Gollnish et Arnautu sommés de quitter les instances du FN. La fin du Front ?
Le poisson pourrit par la tête. Autant les troupes fnistes sont calmes, disciplinées et (au moins provisoirement) confiantes en leur chef(fe), autant la direction du FN est agitée de débats plus ou moins feutrés en apparence mais en réalité houleux entre les grandes figures du parti et la nouvelle génération de pièces rapportées, débauchées à grand renfort d’argent de partis par ailleurs accusés de faire la ruine de la France. Marine Le Pen avait donné l’exemple avec le recrutement de l’énarque Philippot, passé du statut de diable tant qu’il était (paraît-il, Chevènement n’a pas confirmé) au MRC, à celui d’ange une fois passé au FN. Ces temps-ci, le mouvement s’est accéléré au point qu’on se demande si ce n’est pas le « système » qui a noyauté le FN plutôt que l’inverse.
Il faut croire que ces transfuges se croient dorénavant suffisamment forts pour qu’ils s’autorisent à tomber sur Gollnish et Arnautu après avoir, l’an dernier, chassé dans les conditions qu’on sait, Jean-Marie Le Pen de la maison qu’il avait lui-même construite. En effet, je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais on n’a pas entendu MLP sur l’injonction qui leur a été faite de quitter les instances du parti. En revanche, on a bien entendu (et vu) Philippot user de termes les plus virulents et une rhétorique un peu spécieuse, il me semble (mais ça regarde le FN) pour justifier une éviction dont il est sans doute le principal artisan.
Au passage, vous remarquerez comment il transforme en incident (« une tempête dans un verre d’eau » ; il fallait l’oser, celle-là !) un fait politique majeur qu’il veut par ailleurs sanctionner de la manière la plus forte. Surtout, on admirera avec quelle science, il reprend à son compte les arguments des ennemis les plus haineux du FN.
Bref, loin d’être un épiphénomène, ce qui s’est passé ce week-end est en réalité un nouvel épisode de l’évolution du FN vers une normalisation poussée au point qu’il en perde jusqu’à sa justification. Dès lors, il ne fait aucun doute que les Français seront de plus en plus nombreux à se demander à quoi servirait de voter pour Marine Le Pen en mai 2017 et pour ses candidats aux législatives de juin si c’est pour remplacer ceux qui ruinent la France par des gens – d’ailleurs venus de leurs rangs – dont la préoccupation première est de leur ressembler.
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TAFTA : l’opération « embrouille » bat son plein.
Avez-vous remarqué ? Plus personne ne veut que la France signe le TAFTA. Y compris ceux qui l’ont promu, défendu et recommandé. François Hollande a donné le signal du refus en déclarant « La France ne signera pas le TAFTA dans l’état ». Son sous-ministre Matthias Fekl ose : « Il n’y a aucune raison de se mettre à la remorque des États-Unis ». C’est ensuite Valls qui proclame le menton en avant que le traité « ne pourra pas aboutir s’il n’apporte pas les garanties que le niveau d’exigence que nous avons en France pour la santé et l’environnement de nos concitoyens sera maintenu ». De son côté, Sarkozy se dit « En l’état actuel des choses […]clairement défavorable à la signature du traité transatlantique ».
Juppé, Le Maire, NKM n’ont rien dit. Je les trouve moins faux-jeton. Eux au moins ne renient pas leur euro-atlantisme. Seul François Fillon s’est prononcé pour un arrêt pur et simple des négociations. Pour lui, « les États-Unis exercent sur l’Europe une tutelle économique et financière, à travers la justice américaine, qui devient insupportable.«
En effet, on remarquera que les refus de signature sont tous affublés d’une condition de type « en l’état ». Ce qui laisse largement ouverte la possibilité de signer, même « en l’état » et FORCÉMENT « en l’état » compte tenu de ce qu’on sait sur les conditions de son élaboration et du projet global auquel il concourt, un traité déjà ficelé et verrouillé, ainsi que nous le verrons prochainement (j’y reviendrai demain). Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? On assiste tout bonnement à un remake de l’embrouille sur les traités européens dont tous les candidats avaient dit avant la présidentielle de 2012 qu’ils les renégocieraient dès le lendemain de leur élection. On attend toujours !
Ce que pensent en réalité tous ces gens est dans la déclaration de l’eurodéputé Les Républicains Alain Lamassoure, selon lequel les opposants au TTIP étaient « des anticapitalistes primaires » qui « font le jeu de la Chine et affaiblissent l’Europe ». (!)
Sur cette question du TAFTA (ou TTIP), je vous recommande vivement de suivre le débat de ce soir animé sur LCP par Sonia Mabrouk (On va plus loin à 22h). Y est invité, Jean-François Julliard, le directeur général de l’association Greenpeace qui vient de publier un document particulièrement sensible qui met la sphère euro-atlantiste en émoi. En attendant, je vous recommande de visionner la vidéo jointe. Elle est explicite. Jean-Frédéric Poisson y est remarquable et le député européen Yannick Jadot vous réconcilierait presque avec les écologistes. Quant à Elvire Fabry, elle est une des très nombreuses courroies de transmission du lobby européiste payées par les contribuables et qui squattent les plateaux de télévision pour – y compris en usant de mensonges – faire la propagande d’une Europe inféodée à l’Amérique.