La Turquie dans la crise syrienne

    Certains doutent de la bonne volonté des Turcs à garder chez eux les réfugiés syriens et n’approuvent pas l’aide financière de l’Europe. D’autres ne saisissent pas les raisons de leur positionnement dans la crise syrienne.

Se mettre à la place des Nations pour mieux les comprendre

Camp de réfugiés syriens en Turquie

Camp de réfugiés syriens en Turquie

    Mettons-nous deux secondes à la place des Turcs. Voudrions-nous loger, nourrir et surveiller deux millions de réfugiés chez nous quand il serait si simple de les laisser partir en ouvrant grand les frontières ? Non ! C’est pourtant ce que font depuis cinq ans les quatre pays dont j’ai parlé dans mon article. Les 3 mds€ seront un bon investissement pourvu qu’une bonne partie aille directement au HCR pour améliorer les conditions de vie des réfugiés, ce qui contribuera à les fixer. Une autre partie serait légitimement affectée aux autorités turques pour qu’elles prennent les nécessaires mesures de police et de surveillance de leurs frontières. Et il n’y a aucune raison pour penser qu’elles ne respecteront pas leurs engagements.

    Quant à leur positionnement dans la question syrienne, il faut, là aussi, se mettre à leur place. On peut penser ce qu’on veut de la Turquie mais, objectivement, ses dirigeants font ce qu’ils peuvent pour protéger les intérêts de leur peuple, y compris, shocking !, en agissant comme ils le font avec Daech. Les occidentaux voudraient que tous les peuples des alentours leur servent de supplétifs en allant combattre LEUR ennemi ; or, Daech ne menace pas la Turquie mais son rival syrien. Elle n’a donc aucune raison de le combattre, pas plus qu’elle n’en a de combattre les autres ennemis de la Syrie.

    La priorité des dirigeants turcs – et leur devoir – est d’empêcher la création à leur porte – au prix de l’amputation d’un quart du territoire de la Turquie – d’un état de 45 millions d’âmes. On nous présente les Kurdes comme des gens pacifiques mais les Turcs savent de quoi ils sont capables ; les Kurdes ont été leurs bras armés dans le massacre des Arméniens de 1915 et le PKK est connu pour la férocité qu’il a mise dans son combat pour l’indépendance kurde.

    La seule erreur d’Erdogan et des siens est d’avoir cru en la fiabilité des Occidentaux. En abattant un chasseur russe, il ont pensé obtenir le soutien de l’OTAN et de l’Amérique. Ils viennent d’apprendre à leurs dépens que les vertus morales qui font le charme de l’Orient – le respect de la parole donnée, la fidélité et la loyauté à l’égard de ses alliés – n’ont pas cours dans les états « modernes » depuis qu’ils ne sont plus gouvernés par des aristocrates mais par des « démocrates ». Et le nouveau sultan se retrouve seul face à l’ours russe avec, je le crains pour lui, la perspective d’un gros coup de griffe.

    La Turquie fait la politique que lui dicte la seule considération de ses intérêts. On aimerait que nos gouvernants en fassent de même au lieu de se gargariser avec des droits-de l’homme. L’intérêt de la France et de l’Europe est que ni les réfugiés syriens ni les apprentis terroristes ne viennent chez elles. Si la seule façons d’aider les Turcs et, j’insiste, les autres pays du Levant, à s’en assurer est de payer, il faut qu’elles payent. Il ne s’agit pas d’un chantage mais d’un accord gagnant.

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4 réponses à La Turquie dans la crise syrienne

  1. Adler dit :

    Bonjour.
    Mon avis sans détour est que notre bouffon national n avait pas a rentrer dans un conflit au Mali et en Syrie pour uniquement se faire passer pour un chef de guerre et soi disant combattre le terrorisme alors qu’ il était déjà dans nos murs. Et cet imbécile continue. Nos militaires auraient mieux a faire sur notre territoire. Entre autre ne pas laisser passer les envahisseurs qui va se terminer par la déchéance et une guerre civile sur notre sol. Ensuite les 3 milliards donnés a la Turquie est une pure perte car elle ne bloquera pas les migrants dont une partie sont des terroristes en puissance et la 5 ème colonne. La France qui est dans un état déplorable n avait pas besoin de ca. Les petites communes qui sont déjà etranglees par l état sont en train de supporter la charge de ce flux migratoire nefaste qui va vivre au crochet des contribuables déjà surtaxé par ce gouvernement socialiste pourri. J espère qu’ aux regionales et en 2017 on n entendra plus parler de Hollande et sa clique de vauriens

  2. caratini dit :

    Bonjour,
    Je crois que Adler a tout dit.

  3. Robert dit :

    @Adler: Effectivement, nous n’ avons rien à faire en Syrie: c’est la guerre des américains, conséquence de leurs errements en Irak (pour rester poli). Le problème, c’ est que les US ont mis la pression sur leurs « alliés » pour qu’ ils participent à l’ effort de guerre, et que nous n’ avons pas les moyens (ou la volonté ?) de refuser…

    • Kader Hamiche dit :

      Erreur, Robert ! Les Américains sont responsables de la situation syrienne, conséquence de la politique de Bush en Irak, mais ils n’en demandaient pas tant aux Français. Il me semble qu’Obama n’a jamais perdu de vue ses deux objectifs : l’accord sur le nucléaire iranien et le retrait à la fois d’Afghanistan, qu’il a réussi, et du Levant, qu’il a raté. Il faut reconnaître que la marge de manoeuvre laissée par le lobby militaro-industriel qui fait la loi aux Etats-Unis est faible. Les Républicains ne veulent pas faire à Obama le cadeau d’un succès diplomatique qui les priverait d’une victoire à la prochaine Présidentielle US.

      Dans cette affaire, notre gouvernement a mis la France en pointe là où on ne lui demandait rien si ce n’est de participer aux bombardements de Daech en Irak. Hollande et Fabius m’ont fait penser aux éléments les plus faibles d’une bande de loubards de banlieue, qui en font plus que les autres pour se faire remarquer et qui se retrouvent tous seuls comme des c… quand arrive la baston. Si vous avez bien suivi le cours de cette affaire, vous avez pu remarquer que Hollande et Fabius sont allés très loin contre Bachar Al Assad. Le premier a toujours dit qu’il n’y avait pas de solution avec lui, le second a déclaré qu’il ne méritait pas de vivre. Un islamiste aurait dit ça de Fabius, on aurait crié à la fatwa. Leur intransigeance a, en réalité, retardé le règlement de la crise syrienne. Evidemment, maintenant, ils rament pour continuer de jouer un rôle dans la paix à venir, non pas pour éviter à la France de sortir cocue de cette affaire mais pour sauver leurs propres personnes.

      Pour en revenir aux Américains, je pense qu’ils sont revenus dans l’embrouille pour ne pas laisser Poutine y mettre fin seul et à sa manière radicale. Je vous rappelle qu’à la suite de l’intervention russe, tous les pays du champ de bataille ont fait la queue pour discuter avec Poutine… Y compris les Arabes du Golfe qui financent TOUS les groupuscules anti-Assad car ils sont TOUS islamistes, l’Armée syrienne libre n’étant plus, en réalité, et depuis longtemps, qu’un alibi et un cache-sexe.

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