Le FN pourrait gagner deux Régions… (suite)

Et d’une ! Sarkozy et les Socialistes donnent l’Alsace-Lorraine à Philippot

Philippot, Président ?

    Jean-Pierre Masseret a parlé^[1]. La tête de liste PS en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine n’a pas attendu pour donner sa position. C’est non à la collusion et aux arrangements d’arrière-boutique. Je dois dire que je ça me laisse sur le c… Il est vrai que, à 71 ans, Masseret n’a pas envie de se laisser dicter sa politique par de jeunes apparatchiks cooptés et parachutés. N’est-ce-pas, Valls ?

    J’ai un jour comparé Florian Philippot à Tullius Détritus, le petit homme vert qui, dans le drolatique album éponyme d’Astérix et Obélix, sème la zizanie partout où il passe. Je ne pensais pas dire aussi vrai. Déjà qu’il met une belle pagaille dans le village flniste qui résiste encore et toujours à l’invasion ; le voici maintenant, sans bouger, à faire imploser le PS et par ricochet le parti de Sarkozy. En effet, outre le sérieux renfort apporté à Florian Philippot dans sa conquête de la Région, le maintien de Masseret change toute la donne dans les autres Régions susceptibles d’accords publics ou occultes.

    Nous parlions cette nuit de la Bourgogne-Franche-Comté ; il y a fort à parier que, dans cette Grande Région menacée par le FN, la tête de liste socialiste, aiguillonnée par l’attitude de Masseret, rejette tout accord. Ce qui arrangera Sauvadet, qui, lui aussi veut croire qu’il peut forcer le destin. A cette heure, les deux listes LRPS comptent sur « un sursaut des Républicains ». Comme quoi, ils ne comprennent jamais la leçon !

    Dans l’autre Région menacée de basculer, et dont on ne parle pas du tout, le Centre-Val de Loire, le potentiel d’une Gauche par hypothèse unie n’est que de deux points supérieur à celui du FN. Cette Région aurait pu servir de monnaie d’échange avec la Bourgogne-Franche-Comté. Il n’en sera sans doute rien et le Front national peut nourrir des espérances. Notons que, à l’inverse, la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées fait l’objet de tous les commentaires alors que, même avec un score flatteur de 32,65% des suffrages exprimés, Louis Aliot n’est pas vraiment une menace pour la Gauche.

    En effet, la (fausse) Droite y est en pleine débandade, et ça ne date pas de l’arrivée de Dominique Reynié. Je connais assez le contexte pour savoir qu’il en a plutôt ralenti la chute. Bref, les listes de gauche ont totalisé 43,4% au premier tour ; c’est presque 7 points de plus que le FN + DLF, que je continue de considérer comme une réserve possible pour le FN malgré la déclaration de Nicolas Dupont-Aignan de ce midi par laquelle il illustre son slogan « ni système, ni extrêmes ». On ne voit pas où Louis Aliot pourrait pêcher de quoi faire son retard. Sa seule chance eût été que Dominique Reynié obéisse à l’injonction de retirer sa liste car, connaissant l’électorat LR du Languedoc-Roussillon, cela lui profiterait beaucoup plus qu’à la Gauche. Mais ce ne serait sans doute pas suffisant.

    L’autre effet de cette décision de Masseret sera de remonter les électeurs socialistes et communistes du Nord-Pas-de-Calais-Picardie et, surtout, de PACA (il en reste !), qui en ont gros sur la patate d’être obligés de voter pour l’adversaire de la veille. Cela pourrait, notamment, jouer très fort contre Christian Estrosi, qui fait tout pour se rendre antipathique.

    Enfin, l’effet au troisième degré de l’impasse créée par le maintien de Masseret sera de priver Nicolas Sarkozy d’un succès – que dis-je ?, d’un triomphe – annoncé. En effet, alors que les pronostics ne lui accordaient que trois ou quatre Grandes Régions métropolitaines (Bretagne, Aquitaine, Midi-Pyrénées + Île-de-France), malgré ses deux retraits et sa défaite assurée en Alsace-etc., la Gauche pourrait en conserver neuf, voire dix : les mêmes + Centre-Val-de-Loire, Normandie, Pays-de-la-Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et Corse, toutes Grandes Régions où elle dispose de réserves supérieures à celles de ses concurrents + Bourgogne-France-Comté où elle est au coude-à-coude avec le FN. Celui-ci est en position confortable en Alsace et en pôle position en PACA et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Et tous les espoirs lui sont permis en Bourgogne.

    Ne reste à la Droite LR-UDI-Modem que… les yeux pour pleurer ! Blague à part, aucune Grande Région ne lui est acquise car elle ne dispose de réserves dans aucune d’elles. En Auvergne-Rhône-Alpes, où elle est le mieux placée, ses réserves sont inférieures de 2,68 pts à celles de la Gauche. Quant aux deux Régions où elle bénéficie du retrait de celle-ci, elle doit, pour l’emporter, compter sur un report de 75% des voix de la Gauche (dont le total des réserves, en NPCP, était supérieur au sien au premier tour). Ce, alors que les Socialistes se sont retirés mais n’ont pas appelé à voter pour Bertrand ni Estrosi.

Moralité : dimanche prochain, LR et ses satellites pourraient aussi bien embrasser Fanny ! Et Sarkozy rengainer ses projet de deuxième mandat présidentiel. On ne va pas s’en plaindre !

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^[1] Ce matin, France Culture annonçait dès le journal de 8h que Masseret s’était retiré. Toute la matinée, les débats et les flashs d’infos du « service public d’information » ont relayé sans rien vérifier. Total, au 13h de France Inter, Claire Servajan en était encore à introduire l’intervention de Masseret en disant qu’il allait « annoncer son retrait ». C’est sérieux !