Peuple & Nation, Ménard et le FN

En politique, il n’y a pas de querelles personnelles, seulement des divergences idéologiques et morales

images    Quelques lecteurs, peu nombreux, continuent de ne pas comprendre pourquoi je m’en prends à Robert Ménard. Ils ne sont pas nombreux car les lecteurs les plus ménardophiles ont depuis longtemps déserté mon blog. Mais cela mérite tout de même quelques éclaircissements pour ceux d’entre eux qui l’ont rejoint récemment. Pour les autres, tant pis si ça fait redite mais il n’est jamais mauvais d’expliquer.

    Tout d’abord, je tiens à dire à ceux qui menacent de ne pas adhérer à Peuple & Nation si je « ne cesse pas d’attaquer Robert Ménard et le FN » que l’appartenance à un parti politique, à mon sens, est comme la nationalité : elle doit être exclusive de toute autre. A moins de masochisme, les adhérents du FN devraient d’eux-mêmes s’abstenir de rejoindre Peuple & Nation. La confusion de valeurs est une des principales causes du désamour des Français pour la politique.

    Ensuite, le fait de me proclamer patriote ne m’oblige pas à me ranger derrière d’autres patriotes plus connus. Le FN n’a pas le monopole du patriotisme ; il n’y a donc aucune raison pour qu’un patriote se range automatiquement sous la bannière de Marine Le Pen. Quant à Robert Ménard, son patriotisme affiché est, comme le reste, pure (im)posture. Ce type se fout de la France comme de son premier mensonge. Robert Ménard est un aventurier, un charlatan de la politique et, tant qu’il trouvera des gens peu regardants, il continuera de leur dire ce qu’ils veulent entendre. Robert Ménard fut mitterrandiste pour obtenir de l’argent de Mitterrand, villepiniste pour entrer dans les bonnes grâces sonnantes et trébuchantes du Qatar et patriote (donc lepéniste) pour prendre la mairie de Béziers et, espère-t-il, se construire un destin national.

    Ceci étant, si, après avoir abondamment et effrontément menti aux Piénoirs et au FN pour gagner la mairie de Béziers, il s’était ensuite montré digne de la fonction de premier magistrat de la ville, je n’aurais pas sorti le caca du chat de dessous le tapis où il l’avait planqué. D’ailleurs, il m’est arrivé d’écrire en faveur du maire de Béziers quand il a fait des choses qui me paraissaient justes. Mais comme tout despote né (c’est ainsi que tous ceux qui ont travaillé avec lui le décrivent), il considère Béziers comme sa chose et il n’en fait qu’à sa tête. Et comme je suis un citoyen biterrois engagé, je ne me contente pas de le regarder faire : j’en appelle – comme la loi me le permet – de faire appel à la Cour des Comptes pour qu’elle vérifie si dérives il y a. Ce n’est pas plus compliqué que ça !

    Depuis quelque temps, Robert Ménard se prend également pour le grand réformateur du FN et unificateur de la droite nationale (un mot que, en bon gauchiste pas tout à fait repenti, il n’emploie jamais, lui préférant celui de « patriote »). Ce qui nous vaut « les Rendez-vous de Béziers » de fin mai. Autrement dit, ceux qui font mine de croire que je mène contre Ménard une croisade personnelle se trompent ; s’il travaillait à la prospérité et à la bonne image de sa ville, je passerais sans problème sur ses mensonges puisque les Biterrois lui ont, en quelque sorte, donné leur absolution. Le problème est qu’il est aussi mauvais après son élection qu’avant.

    Enfin, on me dit que je fais à Ménard une querelle de voisinage et que ça ne regarde pas mes lecteurs non biterrois. Comme si les principes étaient sécables ! A cela, je réponds que je dénonce ses dérives locales en tant que citoyen de Béziers ; encore une fois, c’est parce que je vote à Béziers que la loi m’autorise à signaler les dérives du maire à la Cour des Comptes. Je ne vois pas pourquoi je me priverais de le faire savoir aux lecteurs d’un mon blog que j’ai créé au moment même où Ménard lançait son raid sur Béziers. Mais Robert Ménard est devenu une personnalité de la politique nationale et pas seulement locale : ses faits et gestes intéressent tous les Français dont, au premier chef, ceux qui me font l’honneur d’adhérer à mon projet politique. Il est donc tout à fait normal que tous les Français sachent qui il est vraiment. Surtout, je maintiens qu’il est de bonne stratégie que d’utiliser sa notoriété pour travailler à celle de notre mouvement citoyen.

    Cela nous amène au FN. Sans le FN ou, plus exactement, sans Jean-Marie Le Pen (qui doit bien le regretter aujourd’hui), Robert Ménard serait resté à sa place de mauvais scribouilleur et d’animateur télé de seconde zone. Or, la question des rapports de Peuple & Nation avec le FN est cruciale ; elle est même fondatrice : si j’avais jugé le FN en situation de gagner les élections, de prendre le pouvoir pour empêcher la France de sombrer et de gouverner la France au mieux de ses intérêts, P & N n’existerait pas. Plus important, si j’avais jugé que le FN méritait de gagner les élections et de diriger seul le pays, je n’aurais pas créé Peuple & Nation. En cela, je suis très exactement comme les quinze millions de Français qui attendent une offre politique à droite située entre l’UMP et le FN ; la différence est que j’en ai tiré la conclusion pratique, d’abord en tentant de convaincre les petits partis patriotes de s’entendre, ensuite, du fait de leur refus, en créant Peuple & Nation. En quelque sorte, P & N est une réponse à l’incapacité morale et politique du FN de proposer une alternative crédible et souhaitable à l’UMPS. On est très loin des querelles de voisinage.

    Ayant fait l’analyse de l’inanité de la stratégie d’hégémonie du FN, analyse que j’ai exposée à Louis Aliot dès 2009 et dont il a reconnu la justesse lors d’une autre conversation en 2013, ayant déduit de l’évolution du FN qu’il était non seulement impossible mais aussi aventureux qu’il prenne le pouvoir seul, j’ai, encore une fois, cherché une solution. Ce fut, en 2009, la tentative de création du Mouvement pour le Peuple et la Nation (MPN), qui me valut une campagne haineuse de fanatiques du FN sur internet ; ce fut ensuite (en 2014) la tentative d’unification des petits partis patriotes, nationistes et souverainistes, qui s’est heurtée aux egos et, il me semble, à la tortueuse stratégie de leurs leaders (voir Dupont-Aignan) ; c’est, enfin, Peuple & Nation. A chaque fois, le projet prévoyait un volet « programme commun de gouvernement » de la droite patriote, nationiste et souverainiste incluant le FN. Et ça vaut, je le répète, pour P & N.

    « Incluant le FN », cela ne signifie pas « sous l’égide du FN » ni, encore moins, « derrière le FN » ou « sous la coupe du FN ». Cela signifie « en partenariat indépendant et souverain AVEC le FN, sur la base d’un programme de gouvernement ». Or, plus le temps passe et plus je doute de la possibilité d’une telle option. D’abord, force est de constater que le FN ressemble de plus en plus à une espèce d’auberge espagnole où chacun apporte son idéologie. Ensuite, certains de ses choix, dont la place prise par l’ancien gauchiste et aventurier politique Robert Ménard, jettent un doute sur son sérieux. Mais, surtout, l’incapacité du FN à accepter les règles qui régissent la vie politique française, c’est-à-dire l’obligation faite aux partis de gouvernement de passer des alliances, pose sérieusement la question de sa volonté à exercer vraiment le pouvoir.

    En effet, le FN persiste à vouloir débaucher des personnalité au lieu de faire des offres sérieuses de gouvernement aux Reps résolument patriotes, nationistes et souverainistes. Comment imaginer que des personnalités comme Henri Guaino, Jacques Myard ou Alain Marsaud consentent à troubler leur image en s’acoquinant avec un parti qui, nons seulement n’a pas réussi à dissiper les relents de soufre qui planent encore autour de lui mais n’a pas convaincu de son sérieux ? Et comment le feraient-ils alors que le FN s’ingénie à troubler ses appels en les adressant à des gens qui ont beaucoup sévi à gauche ? De fait, tout se passe comme si les dirigeants du FN faisaient mine d’en appeler à l’union nationale en la redoutant et en la sabotant consciencieusement. De ce point de vue, laisser Ménard en tête de gondole de cette promotion de l’union des patriotes est la meilleure manière d’en assurer l’échec. Alors, je me pose sérieusement la question de la sincérité du FN quant à sa volonté d’accéder au pouvoir et, surtout, de le partager.

    Au mieux, si j’ose dire, je le soupçonne de continuer de jouer la carte du cavalier seul tout en ayant l’air de vouloir l’union. En effet, j’ai tout lieu de penser que les dirigeants du FN ne sont pas naïfs au point de croire qu’ils accéderont au pouvoir en 2017. Cela fait des années que le parti a atteint son plafond de verre électoral et la fable selon laquelle Marine Le Pen fera 31% au premier tour de la Présidentielle de 2017 (11,4 millions de voix, soit 5 de plus qu’en 2012 et 4,6 de plus qu’aux Régionales de décembre dernier) est destinée à faire le buzz et n’est pas de nature à tromper des MLP, des Philippot et des Aliot. Du coup, l’important pour le FN reste de continuer d’engranger des voix synonymes de financements plantureux (1,70 € par an et par voix obtenue aux législatives, soit environ 10 m€) en attendant 2022 ou un hypothétique grand soir antisystème.

    Encore une fois, Peuple & Nation n’a pas vocation à jouer les supplétifs du FN (ni de LR mais nous aurons l’occasion d’en parler). P & N est destiné à offrir aux Français qui n’en peuvent plus de voir la France s’enfoncer sans rien faire la possibilité de faire quelque chose, justement. Sa vocation est de susciter un mouvement du type de celui opéré à gauche en 1971 au congrès d’Epinay où les petits partis de gauche dispersés se sont unis et ont porté leur candidat à la résidence dix ans plus tard, non sans avoir frôlé la victoire dès 1973.  S’agissant de l’union de la droite patriote, nationiste et souverainiste à laquelle P & N travaille, elle n’aura pas à attendre dix ans ; il lui suffit d’exister pour gagner. Nous y reviendrons !

    En tout cas, on est loin des querelles personnelles ou de clocher.

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3 Responses to Peuple & Nation, Ménard et le FN

  1. macia says:

    Je suis d’accord avec vous Kader.

  2. Michelle DINCHER-MOSCONI says:

    Monsieur,
    Vous vous proclamez démocrate, mais vous ne supportez pas le FN! Ses adeptes ont tout à fait le droit d’exister au même titre que l’extrême gauche.
    Je ne suis pas du tout FN, et je deviens de plus en plus Royaliste.
    Je vous remercie donc de me retirer de vos fichiers.
    Michelle DINCHER-MOSCONI

  3. domichel says:

    au vu des pourcentages engrangés par les petits partis politiques de droite qui n’ont pas voulu se rapprocher de la bannière FN pour des raisons politiquement politiciennes et de ce front dit républicain que le FN a trouvé devant lui aux départementales et régionales, on peut douter et partager votre analyse sur sa victoire en 2017.Cependant, vouloir c’est pouvoir.
    Si aucun autre parti ne répond à mes attentes d’ici mai 2017, il est certain que beaucoup dont je fais partie, voterons FN au moins au 1 er tour et même au 2e tour ou ce sera un vote blanc sur toute la ligne car il n’est pas question pour moi de m’abstenir de voter.
    n’oubliez pas aussi qu’il faudra compter aux législatives sur les voix frontistes sauf si cette loi censés désavantager les petits partis est mise en vogue.
    La France n’est pas actuellement en capacité de se réformer car nos édiles politiques de droite comme de gauche demandent aux Français des efforts qu’eux m^me ne sont pas capables ou ne veulent pas s’appliquer et ils nous démontrent bien leur faiblesse et incompétence à gouverner.
    De plus , elle a peur… et j’en fais partie.
    la France se délite, la nation s’étiole… et nous regardons ce terrible spectacle courir devant nos yeux Alors les voix de sirène du FN nous font du bien…..
    Bien à vous.

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