L’irresponsable exploitation des drames humains (1).

Les questions qui fâchent, c’est pour quand ?

    La journée d’aujourd’hui a été à la fois extra-ordinaire (je mets à dessein le tiret) et formidable. Extra-ordinaire par ses révélations et son déroulement et formidable dans son sens premier, « générateur de peur ». Oui, ce soir, les Français avaient de quoi avoir peur.  

    Qu’a-t-on vu tout au long de cette journée mémorable ? D’abord, dans le discours général, la continuation de celui qui prévaut depuis jeudi, avec un pic remarquable dimanche, sur le thème « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, sauf les terroristes », et un petit codicille : « tous ceux qui ne pensent pas comme ça sont de mauvais Français ». En effet, dès ce matin, ça n’a pas manqué. Dans l’euphorie ambiante, les zélateurs de l’anti-France s’en sont pris aux Patriotes qui avaient eu l’outrecuidance de ne pas participer à l’incroyable opération de désinformation et de bourrage de crâne des Français.

    Cela a commencé ce matin sur Europe 1 où Jean-Pierre Elkabbach, fait citoyen d’honneur d’Oran en 2012, à la veille du cinquantenaire de l’assassinat de 5 000 de ses compatriotes piénoirs par ses amis fellaghas. Cet insulteur public, ce symbole absolu de la haine de cette France qui lui a tout donné, s’est permis de dire à son invitée du jour, Marine Le Pen : « Vous n’avez pas honte ? » (Cliquez) Plus tard, j’ai entendu un consultant médiatique^[1] s’interroger gravement sur le fait que, « dans les zones rurales », on n’a pas participé aux marches. Sous-entendu, vous l’avez compris, là où on vote FN. En quelque sorte, le monde à l’envers : ceux qui depuis trois décennies travaillent à la disparition de la nation française accusent les Français lucides de ne pas être patriotes. Quant aux enfants pris en otage par des adultes en mal de pouvoir qui soignent leur propres névroses en les refilant à plus faible qu’eux, il n’en est même pas question, sinon pour insister sur la nécessité de leur apprendre les « valeurs républicaines » en confisquant leur éducation à leurs familles préjugées indignes. Et, comme de juste, ceux qui n’en ont pas, soit qu’ils ne puissent pas en avoir, soit qu’ils n’en veulent pas – car le plus formidable est que ceux-là aussi se permettent de donner des leçons aux parents – ne sont pas les derniers à appliquer les théories du frère Peillon.

    Cet après-midi a été l’occasion d’un discours absolument scandaleux et haineux de la part du Premier Ministre Manuel Valls. Tout le monde a évidemment retenu ses envolées lyriques et sa guimauve mais Valls, qui est marié à une Juive, a, dans son analyse du drame de Vincennes, pratiqué un amalgame parfaitement scandaleux et dangereux. Dans cette partie de son discours, il a présenté « les Juifs » comme victimes et « les Musulmans » comme les assassins, et s’est livré à une défense des premiers et à un réquisitoire contre les seconds. Quant aux « responsables » de l’Islam, il leur a fait un véritable sermon dans lequel il les accusait de ne pas tenir leurs ouailles.

    A aucun moment de la journée – sauf à C dans l’air mais sur un mode soft – les vraies questions n’ont été posées. Ces questions, les voici : comment des types repérés depuis près de quinze ans, suivis et, pour certains, condamnés, ont pu rester assez sereins et libres de leurs faits et gestes pour pouvoir organiser une telle tuerie ? Comment est-il possible qu’un type comme Coulibaly, sorti de prison il y a un peu plus d’un an, a pu contracter des prêts bancaires qui lui ont permis de financer ses meurtres ? Comment peut-on ne pas être consterné de ce que, faute de communications téléphoniques entre les frères Kouachi et Coulibaly, on ne se soit pas plus intéressé aux plus de cinq cent appels passés entre leurs épouses respectives sur leurs propres téléphones ? Comment est-il possible que l’inspirateur des tueurs, intégriste musulman membre d’une famille de djihadistes algériens, lui-même condamné à six ans de prison pour participation a des actions terroristes, comment est-il possible que ce type au passé aussi chargé ait pu bénéficier d’autant d’aides institutionnelles et de facilités pour se fondre dans la masse ? Comment est-il possible que tous les membres d’une même équipe aient en même temps disparu des radars alors que, compte tenu de leurs liens, la surveillance d’un seul signifiait celle de tous les autres ?

    La réponse fait peur ; elle tient dans deux mots : idéologie droit-de l’hommiste. (A suivre)

_____________

^[1] Pour illustrer ce qu’est cette corporation, voici une histoire drôle. Un homme se plaint à son voisin de ce que son chat, qui a beaucoup de succès auprès des femelles de son espèce, provoque chaque nuit de véritables concert de râles félins qui empêchent les habitants du quartier de dormir. Le maître du chat promet au plaignant de s’en occuper. Peu de temps après, le ramdam nocturne reprend de plus belle. Le résident mécontent réitère ses plaintes et s’entend dire : « Je l’ai fait châtrer. Le problème est que, depuis qu’il ne pratique plus, il est devenu consultant ! »