Maxi-ratonnade à Gaza : suites.

Des Juifs français me traitent d’antisémite : la paille et la poutre…

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    Certains de mes lecteurs sont difficiles à comprendre. Tant que je tape sur les Islamistes, je suis applaudi. Mais que je vienne à parler d’Israël et c’est une levier de protestations. Pas sur le blog, non, mais par mails directs. Et ça ne vole pas toujours haut ! Certains Juifs d’Afrique du Nord (que je ne présente plus comme des PN car ça les heurterait !) sont comme fous dès qu’on touche à leur cher Israël. Je les cite sans donner leurs noms et leur réponds ici au vu et au su de tout le monde car il n’y a pas de raisons que ça reste entre nous. 

    Par exemple, Joëlle m’écrit : « Qui a commencé à tirer sur Israël ? Ne soyez pas idiot ! La bande de Gaza pourrait vivre aussi bien qu’à Monaco !  En restant tranquille et en vivant de tout ce que le monde occidental déverse sur ce petit pays ; je vous lis souvent, mais là vous êtes en train de virer de bord. »

    De Gabriel, un véritable délire mélangeant l’Histoire, la mythologie, la haine de l’Arabe et du Musulman (que je suis redevenu contre toute évidence), le déni de réalité et, comme si ça ne suffisait pas, l’insulte à ma personne. Comme il refuse de mettre sa prose en commentaire, la voici : « Depuis des siècles le peuple juif est rejeté des pays musulmans et occidentaux, si ce n’est éliminé y compris en terre sainte en 1920 et en Algérie en 1937[1]. Y compris en Syrie et Iran et Irak, pendus les yeux crevés. A aucun moment je n’ai vu un « Arabe donc un Musulman » protester et s’apitoyer quand le peuple juif reçoit des roquettes ou que des gosses se font égorger. Les Juifs qui allaient gentiment à la solution finale (solution donnée par votre ami le mufti de Jérusalem, Al Husseini, au dictateur du 3ème Reich), c’est terminé.

    Nous sommes revenus sur notre terre, ce n’est pas pour être de nouveau « évacués » par des Arabes donc des Musulmans qui comme en Algérie cherchent ni plus ni moins à être entre eux. En Algérie et ailleurs. La Cisjordanie d’ailleurs s’appelle la Judée autant vous dire le royaume des Juifs. Ce découpage a été inventé par les Anglais pour les frères hachémites. Après cela le mieux pour vous c’est de vous occuper de la France et des Harkis et d’éviter de « déborder » sur des territoires qui ne vous concernent pas. N’essayez pas de convaincre vos lecteurs ; les faits y compris en France parlent contre vous. Et vive BHL ! »

    Comme si ça ne suffisait pas, j’eus droit à une diatribe absconse : « Tiens regardez vos copains les musulmans de l’état islamique d’Algérie, même les synagogues leurs font peur. C’est vrai que « le juif est partout ! » une fois que l’on a ouvert les portes de la démocratie chez les musulmans. (?) Bonne lecture comme vous dites chez vous ! »

    Comme j’ai eu le tort de lui répondre directement, j’eus encore droit à ceci : « Si les Musulmans pouvaient exterminer tous les Juifs ils le feraient avec le silence des nations. Ne soyez pas touché par les Musulmans qui meurent quand ces mêmes Musulmans ont dans leurs maisons des lance-roquettes. Je ne suis pas inquiet pour les Arabes, je suis inquiet pour mes frères et donc mon peuple en Israël car qui d’autre est inquiet pour les Juifs que les Juifs eux-mêmes ? L’extermination totale dans le silence, c’est terminé, on existe et on a retrouvé notre terre qui avait été souillée. L’erreur de l’histoire c’est que vous êtes des envahisseurs en permanence. Faites votre analyse et ne touchez pas aux juifs. » J’eus encore quelques diatribes haineuses (la dernière en date à 23h57) qui ne méritent que le mépris.

    Mais j’ai aussi reçu des réactions d’un couple d’universitaires agrégés qui m’avait demandé de ne plus lui adresser ma liste de diffusion suite à mes écrits sur Dieudonné. Apparemment, ils ont continué de me lire et m’ont fait savoir leur désapprobation. Voici : « Bonne lecture !, dites-vous. Haut-le-cœur garanti, surtout devant certaines expressions qui fleurent bon les meilleures années de l’antisémitisme triomphant. On peut discuter des positions de l’un et de l’autre parti au Moyen Orient. Mais il est difficile d’ignorer la démarche de provocation délibérée du Hamas qui fait tout pour entraîner Israël dans un processus de ripostes qui, inévitablement, entraînera les ripostes des Israéliens et les condamnations des instances internationales contre Israël. Ce qui aura pour effet de maintenir les populations gazaouies sous la coupe dictatoriale du Hamas qui n’est rien d’autre qu’un groupe terroriste. L’assassinat du jeune Palestinien est inexcusable. Mais les auteurs sont arrêtés. Les responsables de l’assassinat des trois adolescents israéliens courent toujours et leurs victimes oubliées. Tout cela est trop grave pour régler la question par des invectives. Epargnez-les nous dorénavant. » Plus tard : « Oui, épargnez notre disque dur et nous-mêmes de cette logorrhée digne de Faurisson. Vous êtes indigne de vous exprimer et sur les pieds-noirs et sur nos frères harkis. » Ces derniers mots sont un peu forts de café car la signataire est vice-présidente d’un cercle algérianiste local. Quand on sait combien les Cercles se sont pendant quarante ans désintéressés des Harkis !

Israël a le droit de se défendre, pas d’assassiner 170 personnes innocentes en 6 jours.

    Sans aucun esprit de polémique, il me semble que ces réactions méritent au moins quelques précisions. Je ne m’intéresse pas à cette affaire en tant qu’Arabe, ce que je ne suis pas, ni comme Musulman, ce que je ne suis pas non plus, mais comme citoyen français inquiet de ce que le conflit israélo-palestinien soit importé en France avec la complicité de l’anti-France et des faux Français comme BHL ou Cukierman et de beaucoup de Juifs d’Afrique du Nord qui reportent sur les Palestiniens leur haine des fellaghas.

    Autre chose : le Grand Mufti de Jérusalem soutenait le régime nazi mais pas plus ni moins que Ben Gourion, ce qui s’explique par le fait que l’ennemi commun des Arabes et des Juifs était à l’époque la puissance occupante de la Palestine, c’est-à-dire la Grande-Bretagne. Les deux parties, Arabes et Juifs, qui se disputaient la Palestine, combattaient contre les Anglais, d’où le soutien des Nazis[2]. D’ailleurs, les Sionistes allemands, qui partageaient avec eux la conviction qu’Allemands et Juifs étaient deux peuples différends ayant chacun droit à son propre territoire, travaillèrent, dès leur arrivée au pouvoir, de concert avec les Nazis pour résoudre « la question juive ». Et ils se rallièrent sans arrière-pensée aux lois de Nuremberg de septembre 1935 qui définissaient les Juifs comme une minorité nationale étrangère et instauraient un développement séparé des Juifs et des Allemands (ce qu’on appellera plus tard apartheid quand le système fut appliqué en Afrique du Sud). Ces lois furent jugées conformes aux projets des Sionistes allemands désireux de développer dans l’esprit des Juifs allemands une conscience nationale juive. Ce point de vue était partagé par de nombreux leaders sionistes d’autres pays. Ainsi, Stephen S. Wise, président du Congrès Juif Américain et du Congrès Juif Mondial, déclara lors d’un rassemblement à New York en juin 1938 : « Je ne suis pas un citoyen américain de religion juive, je suis un Juif … Hitler avait raison pour une chose : il appelle le peuple juif une race, et nous sommes une race. »

Le Gand Mufti de Jérusalem et Ben Gourion collaboraient avec les Nazis.

    Mais l’option préférée des Nazis était la création d’un état juif où les Juifs allemands pourraient émigrer massivement. Cela correspondait parfaitement au projet de Théodore Herzl et de ses successeurs. D’où l’enthousiasme des Sionistes allemands, maintes fois exprimé dans la presse des années trente et dans leurs propres revues, envers le régime nazi. Autrement dit, Nazis, Sionistes et Arabes de Jérusalem étaient objectivement associés pour des raisons diamétralement opposées. Le plan concocté en commun par les Nazis et les Sionistes allemands était de favoriser l’émigration vers la Palestine. L’organisation juive Haganah, dirigée en 1930-31 par David Ben Gourion, qui constitua plus tard Tsahal avec l’Irgoun (Menahem Begin) et le Lehi (Abraham Stern), fut même autorisée à créer en Allemagne même des camps d’entraînement militaires et agricoles où flottait le futur drapeau israélien. C’est ainsi qu’une ligne maritime directe fut ouverte dès 1933 entre Hambourg et Haïfa. C’était, comme toujours, compter sans les aspirations pacifiques des Peuples et l’attachement des Juifs d’Allemagne à leur pays. Au grand dam des Nazis (et des Sionistes), une très grande majorité d’entre eux se considérait comme allemande et n’avait pas du tout envie de s’expatrier. L’émigration ne rencontra pas le succès escompté. Le « problème » fut décuplé après la conquête de l’Europe, où vivaient plusieurs millions de Juifs, par la Wehrmacht ; d’où la décision brutale de janvier 1942 de recourir à la « solution finale ».

    Cela pour dire à mes interlocuteurs qui voient la paille dans l’œil des Arabes et pas la poutre dans celui des Juifs, qu’ils devraient se renseigner avant de parler. D’ailleurs, cela n’éclaire en rien la problématique posée par mon article. Mon propos était de relever que les intellectuels juifs français, qui se mêlent de tout et de rien, ne sont jamais là pour dénoncer les méfaits d’Israël. La question de savoir qui a commencé n’a aucun intérêt ; on n’est pas dans une cour d’école !

    Je ne conteste pas à Israël le droit de se défendre. Ce qu’il fait en interceptant la plupart des missiles et en exécutant par des frappes ciblées les auteurs des tirs. Mais, bombarder les populations civiles… Mais, décimer des familles entières (170 morts et 1 120 blessés en 6 jours)… Du reste, pourquoi me reproche-t-on un point de vue partagé par des dizaines de milliers d’Israéliens ?

Gaza, une prison à ciel ouvert.

    Quant à comparer Gaza à Monaco ! Gaza est une prison à ciel ouvert – d’autres diraient un camp de concentration mais je ne voudrais pas en rajouter – dont il n’est pas possible de sortir librement. Et pour ce qui est des sommes déversées par les Occidentaux sur la Palestine, elles sont gérées par Israël qui les redistribue aux autorités palestiniennes au compte-goutte pour payer des denrées qu’elles doivent obligatoirement acheter au prix fort… à Israël ! Même l’eau est rationnée et distribuée une fois tous les quinze jours avec de très nombreux retards. Stockée dans des cuves en plein air, elle croupit en quinze jours. Résultat : les Palestiniens sont obligés d’acheter de l’eau en bouteille, toujours au prix fort… à Israël !

    Il paraît que je suis « en train de virer de bord ». Pourquoi ? Parce que je fais la part des choses et que je n’applaudis pas à tout ce que font les Juifs ? Mais, tout ce que j’écris a été dit et écrit par les Israéliens eux-mêmes. Quant aux exactions de Tsahal, elles ont été dénoncées par plus tard qu’à l’automne dernier par un collectif d’officiers supérieurs israéliens. Si je comprends bien, d’aucuns applaudissent mon esprit critique quand il s’exerce sur les Islamistes et sur les malades qui nous gouvernent mais il dérange dès qu’on touche à Israël ? Je dis et je répète que, sous l’influence de gens qui rêvent du Grand Israël tranquillement assis sur leur cul à Paris ou à New-York, ce pays est devenu un état raciste dirigé par des racistes qui se comportent comme les chefs du troisième Reich.

    J’ajoute que, comme le troisième Reich, il finira par mourir de sa belle mort, car si le canon est le dernier argument des rois[3], il ne peut en aucun cas être le seul. Qui vit par le glaive périra par le glaive. Et je ne suis pas le seul à le dire. Un certain Eric Zemmour partage ce point de vue. Et un certain Alain-Gérard Slama fit scandale à la télévision (dans une émission de F.O. Giesbert) en déclarant qu’Israël était une aberration. Seraient-ils des antisémites ?

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[1] Quèsaco ? J’ai dû rater un épisode.
[2] Ce mot est utilisé ici dans sa seule acception de parti politique sans aucune connotation morale rétrospective et anachronique. Il en est de même du mot Sioniste. Les Sionistes ne sont pas des Juifs qui veulent dominer le monde mais des gens qui, depuis Disraeli, œuvraient pour que les Juifs aient un état où ils puissent vivre en paix. On peut être sioniste et vouloir que les Palestiniens aussi aient un territoire où vivre en paix. On sait ce que ça a donné concrètement.
[3] « Ultima ratio regum » C’est la devise que Louis XIV avait fait graver sur ses canons.

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2 réponses à Maxi-ratonnade à Gaza : suites.

  1. BOUNEB dit :

    Bravo pour ton courage et ta lucidité.
    Bien amicalement
    KD Bouneb

  2. Covadonga dit :

    Bonjour Kader,
    Encore une fois je vous dirai que « les chiens aboient, la caravane passe ».
    Je ne suis ni Juif ni Musulman mais d’éducation Chrétienne devenu agnostique devant les excès de la religion.
    La plupart de mes amis sont Juifs. Depuis quelques temps je constate que malgré leur éducation « socratique » acquise en même temps que moi dans le même Lycée ils se comportent comme le prisonnier de Platon dans sa caverne qui confond ombres et réalité. Je ne nie pas que les Israéliens aient quelques raisons de se méfier des « Palestiniens », ni le devoir d’assurer la survie d’un pays qui fut créé pour eux par la « perfide Albion », mais je constate que « l’antisionisme et l’antisémitisme » allègrement confondus même par mes meilleurs amis tourne à la paranoïa. J’y vois la grande responsabilité de nos politiques qui ont laissé se développer un communautarisme qui est le poison de la nation.
    Cette paranoïa a poussé Stephen S Wise à parler de « race juive » une affirmation absurde qui sent sa testostérone à plein nez. J’aurais aimé pouvoir lui demander en quoi on peut dire qu’un juif Chinois de Kaifeng, un juif Falacha d’Ethiopie, un juif Ashkénaze de Pologne et un juif Séfarade d’Afrique du nord sont de la même « race ». Peut-être qu’un de ses successeur voudra bien éclairer ma lanterne ! Cela me paraît être aussi absurde que dire qu’il existe une « race musulmane ». Il n’y a pas de race Juive ou Musulmane il n’y a que deux théocraties aussi intolérantes l’une que l’autre lorsqu’elles sont appliquées à la lettre, comme ce fut le cas du Christianisme dans un passé pas si lointain et qui ne demande qu’à renaître.
    Continuez donc cher Kader, même sous les crachats car comme disait Jésus « ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n’entendent pas».

    S : Pour une fois je vous écris sous un pseudo car je ne voudrais pas me fâcher avec mes amis à qui j’espère toujours pouvoir un jour ouvrir les yeux.

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