hautes personnalités sous prétexte de menaces à la véracité invérifiée s’était permis, en juillet 2013, de se plaindre d’un officier de police au pedigree long comme le bras pour refus d’aller… lui acheter des pains au chocolat. Il vient d’être viré de son poste à l’Elysée pour cause d’activité commerciale non déclarée et de fraude fiscale. Mais il s’agit là de pratiques délictueuses illégales.

    Le cas Rachida Dati, lui, est l’illustration d’un système. L’intéressée, si elle en est un jour convaincue publiquement, pourra toujours dire : « c’est légal ». En effet, rien n’interdit à un ancien ministre ou à un élu national de s’inscrire au barreau et de cumuler ses revenus d’avocat avec ses indemnités d’élu. Le problème est que, loin de constituer une forme de recyclage des supposées compétences acquises par des fonctions politiques, cette faculté est devenue un véritable moyen, au mieux, de monnayer un carnet d’adresses, le plus souvent une forme de concussion. Dans le cas de Rachida Dati, c’est à l’évidence cette dernière proposition qui s’impose, comme dans le cas de l’ancien Premier Ministre Villepin[1]. Mais, si celui-ci est particulièrement spectaculaire parce qu’il s’agit d’un retour sur investissement auprès d’un état étranger, celui de Rachida Dati est d’une grande banalité au pays de la corruption institutionnalisée.

hollande-lamdaoui-ps_1185814                                                                                              Bien entouré, le Président Hollande (A sa droite, Kader Arif, à sa gauche Faouzi Lamdaoui).

    Rachida Dati perçoit chaque mois 6.250,37 € nets d’indemnités d’élue européenne, et 4 589,25 € nets par mois comme maire d’arrondissement et conseiller général de Paris, soit un total de 130 000 € annuels dont une partie seulement est imposable. Ce qu’on a su grâce à l’obligation très récente de déclarer ses autres revenus, c’est que son activité d’avocate lui a rapporté – accrochez-vous aux branches ! – 625 000 € en 2010, 539 000 € en 2011, 704 000 € en 2012 et 205 000 € en 2013, soit 2 073 000 € en quatre ans, c’est-à-dire 518 250 € par an, ou encore plus de 43 000 € par mois. Rassurez-vous, c’est beaucoup moins que nos ténors de barreaux comme, par exemple, le camarade[2] Gilbert Collard, mais eux, au moins, travaillent. Car, et c’est là que le bât blesse, rien n’indique que Rachida Dati et ses semblables travaillent vraiment pour mériter ces confortables émoluments.

    En effet, le seul client présumé de l’ancien ministre de la Justice est GDF-Suez. Or, à part montrer son minois dans les manifestations mondaines organisées par le lobby de l’énergie, Rachida Dati s’est surtout distinguée par ses interventions apparemment téléguidées à la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie du Parlement européen. En réalité, ce n’est pas l’élue du peuple français qui s’y exprime mais la consultante d’une multinationale. Autrement dit, son vrai métier est lobbyiste au Parlement européen, un métier pour lequel elle est payée deux fois, sur des cassettes apparemment différentes mais, de fait, alimentées par les mêmes poches : celles du contribuable.. Il se trouve que ladite multinationale est un des principaux outils de la confiscation du patrimoine nationale par la coalition de lobbies qui dirige la France. Combien de Rachida Dati, combien de Copé[3], combien d’anciens membres de cabinets ministériels, combien d’élus nationaux ou locaux, combien d’apparatchiks sont sinon employés du moins payés par GDF Suez ?

    Et combien le sont par Veolia et par la Saur, qui ne sont pas ses concurrentes mais ses partenaires et complices dans le partage du fructueux marché de la distribution d’énergie ? Combien le sont par EDF ? Combien par les banques, auxquelles l’Etat laisse toute latitude pour compenser les pertes essuyées à la suite d’investissement douteux à l’étranger en rackettant leurs clients privés, avec, à la clef, des bénéfices tels que, quand la banque centrale européenne met à leur disposition 400 mds€ à prêter aux entreprises, elles n’en souscrivent que 80 ? Combien par les Bouygues, les Vinci, les Eiffage et les Spie-Batignolles qui s’entendent pour se partager le marché du BTP ? Combien par les société de téléphonie, les Orange (France Télécom), Bouygues Télécom, SFR[4], qui procèdent de même ? Et combien de « fondations », combien de « think tanks » grassement subventionnés sont en réalité le réceptacle du gigantesque détournement de fonds publics auquel nous assistons impuissants ?

    Et combien par les médias, dont les vedettes sévissent à la fois dans la presse écrite, les radios et les télés, notamment publiques, moyennant leur silence sur cette corruption institutionnalisée ?

(Demain : des conflits d’intérêts dans les médias publics).

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[1] L’avocat Dominique de Villepin n’a qu’un client, le Qatar, auquel il facture chaque année quelque deux millions d’€uros pour des prestations dont on ne connait pas la teneur.

[2] Maintenant que les cocos ont investi le FN, on peut dire camarade. Ou même, pour certains, kamerad, d’une voix gutturale.

[3] Qui cumulait ses indemnités de Député, celles de Maire, ses salaires de président de l’UMP – car les cadres de nos partis politiques et de nos syndicats sont tous grassement payés – avec un revenu de 20 000 € par mois au titre de son activité selon lui « à mi-temps » d’avocat.

[4] Rachetée par la société Altice du sulfureux Patrick Drahi dans les conditions que les lecteurs de ce blog connaissent (lire).

 

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