A force de le dédiaboliser…
Marine Le Pen a fait du FN un parti comme les autres
Il y a eu ce dimanche trois législatives partielles dont les résultats auraient dû être largement commentés. Au lieu de quoi, motus ! Les médias préfèrent s’attarder sur “la montée de l’extrême-droite” en Allemagne comme si c’était un phénomène nouveau. Ce que Cohn-Bendit lui-même démentait ce matin sur France-Inter.
On a coutume de dire que les partielles sont favorables aux partis de contestation. De deux choses l’une, ou c’est une erreur ou le FN est devenu un parti comme les autres car, à celles de dimanche, ses candidats n’ont pas mobilisé du tout. Dans le Nord, où on a, en décembre, artificiellement maintenu le suspense en faisant croire que la Région était prenable par le FN, son candidat n’a réussi à déplacer que 42% des électeurs qui se sont portés sur sa liste aux Régionales. Dans les 2èmes circonscriptions de l’Aisne et des Yvelines, c’est 55%. J’ai donc plutôt tendance à croire que les efforts de Marine Le Pen pour singer ses adversaires ont réussi au-delà de ses espérances puisque ses électeurs se comportent dorénavant comme ceux de ses concurrents.
Evidemment, que le FN se banalise et rentre dans le rang au point de subir comme les autres partis le désamour des électeurs n’intéresse pas le politiquement correct ; ce qui intéresse dans le FN, c’est son effet repoussoir, son rôle de croquemitaine de la politique, celui qu’on brandit à chaque élection comme une menace pour faire peur à des électeurs qu’on persiste à considérer comme des mineurs en politique. Au fond, plus personne ne pense sérieusement qu’il soit une alternative crédible à l’UMPS, ce qui n’empêche pas d’entretenir la fiction d’une Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle de 2017.
La vérité est que les Français attendent autre chose. Autre chose qui ne vienne pas des partis politiques traditionnels ou bourgeoisement établis dans la critique stérile et truffés d’énarques et de technocrates en mission de gel de l’électorat. Le sursaut, s’il arrive, n’arrivera pas du FN et de ses satellites, ni de Debout la France de l’énarque Dupont-Aignan, ni du Mouvement pour la France de l’énarque Philippe de Villiers, ni moins encore de la groupusculaire Ligue du Sud de Jacques Bompard, lequel, tel les seigneurs de jadis, veut léguer à ses fils, comme autant de fiefs, Orange, Bollène, le Conseil général et tout le Vaucluse.
Le sursaut viendra des Français anonymes qui observent avec effarement la chute inéluctable de leur pays dans l’abîme.
“Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé.
On marche dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête.” Victor Hugo
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Anne Hidalgo ou la provocation comme seule politique
Anne Hidalgo croit avoir reçu Paris en héritage. Elle se croit désormais tout permis. Un jour, elle décide de fusionner deux arrondissements (depuis quand les Maires ont-ils de compétences en matière d’organisation administrative ?) ; le lendemain, elle vend à prix d’amis le patrimoine de la ville à ses copains milliardaires (j’y reviendrai prochainement) ; un autre jour, elle décide d’implanter sans consultation une centre d’accueil pour réfugiés sans demander l’avis des Parisiens. Ces deux exemples confirment un aspect du caractère d’Anne Hidalgo : elle n’a aucun surmoi. Rien ne la rebute. Elle qui a été élue Maire de Paris alors qu’elle avait perdu l’élection dans son propre arrondissement, n’en fait pas moins tout ce qui lui vient à la tête.
Elle me rappelle son compatriote catalan Valls, dont elle a le petit côté apprenti caudillo, mais en jupe. Certes, contrairement à lui qui n’a pris la nationalité française que tardivement (pour pouvoir entrer dans une cabinet ministériel), elle est française de longue date (1961), mais elle a repris la nationalité espagnole de ses parents en 2003, à quarante-quatre ans, ce qui est plutôt curieux et pose concrètement la question de la nationalité, que le pouvoir authentiquement patriote que nous appelons de nos vœux devra trancher en supprimant la multiple allégeance.
Mais si Valls a “juré fidélité éternelle à Israël” (pas à la France !), Anne Hidalgo est plutôt du genre “Européenne de tête, catalane de cœur et française de système digestif”. Défigurer Paris pour en chasser la France traditionnelle en en faisant une capitale de bobos cosmopolitistes ne lui fait pas peur. J’imagine sa jubilation à l’idée de greffer une verrue au seizième arrondissement en y implantant un centre d’accueil pour “réfugiés” (les “réfugiés” ont bon dos !).
Mais je serais curieux de connaître sa réaction si un maire aussi dérangé que l’actuel (Lire) voulait faire subir à Barcelone, sa ville chérie, ce qu’elle inflige à Paris.
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Quand M6 parle de Béziers, la caricature est à son comble
Dimanche soir, M6 consacrait une pseudo-Enquête exclusive à Béziers. Je ne l’ai pas vue en direct mais en replay. Et j’en suis consterné. Rien dans cette émission ne permet en effet de se faire la moindre idée de ce qu’est Béziers après bientôt deux ans d’administration. Certes, les caprices et les lubies de Robert Ménard sont parfaitement rendus. Et c’est assez croquignolet. Mais l’analyse qu’en fait l’émission est tout à fait caricaturale des travers de la télé trash.
On n’y trouve aucune explication, seulement des images choc ; et tant pis si la vérité et la compréhension du sujet n’y ont aucune place ; l’essentiel est de choquer. Y compris à quelques coup de billard à trois bandes plutôt lâches et hypocrites.
En effet, on ne m’ôtera pas de l’idée que les séquences mettant en scène les trafiquants de drogue manipulant des liasses de billets étaient là pour faire plaindre les pauvres de la Devêze. Il y a dans ce quartier suffisamment de familles honnêtes de toutes origines confrontées à d’authentiques difficulté pour qu’il ne soit pas utile de mettre toute la focale sur ses délinquants ricanants.
De même, j’ai peine à croire que la scène montrant des chefs de famille faisant la queue en pleine nuit pour retirer au distributeur tout leur RSA ne soit pas destinée à dénoncer les abus plutôt que la pauvreté. En effet, on y voit un chef de famille père de six enfants, tout juste sortie de prison, prendre au distributeur 1 350 €, “par peur, dit-il, que les huissiers mettent la main dessus”. Et le commentaire d’expliquer que, s’il laissait l’argent sur son compte, il partirait en facture. J’ai sans doute l’esprit un peu tordu mais je ne peux m’empêcher de penser que le vrai message du commentaire soit : le repris de justice prend 1 350 € de RSA tous les mois et ne paie pas ses factures ! Autrement dit, on est dans la délation, pas dans l’information.
Une délation basée sur des incohérences, d’ailleurs : 1. le RSA n’est pas saisissable ; 2. je doute qu’un ex-détenu titulaire du RSA disposerait d’une carte bleue et non d’une carte de retrait limité.
Béziers, une ville sous haute surveillance – M6
S’agissant de Robert Ménard, en revanche, il peut dormir tranquille ; ce n’est pas cette émission qui va le déstabiliser, au contraire. J’ai même reçu des coups de fil d’amis qui m’ont dit : “Il est bien, ce Ménard !” Sûr que, quand la télé se contente de lui donner la parole et de gober ses mensonges sans les disséquer et les confronter à la réalité ou même simplement à ses déclarations anciennes, l’ancien gauchiste qui a trouvé matière à entamer une carrière politique en racontant des bobards aux Piénoirs et en roulant Marine Le Pen dans la farine peut continuer de croire en son destin. Même quand la télé montre ses adversaires en action – emmenés par Aimé Couquet, un crocodile communiste conseiller municipal depuis 32 ans -, il permet à Ménard de marquer des points. La scène de perturbation du Conseil municipal, en effet, ne peut que conforter ses fans.
Et ce n’est sûrement pas le témoignage tout en onction levantine et quasi épiscopale de l’ami Elie Aboud – qui, en menant une campagne catastrophique, a permis à l’aventurer Ménard de s’emparer de la ville – qui donnera de l’espoir aux autres. les autres, c’est-à-dire les Biterrois qui en ont marre de voir leur ville devenir la risée du monde entier.