Cette réfutation du discours d’Eric Zemmour selon lequel l’Islam serait incompatible avec la France est le point-de-vue d’un fils de Musulmans élevé dans le respect de son libre-arbitre et formé à l’école française, républicaine, laïque et rationaliste, spinoziste convaincu, passionné par les religions en tant que philosophies, non croyant et se reconnaissant dans cette disposition d’esprit qu’Albert Einstein appelait la « religiosité cosmique ».
Confronté à un problème, un Musulman se demande ce que le Prophète Mohamed FERAIT s’il vivait en 2016, un islamiste ce qu’il A FAIT en 622-632.
Cette boutade qui n’est pas que ça signifie que la question de l’islamisme ne dépend pas de l’Islam mais des Musulmans. Selon qu’il est lui-même bon ou mauvais, le Musulman peut tirer de l’Islam le meilleur ou le pire. Dieu merci, si j’ose d’ire, depuis 634, date à laquelle auraient été consignés les premiers « messages » divins portés à Mohamed[1] par l’ange Gabriel, le Coran n’a jamais cessé d’être interprété. Et, depuis toujours, d‘aucuns, au sein même de l’Islam, ont proclamé qu’il n’était pas interprétable ; d’autres tout aussi musulmans mais infiniment plus nombreux leur ont répondu : « Cause toujours ! » et ont continué à exercer leur raison sur le texte sacré.
Mais je ne ferai pas le travail – qu’Éric Zemmour aurait dû faire avant d’énoncer ses horreurs – de recenser ici cette cohorte de théologiens et de philosophe musulmans qui ont établi que l’Islam était non seulement perméable à la raison mais qu’il était une religion DE raison. Loin de vouloir éclairer ceux qui les lisent ou les écoutent, Éric Zemmour et quantité d’ignares et de boutefeux qui ne rêvent que pogroms et nettoyage ethnique se prennent pour des docteurs de la foi islamique. Je n’ai pas la prétention, moi qui n’ai pas les titres pour cela, de faire une exégèse du Coran. Mon propos, politique, est, modestement, de faire comprendre à nos concitoyens que la guerre civile qu’Éric Zemmour, ses admirateurs et ses disciples semblent appeler de leurs vœux n’est pas inscrite dans les astres. Et qu’il y a dans les textes de l’Islam et surtout dans son histoire d’innombrables raisons de s’en convaincre.
Et il y a dans les textes et dans l’Histoire toutes les ressources utiles à une clarification de cette question de l’Islam de ou en France. Compte tenu de l’exacerbation des haines, compte tenu du climat de pré-guerre civile qui règne aujourd’hui, et compte tenu des agissements et des discours des extrémistes de tous bords, il est du devoir du politique de s’emparer de cette question. Or, à l’évidence, et j’y reviendrai plus loin, il n’y a pas de volonté dans ce sens. C’est donc aux Français de faire pression sur nos gouvernants pour qu’ils prennent leurs responsabilités[2].
Une chose est sûre : les obstacles ne sont pas dans l’Islam lui-même. Encore une fois, les textes et l’Histoire prouvent que l’établissement d’un islam anglican français est possible. Compte tenu du contexte, il est même nécessaire.
* * *
Ces textes et cette histoire, quels sont-ils ?
Les différents types de messages du texte sacré de l’Islam n’ont pas la même portée dans le temps. Le premier, le message théologique et purement messianique du Coran, est immuable car il porte une cosmogonie, c’est-à-dire une explication théologique du monde[3]. Celle-ci ne peut pas varier car elle ne résulte pas de connaissances (science) mais de croyances (religion). Lesquelles se manifestent par une série de signes auxquels le fidèle s’astreint. En Islam, ils sont très limités, très simples, et basés sur le principe que Dieu (Allah) est seul juge de la foi des Musulmans et de leur comportement personnel au regard de la pratique des vertus morales de tout temps en vigueur dans le monde antique. Ces vertus, qui rappelleront quelque chose aux disciples de Platon et d’Aristote sous le nom de « morale des quatre vertus », sont : la prudence, la tempérance, la force d’âme et la justice. Connues du Christianisme comme les « vertus cardinales », elles sont, aux yeux de l’Islam, bien plus importantes que le respect de prescriptions rituelles d’ailleurs aménagées pour s’adapter aux nécessités et aux vicissitudes de la vie quotidienne.
Lire (1/3) : L’islam est compatible avec la France
En revanche, les autres messages du Coran, à caractère social et juridique, ne peuvent pas avoir de portée universelle ni éternelle. Ils correspondent à une époque et à un contexte ; ils ne sont tout à fait valides que pour les gens et la géographie du temps du Prophète. Autrement dit, ils sont adaptables selon les sujets, les lieux et les époques. C’est encore plus vrai des message guerriers, qui correspondent à des conflits auxquels Mohamed, chef de clan, chef de guerre, a participé. Ils pourraient pratiquement être assimilés à une compilation des ordres du jour d’un commandant en chef à ses armées.
Le Coran est à la fois le verbatim du message que Dieu a adressé aux Hommes par la voix de Mohamed et la chronique des temps du Prophète. Or, la deuxième partie de sa vie est marquée par les conflits et les guerres. Des conflits internes et des guerres avec les tribus pour la conquête des esprits, des territoires, des biens et, en dernier ressort, du pouvoir. La première des tribus à lui avoir fait la guerre est la sienne propre, celle, sans doute en partie chrétienne et en partie animiste, des Quraychites[4], que, selon une vision caricaturale dont on verra plus loin qu’elle est plus nuancée, son oncle Abu Lahab souleva contre lui en 622, le chassant de la Mecque vers Médine. Une autre tribu à s’être opposée à lui est celle d’Abû Sufyân ibn Harb, qui finira par se convertir au moment de la prise de la Mecque par les partisans de Mohamed en 630, et qui laissera un nom comme le père du premier calife ommeyade, Muʿāwiya Ier.
Cela dit assez que la prédication de Mohamed, commencée vers 610, ne fut pas immédiatement reçue comme parole d’évangile. Elle prit peu à peu la forme d’un prêche destiné à faire revenir les siens, qu’il accusait de se laisser aller au culte des idoles, à une pratique plus saine de la religion. Celle-ci, le culte nazôréen, auquel Mohamed appartenait sans doute, est ce que j’appellerais un proto-christianisme. Les Nazôréens (ou Nazaréens) étaient des Juifs qui reconnaissaient en Jésus le Messie. Pratiquement disparue des zones de forte influence romaine qui furent peu à peu « christianisées » c’est-à-dire converties à l’Église de Rome telle qu’elle fut codifiée et formalisée à partir du Concile de Nicée de 325, la religion nazôréenne se maintint et prit une orientation différente en Arabie où elle cohabita avec le judaïsme originel et avec des cultes proto-islamiques animistes locaux.
Pendant toute cette période d’une dizaine d’années, le message de celui qui n’était qu’un des prophètes d’Arabie fut de caractère essentiellement théologique et doctrinal. Dans la période 610-615 : définition d’un monothéisme hyper simple, inscrit dans la lignée des religions du Livre mais accessible car parfaitement étranger aux spéculations abstraites qui compliquent à loisir le christianisme et le judaïsme, et mettant le croyant seul face à son Dieu. La révélation de Mohamed est conçue comme la dernière étape du développement d’une seule et même religion commencée avec Adam et qui s’est précisée et affirmée via les révélations des grands prophètes Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohamed ; énonciation des bonnes pratiques, c’est-à-dire les prescriptions d’ordre moral et les obligations rituelles, prémices de ce qui constituera les cinq piliers de l’Islam. A partir de 615 : prêches et imprécations contre ceux qui refuseraient de suivre la « juste voie » et énumération de tous les désagréments auxquels ils s’exposaient dans l’autre vie.
Tant que le père adoptif de Mohamed, son oncle Abû Tâlib, et sa riche épouse Khadija, apparentée à la puissante tribu probablement nestorienne Banu Asad contrôlaient La Mecque et les lieux sains, ces prêches ne firent pas de vagues. Mais quand, après leur mort en 619, le pouvoir passa à son autre oncle Abû Lahab, Mohamed fut considéré comme un élément perturbateur pour les affaires et symboliquement chassé du clan, ce qui signifiait qu’il pouvait être tué sans que son assassin encoure la vengeance de celui-ci. Il conserva néanmoins le soutien d’un autre clan moins important, ce qui lui permit de ne s’exiler, avec ses quelques dizaines de partisans, que progressivement. C’est à 450 km au nord de La Mecque, à Yathrib, où il avait des soutiens, qu’il s’établit en 622 : c’est l’Hégire. Baptisée par Mohamed Al Madina al Mounawara, « la ville éclairée » (sous-entendue, par la religion), Yathrib fut peu à peu désignée sous le nom de Médine.
Les deux tribus arabes et les trois juives de Yathrib qui acceptèrent de se rallier à lui constituèrent le noyau de l’oumma ou confédération. Celle-ci fut progressivement formalisée par huit documents qu’on appelle « la Constitution de Médine » et qui constituent un pacte, un traité de solidarité dans les droits et les devoirs, entre les Mecquois, les membres des tribus de Yathrib ayant adopté la nouvelle religion à titre individuel, les tribus juives et, les tribus arabes de Yathrib en tant que telles. Chose remarquable pour un esprit d’aujourd’hui habitué à compartimenter les appartenances, ce pacte affirme la liberté de religion ; les muslim mecquois (muslim, ou musulman en Français signifie quelqu’un qui s’est « soumis » volontairement au Dieu unique, c’est-à-dire ayant fait profession de foi d’appartenance à la nouvelle religion conçue comme un prolongement des deux autres) et les tribus juives et arabes non idolâtres de Yathrib membres de la confédération sont libres d’exercer leur rites. Mais la chose est aisée car il y a peu de différences entre les trois cultes. Les rituels islamiques sont un mélange de rituels chrétiens et juifs comme le jeûne, la prière du midi, la commémoration du Yom Kippour (adoptée par l’Islam sous le nom d’Achoura) et de rites préislamiques : le pèlerinage à la Kaaba, par exemple. Tous sont soumis aux mêmes obligations et aux mêmes droits, et tous paient le même impôt : la nafaqah (à ne pas confondre avec la pension alimentaire en vigueur aujourd’hui : la nafaqa).
Autrement dit, l’oumma n’est pas une communauté religieuse mais politique.
Mohamed et ses partisans à Médine, c’est la naissance d’une nation. A partir de cette époque, TOUT le message du Coran est celui d’un chef d’État civil et militaire, pas d’un prophète. « Certes, [Mohamed] recherchait l’expansion de sa vérité et de sa foi, mais il l’a fait par le jeu de la puissance et de la guerre, avec les moyens de son temps et de son monde. » (Hichem Djaït, historien, islamologue et penseur tunisien).
Toutes les sourates du Coran appelant à l’extermination des ennemis, toutes ces sourates qui se complaisent dans le sang, ne sont pas d’essence religieuse mais politique et militaire. L’ami Zemmour les exploite pour signifier que l’Islam (je mets une majuscule) est guerrier et barbare par essence – sans préciser qu’elles sont dirigées autant contre les cousins mecquois (au sens propre du terme) de Mohamed que contre les tribus juives qui, selon lui, ont rompu le pacte de Médine (je ne veux pas savoir qui a commencé, qui a raison, qui a tort car ce n’est pas notre propos et, même, ça ne nous regarde pas !).
Un autre argument des fauteurs de guerre civile et des nostalgiques des pogroms suivis d’holocaustes est que l’Islam est immuable, figé, irréformable. Faux ! Il y a encore trente ans, les femmes musulmanes de tous pays à l’exception de l’Arabie saoudite allaient au bureau au volant de leur voiture, en mini-jupes et perchées sur des talons hauts, avec des lunette ray-ban sur le front. C’est encore le cas de la majorité des Musulmanes. Depuis toujours et sans aucune interruption, il y a eu des penseurs parmi les plus éminents pour discuter, interpréter et adapter le Coran à son temps. Mieux, les courants dominants de l’Islam l’inscrivent dans une logique rationaliste. Seule la secte wahhabite a, à trois reprises, imposé par la force et la barbarie une vision pire que fondamentaliste, arriériste (j’ai bien écrit “arriériste” et non “arriérée”) de l’Islam. A chaque fois, les Musulmans ont réussi à la chasser du pouvoir. Elle s’est emparée de l’Arabie en 1923 grâce au soutien des Américains et à la trahison des Britanniques (cf. la geste d’Hussein avec Laurence d’Arabie). Cette fois-ci comme les deux fois précédentes, elle sera balayée.
D’ailleurs, le mouvement est très engagé : les plus hautes autorités du sunnisme réunies en congrès le 5 septembre dernier à Grozny ont exclu le wahhabisme du sunnisme. (Lire) On notera que cette réunion coïncide avec le retournement d’alliances qui a vu Poutine, Assad et Erdogan décider de combattre ensemble les mouvements djihadistes soutenus par l’Arabie saoudite en Syrie. Le Cheik d’El Azhar, la plus haute autorité du sunnisme, a par ailleurs déclaré : « Les wahhabites répandent le blasphème et l’athéisme ». (Lire) Sunnites et chiites, qui n’ont jamais été en guerre, contrairement à ce que l’ignorance crasse fait dire à nos « spécialistes » aveuglés par une vision du monde communautariste à l’américaine, semblent décidés à se débarrasser des Saoud et des émirs du golfe que TOUS considèrent comme illégitimes.
Les Américains eux-mêmes sont en train de comprendre que du chaos qu’ils ont semé au Levant est née une volonté farouche des tribus apparentées au Prophète (et ça fait beaucoup de monde !) de chasser les Saoud. Quant à elle, la monarchie saoudienne a manifestement pris conscience de la mauvaise tournure des choses, d’où sa fuite désespérée dans la guerre à outrance sur plusieurs fronts. Ce sera, avant deux ans, la revanche des Sadate, Saddam, Kadhafi, Assad, Moubarak, tous ennemis de l’islamisme et, pour certains d’entre eux, athées, que l’Arabie saoudite et le Qatar ont fait ou voulu faire tomber à coups de pétrodollars avec la complicité des Américains et de leurs caniches britanniques et français.
Seuls les Musulmans d’Europe – pas tous – restent à l’écart de ce grand mouvement de retour au bons sens dans la galaxie islamique. Pourquoi ? La raison est qu’ils sont tenus dans l’ignorance d’enjeux planétaires qu’ils sont bien incapables ne serait-ce que de concevoir. Ce, parce qu’ils s’abreuvent à la même source d’information que ceux qui rêvent d’en découdre avec eux : une télévision et des médias liés à la politique par une connivence intéressée, trouble et obscène mais aussi, en conséquence, une profusion de sites dits « d’information » mais qui ne sont en réalité que les réceptacles des rumeurs sans fondements mais propres à exacerber l’imagination des complotistes de tous poils.
Le tout dans un contexte politique particulier : la mise en œuvre du projet de nos élites d’instaurer en France une société sans frontières, oublieuse de son Histoire et de ses traditions, sans foi ni loi, ouverte à tous les vents, immigrationniste et communautariste. Les promoteurs de ce projet sont au pouvoir : à l’UE, dans les gouvernements, dans les assemblées, à la Présidence de la République française, dans les rédactions de journaux, dans les médias audio-visuels, dans les think-tanks, dans les associations, à la direction des entreprises du CAC40. Pour eux, les tueries de Toulouse, Paris, Nice et ailleurs sont des dégât collatéraux : rien ne les fera dévier de leur projet qui prévoit la satisfaction de toutes les revendications des islamistes qui contrôlent et rackettent les Musulmans de France.
Dans cette affaire, les Musulmans sont passés par pertes et profits. Qu’ils se soumettent aux islamistes ! Voilà le mot d’ordre de nos élites au cerveau ravagé par l’idéologie mondialiste et leur haine de la France.
Cela, ces formidables enjeux géopolitiques et civilisationnels, nos penseurs à la sauce Zemmour n’en ont pas même l’idée ; ils ne voient pas non plus que la salafisation des Musulmans de France, leur enrôlement consenti ou forcé par les islamistes, ont quelque chose à voir avec ces projets antinationaux que, pourtant, ils combattent par ailleurs. La raison est qu’ils sont aveuglés par leurs propres passions, par leur haine de l’Arabe héritée de leur histoire personnelle ou de leurs allégeances tribales.
Alors, ils mettent leur intelligence en mouvement non pour essayer de voir comment dissiper les menaces qui planent sur notre société mais pour trouver dans les textes coraniques de quoi cautionner leurs propres élucubrations. Pour cela, ils vont même jusqu’à prendre pour argent comptant les délires de ceux qui tuent au nom de l’Islam et à en user pour accabler ceux des Musulmans qui, par leur civisme et leur comportement irréprochable, démontrent l’inanité, l’illégitimité et, surtout, la barbarie du terrorisme islamique. Ainsi, les salafistes rêvant d’un islam conquérant et leurs ennemis adeptes du « pas d’islam en France » se trouvent-ils alliés objectifs contre des Musulmans pris en otage par les uns et menacés de pogroms par les autres.
Je dis aux Français de bonne volonté : « insurgez-vous contre cette injustice ! » Pas par bonté d’âme ou charité chrétienne mais par amour de la vérité et de la paix. La vérité est que l’Islam est une religion et l’islamisme une secte.
L’Islam, c’est la sixième et dernière révélation d’une série dont les prophètes furent Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohamed. Cette révélation porte sur le dogme, la foi (ce en quoi il faut croire) : unicité d’Allah ; les Anges ; les Écritures (Torah, Psaumes de David, Evangile, Coran) ; les Prophètes : Abraham (Ibrâhîm), David (Dâwoûd), Isaac (Ishâq) Ismaël (Ismâ’îl), Jacob (Ya’qoûb), Jean-Baptiste (Yahyâ), Jethro (Chou’ayb), Job (Ayyoûb), Jonas (Yoûnous), Joseph (Yoûçouf), Loth (Loût), Moïse (Moûçâ), Noé (Noûh, Salomon (Soulaymân), Zacharie (Zakariyyâ), Jésus (Issa) ; le jugement dernier et la résurrection ; la prédestination ; le retour de Jésus précédé de la venue d’un roi universel, le Mahdi ; l’existence des Djinns (démons). Sur les devoirs du Musulman : la profession de foi ou chahada, la prière quotidienne ou salat, le jeûne du mois de ramadan ou saoum, l’aumône ou zakat, le pèlerinage à La Mecque ou hajj.
Vient ensuite l’énoncé des prescriptions sociales et morales dont le respect est censé permettre aux croyants de se rapprocher de la perfection vue comme un idéal mais jamais comme un accomplissement car seul Dieu est parfait. Le Musulman s’intéresse à cette partie du Coran.
L’islamiste s’attache au reste, qui relève de la politique ; c’est de l’islamisme. L “Islam anglican français” que j’appelle de mes vœux OBLIGERAIT tout Musulman vivant en France à ne garder que la partie du Coran qui relève de la religion est qui est parfaitement compatible avec la France, la République et, même, la laïcité. L’islamisme, lui, est un poison pour la France. Les mouvements qui le prônent et qui encouragent les signes extérieurs d’appartenance à ce courant doivent être considérés comme des forces de subversion et traités comme des sectes.
Lire : (2/3) Le voile est-il une obligation religieuse ?
Disons immédiatement que mon projet d’un « Islam anglican français » n’est pas fait pour des idéalistes de gauche qui confondent tolérance et complaisance. Ce n’est pas non plus pour plaire aux tenants d’une France simple sous-préfecture d’un ensemble euro-afro-américain voué au communautarisme et sous emprise des forces de l’argent. Mon projet est un projet national. Il ne peut être porté que par une personnalité politique inspirée par le seul souci de l’intérêt national et dotée d’une volonté farouche d’aboutir, au besoin en forçant, avec le soutien de son Peuple consulté par référendum, les volontés contraires. Pour mettre en œuvre un tel projet, il faut un Kemal Atatürk au masculin ou au féminin, peu importe, déterminé à frapper fort et vite, sur le principe de la « réforme radicale ».
Ce personnage existe ; aux Français de l’identifier et de lui donner les moyens d’agir.
Affirmer qu’ « il y a dans les textes et l’Histoire toutes les ressources utiles à une clarification de cette question de l’Islam de ou en France » n’est pas de nature à rassurer ni émouvoir nos concitoyens. Les raisons pour lesquelles l’Islam peut être compatible ou ne pas l’être, au fond, intéressent d’avantage les rhéteurs, que les français dont vous ne tenez pas compte des préoccupations et que vous méprisez, au passage, en leur prêtant des intentions « nauséabondes ».
Il s’est écoulé plus d’un millénaire depuis la première entrée des musulmans en France en 714 et l’écrasement définitif des pirates barbaresques en 1830. Sont restés gravés dans notre mémoire collective les ravages de notre pays au nom de l’Islam, les razzias méthodiques, les déportations des hommes capturés et emmenés dans des camps de castration en Corse, puis dans les bagnes du Dar al islam pour en faire des esclaves, et des femmes pour les introduire dans les harems d’Afrique du Nord, où elles étaient utilisées pour engendrer des musulmans etc…Nous n’avons malheureusement pas eu la chance de connaitre de l’Islam « ses périodes de grandeur et de paix », aussi, vous pouvez concéder à nos vilains compatriotes, qu’ils puissent émettre quelque réticence vis-à-vis du néo-colonialisme que l’on veut leur imposer. Nul besoin d’être « docteurs de la foi islamique » pour en constater les « fruits » et affirmer haut et fort que nous ne les goûtons pas.
Je ne prête pas d’intentiosn “nauséabondes” AUX Français; j’en lis chez beaucoup de tenants de la thèse de l’Islam incompatible avec la France. Et c’est très exactement l’objet de mon article : éclairer les Français de bonne volonté pour que, dans la tempête qui menace, ils ne se laissent pas aller à des débordements contre des millions de Français musulmans innocents des crimes des islamistes. Démontrer en disant dans quelles circonstances les textes sacrés de l’Islam ont été écrits, que le message proprement religieux, messianique du Prophète EST un message de paix, et qu’il est parfaitement compatible avec la France, la République et, même, la laïcité. Que certains musulmans aient commis ou commettent des crimes au nom de l’Islam ne salit qu’eux-mêmes et ne doit rejaillir ni sur les autres Musulmans ni sur l’Islam.
Sur le reste, je n’ai rien à dire car ce n’est pas le sujet. Ou plutôt, il n’y que trop à dire.
Je pourrais vous citer mille contr’exemples: les deux alliances contractées par Charlemagne, l’une avec les Abbassides en Espagne contre les Ommeyades, l’autre avec Haroun-al-Rachid contre Byzance en orient; celle de Richard Coeur de Lion avec Saladin, interrompue par la mort de celui-ci celle de François 1er avec les Ottomans contre l’Autriche; celle de nombreuses tribus de l’Algérois et de Kabylie avec la France contre Abd-el-Kader, celle d’autres tribus kabyles avec la France contre Mokrani en 1871; celle du roi du Maroc Moulay Abdelhafid avec la France contre son propre peuple révolté en 1911, etc. Et je ne parle pas de multiples cas où des Chrétiens furent alliés à des Musulmans contre d’autres Chrétiens ou d’autres Musulmans. Cela a à voir avec la politique, la diplomatie, la guerre ou, dans le cas des corsaires barbaresques, la rapine, pas avec la religion.
D’ailleurs, il ne me semble pas que Zemmour ou un autre ait jamais imputé au Christianisme des horreurs commises par des Chrétiens, et Dieu sait si l’Histoire en est pleine : le Christianisme est-il la cause des crimes du nazisme ? Est-il responsable des bombardements de Dresde par les Américains qui ont fait 250 000 morts en quelques jours alors que l’Allemagne était à genoux ? Le Christianisme a-t-il une responsabilité dans le largage en août 1945 de deux bombes nucléaires sur un Japon déjà vaincu ?
Je ne me permettrai jamais, moi qui suis sensible au drame palestinien, imputer au Judaïsme les crimes d’Israël en Palestine.
Pour finir, je me contenterai de vous rappeler, à vous qui êtes Piénoire, le comportement du très grand Musulman que fut l’Émir Abd-el-Kader. Impitoyable durant la guerre contre les “infidèles” pendant la guerre de conquête de l’Algérie (1839-47), il fut celui qui, en exil en Syrie, sauva 12 000 Chrétiens de Damas en 1860. Dans les deux cas, il a agi en Musulman : dans l’un en Musulman chef de guerre, dans l’autre, en Musulman homme de paix.
C’est beau comme du zemmour à l’envers!
Ceci dit je ne fais pas confiance à ces “millions de musulmans innocents” comme vous dites car les a-t-on vu manifester en masse criant ” A bas ces salafistes bafouant la religion d’Allah ! ” Non, on ne les a pas entendu. Très peu se sont déplacé pour aller prier pour le père égorgé. Beaucoup ont applaudi devant leur télé. Car ils font parti de l’Oumma et ” moi et mon frère contre mon cousin- moi, mes frères et mon cousin contre l’étranger…etc. etc., ” est la meilleure définition que l’Islam religion est fortement imbriquée dans l’Islam politique.
Je n’ai pas vu des “millions de Français” dans les rues. Certains ont manifesté; ils ont été pris à partie par des excités, notamment à Nice.
Quant à organiser des manifestations DE Musulmans, les vrais s’y refusent car c’est une façon de cautionner un communautarisme dont ils ne veulent pas car ils en sont les premiers à en pâtir. Si la charia est mise en place en France, comme je le crains, c’est à eux qu’elle sera appliquée DE GRE OU DE FORCE, pas aux “Français de souche”.
C’est pour cela, pour qu’il n’y ait qu’une France dans laquelle ils ne seront pas la proie des prédateurs du salafisme, que les Français doivent lutter. Ne serait-ce que, ainsi rassurés, les Musulmans soient les meilleurs remparts contre l’islamisme.
Je pense surtout que notre ami Eric Zemmour a perdu cette foi que nous gardons en une France gallicane indépendante, de tradition catholique, où peuvent cohabiter sans conflits majeurs catholiques, protestants, juifs, musulmans, athées, bouddhistes…
Il a baissé les armes devant la mondialisation et l’invasion de migrants financée par le milliardaire Soros. Zemmour se raccroche aux branches d’une Europe blanche et chrétienne faute de croire encore possible une France française. Mais sa France européenne ne m’intéresse pas plus que vous ; je n’en veux même pas, lje l’ai autant en horreur qu’un Etat islamique en France. Soit la France renaît elle-même, soit elle disparaît avalée par nos ennemis héréditaires allemands ou anglais. Pour ma part, comme vous je pense, contrairement à Zemmour qui semble avoir perdu la seule vraie foi patriote, je veux une France française.
Passionnant comme toujours ! J’ai beaucoup apprécié l’analyse du Coran à trois niveau en fonction du contexte politique et des conflits de l’époque au moment de sa création. Je me souviens avoir lu le Coran dans une édition de la Guilde du Livre que mes parents avaient acheté lorsque nous étions à Oran et lorsque j’étais gamin. Bien sûr, je ne m’y suis attelé que lorsque j’ai été adolescent. La préface de l’ouvrage était de Georges Bousquet (je ne suis pas certain du prénom), professeur à l’université d’Alger et il disait que l’islam s’était construit dans des conditions un peu similaire à la religion Mormone car Mohamed et Yan Smith s’étaient trouvés dans l’obligation lorsqu’ils ont prêché de diriger un groupe humain et donc d’associer à leur révélation, des règles de comportements et de droit régissant la vie du groupe qu’ils avaient à mener. Ton article a fait resurgir cette analyse avec beaucoup plus de précision sur le contexte de 622 AJ.
Pas de polémique, votre analyse est fort intéressante, cependant je ne demande qu’une chose aux musulmans vivant en France, le respect de mes traditions et de mon mode de vie!Je n’ai pas encore lu le livre de Zemmour, il a le courage de ses opinions , j’aime!
Je viens d’entendre Zemmour face aux questions de JJ Bourdin, je ne peux que lui donner raison. lorsque je vivais en Algérie française j’ai respecté les us et coutumes de mes amis algériens, qu’ils fassent de même chez moi, à défaut ils doivent partir, car par ailleurs les musulmans ne nous ont rien apporté en terme de culture, le monde musulman est un monde en échec!
Vos appréciations, ou plutôt, vos dépréciations sur l’Islam prouvent que vous fonctionnez avec vos tripes. Il faut vraiment être haineux pour remettre en question les apports de l’Islam. Quoi qu’ils fassent, QUOI QUE NOUS FASSIONS, NOUS, LES ARABES, vous rêvez pogroms et nettoyage ethnique. J’en ai assez dit et fait sur cette question.
Comme le fait remarquer justement Roro, emportés par les sentiments qui vous animent vous mélangez tous les deux Islam et arabité. Les propos de Jean Pierre sont bien sûr inexacts lorsqu’il affirme que les musulmans n’ont rien apporté. Cela semble assez bien s’appliquer aux Arabes, mais certainement pas aux musulmans. On ne peut en effet nier qu’ils ont été, sinon les inventeurs, du moins le relais majeur pour la transmission de nombreuses inventions et connaissances et qu’ils ont développé des domaines d’excellence notamment en matière mathématique et astronomique.
Quant’à vous, cher Kader, vous perdez un peu vos nerfs en maniant l’anathème. Tous vos lecteurs Pied-noirs savent que cet amalgame musulmans = Arabes est très réducteur (n’êtes vous pas vous-même Kabyle ?). Dire aussi comme vous le faites que ceux qui veulent simplement qu’on respecte chez eux leur mode de vie « rêvent de pogrom et de nettoyage ethnique » et parfaitement outrancier. Vos propos sont généralement plus mesurés et plus rationnels.
Il est vrai que le sujet est délicat, autant ne pas relancer une nouvelle affaire Dreyfus.
Ce forum a généralement une bonne tenue même quand il exprime des idées divergentes. Il doit conserver cette qualité de plus en plus rare sur le Web, garder cette caractéristique pour continuer à exister et pour que nous, lecteurs, continuions à l’alimenter..
Cher Kader,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt vos commentaires sur l’Islam et l’islamisme. Ma raison me porterait assez à pencher vers votre opinion. Elle s’appuie sur le fait que j’ai pu vivre dans l’Algérie de mon enfance une « coexistence heureuse » jusqu’à ce que la politique, les ambitions personnelles et le pétrole ne s’en mêlent. Pourtant mes sentiments me font plutôt pencher vers les commentaires de ma compatriote Sophie Lopez.
Comme vous le dites, il y a un Islam religieux et un Islam politique. Si nous pouvons très certainement vivre avec le premier nous ne pouvons que rejeter totalement et viscéralement ce que voudrait nous imposer le second. Or à ce jour le silence des musulmans est assourdissant sur la séparation nécessaire de ces deux aspects et sur le rejet tout aussi nécessaire du second.
Or c’est aux musulmans, et pas à nous qu’il appartient de faire ce travail.
Il semblerait pourtant que les choses évoluent un peu de ce côté. Vous citez le congrès de Grozny, les prises de position du Cheick d’Al-Azar. Il y a aussi celles récentes du roi du Maroc et l’avancée bien timide et bien tardive du recteur de la mosquée de Paris Djallil Boubakeur. Mais que tout cela est timide et lent !
Et aussi, en supposant que le désir de ces responsables politiques et religieux soit sincère, comment oublier par ailleurs « Le livre des ruses », cet ouvrage écrit plusieurs siècles avant machiavel, qui a nourri des générations de musulmans et qui met en avant comme qualité première la ruse et la dissimulation ? Thème d’ailleurs repris récemment par les forcenés de l’EL dans leur approche vis-à-vis des pays européens qu’ils veulent conquérir.
L’avenir va nous dire rapidement de quel côté va pencher l’Islam. Espérons pour nous et pour nos enfants qu’il penche dans le sens que vous souhaitez et que nous souhaitons aussi.
Inch’Allah.
Pourquoi rester sceptique sur les intentions des Musulmans influents alors qu’ils ne cessent de les proclamer ? Croyez-vous que ce soit sans risque pour un édile religieux d’exclure le wahhabisme de la Sunna ? Les actes mais aussi les paroles engagent.
Quand aux Musulmans de France, si vous ne les entendez pas, c’est que vous ne les écoutez pas. Ceux d’entre eux qui ont accès aux médias se sont exprimés et plutôt deux fois qu’une. Ghaled Bencheik, Tahar Benjelloul, Malek Chebel, Boualem Sansal, des théologiens et des laïcs se sont prononcés. écoutez-les et faites-leur confiance. Eux risquent beaucoup plus à parler que vous à les écouter.
J’ai eu tort de généraliser en omettant ceux que vous citez (que je connais et écoute avec attention). Ils méritent le respect par les risques qu’ils prennent. Mais il le font en leur nom personnel. Ce sont les harkis de notre époque. Mais ce que j’attends c’est que les responsables visibles “se mouillent” vraiment. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne se précipitent pas. Quant’à mon “scepticisme” il est probablement dû à mon âge (76 ans) : “chat échaudé craint l’eau froide”.
Et pour les risques, chacun doit prendre les siens au moment où ils doivent être pris. (J’ai pris les miens quand ce fut le moment de les prendre).
En tout état de causse et bien que parfois mes opinions divergent des vôtres, vous avez toute ma sympathie et mon respect pour ce que vous faites.
TOUS LES COMMENTAIRES DE CET ARTICLE SONT SUPPRIMÉS. VOUS POUVEZ M’ENVOYER VOS REMARQUES MAIS PLUS AUCUNE NE SERA PUBLIÉE SUR CETTE QUESTION DÉLICATE ET MANIFESTEMENT TROP SENSIBLE. MERCI !
Une bonne décision pour calmer le jeu mais qui ne supprime pas le fond du problème.
Il faut pourtant bien que chacun puisse s’exprimer… sans passion.
Pourquoi pas une charte de bonne conduite sur ce blog ?
Je partage votre opinion, Monsieur HAMICHE. J’aurais souhaité qu’il existât un petit ouvrage à destination des jeunes présentant sommairement l’Islam dans la même veine que vous. Des ouvrages comme ceux de Louis GARDET (ou d’autres) sont trop complexes pour eux, d’autant que la plupart ne sont guère enclins à lire…Bravo.
Bravo pour cet éclairage indispensable. Pourquoi le monde musulman de France semble rester ambigu et ne clarifie pas publiquement sa différentiation avec la vision arrièriste de l’islam? J’attends cela avec impatience. Bon courage dans votre lutte.
Cher Kadder, Je suis sensible à vos explications qui ont le mérite de prôner l’apaisement, mais je ne comprends pas, quels que soient la pertinence ‘philosophique’ et la véracité historique de vos propos, pourquoi vous vous obstinez à utiliser cette expression anachronique “d’Islam anglican français”. L’Angleterre et l’anglicanisme n’a jamais rien eu à voir avec la France alors qu’il existe une expression qui relève de l’histoire de France et qui pourrait mieux convenir à votre propos : “gallicanisme” depuis le 14ème siècle jusqu’au 19ème siècle… en opposition à l’ultramontanisme mais c’est une autre histoire. très cordialement JM
Merci Kader pour cet article qui m’éclaire sur de nombreux points, et que je ressens (vous avez compris à quel point je fonctionne à l’intuition) comme nécessaire et utile à la compréhension de ce qui sous tend les tensions finalement imposées à notre société.