Une chose est sûre : Marine ne sera pas Présidente.
Le FN, que ce soit dans les élections au scrutin majoritaire à deux tours (Présidentielles et Législatives) ou aux scrutins de liste à la proportionnelle avec prime (élections locales), mobilise la quasi totalité de son électorat au premier tour. Les Régionales de décembre ont démontré qu’un très gros score de premier tour (40,55% pour Marion Maréchal-Le Pen en PACA, 40,64% pour Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie) ne suffisait pas pour se faire élire au second. La seule fois où cela a failli passer fut la Législative de 2012 à Hénin-Beaumont où Marine Le Pen passa de 42,26 à 49,89%. Malheureusement pour elle, Hénin-Beaumont n’est pas la France. Là, malgré l’investiture de 572 candidats sur 577 possibles, le FN n’obtient que 3 528 663 suffrages. Autrement dit, sept semaines après le premier tour de la Présidentielle, 45% des 6 400 000 électeurs de Marine Le Pen n’ont pas voté pour les candidats de son parti aux Législatives.
D’ailleurs, le FN était encore dans sa phase droitière assumée. Depuis, Marine a engagé son parti hérité de Jean-Marie Le Pen sur une pente idéologique qui a dérouté nombre de ses électeurs. En réalité, la direction du FN a confondu dédiabolisation et recentrage. A trop vouloir faire des concessions au modèle autoproclamé progressiste et qui n’est en réalité que transgressiste[1], à la fois individualiste et communautariste, antinational, européiste et cosmopolitiste, en rupture avec le socle de valeurs chrétien sur lequel la France a construit une société autour de la famille et sur le respect quasi superstitieux[2] de la vie, le FN s’est dévoyé. C’est, je crois, là qu’il a perdu son électorat naturel au profit d’un électorat de simple protestation, volatile et infidèle, c’est-à-dire un électorat de premier tour.
Ce faisant, la direction du FN a commis la même erreur que celle de feu le RPR lorsqu’elle a rompu avec les fondamentaux gaullo-souverainistes pour permettre à Chirac de se faire élire président de la République. C’est alors qu’une partie de son électorat est allé au FN tandis que l’autre, plus importante, se réfugiait dans l’abstention. Nicolas Sarkozy avait récupéré la mise en droitisant à outrance sa campagne présidentielle de 2007, ce qui lui permit de se faire élire après avoir fait retomber le vote FN de 17,8% au premier tour de 2002 à 10,44%. Désorienté par les errements et l’inconstance du Président Sarkozy qui ne respecta aucune de ses promesses, son électorat le plus droitier se reporta de nouveau sur Marine Le Pen au premier tour de la Présidentielle de 2012 où elle obtint 17,9% des voix. Je me souviens que, se croyant déjà au deuxième tour à cause de sondages flatteurs, MLP avait dès avant le premier commencé à gauchiser son discours. Erreur fatale qui permit à Nicolas Sarkozy de la déborder sur sa droite et de l’empêcher d’accéder au second tour. Néanmoins, Marine Le Pen pensait avoir sauvegardé ses chances pour l’avenir en récupérant durablement et à titre définitif, cette fois, une grande partie de l’électorat de l’ancien RPR.
C’est alors qu’elle commença à draguer le marais politiquement correct et « de gôche ». A partir de là, le FN n’a plus progressé, seule l’augmentation de l’abstention et quelques configurations locales particulières lui ayant permis d’obtenir des succès aux Municipales et aux Départementales.[3] Les Régionales du mois dernier n’ont rien changé à cette donne. Et c’est bien là où le bât blesse pour le FN. En réalité, MLP est prise dans une nasse et va probablement, en 2017, tout perdre (je n’ajoute même pas « fors l’honneur » car la Justice – instrumentalisée ou pas – est sur le coup).
MLP peut-elle gagner en 2017 ? « Non, mais elle sera au second tour », répond la vox mediati unanime. Personnellement, je n’y crois pas une seconde et, ce, quelle que soit la configuration. Je pense même qu’elle ne dépassera pas 21%, c’est-à-dire 7,8 millions de voix pour une participation de 80% des électeurs inscrits, soit, par hypothèse, encore une fois, une progression d’1 million de voix pas rapport au second tour des Régionales. Compte tenu des constantes dont j’ai abondamment parlé plus haut et dans mon article d’hier, ce sera sans doute plus près de 7 millions de voix, soit 19%. Mais faisons comme si.
A ce point de notre réflexion, il convient de quitter la focale Marine Le Pen et de considérer toutes les configurations de premier tour.
1. Si Nicolas Sarkozy sort vainqueur de la primaire (si primaire il y a) et se trouve seul face à Hollande et Marine Le Pen sans aucune candidature dissidente de part et d’autre, les deux premiers se retrouveront au second et Sarkozy gagnera.
2. Si, Nicolas Sarkozy étant au premier tour, François Bayrou met à exécution sa menace et se présente face à lui, il neutralisera l’électorat centriste. C’est ce dont Marine Le Pen et son staff peuvent rêver de mieux avec l’espoir d’éliminer Sarkozy dès le premier tour. A première vue, cela arrangerait bien Hollande car lui pense l’emporter haut la main en bénéficiant du « front républicain ». En réalité, une candidature dissidente de Bayrou ne lui serait d’aucune aide car il y perdrait autant de voix que Sarkozy. Peut-être même plus car celui-ci à sans doute déjà fait son deuil d’une partie de l’électorat centriste et, d’ailleurs, compte sur une campagne très droitière pour, au minimum, récupérer sur le dos de MLP les voix qui partiraient chez Bayrou. C’est alors elle qui risquerait de n’être pas présente au deuxième tour, ce qui n’arrangerait pas Hollande. Mais, pour celui-ci, il y a pire : pour peu qu’il y ait une candidature similaire (Mélenchon ou Duflot) à gauche, il risque d’y perdrait sa place au second tour. Dans ce cas, Sarkozy se trouverait face à MLP et serait élu.
3. Juppé est candidat à l’issue d’une primaire régulière et non contestée. Dans ce cas, la messe est dite. En effet, les espoirs de Marine Le Pen reposent sur un positionnement très centriste de Juppé. Espoir envolé depuis ce matin avec la sortie aujourd’hui même du livre-programme d’Alain Juppé « Pour un État fort ». Surprise-surprise, Juppé s’y montre très à droite, notamment sur la Justice et l’immigration, allant jusqu’à remettre en cause le droit du sol. Comme quoi, quand il s’agit de choses sérieuses, le retour aux fondamentaux est de règle. La Présidentielle de 2017 se jouera à droite, c’est acquis. Je suis curieux de voir comment les nouveaux fans de Juppé venus de la gauche bien pensante vont réagir à une droitisation qu’ils n’ont de cesse de dénoncer chez Sarkozy… C’est en tout cas une mauvaise nouvelle à la fois pour MLP et pour Hollande car Juppé re-droitisé ne laisse aucun espace pour une dissidence, ni à sa gauche, ni à sa droite.
4. Pour MLP (et donc pour Hollande) la seule chance réside dans l’annulation de la primaire Reps-Centristes à la suite d’une zizanie générale (on compte sur les médias pour y travailler) qui se solderait par deux candidatures « à droite » sur le modèle de 1995 (Balladur-Chirac) coupant en deux l’électorat Reps-Udi-Modem et débouchant sur le fantasmé « 22 avril à l’envers », c’est-à-dire un duel Hollande-Marine Le Pen au second tour. Une chance infime, en réalité, à cause du précédent Balladur. Sarkozy, qui tient le parti, irait sans hésiter ; Alain Juppé n’oserait pas le contrer et Fillon ne le voudrait pas. On voit mal en effet le premier se lancer dans une aventure qui n’aurait aucun sens car destructrice du présent et sans perspective (compte tenu de son âge) pour l’avenir. Fillon pourrait jouer la carte de la victoire de Hollande en 2017 pour gagner en 2022 (il aura 68 ans) mais ce serait laisser dans l’Histoire une image indigne d’un ancien Premier Ministre de la France.
D’ailleurs, si Fillon vise 2022, il a tout intérêt à s’entendre à l’amiable avec Juppé ou Sarkozy, la logique voulant que ce soit avec celui-ci car c’est lui qui détient le parti, les moyens qui vont avec et le pouvoir d’y promouvoir un fidèle de Fillon. Ce sera l’un des suspens de cette année pré-électorale.
Conclusion : la configuration la plus probable est une candidature Sarkozy obtenue à la régulière… grâce à l’aide d’électeurs de la gauche car Hollande a besoin de lui pour avoir une chance de se trouver face à MLP au second tour. Et avec, peut-être – mais c’est trop tôt pour en augurer – l’aide négociée de Fillon si celui-ci est distancé n’est pas au deuxième tour de la primaire.
Mais quid de Nicolas Dupont-Aignan ? Curieusement, c’est, avec François Fillon, l’oublié de l’imbécile sondage Odoxa qui m’a fait écrire plus tôt que prévu sur les perspectives présidentielles de 2017. Or, c’est justement lui qui incarne le plus la relève pour 2022 car lui a déjà pris sa liberté et s’est doté d’un instrument et d’une doctrine politiques. C’est donc le seul prétendant qui ne dépende que de lui-même et pour lequel toutes les perspectives sont ouvertes. Quel que soit le candidat finalement choisi par les électeurs de l’ex-UMP, Nicolas Dupont-Aignan a un an pour se rendre indispensable pour gagner en 2017.
D’ailleurs, il a déjà gagné moralement puisque, après avoir erré dans le marais centriste et bien-pensant, les trois leaders des Reps et prétendants à la magistrature suprême, le dernier pas plus tard que ce dimanche, sont revenus aux fondamentaux de la droite des valeurs, c’est-à-dire sur les positions de Debout la France. DLF est d’ores-et-déjà incontournable dans la perspective de la prochaine législature. Par ailleurs, NDP sait que cette échéance n’est pas pour lui. Tout cela lui impulse une sorte de force tranquille qui aura sans aucun doute à s’exercer bientôt.
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Votre analyse est parfaitement rationnelle… mais fait pour une part abstraction du « ressenti affectif » envers tel ou tel candidat… En particulier, et pour cette raison, je continue à penser que l’ Histoire ne « repasse pas les plats » et qu’une élection bis répétita de Sarkozy ne se produira pas. Giscard en sait quelque chose…
Analyse particulièrement étayée et réaliste. À gauche quels que soient les ambitions de chacun il est quasiment sûr que Hollande sera le candidat. À droite (?) primaires ou pas? Si oui Juppé sera investi.72ans, repris de justice.. c’est beau la vertu. Là, quel que soit l’adversaire c’est lui qui sera élu. Si non, par un putch interne Sarkozy sera candidat: multiplication des investitures, MLP au second tour contre Hollande ou Sarkozy! Et là répétition des régionales de 2015.
Dupont Aignan? Il n’a pas et n’aura jamais le socle du FN. ..N’oublions pas que ce socle constitué avec les anciens défenseurs de l’Algérie Française est particulièrement solide et encore important mais pas suffisant. À vouloir ratisser large, à vouloir trop rentrer dans le moule des autres partis MLP ne sera jamais que le porte parole des anti « quelque chose ». Sûrement dommage mais la France s’ est tirée une balle dans le pied quand Chirac a fait élire Mitterand contre Giscard. Les français n’ont plus la ferveur des combattants des grandes causes même si elles sont perdues. N’est ce pas anciens résistants des dernières guerres? Descendre dans la rue? Faire une révolution? Oui!…mais avec quel leader et quelle grande cause?
J’espère que, pour une fois, vous vous trompez Kader, on ne peut plus construire des campagnes sur des mensonges et pour Marine Le Pen, le fait de faire des petits vers l’autre, n’est pas négligeable dans l’opinion, il faut convertir les réticents. Les Français à 80% ne veulent ni d’Hollande, ni Sarko, reste Juppé dont tout le monde sait que c’est le bras droit d’Hollande et qu’il appellera à voter socialiste comme il a toujours fait. Les Français comprennent de plus en plus qu’ils ont à faire à des traîtres et a des apparatchiks et ne sont plus dupe de leurs manoeuvres ; rester au pouvoir pour le pouvoir, ils ont perdus leur âmes et leur humanité en trahissant la France. Des promesses non tenues les Français en ont cure, ils veulent changer , et c’est ce désir de changement qui n’est pas suffisamment pris en charge dans votre analyse mais tout est possible, les mois à venir seront déterminants, le chômage et la sécurité étant des faits incontournables de la campagne, la déchéance de la nationalité et les primaires d’autres parts laisseront un goût amère à certains Que feront-ils ? abstention ou vote contre ? Et si Marine était élus au premier tour ? Rien n’est joué d’avance.
80% des Français ne veulent peut-être pas de Hollande et de Sarkozy mais combien veulent de MLP ? C’est cette question-là qui est posée par l’élection. Les 6 840 000 électeurs du FN représentent moins de 15% des inscrits. A la Présidentielle, avec une participation de 80%, ça représentera 18,5% des voix.
Il lui faudra trouver au moins 2,5 millions d’électeurs nouveaux pour être au second tour. Or, depuis des années, le vote FN stagne, ce que démontre chaque nouvelle élection. Supposons qu’elle y arrive : il lui faudra …9 millions d’électeurs de plus (!!!) pour être élue.
La politique et le devoir citoyen consistent à faire avec les réalités, M. Migliaccio, pas à rêver tout éveillé.
C’est faire abstraction d’événements qui peuvent conduire à une radicalisation d’une part importante de l’opinion.Dans une période aussi troublée qui se dégrade de plus en plus en laissant apparaître des ressentiments communautaires très forts,rien n’est vraiment joué et ce malgré la proximité de l’échéance.
Concrètement depuis plusieurs consultations électorales, le FN, seul contre tous il convient de le rappeler, représente désormais un élément incontournable de la Politique Française.
Peu importe finalement que les élections soient gagnées, telles que l’ont souhaiterait qu’elles le soient, ou pas.
La notion de perte, telle que présentée par des propagandistes aux abois, correspond en réalité à une analyse simpliste qui n’est en fait qu’une vision de l’esprit qui sert à entretenir une information mensongère et surtout déloyale.
Cela en raison du fait que d’une manière plus objective le nombre des électeurs ne cesse de croître, ce qui est en fait terriblement gênant pour la caste en place.
Dans l’immédiat, ce qui ne peut être contesté, même en y mettant de la mauvaise foi, c’est que le FN est le véritable Juge de Paix de cette politique qui part en déconfiture !.
Pour preuve, s’il en fallait une, cela se traduit par le nombre imposant de conseillers qui occupent dorénavant les bancs des diverses assemblées.
Le plus intéressant réside dans le fait que le Parti socialiste, naguère pièce maîtresse sur l’échiquier politique, vient d’exploser en plein vol au point que dans deux régions, celui-ci se retrouve sur la touche.
Quand aux prétendus républicains, issus d’une conception gaullistes dont le passé depuis l’origine est le fruit d’une imposture (dont son triste fondateur en avait tracé la voie), ont a plusieurs reprises démontré leur incapacité à tenir leurs engagements formulés « Urbi et Orbi » devant le peuple Français, si ce n’est à s’asseoir scandaleusement sur la décision de ce même peuple en ignorant la souveraineté de celui-ci, (que stipule pourtant la Constitution), qu’ils ne respectent pas.
Cela en faisant volontairement abstraction du comportement criminel manifesté lors de l’abandon de l’Algérie Française dont pour les plus connus, mais pas seulement, la fusillade la rue, d’Isly, l’abandon des Harkis et le refus d’intervention le 5 juillet à Oran ou des milliers de Français furent assassinés et enlevés par le FLN. (liste non exhaustive)
En réalité, la lame de fond bleue marine est tellement énorme, qu’elle a fait exploser un système à bout de souffle tout en faisant rejaillir au grand jour la réalité d’une situation qui se traduit par l’UMPS.Ce qui en soit ne représente plus un simple slogan.
Dans un réflexe désordonné, signe d’une désorganisation totale, les uns et les autres sont à la recherche d’une hypothétique union, histoire de retarder l’effondrement annoncé de leurs prébendes et autres compromissions.
De ces points de vue là, le FN est très largement le vainqueur !
Dans ce marasme et à défaut de candidat sérieux, il convient d’ admettre que les candidats se bousculant au portillon sont en fait de vieux ténébreux sur le retour, s’il ne s’agit pas de repris de Justice.
J’imagine mal la France représentée par de tels individus au profil pour le moins hétéroclite.
Le dernier en date à sortir de son trou, si j’ose dire, serait, parait-il, « le meilleur d’entres nous » … Rien que cela !!!
Un autre imposteur en fait, dont beaucoup de Français lucides, fiers de leur Patrie et terriblement attachés aux valeurs de leur Nation n’en voudront pas ou subiront !!
Le plus insupportable étant que des irrespectueux, drapés dans le tissu blanc de la virginité, se permettent d’insulter des citoyens respectables qui ont l’outrecuidance de ne pas partager les mêmes visions politiques à propos d’une décadence largement amorcée.
Mais, tous comptes faits, il vaut mieux à la limite perdre des élections dans l’Honneur, plutôt que d’en gagner dans la compromission et la combine de bas niveau, ce qui est synonyme de déshonneur !
Pour en venir au cas de Robert MENARD, quoi qu’il est, ou qu’il ait pu être, nous devons tout de même prendre acte de son engagement, qui jusqu’à présent ne souffre d’aucune ambiguïté majeure, sachant par ailleurs qu’il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis.
J’en terminerai en rappelant simplement que l’ordre et la discipline étant par définition la force des armées, ce qui signifie en clair qu’il ne faut pas céder aux chants des sirènes et que par conséquent il convient de persister dans la voie tracée depuis des décennies par des hommes courageux lucides et libres afin de ne pas perdre son âme.
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