Le soleil se lève-t-il à l’Est ?

Aujourd’hui, l’Allemagne, demain, la France?

    La « fachosphère », comme disent les bobos incurablement de gauche ou, dans sa nouvelle version chic à la mode, macronistes, la « fachosphère », donc, a bruissé toute la soirée de dimanche et bruisse encore à l’heure tardive où j’écris ces mots, de la bonne nouvelle de la victoire de l’AFD sur la CDU de Merkel aux élections non pas « régionales », contrairement à ce qu’écrit le Monde, qui a décidément beaucoup baissé depuis qu’il s’est donné aux forces de l’argent, mais « nationales » allemandes^[1].

    Avec 21% des voix, soit 9 points de moins que le SPD (Social Partei Deutschland), l’AFD (Alternative für Deutschland) a dépassé de 2 points le parti d’Angela Merkel, la CDU (Christlich Demokratische Union Deutschlands ou Union chrétienne démocrate allemande). Trois ans après sa création par des hauts fonctionnaires et des économistes en réaction à la crise des subprimes en vue d’un retour au Deutschemark, l’AFD n’en est pas à son coup d’essai électoral. Avant ce dimanche, elle avait obtenu de très beaux scores aux élections nationales du printemps : 24,3 % en Saxe-Anhalt, 15,1 % dans le Bade-Wurtemberg et 12,6 % en Rhénanie-Palatinat).

    Ainsi, l’AFD a réalisé en moins de 3 ans ce à quoi le FN a rêvé pendant plus de 30 ans. La raison est très simple à comprendre : l’AFD, qu’on appelle « le parti des professeurs » n’a été taxée d’extrême-droite qu’à partir du moment où elle s’est emparée des questions d’immigration et de sécurité. C’est pourquoi les cris de victoire poussés par les dirigeants du FN (on en aura plein les oreilles demain) ne sont pas plus crédibles ou justifiés que les cris d’alarme de la bien-pensance politico-médiatique. D’ailleurs, on crie au loup en France, pas en Allemagne. L’ignorance crasse de nos médias et de nos experts ou plutôt leur superficialité et leur esprit moutonnier font qu’ils confondent l’AFD avec Pegida. Cela, pour l’unique raison que, pour multiplier ses chances de succès, l’AFD s’est, je le répète, emparée du thème très légitimement porteur de l’immigration et de l’insécurité qui en résulte.

    Or l’AFD, c’est aussi un projet économique crédible qui ne rompt pas avec les orientations générales de la politique allemande, un projet porté par des sommités reconnues avec lesquelles la droite allemande n’aura aucune difficulté à gouverner. Moyennant quoi, elle constitue finalement une possibilité pour la CDU de rompre avec ses alliés socialistes. Moyennant quoi, l’AFD, qu’on crédite de 12% des intentions de vote aux législatives allemandes de 2017, est d’ores-et-déjà promise à un avenir gouvernemental. Ainsi, les thèmes dits « d’extrême-droite » auront droit de cité au gouvernement sans que le parti dont c’est le fonds de commerce, Pegida, en soit.

    Chez nous, les partis dits « de droite », L’UMP (LR + UDI) et le FN refusent toute alliance. Or, l’UMP, qui a renoncé à la défense des valeurs dites « conservatrices », est en réalité un parti social-démocrate, ultra-libéral et, surtout, antinational, européen, atlantiste, mondialiste, immigrationniste, communautariste et ouvert à toutes les chimères sociétales venues d’Amérique destructrices de la civilisation européenne d’inspiration romaine-chrétienne. Quoi que les candidats à la primaire essaient de nous faire croire, il ne porte en réalité plus les idées traditionnellement « de droite ». Certes, une minorité d’élus nationaux cultive en son sein des positions nationales, souverainistes, anti-européennes et conservatrices en matière civilisationnelle, allant même jusqu’à revendiquer l’identité chrétienne de la France ; mais elle ne se donne absolument aucun moyen de peser sur les orientations de l’UMP. De ce point de vue, avec l’affichage ce week-end du ralliement à Alain Juppé de son champion François Fillon, la minorité authentiquement droitière de l’UMP s’interdit toute perspective d’émancipation.

    En effet, je peux bien l’écrire aujourd’hui que les carottes sont cuites car Juppé sera président en 2017 et aura cinq ans pour mener à son terme le projet de liquidation de la nation française, j’avais espéré que la vraie droite française, les Myard, Boyer, Mariani et autres membres de « la Droite populaire », saisiraient l’occasion de l’élection présidentielle de 2017 pour passer le Rubicon, c’est-à-dire pour se mettre en position d’imposer leurs choix en quittant LR et en fondant leur propre parti. Un parti qui ne serait en définitive qu’une renaissance du RPR d’avant le virage européiste et communautariste de Chirac. Un parti qui occuperait l’espace déserté par l’UMP et que le FN est incapable de combler. Un parti dont le défaut fait de 15 millions de Français des orphelins du suffrage universel. Ce ne sera pas pour cette fois. Et, comme c’était la dernière chance de sauver la France…

    Total, les ténors du FN et leurs alliés contre nature (Ménard l’aventurier ancien gauchiste, Collard le franc-mac, etc.) peuvent bien se gargariser en faisant mine de voir dans le succès de l’AFD une promesse de victoire pour eux-mêmes, le soleil, en politique, ne se lève pas à l’Est. Allant plus loin dans la métaphore, je dirais même qu’il ne se lève ni à l’Ouest, ni au Sud ni au Nord ; il ne peut surgir que du sein même de la bonne terre de France. Pour l’heure, je n’en vois pas la moindre lueur.

Ce qui était impossible hier est devenu possible : les patriotes de l'AFD balaient le parti de Mme Merkel. Toutes mes félicitations ! MLP

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 4, 2016

Bravo aux patriotes de l'AFD, défenseurs de la souveraineté et de l'identité nationales, devant le parti de Merkel dans le Mecklembourg !

— Florian Philippot (@f_philippot) September 4, 2016

#Merkel battue par les patriotes de l'#AFD : les Allemands ont sanctionné la folie migratoire de la chancelière ! pic.twitter.com/LAlgMDkpWu

— Marion Maréchal (@MarionMarechal) September 4, 2016

Le Peuple a toujours le dernier mot, surtout quand on se fout de lui : Merkel battue par L'AFD ! pic.twitter.com/vXTZ06rpnb

— Gilbert Collard (@GilbertCollard) September 4, 2016

https://twitter.com/RobertMenardFR/status/772510957369262080

^[1] Les « Länder » allemands sont les quelque 360 anciens pays SOUVERAINS correspondant aux tribus germaniques de l’époque romaine qui, après moult regroupements et redécoupages voulus ou forcés, ont été réduits au nombre de 16 et ont constitué l’Allemagne fédérale. Les 16 Länder nomment leurs représentants au Bundesrat (Conseil fédéral). Cela n’a rien à voir avec les régions françaises qui sont le résultat d’un découpage administratif d’une entité nationale : la France. D’où l’usage que je fais d’élections « nationales » pour les Länder et fédérales pour les élections générales (élection des députés au Bundestag, et du Président de la République)