Elections régionales 2015

L’Europe des Grandes Régions contre les Nations ou comment la démocratie locale sert l’arbitraire européen

images (1)    Je suis consterné par notre propension à oublier les vrais défis en jeu derrière la politique au quotidien. Depuis quelques jours, la question sécuritaire née des attentats du 13 novembre à Paris nous laisse un peu de répit pour nous intéresser à l’actualité politique du moment : les élections régionales. Et j’ai beau chercher, je ne trouve nulle part d’analyse profonde sur ce qui se joue là pour l’avenir de notre pays. Le monde politico-médiatique ne résonne que de spéculations sur les résultats de l’élection sans que ne soit jamais abordée la question de la signification politique de la création des Grandes Régions. Or, cet enjeu est réel et vital. Les Grandes Régions s’inscrivent dans le projet idéologique central de nos élites : la création par le passage en force ou par la ruse d’une Europe des Grandes Régions transnationales.

    Si, encore, il y avait une réflexion sur la validité de l’existence même des Régions. Ce débat, qui n’a pas eu lieu au moment du regroupement des 22 Régions existantes par un deus ex machina dessinant seul leurs nouveaux contours, n’intéresse personne. Les Grandes Régions sont là, faisons avec, même si on n’en voit ni la queue ni la tête, ni le pourquoi ni le comment. Le simple bon sens voudrait qu’on leur torde une fois pour toutes le cou. Grandes ou petites, les Grandes Régions n’ont aucune justification politique rationnelle autre que celle de constituer une étape vers la disparition des Nations. Leurs compétences sont celles de grandes administrations du transport, de l’enseignement public et de la formation professionnelle, toutes matières très dépendantes de la politique du Gouvernement et des budgets consentis par le Parlement. D’ailleurs, avant de devenir des collectivités territoriales en 1982 (loi Defferre), les régions étaient des établissements publics, c’est-à-dire des entités juridiques dépendantes de l’État. Elles auraient parfaitement pu le rester.

    Du reste, les Régions dépendent toujours de l’État pour leur financement : c’est la dotation globale de fonctionnement. Quant à la clause de compétence générale, qui leur permet d’interférer dans des domaines où elles n’ont pas compétence légale mais seulement facultative (comme la culture, l’économie, les subventions en tous genres), elle n’est qu’un moyen de favoriser le clientélisme. D’ailleurs, elle a été supprimée en 2010 avec effet au 1er janvier 2015, rétablie en 2014 et de nouveau en voie de suppression ; c’est dire si cette question est une pure affaire d’opportunisme politique !

    En réalité, les Régions sont la manifestation de la dérive des institutions françaises vers la féodalisation du pays. Népotisme, favoritisme, clientélisme, folie des grandeurs, dépenses somptuaires (voyez le luxe des « Hôtels » de régions), embauches discrétionnaires, sont le lot de ces nouveaux fiefs de la monarchie républicaine. Les présidents de Régions sont nos nouveaux marquis ; d’ailleurs, beaucoup parmi eux se comportent comme tels. Vous seriez étonnés de voir le nombre de membres de leurs familles qui émargent aux budgets des Régions pour des emplois très au-dessus de leurs capacités et de leurs titres.

    Mais une des spécialités les plus dispendieuse des Régions est la subventionnite en faveur des organes de propagande politique et idéologiques tels que SOS racisme ou Ni putes ni soumises, par exemple, ou les « think tanks » aux intitulés aussi prétentiards et plantureux que leurs contenus et leurs travaux sont squelettiques. Toutes entités inutiles que les Français financent deux fois, via les faramineuses subventions (1,2 md€) versées chaque année par le Premier ministre (pour en avoir une idée, consultez le « jaune » budgétaire) et via celles des Collectivités territoriales, pour des sommes moindres mais qui, ajoutées les unes aux autres et à celles versées par les Communes, les Départements… et les organismes publics d’HLM (pour un total de plus de 6 mds€ par an !!!), permettent aux dirigeants de ces associations de faire chauffer la carte bleue et de vivre comme des nababs sans travailler.

    Les Régions contribuent à la communautarisation de notre pays en finançant des associations de quartiers et d’anciens ou toujours actifs délinquants promus « grands frères » qui permettent « d’acheter la paix civile », ainsi que, sous couvert de culture, des lieux de culte ; ou encore des actions menées à l’étranger. Toutes pratiques qui participent directement au grand projet de société que nos élites mondialisées veulent appliquer à toutes les Nations d’Europe : la destruction de nos sociétés unitaires issues de la civilisation romaine chrétienne basée sur la morale et la responsabilité, et leur remplacement par un modèle de société multiple, fragmentée en communautés d’origine, de religion, de mœurs, etc. Le tout, sous la férule d’une caste supérieure de bien pensants, pseudo sachants mais absolument incultes en réalité, et, surtout, définitivement dépourvus de patriotisme, cette vertu dont leur pratique est aussi vide que leur discours est plein.

    Ce qui est regrettable, c’est qu’un parti comme le Front national (il y a longtemps que je ne me fais plus aucune illusion sur les autres), dont c’est pourtant le fonds de commerce, ne profite pas de l’occasion des Régionales pour le dénoncer. En effet, ces élections sont de toute évidence un scrutin national, ce que le FN a compris par ailleurs ; les Français, qui sont parfaitement conscients de l’inutilité des Régions et des dérives dont elles sont le théâtre, n’ont que faire d’elles. Ils ne voteront pas ce dimanche en fonction du projet régional des uns et des autres car quelque soient les élus, ce ne seront jamais que des gestionnaires. Or, il n’y a pas mille manières, ni même trois, une de gauche, une de droite, une de nulle part, de faire rouler les trains ou faire fonctionner les lycées. C’est donc en fonction de leurs choix de société pour la Nation et en prévision de leur vote à la prochaine présidentielle que les Français se prononceront ; dès lors, les candidats patriotes auraient gagné à développer plus largement les thèmes concernant l’avenir de la Nation, dont les Grandes Régions, ainsi que je viens de le montrer, sont une étape cruciale. Même si on peut comprendre que le FN, qui y conçoit de grands espoirs de succès, joue, comme ses concurrents, le jeu de la campagne régionale, on était en droit d’attendre qu’il dénonce avec virulence la dérive supranationale de l’Europe qui va son cours dans la discrétion et sans que personne n’en parle plus. Au lieu de quoi, contre toute attente, on a le sentiment qu’il a renoncé à y faire obstacle, comme si c’était une nouvelle concession faite au système pour pouvoir « en être ». Si c’était le cas, ce serait déplorable car il y a vraiment matière à.

    Par exemple, on vient d’apprendre que le Danemark avait organisé un référendum sur l’accroissement de leur participation aux politiques de justice et de police de l’Union européenne, autrement dit, pour savoir si le pays voulait continuer à être dans Europol, l’agence intergouvernementale chargée de la lutte contre le crime organisé, les trafics et le terrorisme. En a-t-on parlé avant le résultat du référendum danois ? Non ! Or, cela méritait de l’être parce que la question n’est pas posée qu’au Danemark. En réalité, tous les peuples de l’UE sont concernés par cette affaire parce qu’il n’est pas seulement question qu’un pays intègre Europol mais d’une réforme de la politique européenne dans le sens d’une plus grande intégration, c’est-à-dire d’une prise en charge totale de certaines politiques de sécurité et de justice par l’Europe, ce, dès l’an prochain. Une réforme décidée SANS QUE LES PEUPLES DES PAYS MEMBRES DE l’UE FUSSENT CONSULTÉS. Les Danois, eux, l’ont été parce que leur pays bénéficie au sein de l’UE, comme le Royaume-Uni, notamment, d’un statut de membre à géométrie variable ; le Danemark prend ce qui lui convient et nous laisse les restes. Cette affaire concerne notamment la lutte contre le trafic d’êtres humains, la pédophilie, la cybercriminalité et la fraude, autant de domaines sur lesquels la souveraineté passera des Nations à l’UE. Quand on sait que certains partis politiques européens prônent la légalisation de la pédophilie, quand on sait que la gestation pour autrui et la conception médicalement assisté (GPA-CMA) font partie du socle idéologique de TOUS les partis européistes, il y a de quoi s’inquiéter. En tout cas, il y avait, pour le moins, matière à débat.

    Ceci peut paraître à certains esprits superficiels comme un détail (je vous rassure : il n’y en a pas parmi mes lecteurs, les esprits superficiels m’ayant abandonné depuis longtemps !). Mais c’est, en réalité, très important car, pendant qu’on nous endort avec l’exercice d’une démocratie réduite au minimum (on vote puis nos élus, qui sont en réalité choisis parmi des candidats cooptés, font ce qu’ils veulent), le projet de destruction des Nations va bon train mais en toute discrétion. Pour ce faire, les promoteurs de l’Europe supranationale et communautariste procèdent comme les repreneurs d’entreprises en faillites ou comme pour les marchés publics : ils nous vendent leur affaire par appartements. Les grands projets institutionnels et sociétaux sont saucissonnés pour pouvoir être adoptés sans vote et, grâce à la complaisance des prescripteurs d’opinion qui campent dans nos salons par télévisions interposées, sans qu’on n’en sache rien. C’est parfaitement évident en ce qui concerne le TAFTA, par exemple, dont les promoteurs se montrent d’une discrétion et d’une pudeur de jeunes filles mais qui, en réalité, va son train. Nous en reparlerons mais il faut savoir que tout est fait pour que le projet soit adopté en quasi totalité, ce dès 2016, date impérative fixée par les partenaires.

    Censé se prononcer, le Parlement européen ne pourra le faire définitivement que sur l’ensemble de l’accord une fois qu’il aura été négocié par une émanation de la Commission non élue. Et SON AVIS SERA FORCÉMENT FAVORABLE PUISQUE LA GRANDE MAJORITÉ DES PARTIS QUI LE COMPOSENT L’EST. D’ailleurs, il s’est prononcé cet été en faveur du traité avec trois réserves, trois os jetés en pâture aux dissidents, dont une portant sur la question des tribunaux d’arbitrage privés (mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, ou ISDS). Une résolution qui a permis d’escamoter la disposition la plus dangereuse du traité, et la plus révélatrice du mépris de ces gens pour les Peuples, qui interdit aux États d’opposer au commerce des « barrières non tarifaires », autrement dit, la disposition qui nie aux Peuples la liberté de choisir leur mode de production et de consommation. Par exemple : les normes sanitaires qui permettent à la France d’interdire la commercialisation sur son territoire de produits jugés nocifs pour la santé des Français ; par exemple, les normes éthiques qui lui permettent d’écarter des produits résultant de méthodes moralement condamnables : exploitation de la main-d’oeuvre, souffrance animale, etc. La France devra se plier au dogme du « tout est permis du moment qu’on vend » sans pouvoir invoquer aucune norme en relation avec le modèle de société et de civilisation choisi par son Peuple.

    La démocratie n’est plus la démocratie si les élections ne servent qu’à dresser des rideaux de fumée devant l’arbitraire.

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6 réponses à Elections régionales 2015

  1. Miane dit :

    La pratique politique d’aujourd’hui, c’est de dresser un rideau de fumée devant la vérité, lui donnant des couleurs d’actualité quotidienne… complètement factice.
    Il y a de nombreuses vérités qui cohabitent avec des notions transversales qui se recoupent dans des bouquins à lire sans forcément adhérer à tous leurs contenus :
    De Villiers, Soral, Zemmour, Houellelbecq, Camus (Renaud), Philippe Aubry, Magid Oukacha…
    La Bible, les Evangiles et le Coran… comment faire évoluer un peuple qui « s’acculture »?
    Aucune solution sauf à révoquer tous ces grands prêtres cupides avant tout d’argent et de pouvoir… Comment éviter d’être révolutionnaire avant de retrouver une démocratie, juste, bienveillante avec un état qui serve le peuple et non le contraire ?
    Je voudrais bien qu’on me le dise, sans jeter le bébé avec l’eau, y compris en tenant compte des réalités y compris une éventuelle étape avec le front national… comme la solution avec Assad en Syrie…

  2. Gérard Lehmann dit :

    Excellente analyse, Kader, merci!
    À propos du référendum au Danemark: en disant non au référendum du début décembre, les Danois refusent d´abandonner les dérogations obtenues précédemment dans le domaine de la sécurité et de la défense. Ils ont refusé la collaboration avec Europol car cette institution européenne doit passer d’un statut intergouvernemental à un statut super-étatique contraignant en 2017. Ils ont surtout dit non à davantage d´Europe, à un abandon supplémentaire de souveraineté. Le Parti du peuple danois, champion du non, et qui a connu un succès retentissant aux dernières élections parlementaires du printemops 2015, entend bien limiter davantage encore les engagements du Danemark dans l´Union Europénne. Le Premier Ministre lui-même l´a reconnu : le référendum a donné aux Danois l´occasion de se mettre à distance de l´Union Européenne. Quant aux autres grands partis, de la social-démocratie aux conservateurs, ils ont fait campagne sur le thème : « Votez contre la pédophilie, votez oui !
    Les Danois ont dit non à Maastricht, non à l´euro, non à un abandon supplémentaire de souveraineté. Ils s´en portent fort bien.
    Gérard Lehmann, Danemark

  3. Azzedine dit :

    Merci Kader…
    Je me permets de faire simplement ce commentaire, même s’il semble être hors sujet: les français en ont marre qu’on leur demande de voter front républicain à cause de l’incompétence de l’UMPS à trouver les solutions à leurs problèmes. Pourquoi dérogeraient ils à leur conviction simplement pour maintenir quelqu’un qui ne correspond pas à leurs attentes sous prétexte qu’il ne faut pas mettre en place un autre qui lui aussi ne leur conviendrait pas.
    Aujourd’hui les français ne veulent plus de front républicain mais de politiques qui prennent leurs responsabilités et s’occupent des vrais problèmes et non de leur carrière. C’est eux qui avaient les rênes de l’attelage, et ce n’est pas aux électeurs de les sortir du bourbier où ils se sont mis.

  4. Morin Gérard dit :

    J’avais écrit, il y a de cela bien longtemps, que nous assistions à une entreprise délibérée de destruction de la Civilisation occidentale dont les socles sont la nation, la culture chrétienne et la famille.
    Depuis la révolution française, ce processus est engagé par des psychopathes décapiteurs, en commençant par la culture chrétienne (culte de la déesse Raison) pour aboutir à une laïcité castratrice, puis la famille par des lois anaturelles, enfin la nation, par des initiatives telles ces Régions qui ont pour but de démembrer le pays.
    En multipliant les organismes étatiques, on met la population dans la dépendance totale de la tutelle de l’Etat, mais les Régions devenant autonomes vis-à-vis de ce même état, tombent sous l’autorité d’une super-autorité, je parle de l’Union européenne comme on la connait, puisqu’elles en dépendront, leurs dirigeants étant non pas élus mais choisis parmi leurs pairs, c’est tout à fait exact.
    Dans la partie occidentale de l’Union, mis à part le Danemark, quel pays aura ce qu’il faut là où il faut pour s’opposer à ce laminage? Certainement pas l’Espagne et sa Catalogne.
    Quoi que si celle-ci devient indépendante, cela permettra sans doute à certains catalans émigrés en France de retrouver leurs racines et d’y retourner mettre leurs talents au service de ce nouveau pays qui aura bien besoin d’un Premier ministre. Et si celui-ci aime le foot, il sera aux premières loges. Avec les subventions de l’U.E.

  5. Piroguier dit :

    Quand on parle du DK, il ne fut pas oublier qu’il représente en surface et en population 1/10ème de la France. Cad l’équivalent d’une de nos région (Hors Ile de France). C’est donc un bateau plus facile à manœuvrer.
    Certes le Danemark se porte bien mais il bénéficie, comme la Grande Bretagne de la mansuétude de l’UE qui, entièrement axée vers un élargissement déraisonnable est prête à tout accepter pour conserver en son sein n’importe quel Etat quand bien même il lui mordrait les tétons !
    Le DK n’est pas dans l’Euro, certes, mais son taux de change avec l’Euro est fixe et les prêts bancaires sont calculés en €. Où est la différence ?
    Quant à dire que le Danemark va bien, c’est sans doute vrai sur le plan économique (voir plus haut sur la mansuétude et penser aussi que la région Rhône Alpes ne va pas si mal) mais sur le plan de la vie des gens c’est beaucoup dire pour un pays où il est de plus en plus difficile pour une personne âgée dépendante d’avoir de l’aide, où il est de plus en plus difficile de se soigner, où il faut des mois pour être admis dans un hôpital afin d’y être opéré (sauf hôpitaux privés et payants), où les extrémismes gagnent de plus en plus de terrain. Je connais le DK depuis de très nombreuses années, j’y vais très souvent et j’y ai une partie de ma famille. J’ai vu la vie des gens se dégrader considérablement au cours de 15 dernières années. Copenhague qui était un paradis est devenu une ville sale, certains quartiers sont devenus infréquentables, le commerce de drogue tient boutique ouverte autour de la gare centrale, les marchands de kebabs et de beignets remplacent progressivement les « pølse vogne » ces camionnettes où l’on vend des saucisses et qui sont (ou étaient) une véritable institution.
    La vérité est qu’il n’y a plus aujourd’hui de modèle. La veulerie des politiques, l’inhibition des électeurs de tous bords et de tous les pays a tout contaminé. Nous sommes entrés dans la civilisation de l’audimat.
    C’est dommage. Nous n’avons plus qu’une alternative se révolter ou laisser faire.

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