Les bonnes fées qui ont gavé Bygmalion d’argent public !
Tout l’état-major de l’UMP y était ; tous savaient !
Le Canard enchaîné, qui a pu consulter la double comptabilité de Bygmalion, en a fait cette semaine une recension hallucinante. Il en ressort que les « clients » de la pompe à fric du clan sarko-copéiste sont de cinq types : 1. les entreprises publiques dont les dirigeants sont habitués à servir les anciens condisciples et collègues de cabinets ministériels ; 2. les entreprises privées qui arrosent tous azimuts en escomptant un retour de bonnes manières ; 3. les candidats UMP au élections diverses ; 4. les municipalités UMP ; 5. plus grave encore, l’État lui-même et des organes institutionnels ont passé commande de prestations douteuses aux amis de Copé.
Dans la première catégorie, on trouve le service public de télévision dont plus aucun Français n’ignore combien non seulement son ancien président Patrick de Carolis, mais aussi son successeur Pierre Pflimlin, ont trempé dans la combine. A ce propos, le Canard a découvert trois nouvelles commandes qu’il a ajoutées au panier (de crabes) de France-TV : une, d’un montant de 50 528 € de sa filiale Multimédia France Productions (MFP) pour une mission dite d' »accompagnement stratégique » (un intitulé fourre-tout et abscons qui sert souvent, apparemment) en 2009-2010 ; une deuxième de 490 360 € (oups !) de la régie publicitaire du groupe public, France Télévisions Publicité (FTP), en 2009-2010, sous la présidence de Patrick de Carolis ; une troisième de la même FTP, sous Pflimlin, de 468 832 € (re-oups !), de nouveau pour une mission d’accompagnement stratégique, et pour une prestation dite de « surveillance d’e.réputation« . On est sûr d’une chose : après le passage de Bygmalion, la réputation de France Télévisions est faite !
Les amis de Bygmalion étaient nombreux, généreux et pas regardants.
On ne s’étonnera pas de trouver, parmi les entreprises publiques ou très dépendantes de l’État ou des Collectivités territoriales, Veolia Environnement et EDF, toutes deux présidées, par un caprice de son ami Nicolas Sarkozy, par Henri Proglio. Hasard du calendrier, ledit Proglio est déjà impliqué dans une affaire de favoritisme au bénéfice de son épouse artiste (lire Quand un prestataire d’EDF subventionne l’épouse de son président). Le groupe Veolia Environnement, ex-Générale des eaux, ex-Vivendi Environnement, est un habitué du financement des partis politiques, soit directement, soit par le recrutement de militants, d’élus ou de proches d’élus, et de l’arrosage, c’est le cas de le dire, de leurs associations satellites ou clientes. Il n’est pas rare, par exemple, de trouver des clubs de football de niveau CFA, CFA2 ou même de niveau régional, financés à hauteur de 300 000 € par lui. En 2013, il avait payé à Bygmalion 179 400 € pour une prestation de « veille Internet« . EDF, elle, y est allée d’une obole de… 637 000 € !
Au nombre des entreprises privées qui n’ont rien à refuser à l’UMP, le Canard cite le Groupe Dassault, qui n’a de privé que de nom puisqu’il dépend largement des commandes de l’État (350 000 € pour que Bygmalion veille sur son « e.réputation »), LVMH (90 000 €) et… Coca-Cola (120 000 €).
L’Assemblée nationale et le Ministère de l’Intérieur aussi…
On a déjà parlé ici d’organisations patronales clientes de Bygmalion. Le MEDEF, pas seulement celui d’IDF, faisait appel à Bygmalion pour du « conseil » et du « monitoring » (?) facturés 351 884 € en trois ans. Un autre syndicat, l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), dont le président était candidat aux législatives en 2012, a craché 460 000 €. On retrouve là une constante de cette affaire : l’entité cliente est souvent liée avec un candidat. C’est toujours le cas avec les micro-partis ou les associations de financement de campagne « conseillés » par Bygmalion. Parmi eux, le plus gros donneur d’ordre est Génération France.fr, de Jean-François Copé, avec 500 000 € de contrats. C’est aussi souvent le cas avec les municipalités dont on peut se demander si les commandes ne permettaient pas de prendre en charge en réalité des « prestations » effectuées auprès de leurs candidats. Les enquêteurs s’intéressent notamment à une facture de 200 000 € réglée par la mairie de Levallois-Perret, fief des Balkany.
Enfin, on découvre que l’Assemblée nationale et certains ministères ont également contribué à la prospérité occulte de Bygmalion. Le groupe UMP de l’AN, dont les ressources sont publiques, lui a passé pour 5,5 millions d’€uros de commandes plus ou moins fantaisistes en cinq ans. Parmi les ministères, celui de l’Intérieur, dont les titulaires étaient alors Brice Hortefeux et Claude Guéant, s’est distingué avec 550 000 €uros de contrats entre 2009 et 2012.
Bygmalion, c’est Urba Gracco en plus bordélique et cynique.
Les sommes ainsi collectées par Bygmalion et que le Canard enchaîné estime à environ 60 millions d’€uros en plus des 20 millions de la campagne de Sarkozy, n’apparaissent dans aucune déclaration de la société. Celle-ci a, en tout et pour tout, déclaré 9,38 m€ de chiffre d’affaire et affiché des résultats nets ridicules pour les trois premiers exercices (36 684 €, 33 273 € et 11 625 € de 2009 à 2011). En 2012, elle a pour une perte nette de 1 133 970 € pour un chiffre d’affaire de 2 832 161 €.
Où sont passés les 48 millions manquants ? That is the question ! Une question, pourtant, à laquelle beaucoup de gens, à l’UMP pourraient sans doute répondre, y compris ceux qui ont poussé des cris d’orfraie et dont on découvre aujourd’hui qu’ils ont participé au racket. En vérité, Bygmalion est une déclinaison un peu bordélique et très cynique de l’Urba Gracco socialiste. C’est toute l’UMP qui était au courant. (Lire Bygmalion, la tirelire).