La face cachée de Taubira

Chantre de l’anticolonialisme, Taubira se désintéresse de l’exploitation coloniale des Antilles

Très forte pour se montrer, Taubira l'est moins quand il faut agir.

Très forte pour se montrer,
Taubira l’est moins quand il faut agir.

    Taubira par ci, Taubira par là : la politico-médiasphère consacre bien du temps, de la salive et du texte à Christiane Taubira. Ce qui me fait tiquer immédiatement, c’est l’accent mis sur son éloquence et sa culture. Madame Taubira cite à qui mieux mieux Franz Fanon, Aimé Césaire et d’autres chantres de la négritude (dans « négritude », il y a « nègre » que seuls des Noirs comme les précités ou Léopold Sédar-Senghor ont le droit de prononcer sans encourir les foudres de… Christiane Taubira, justement). Et nos incultes qui font l’opinion de s’extasier en oubliant, mais le savent-ils seulement ?, que le moindre élève de CM2 en faisait de même du temps ou l’École apprenant quelque chose à nos enfants. Eh, oui ! on appelait cela « la récitation ».

    Or, Taubira fait de la récitation. Elle travaille ses discours et ça impressionne. Mais y a-t-il là de quoi s’étonner ? N’importe quel député de la IVème République en faisait autant. Quant à De Gaulle, dont on dit qu’il parlait sans notes, il a écrit lui-même qu’il apprenait consciencieusement la moindre de ses interventions, ce, pour la raison qu’il était myope et qu’il ne pouvait lire qu’avec des lunettes dotées d’énormes foyers. Ce qui apparaît comme une grande vertu chez Taubira n’a rien que de très banal. Je me souviens d’avoir, quelques jours après mon arrivée à Béziers, à une réunion publique des tinée aux Piénoirs locaux dans le cadre de la campagne pour les législatives de mars 1993, fait une intervention sur le thème « Nous sommes tous des Piénoirs trahis ». Tout le monde s’était extasié, le ministre Camille Cabana, que je connaissais un peu, m’avait répondu en me tutoyant (pour me récupérer) et on m’avait demandé de monter à la tribune. D’où un retour en politique que je m’étais juré de fuir à jamais. Mais, le plus beau compliment vint d’une jolie femme (encore en service au conseil municipal) qui me dit : « Quand vous parliez, j’avais des frissons dans le dos ! ». Moi, je riais sous cape car toute mon « improvisation » figurait en toutes lettres dans une double-page A4 soigneusement pliée dans ma poche et que j’avais apprise par cœur.

    Taubira ne fait pas autre chose : elle récite. Je ne dis pas que c’est sans mérite. Mais c’est banal et à la portée de quiconque a été à l’École (l’ancienne, je dis bien). Mais, dans son cas, trop, c’est trop. Et suspect. Quand on y a trop recours, ce n’est plus de l’éloquence, c’est de la suffisance (et une preuve d’insuffisance car ce prouve son incapacité à développer sa propre pensée). Et quand on en joue trop systématiquement, l’effet est inverse ; l’éloquence devient enflure et pose ; l’éloquent devient fat. Madame Taubira n’est pas éloquente : elle est poseuse et fate. Trop d’étalage de son éloquence est vanité.

    Sur le fond, la médiasphère en fait des tonnes sur les perspectives politiques ouvertes par la démission de Taubira. Ira-t-elle à la Présidentielle ? Prendra-t-elle la tête de la fronde anti-Hollande ? Quelles sont ses intentions ? Ma réponse très personnelle est : tout le monde s’en fout ! Le seul endroit où elle pourrait continuer à semer la pagaille, c’est le Conseil Constitutionnel. Or, il semble que Fabius s’accroche plus vigoureusement au perchoir qu’Hollande lui avait promis en même temps qu’à d’autres, Jospin, notamment. J’aurais préféré que ce soit celui-ci mais, faute de mieux, je prie pour que Fabius ait gain de cause car Taubira présidente du CC serait un danger mortel pour notre chère France qu’elle hait.

    A ce propos, j’ai remarqué que le passé (le passif) indépendantiste de Christiane Taubira est soigneusement estompé par nos télés et radios aux ordres. Je me suis beaucoup amusé à entendre avec quelles précautions Yves Thréard (du Figaro, quotidien soi-disant de droite), a évoqué le parcours de Taubira à C dans l’air du 3 février. Après avoir complètement occulté ses rapports avec l’indépendantisme armé, c’est avec hésitation qu’il a rappelé qu’elle était proche d’Elie Domota, le leader du syndicat LKP organisateur de la grève générale de 2009 aux Antilles, une crise marquée par de nombreux troubles et la mort d’un jeune. Il est vrai que, dans cette affaire, la duplicité de Taubira a été particulièrement flagrante. Partageant, à juste titre, l’analyse des syndicalistes, elle aurait pu, une fois au pouvoir – et même déjà à l’époque, comme député de Guyane, changer les choses Outremer. Elle n’en a rien fait.

    Car les DOM-TOM, à l’évidence, sont exploités plus que mis en valeur. Et ils servent de prétexte au racket des contribuables français qui dépensent cinq fois plus dans les Départements de Guadeloupe et Martinique que dans les Départements de Métropole. Ce, pour le plus grand profit des amis et complices du pouvoir comme le « franco »-libanais Jacques Saadé, dont la société CMA CGM bénéficie d’un monopole du transport maritime avec les Antilles. Or, ce privilège illégal aux regards des lois du commerce, soit dit en passant, est ultra-rentabilisé par l’obligation faite aux îles de s’approvisionner en Métropole. C’est la cause principale de la cherté de la vie aux Antilles compensée mais uniquement pour les fonctionnaires par d’énormes subventions de l’État. Un système que j’ai disséqué dans mon livre La France confisquée et qui coûte, selon mes estimations, quelque 20 mds€ par an aux Français. Vingt milliards pas perdus pour tout le monde, évidemment !

    Christiane Taubira ministre aurait pou peser de tout son poids pour réformer le système. Or, comme tous les élus d’Outremer, qui prennent leur part de la concussion générale, elle y est parfaitement à l’aise. Disserter sur le colonialisme et taper sur les békés décrétés responsables de tous les maux des DOM, elle adore ; mettre fin à leur exploitation néocoloniale coûteuse pour les Français au profit d’intérêts privés, c’est trop trivial, trop bas pour elle qui préfère les hauteurs stratosphériques et déconnectées des réalités où évoluent des Franz Fanon et des Aimé Césaire.

    Mais ce n’est pas indigne de la Fédération des Patriotes, Nationistes et Souverainiste, et cette mission figurera en bonne place dans son programme.

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4 réponses à La face cachée de Taubira

  1. Robert dit :

    Merci pour ce rappel de quelques réalités, effectivement occultées par les « prestidigitateurs » qui nous gouvernent…

  2. stefanini dit :

    Sans compter que mame Taubira confond Jacques Brel et Jean Ferrat…

  3. Martinez dit :

    Il faut arrêter de parler de Christiane Taubira qui nous a fait et qui a fait beaucoup de mal à la France. C’est à Hollande que nous devons cette anomalie, d’avoir donné un ministère régalien à cette indépendantiste. C’est surtout à lui que j’en veux et je ne lui pardonnerai pas. Ne donnons plus d’importance à cette femme et j’espère bien qu’elle n’obtiendra pas le poste au conseil constitutionnel, mais il y a 3 postes qui se libèrent. Merci encore Kader, pour ce « portrait ». Amitiés

  4. domichel dit :

    Hollande s’est servi d’elle pour le mariage pour tous qui a mis des milliers de Français dans la rue ………………… Diviser pour mieux régner , voilà la devise de ce gvt d’incompétents ………………………….A part cela , et ce profil de femme cultivée que certains veulent bien lui prêter,,,,,,Qu’ a -telle fait ? rien , rien et rien…… Elle a utilisé son passé d’indépendantiste non glorieux à des fins non moins glorieuses qui concerne à culpabiliser la France et à revendiquer des pensums pour celle-ci …. Mais dans quelle sphère s’est elle située pendant son mandat ministériel ? on cherche encore. Moi c’est le cas.

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