Trente-six heures après…

Chassez le naturel, il revient au galop ; c’est déjà l’heure de l’exploitation politicienne

000_Par8069447    Cela n’a pas traîné ; ce que je craignais est en train de se préciser. François Hollande profite de la tragédie pour faire de la politique politicienne. La convocation du Parlement en Congrès à Versailles en était la première manifestation. Il n’y a pas de petit profit ; se faire applaudir par l’opposition en était un, Hollande a saisi l’occasion. Si, tant qu’à faire, on peut la mettre dans l’embarras sur le long terme, c’est tout bénéfice. Au passage, on en profite pour utiliser un mot fétiche tout droit sorti du cerveau fertile des communicant : le pacte. Depuis hier, le « pacte de sécurité » est décrété prioritaire par rapport au « pacte de croissance, de compétitivité et d’emploi ». On aurait compris qu’on parle de « lutte » mais pourquoi parler de « pacte » si ce n’est pour entraîner de force ceux qui pourraient en contester les modalités, c’est-à-dire, en réalité, d’exercer leurs prérogatives d’élus du peuple ?

    Le discours de François Hollande au Congrès a été marqué par deux annonces : la prolongation de l’état d’urgence et la réforme de la Constitution. Aucune des deux n’est pertinente.  La législation actuelle permet, sans recourir à l’état d’urgence, de déroger aux règles de droit commun en matière de procédure dès qu’il s’agit de terrorisme. Par exemple, les perquisitions sont possibles à toute heure ; par exemple, le simple fait de fréquenter des apprentis djihadistes est passible de procédure, etc.

    Qu’a dit Hollande à Versailles ? « La loi du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence prévoit en particulier deux mesures exceptionnelles, l’assignation à résidence et les perquisitions administratives, qui offrent des moyens utiles pour prévenir la commission de nouveaux actes terroristes. Je veux leur donner immédiatement toute leur portée et les consolider en les adaptant à l’état des technologies et des menaces . Il sera donc proposé au Parlement d’adopter un régime juridique complet pour chacune de ces dispositions ».

    Décryptage : la loi de 1955 permet de suspendre les libertés de déplacement, de résidence ET d’expression puisqu’elle autorise la saisie d’organes de presse : c’est ainsi que l’Humanité a été saisie  à 27 reprises et a fait l’objet de 150 poursuites, dont 49 pour « provocation de militaires à la désobéissance », 24 pour « diffamation envers l’armée » et 14 pour « atteinte à la sécurité de l’État »[1] ; le France-Observateur du 27 février 1958 fut saisi pour avoir publié des extraits du livre de Henri Alleg, La Question ; interdiction de L’Écho d’Alger  le 24 avril 1961, après le putsch des généraux, etc.  Mais cette loi serait « insuffisante » parce que elle ne prévoit pas de contrôler internet ; et pour cause, internet n’existait pas ! Alors, Hollande propose rien de moins que de voter un nouveau dispositif constitutionnel pour, selon lui, offrir un « outil approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles pour une certaine durée sans recourir à l’état d’urgence et sans compromettre l’exercice des libertés publiques ». Tout ce ci est bel et bon sauf que la loi de 1955 n’est là que pour agiter le chiffon rouge de l’état de siège, du régime d’exception et de la guerre d’Algérie. La loi n° 2012-1432 du 21/12/2012 suffit parfaitement à satisfaire des exigences faussement présentées comme nouvelles.[2] Autrement dit, il n’est pas nécessaire de forger un nouveau dispositif ; il suffit de compléter l’existant.

    Mais François Hollande le sait fort bien. Ce qu’il veut, c’est tirer le maximum d’avantages politiques de l’assassinat de 129 personnes. Pour ce faire, il lui suffit de mettre son opposition devant le dilemme en reprenant une proposition présentée en 2007 par le comité Balladur. L’opposition n’aura le choix qu’entre participer à l’escroquerie (car, une fois de plus, c’est une escroquerie aux dépens des Français) soit refuser de voter le projet et s’entendre reprocher son laxisme, soit le voter et fournir à Hollande une occasion facile de triompher. Arlette Chabot : « La droite aurait mauvaise grâce à ne pas voter des mesures qu’elle a elle-même demandées. »

    Allons, M. Mamère, nul besoin de crier à la menace de « patriot act à la française » ! Tout ceci n’est que basse politique politicienne parfaitement dans le style de notre pauvre classe dirigeante.

________________
[1] Aujourd’hui, l’Humanité reçoit régulièrement des subventions exceptionnelles, c’est-à-dire en plus des aides légales directes à la presse (5 963 715 € en 2015 après 6 329 432 en 2013. Lire ici et )
[2] Christian Jacob, lui, a dit hier à la tribune du Congrès que la Constitutions dans son état actuel était suffisante.

This entry was posted in Non classé. Bookmark the permalink.

7 Responses to Trente-six heures après…

  1. domichel says:

    je souscris à 100 % à votre réflexion ; nous avons dans notre constitution l’arsenal de lois nous permettant de protéger la France, encore faut-il reconnaître les priorités et les appliquer à bon escient car ce qui nous sert peut nous desservir eu égard à la souveraineté perdue grâce ou à cause (c’est selon) les lois européennes primant sur les lois nationales.

  2. Lopez says:

    De Gaulle et ses sbires malfaisants,ne se sont pas privés d’utiliser l’article 16 de la constitution, à Alger, avec, en plus, des arrestations arbitraires et internements d’office. Et je ne parle pas des exécutions sommaires et assassinats impunis (cf:l’assassinat du Capitaine Le Pivain, à la rue Altérac, en Avril 62.

  3. tiar says:

    Comme toujours des BLABLABLA il ne changera rien de sa politique de la France

  4. honore says:

    Vous avez raison l’arsenal juridique est suffisant. Par contre Hollande joue du peuple du traumatisme des attentats le peuple n’est pas dupe Hollande Halls Taubira et Cazeneuve ont une lourde responsabilité pour ne pas avoir mis en oeuvre cet arsenal. En outre cet arsenal doit s’accompagner de mesures fortes révision du code de la nationalité, déchéance de la nationalité, retour en matière économique au 51 % de part de français pour diriger une société française. Beaucoup de ces radicaux se sont mis au commerce communautariste qui leur permettent avec la complicité inconsciente de la population de trouver des fonds et de vivre à part de la société. On doit tarir cet esprit d’entreprise. Enfin ce qui ne cesse de me révolter simplement assigner à résidence des tueurs qui reviennent de Syrie ou les mettre en prison pour essayer de les deradicaliser me laisse perplexe. Pourquoi ce régime d’exception favorable ils doivent passer aux assises laissons un jury populaire faire son oeuvre.

  5. ODIN says:

    ” Tout ceci n’est que basse politique politicienne” : c’est tout à fait cela. En prime Hollande s’exonère du pacte de stabilité qu’il n’aurait de toutes les façons pas respecté. C’est tout bénéfice, reste à voir si les français vont lui régler son compte aux prochaines élections. Plus vite le quatuor infernal Hollande , Valls, Cazeneuve (et Taubira) dégagera, mieux cela sera.

  6. Robert says:

    Bonsoir Kader,
    Je suis parfaitement d’accord avec votre analyse, dont je partage les termes.
    Le véritable problème se situe en effet dans le fait qu’avec beaucoup de cynisme ils tentent (UMPS) , par l’union réclamée, de se dédouaner de la situation qu’ils ont créée et dont ils sont, a mes yeux, entièrement responsables et coupables.
    Il aura fallu que 129 innocentes victimes, (sans oublier les blessés, pour ne prendre en compte que celles là, lesquelles demeureront à jamais marqués par ce qu’ils ont vécu), perdent leur vie ou soient meurtries dans leur chair, pour , semble-t-il, les faire changer d’avis si ce n’est de cap.
    Il est vrai que la colère des Français risque d’être redoutable !!!
    Mais auparavant que n’ont-ils pas fait pour encourager ces fous furieux dans leurs sinistres entreprises ?
    Car depuis Sarkozy qui a commencé à les armer en Libye en finissant par Hollande qui a pérennisé cette diabolique collusion, ceci, sans parler de leurs “amitiés douteuses”, il convient tout de même d’admettre que le signal donné à ces terroristes était fort.
    A cet égard, nous ne pouvons leur accorder la moindre excuse.
    Quoi qu’ils puissent faire à présent, après qu’ils aient permis aux loups d’entrer dans la bergerie, il s’avère qu’ils se sont définitivement et gravement disqualifiés.
    Ce qui suppose, à minima, qu’ils se retirent immédiatement de la vie politique pour de graves manquements et d’ avoir sciemment bafouée la souveraineté du peuple Français.
    Mais toutes ces réflexions seraient inutiles, s’ils ne convenait pas aussi de leur demander des comptes.
    Au nom de toutes les victimes et de la situation catastrophique, aussi bien d’un point de vue économique que politique, dans laquelle ils ont plongé la France, il serait particulièrement dramatique de les dédouaner et de passer ce passif en perte et profit !
    Oui , en l’état, aucune excuse , ne me paraît devoir leur être accordé, pour la simple et bonne raison qu’ils ne peuvent de surcroît pas prétendre qu’ils n’avaient pas été avertis du danger de leurs dérives.
    Seulement voilà, hier encore, la seule “bête” à abattre, exit le Premier Ministre, c’était le Front National, accusé de tous les maux, ce qui,soit dit en passant, constitue une insulte à plus de six millions de Français qu’il veut à présent rassembler …
    Alors, au delà de la sanction des urnes, il ne serait pas illogique que c’est devant la Haute Cour qu’ils devraient êtres traduits pour qu’ils répondent de leurs désastreuses politiques et du mépris ouvertement manifesté vis à vis du Peuple Français dans son ensemble.
    Mais cela reste une autre histoire, car j’ai bien peur que le peuple se fera berner une nouvelle fois et qu’il cédera, comme hélas il l’a trop souvent fait, au chant des sirènes !

  7. mimi says:

    ce qui me désole c est qu il faut des morts pour prendre conscience, tout le monde
    il est beau tout le monde est gentille, dans quelque temps tout sera oublié, les
    français sont les premiers coupables de cette situation

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *