Mon bloc-notes du mardi 14 avril 2015 : spécial FN

Curieuse couverture de l’événement par Boulevard Voltaire

    Sur Boulevard Voltaire, cette semaine, on a pratiquement tout lu. Il est vrai que la multiplication de billets permet de dire tout et son contraire. Cela me fait penser à la presse pour ados où, sur tous les sujets, on trouve des articles pour et des contres. C’est ainsi qu’on ménage la chèvre et le chou et qu’on s’assure la fidélité de ses lecteurs. Comme ceux de Bvd Voltaire ne le lisent pas pour y trouver des analyses mais des coups de gueule en écho à leurs propres indignations, chacun a pu, sur cette question comme sur les autres, y faire son marché.

    Cela a commencé avec un article intitulé Choix cornélien au FN où l’auteur, François Teutsch, avocat, donne raison à Marine Le Pen de rompre avec les fondamentaux du FN au nom du pragmatisme.  « Marine veut le pouvoir quand Jean-Marie n’en voulait pas. Il lui a remis les clefs du parti, elle a décidé d’en changer le logiciel, et de faire d’un rassemblement de mécontents un parti de gouvernement. Exit les nostalgiques de l’Algérie française, les anciens de l’OAS au dentier tremblotant (les Piénoirs et les vrais Patriotes apprécieront NDR), les intégristes, les complotistes, conspirationnistes et autres représentants bien français d’une droite révolue. Notre époque n’est plus celle du Maréchal, ni même celle du Général. Leurs mérites ou leurs crimes appartiennent à l’Histoire, pas aux politiques. […]Dans une médiacratie manichéenne comme la nôtre, aucune nuance n’est plus lisible. Il existe le camp du bien et le camp du mal, et pour se faire élire, il faut a minima éviter de frayer avec le second. »

    « Marine l’a parfaitement compris. Et elle se fiche du Maréchal, de Fernand de Brinon et de Jean Moulin. Elle n’a que faire de Jacques Soustelle, de Michel Debré ou de Ferhat Abbas. Vichy, l’Algérie, elle laisse cela à d’autres. Et elle a raison ! Ce qu’elle veut, c’est accéder au pouvoir et y appliquer le programme du Front. Rien de plus. »

    Le lendemain, un article du même François Teutsch titré Bruno Mégret aurait-il eu raison avant tout le monde ? parle du triomphe de celui qui avait dû quitter le FN pour s’être opposé au chef et dont plusieurs soutiens y sont revenue former la garde rapprochée de Marine Le Pen. Il rappelle que Mégret prônait l’alliance avec des partis de gouvernement. Est-ce la même chose que le noyautage du FN par ses ennemis historiques ? Il n’en dit mot.

    D’autres articles suivent en rafale dont les auteurs glosent sur des thèmes divers. « Peut-on être à la fois acteur de la vie politique et se permettre de tout dire ? » (Jean-Marie Le Pen : on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre), « Non, Marine Le Pen n’a pas tué le père. C’est le père qui a voulu tuer la fille. » Le Pen contre Le Pen (Philippe Bilger) « On aurait tort de rire et de se moquer. Ce n’est pas un vaudeville qui se joue actuellement au Front national mais une guerre qui va se terminer probablement par la défaite humiliante du père et le triomphe forcément amer de la fille. »

    Il a fallu attendre le 10 avril pour trouver des textes sortant de la psychanalyse de comptoir. C’est une analyse politique signée Bernard Mitjavile, « Dédiaboliser » ne suffit pas, où l’auteur distingue les médias et l’électorat. On peut y lire : « On a longtemps cru au FN, et certains continuent de croire, qu’il suffisait de « dédiaboliser » le parti, de développer de bonnes relations avec les médias en évitant tout « dérapage » antisémite ou raciste, et la route du pouvoir serait grande ouverte. » Le lendemain, dans De la dédiabolisation au reniement, Vincent Vauclin, « écrivain, fondateur de la Dissidence Française » fustige la jeune direction du FN qui, d’un même élan, « de Marine Le Pen à Florian Philippot, en passant évidemment par Louis Aliot ou Gilbert Collard […], concourent à ce sport devenu national : celui de l’indignation et de la condamnation sans ménagement des opinions non conformes à l’idéologie dominante. » « Lorsque Big Brother tonne sur toutes les ondes que Jean-Marie Le Pen n’a pas le droit de tenir ces propos, ce qu’il faut comprendre c’est que nous n’avons pas le droit de les entendre, et encore moins de les penser. »

    Sous la plume de Jonathan Sturel, on peut lire depuis lundi Le Pen meurt mais ne se rend pas. « Ses ultimes provocations sont comme un baroud d’honneur, un dernier coup de tonnerre avant de déposer les armes parce que l’âge et la fatigue l’y contraignent. » Sous celle de Stéphane A. Brunel, « Le meurtre du père et le sacrifice des caciques, comme dans la tragédie grecque », « Le roi est mort ! Vive la reine ! » La dernière livraison, signée Jacques Martinez, présente JMLP comme un vieux sanglier victime d’une curée dans une digression pleine de métaphores cynégétiques titrée Jean-Marie Le Pen face à la meute.

    Bref, beaucoup de masturbation psycho-intello et pas grand-chose sur les tenants et aboutissants politiques de la crise. Lesquels, pourtant, se déduisent des réactions de la direction actuelle du FN. Les chevènementistes et les crypto-gauchistes de tout poil qui se proclament souverainistes mais ne renient en rien leurs origines et leurs fondamentaux, qui ont planté leurs griffes dans le Front national et marabouté sa cheffe ont décidé de profiter de la réitération du « dérapage antisémite » de Jean-Marie Le Pen pour sortir du bois et se débarrasser définitivement des derniers gêneurs au sein des instances du parti. D’où l’accueil sans chaleur des propos conciliants de l’intéressé et de sa décision de renoncer à la candidature en PACA, et le maintien de la procédure disciplinaire contre le Président d’honneur du FN. Trop d’enthousiasme tue l’enthousiasme ! Autrement dit, l’opération/épuration continue.

Au milieu de la curée, Robert Ménard

    Mais la contribution la plus intéressante et la plus signifiante quand à l’air du temps et sur le plan des mœurs politiques est de Robert Ménard lui-même. Ce n’est pas un texte mais la vidéo d’une interview donnée à BFM TV (cliquer sur l’illustration). Le personnage se montre tel qu’en lui-même : sûr de lui et fort de sa succession de triomphes, il n’hésite pas à joindre sa pique à l’hallali. Pour Robert Ménard, qui a pris la Mairie de Béziers avec le soutien du FN et les voix de ses électeurs, il faut virer Jean-Marie Le Pen du parti.

    Dès lors, il est bon de revenir sur quelques vérités que les lecteurs de ce blog connaissent mais dont le rappel est utile. Robert Ménard a obtenu le soutien du Front National pour les Municipales de 2014 grâce à la conjonction de certaines circonstances : la première est que, de tout temps, Alain Jamet, cofondateur du FN avec Jean-Marie Le Pen et grand Manitou du Parti en Hérault, a toujours tout fait pour que pas une tête ne dépasse à Béziers. Il contrôlait tout depuis Sète puis Montpellier où ses scores ont de tout temps été deux fois moins importants qu’à Béziers. Avec sa prise de recul par rapport à la politique locale, c’est sa fille, France Jamet qui a hérité de ses fonctions et qui bénéficie à son tour du diktat imposé par le père.

    La deuxième circonstance est que Alain Jamet est le frère de Dominique, l’ancien patron du Quotidien de Paris devenu ami et associé de Robert Ménard à Boulevard Voltaire. Nul doute que Dominique Jamet fut le sésame qui a permis à Ménard d’accéder au saint des saints lepéniste et, ainsi, de bénéficier, pour assouvir ses ambitions sur Béziers, d’une exception en sa faveur.

    La troisième circonstance, rendue possible par la précédente, est que, au moment où le projet de prendre la Mairie a été conçu, Robert Ménard et sa femme Emmanuelle Duverger étaient en train d’écrire un livre avec Jean-Marie Le Pen. Un livre imprimé mais mis sous le boisseau à la demande des autres alliés de Ménard pour les Municipales. Enfin, j’ai pu constater de visu que la franc-maçonnerie locale, aussi bien représentée sur sa liste qu’elle l’était sur celles de ses deux concurrents principaux, Elie Aboud et Jean-Michel Du Plaa, était là aussi à la manœuvre.

    Au printemps 2013, j’ai analysé le raid de Robert Ménard sur Béziers comme une opa sur l’électorat piénoir, qui se confond en grande partie avec celui du fn. Ce raid coïncidait avec celui d’autres gauchistes pas repentis sur le FN lui-même. Depuis hier, la corrélation entre les deux opérations prend tout son sens.

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Mon bloc-notes du mardi 14 avril 2015 : spécial FN

  1. PEREZ Bruno dit :

    Monsieur Hamiche, je lis avec un bonheur immense votre blog depuis plusieurs années et je vous remercie à nouveau pour toute cette énergie déployée au service de La Vérité ou de sa recherche en tous cas…Je comprends parfaitement votre lassitude devant la déséspérance que représente ce monde et la politique française en particulier mais peut-être pourriez vous réduire votre travail à une publication hebdomadaire plus ciblée tout en continuant votre œuvre nécessaire….Soyez fier de votre tâche et de son impact car les petits ruisseaux font les grands fleuves. bon courage et longue route à vous ! Cordialement Bruno PEREZ (Toulon)

  2. Agathoise dit :

    Bonjour Kader
    C’est triste de lire que tu t’arrêtes tu n’as pas le droit de déserter le champ de bataille, surtout que tu as beaucoup de munitions pour attaquer nos ennemis , mais ne te trompes pas de cible . J’espère que tu reviendras sur cette décision. J’espère qh’il n’y a pas de pb de santé lie à cette décision .
    A te lire bientôt malgré tout
    Fraternellement . Claude

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *