Colloque de Volvic : réponse de Georges Belmonte et Marie-Paule Garcia.

     J’ai reçu aujourd’hui ce long message des responsables du Cercle algérianiste du Gers, Georges Belmonte et Marie-Paule Garcia, où ils s’insurgent contre mon texte sur la participation de Thierry Rolando au « colloque sur la diversité » organisé à Volvic par Mohand Hamoumou et ses obligés. Au lieu de le poster en commentaire de mon article, les signataires de ce message me l’ont envoyé sur ma boîte mail. Ils nous diront sans doute que c’est pour ne pas ajouter aux « chikayas » ; moi,  je pense que tous les lecteurs de ce blog ont le droit d’en prendre connaissance. D’ailleurs, je suis convaincu que ce texte est l’expression du point de vue de la plupart des responsables du Cercle. C’est pourquoi je le publie in extenso, sans corrections, avec ma réponse aux signataires et mon propre commentaire.

Belmonte_Garcia_Condom_2011B                                                                               Georges Belmonte et Marie-Paule Garcia – Condom 2011

Message de Georges Belmonte et Marie-Paule Garcia.

« Kader,

    Nous avons lu sur ton blog l’analyse que tu fais du carambolage de la cérémonie d’hommage au camp de Bourg-Lastic et du colloque de Volvic. Nous savons combien tu es sensible à ces tombes d’enfants. Nous partageons avec toi tout ce qu’il y a de honteux, de révoltant devant ces sépultures. Même si nous  trouvons pertinente un certain nombre de tes remarques, nous ne partageons pas ton approche ni sur le ton et ni sur les cibles.

    Nous t’écrivons pour clairement te dire que nous soutenons la démarche de Thierry Rolando et que nous trouvons dommageable les propos que tu as tenus à son égard. Assez des chikayas alors que l’on pourrait se retrouver sur l’essentiel. Ne nous trompons pas d’adversaire.

    Fort justement, tu mets en évidence l’enjeu qu’il y a autour de l’histoire des Harkis et les tentatives d’en faire des « malgré nous » comme ces soldats Alsaciens pendant la seconde guerre mondiale. Ce serait donc des immigrés politiques. Cette manœuvre vient renforcer l’approche en termes de guerre que nos élus ont validée en 1999. Le but est d’accréditer l’idée sur laquelle le FLN  et les porteurs de valises construisent leur idéologie à savoir qu’une ethnie occupait le pays et que l’autre ou les autres s’en sont libéré. Autant l’on cherche à passer sous silence les français d’Algérie et leur engagement patriotique, autant l’on cherche à enfouir sous une chape de plomb l’engagement pour le parti de la France de la grande majorité de la population dite « musulmane » avant l’indépendance (cf mouvement du 13 au 16 mai). Tous ceux qui prétendent le contraire sont  des félons ou des traîtres qui défendaient « l’Algérie de Papa ».

    La terreur et la violence politique ont fait exister une division entre amis et ennemis et un mythe qui la justifie. Or l’engagement des Harkis ou l’exode des juifs contredisent ces montages idéologiques. Les violences symboliques et le memoricide sont donc les prolongements des crimes et du nettoyage ethnique. La figure du traître joue un rôle essentiel.

    Le nombre d’engagés dans les groupes d’autodéfense et dans les harkas témoignent de l’attachement au  parti de la France, et ce malgré une terreur qui n’a pu faire basculer la masse qu’avec le reniement de l’Etat français. Ce nombre est un démenti cinglant, incontestable de la doxa. Les uns parce qu’ils cherchent à cacher la terreur et les autres parce qu’ils cherchent à cacher le reniement, veulent contourner cet argument en s’appuyant sur les doutes et l’oubli pour faire des harkis des « malgré eux » et du sort réservé aux juifs une erreur de casting, eux « qui aimaient tant les arabes » et réciproquement.

    Certains héritiers des populations d’Algérie qui ont subi l’exode sont vulnérables à ce type d’argumentation. L’oubli et le memoricide aide à simplifier l’histoire. Les violences pratiquées continuent donc leurs effets et sont renforcées par la propagande médiatique. Tu analyse bien ces évolutions.

    Enfin tu soulignes une autre forme d’acceptation comme tu le relèves pour J Bougrab où elle accrédite les argumentations sur la torture mais où elle dédouane dans la foulée son père. Oui pour la doxa en règle générale sauf pour les miens. C’est une forme du syndrome de Stockholm. Un jeu sur de petites variations qui cautionne la doxa.

    Cependant, nous ne te suivons plus quand tu jettes l’anathème sur les différentes personnalités ; on peut débattre  sans pour autant jeter des calomnies à la figure de nos contradicteurs. Nous n’acceptons pas cette manière de faire comme nous  nous opposons aux mêmes procédés te concernant. Nous savons que c’est difficile mais il nous semble que nous devons chercher le rassemblement et nous expliquer. Le combat comme tu aimes le nommer, n’est en fait qu’un débat en démocratie parce que nous  considérons que nous avons plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent. Nous croyons que le fait d’échanger permet de mieux se comprendre plutôt que de se diaboliser.

    Nous trouvons pertinente la démarche de Thierry Rolando de participer à ce colloque, et même méritoire, dans la mesure où il habite à l’autre bout de la France et que le seul intérêt qu’il a, est d’assumer par sa présence la lourde responsabilité de ce que tu qualifie toi-même de « la plus connue des organisations de Pieds noirs ».

    On arrive à notre deuxième point de divergences. Il y a certains combats que nous ne devons pas placer dans l’arène politicienne. Nous ne disons pas qu’ils ne sont pas politiques  mais on ne peut pas placer sur un même plan le combat pour la mémoire des nôtres et les municipales à Béziers.  Il y a des instances et des lieux éminemment respectables pour cela. Nos instances n’ont pas cette vocation.

    Ton aveuglement pour le tout politique fait qu’il n’y a plus de discernement. Et tu prêtes des intentions nauséabondes à tout le monde. Tu mélanges Béziers, Volvic etc… Tu parles de charlatans, de charognards, d’aller à Canossa,… tout cela est outrancier et n’aide pas à faire passer l’analyse ci-dessus que nous partageons.

    Nous sommes solidaire de l’action que mène Thierry Rolando. Nous regrettons profondément que suite à nos rencontres où on avait caressé l’espoir de chercher à rassembler tu en rajoutes sur la division. Si le cercle aujourd’hui arrive à faire nombre, c’est bien parce qu’il ne s’est pas perdu dans ces divisions. L’émotion, la douleur parfois qui nous étreint ne justifie pas les outrances qui elles nous discréditent.

    Nous te souhaitons de tout cœur de faire avancer les thèses qui nous sont chères mais comprends que nous ne sommes pas disposés à cautionner la calomnie.

    Cordialement,

Marie Paule Garcia et Georges Belmonte – Cercle Algérianiste du Gers »

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Voici la réponse que je leur adressée par mail.

« C’est noté.

    Vous faites partie de ces PN qui se paralysent tout seuls à cause de leur peur des chikayas, ce qui fait qu’ils sont incapables de nommer ceux dont la mission est de les empêcher de se défendre.

    Encore une fois, on n’est pas dans le débat mais dans le combat. Et on ne combat pas efficacement quand on ne dénonce pas les ennemis ou même les poids morts de l’intérieur, comme Jeannette, Mohand et Thierry qui, comme je l’ai dit au Congrès de Fréjus en 2008, fournissent la vaseline à ceux qui nous (censuré) depuis cinquante ans. Mais peut-être, au fond, êtes vous d’accord avec eux sur le fond ET sur la forme ?

   Si ça vous amuse de « débattre » avec nos égorgeurs, continuez ! Mais rien ne vous autorise à parler de calomnies, car tout ce que j’écris est vrai.

PS. Relisez le texte du Bachaga Boualam que j’ai publié sur mon blog. Si ça ne vous convainc pas que nous sommes en guerre… »

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Et qu’on me permette d’ajouter quelques remarques…

    Voici un florilège des mots utilisés par G. Belmonte et M.P. Garcia pour caractériser mon texte : « anathème », « aveuglement », « division » et, surtout, « calomnie ». Pour des gens qui fuient les chikayas, je trouve qu’il y vont fort. Je ne vais pas me défendre pied à pied : il suffit au lecteur de relire mon article pour constater que tout se tient. Quant à ceux qui me suivent depuis plus longtemps, ils savent que je n’écris pas à la légère. C’est d’ailleurs un effet bénéfique de cette polémique que de nous obliger à nous relire nous-mêmes et mutuellement.

    Mais si les mots anathème, aveuglement et division me font sourire, le mot calomnie ne passe pas. La calomnie est une critique basée sur le mensonge. Où et quand ai-je menti ?

    Quant au rapport avec les élections municipales à Béziers, je ne vois pas à quoi le duo Belmonte/Garcia fait allusion. Dans mon article, je m’étonne que Thierry Rolando cautionne à Volvic des amis des révisionnistes fellaghas (pour mémoire, M. Hamoumou, l’ami de Mohamed Harbi, s’est prononcé pour la suppression de l’article 4 de la loi du 23 février 2005) et soutienne à Béziers le candidat Robert Ménard lui-même soutenu par le FN. Nieront-ils qu’il s’agit là, au minimum, d’un grand écart ?

    Mais, allons plus loin et hasardons une hypothèse, car nos lecteurs, à l’inverse de mes censeurs, ne savent pas tout. Je ne crois pas me tromper en pensant que les critiques que j’essuie depuis quelque temps des gens du Cercle algérianiste ont beaucoup à voir avec le fait que je ne cautionne pas béatement la candidature de Robert Ménard à la mairie de Béziers. Et j’ai d’excellentes raisons, que les PN-groupies toujours aussi nuls en politique ne veulent pas entendre, de ne pas soutenir un fils de Pieds-Noirs de 61 ans qui a découvert l’année dernière la question PN ! (Ecouter) Et pourquoi a-t-il attendu si longtemps avant d’être pris d’une soudaine passion pour les PN ? La réponse est connue de tous : il a toujours été gauchiste, en tout cas, jusqu’à ce que lui vienne la vocation de maire de Béziers. Et gauchiste de la version humaniste à géométrie variable affiliée à la Ligue des Droits de l’Homme, à laquelle les mots Algérie française donnent des boutons et qui a pris la tête de la campagne de suppression du fameux article 4 sur les bienfaits de la colonisation en Afrique du Nord évoqué plus haut ! (Peut-être n’ont-ils pas lu Mon pays, la France, du Bachaga Boualam ?) (Lire)

    A-t-on ou n’a-t-on pas le droit de s’interroger sur la sincérité et les motivations de Robert Ménard, l’ami de Jean-Marie Le Pen (avec lequel il est en train d’écrire un livre) et, par conséquent, de son ami et complice Thierry Rolando ? A-t-on ou n’a-t-on pas le droit de s’interroger sur le soutien qu’il a obtenu du FN malgré son parcours et ses liens avec la Ligue des Droits-de l’Homme, ce, malgré ses déclarations publiques selon lesquelles il n’y aurait pas sur sa liste de membres du FN, ce qui scandalise les frontistes biterrois ? On sait bien que Marine a décidé de se gauchiser mais, tout de même, accepter de ne pas figurer sur une liste à laquelle son parti apportera quatre-vingt pour cent de ses suffrages !!! (Remarque : rien n’étonne plus de celle dont le conseiller spécial a fleuri la tombe du général De Gaulle et qui a refusé de se joindre au mouvement patriotique anti-mariage « pour tous » !).

    Evidemment, comme rien n’agace plus les médiocres que les gens qui cherchent à comprendre, on dira que, dans l’affaire des élections municipales de Béziers, je roule pour l’UMP et pour Elie Aboud, comme les mêmes ont dit qu’à Nice, je roulais pour Estrosi. Je laisse dire ! Et je continue de refuser d’aller, comme dans un brouillard, à la remorque de tout flatteur (lequel, selon la fable « vit aux dépens de celui qui l’écoute »), beau-parleur et autre charlatan politique qui trouvent dans les PN des victimes faciles. D’ailleurs, je serai le vendredi 5 prochain à Avignon pour écouter l’ami Ménard, la nouvelle coqueluche des PN, parler de l’attitude des médias sur l’Algérie. Peut-être en profitera-t-il pour répondre aux questions que je ne suis sans doute pas le seul à me poser ?

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Pour info :

1/ Le 5 octobre, le Cercle Algérianiste d’Avignon organise à 15 heures précises, dans la salle des fêtes de la Mairie d’Avignon, une conférence avec Robert MENARD sur le thème « Les médias disent-ils la vérité ? Un cas d’école : l’Algérie ».

2/ Représentations du Serment de l’Orane de Claude Nal : – Dimanche 29 septembre 2013 à 14 heures 30, Amicale des Pieds-Noirs de Quint-Fonsegrives (Toulouse) ; – Dimanche 6 octobre 2013 à 14h30 – Au Centre Culturel de Cassis; Renseignements et réservations : téléphoner au 04 91 82 01 37 ou écrire à claude.nal@numericable.fr

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