Derrière le Tafta, la géopolitique (1)
TAFTA : flou, mensonge et dissimulation à tous les étages.
L’affaire de TAFTA présente plusieurs facettes : la première est ce qu’on essaie de nous vendre et comment on nous le vend ; la deuxième est la réalité du processus lui-même ; la troisième est ce qui se cache derrière tout ça car, comme chacun sait, un train peut toujours en cacher un autre. Dans tout cela, on observe au moins une constante : le flou, le mensonge et la dissimulation sont présents à tous les étages.
Pour nous vendre le TAFTA, la Commission européenne n’est pas en peine de promesses mirifiques… en apparence. En effet, à y regarder de près, même si on considère les hypothèses hautes, les bénéfices attendus de la signature de l’accord de libre-échange transatlantique sont ridicules. Ainsi, nous dit-on, le TAFTA boostera l’économie à hauteur de 68 à 119 mds€ pour l’Union européenne, de 50 à 95 mds€ pour les Etats-Unis et 100 mds€ pour le reste du monde. A première vue, c’est estimable. Ramenées aux produits intérieurs bruts des zones concernées, cela donne 0,4 à 0,7% pour l’UE, 0,27 à 0,5% pour les Etats-Unis et environ 0,22% pour le reste du monde.
Première remarque : à supposer qu’elles soient un tant soit peu pertinentes, ces données n’ont aucune signification pour la simple raison qu’elles restent très en dessous de la marge d’erreur admise en matière de prospective économique. Il paraît invraisemblable qu’on puisse fonder une énormité comme le TAFTA sur des hypothèses aussi fragiles. Les dernières illusions tombent quand on sait comment ces résultats ont été obtenus.
C’est simple : les gains supposés pour l’économie mondiale résultent d’hypothèses optimales ne prenant en compte que des critères objectifs constants et lissés et uniquement ceux réputés positifs. Par exemple, il n’est tenu aucun compte des disparités entre les états (et pour cause, ceux-ci sont, dans l’esprit des promoteurs de ce projet, réputés abolis). Si l’UE réalise une progression moyenne de son PIB de 0,7%, il n’est pas besoin d’études poussées pour comprendre que celle de l’Allemagne sera plutôt très au-dessus de la moyenne et celle de la France très en dessous[1]. Surtout, aucun critère subjectif n’est retenu, aucun aléa n’est envisagé. La volatilité des marchés, la spéculation, les risques dus aux choix humains en général, n’entrent pas en ligne de compte dans ces études.
Effets limités sur le PIB des zones économiques arbitrairement définies mais aussi sur l’emploi et sur les flux commerciaux. Le chômage serait réduit, selon l’étude la plus optimiste, d’un million d’unités pour l’ensemble de l’UE et les exportations augmenteraient de 5 à 10% (ce n’est pas une fourchette mais un râteau). Cela, après une période d’ajustement dont la Commission ne parle pas mais que les économistes indépendants estiment à… dix ans. Dix ans pendant lesquelles une étude autrichienne prévoit la perte de quatre-cent-mille à un million d’emplois induisant des dépenses en prestations de 5 à 14 mds€ et de 4 à 10 mds€ de manque à percevoir en impôts et cotisations sociales pour les états. Une paille !
(Demain : Qui se cache derrière les politiques ?)
Dans la série Derrière le Tafta, la géopolitique, lire aussi:
(6) Au cœur de la toile Goldman Sachs
Peter Sutherland, le deus ex-machina de la subversion financiaro-mondialiste
(5) Quand la finance internationale s’émancipe du politique
L’euro-atlanto-mondialisme est au service d’intérêts privés, pas à celui des États
(4) EurAfroAmérique, la finance apatride à la manoeuvre
Etats contre nébuleuse financière apatride : la guerre des guerres ?
(3) L’obsolescence du système de Bretton Woods et les dérives américaines
Avec un dollar étalon livré à lui-même, l’Amérique se croit tout permis
(2) Qui se cache derrière les politiques ?
TAFTA : une pièce parmi d’autres d’un gigantesque poker géopolitique
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