Et si le shoot Hamon permettait au PS d’être au second tour de la Présidentielle ?
Je me suis planté ! C’est, en tout cas, ce que j’ai pensé dès que j’ai compris que Benoît Hamon allait l’emporter sur Valls à la primaire « de la belle alliance populaire ». Dans la journée de dimanche, j’ai entendu qu’une étude « sortie des urnes » imputait le succès de Benoît Hamon au premier tour aux manœuvres trotskisantes de gauchistes mélenchoniens et verts qui sont allés massivement voter pour lui alors que les électeurs socialistes s’étaient majoritairement prononcés pour Manuel Valls.
Le phénomène eût été marginal si le Premier Secrétaire du PS, l’ancien trotskiste Cambadélis, n’y avait mis la main alors que je m’attendais à ce qu’il mobilise en faveur du candidat quasi officiel. Ainsi, les capacités manœuvrières que je prêtais aux Socialistes se sont bien manifestées mais, loin d’être mises au service du réalisme programmatique, elles ont servi à éliminer Manuel Valls. Ainsi, le ressentiment contre François Hollande et son dernier Premier Ministre a été plus fort que la cohérence politique.
Ce matin, sur France Inter, j’ai entendu Jean-Pierre Le Goff en décrire finement les raisons profondes. « Benoît Hamon, a-t-il dit, est un candidat identitaire. Il parle d’un « futur désirable, un imaginaire puissant pour redynamiser une gauche robuste, sincère et authentique » Il conclut : « Le fait de pouvoir peser ou non sur le réel devient secondaire par rapport à la question existentielle d’une bonne partie des gens de gauche complètement paumés. La candidature Hamon ressoude mais sans avoir le souci de peser sur les choses ».
Le paradoxe est que, selon toute apparence, le rassemblement des Socialistes en vue d’affronter unis la Présidentielle pourrait fort bien se produire, non pas derrière Valls mais sous la bannière Hamon. C’est pour cela que j’ai écrit plus haut que je ne m’étais, finalement, pas vraiment trompé… sauf sur le nom du chef, ce qui n’est pas rien, je le concède. En effet, et cela en a surpris plus d’un à commencer par moi, Manuel Valls a confirmé dès qu’il a connu le résultat du deuxième tour de la primaire ce qu’on pressentait lors du débat de jeudi dernier, à savoir qu’il se ralliait pleinement à la candidature de Benoît Hamon. Mais il est allé plus loin : il a reconnu son leadership, entraînant avec lui ses électeurs et ses soutiens.
En définitive, la primaire socialiste fut bel et bien un précongrès, c’est-à-dire un arbitrage entre ses courants mais, et ça change tout, sans que les petits arrangements entre apparatchiks ne puissent trafiquer un vote ouvert, public et transparent. Et c’est là que ce que je disais de la cohérence politique du PS s’est confirmé : à partir du moment où les adhérents et sympathisants ont tranché, les cadres non seulement acceptent leur verdict mais se mettent en ordre de marche pour l’appliquer. A ce jeu, ce sont les frondeurs qui ont gagné. Et aussitôt les deux gauches irréconciliables se réconcilient en vue de l’objectif imposé par le calendrier: la Présidentielle d’avril-mai prochain. Et, tout d’un coup, Benoît Hamon qui, quelques heures plus tôt n’était pas loin d’être considéré comme un hurluberlu, entre dans la peau d’un candidat socialiste plausible. D’ailleurs, un sondage effectué entre les deux tours de la primaire et cité seulement dimanche le donne à 13% soit plus du double du score dont il était crédité une semaine avant,
Par quel miracle ? La réponse la plus pertinente est donnée par Jean-Sébastien Ferjou, le patron du site Atlantico.fr. Pour lui, ceux des socialistes qui étaient tentés par Mélenchon et par Macron sont partis depuis longtemps. Il ne reste au PS que les Socialistes à la fois légitimistes et cohérents qui, veulent continuer de faire ensemble de la politique malgré leurs divergences. Si cela se confirme, c’est évidemment une bonne nouvelle pour le PS qui, depuis dimanche soir, loin d’être mort, ressemble de nouveau à quelque chose. Et si le simple fait de s’être accordé sur son candidat a suffi à propulser ses chances au niveau de celles de son contestataire le plus constant, Jean-Luc Mélenchon, alors, toutes les espérances (c’est le mot à la mode, à gauche) lui sont permises.
D’ailleurs, ça n’a pas traîné : les habituels chasseurs de places tels Cécile Duflot se sont mis sur les rangs. La candidature EELV de Yannick Jadot pourrait en faire les frais. Et quelqu’un comme Christiane Taubira pourrait revenir au premier plan et entraîner avec elle des Radicaux de gauche qui jouent à se faire désirer. Le premier à sans doute pâtir de ce phénomène est évidemment le lider maximo du Front de gauche. Avec Hamon comme boussole, le PS pourrait tenter ceux qui l’ont quitté de revenir au bercail. Et le PC, qui soutient Mélenchon à contrecœur pourrait en profiter pour changer son fusil d’épaule. En effet, pour le PC, une présidentielle perdue d’avance n’a aucun intérêt ; seules comptent les Législatives de juin prochain. Le PS version Hamon est évidemment ouvert à un accord électoral dont le mégalomaniaque Mélenchon, qui prétend qu’Hamon aussitôt désigné devrait se ranger derrière lui-même (!), ne veut pas. Soutenir Jean-Luc Mélenchon au risque de se retrouver ostracisé en juin par un PS seul capable de lui offrir des circonscriptions gagnables est évidemment injouable pour un parti réduit à l’état d’une PME vivant du financement des partis politiques. A 83 jours du premier tour de la Présidentielle, rien n’est écrit et la candidature de Mélenchon elle-même n’est pas assurée.
A l’autre bout du spectre socialiste, les « sociaux démocrates » déjà tentés par un ralliement à Emmanuel Macron pourraient revoir leurs projets. En effet, la campagne électorale va commencer et Macron ne pourra pas tenir longtemps sur la promesse d’un programme qui ne vient pas. A supposer qu’il en ait un puisqu’il a maintenant la prétention de ne le dévoiler qu’après la présidentielle ! Programme ou pas, la campagne électorale mettra au jour ses ambiguïtés, ses insuffisances, ses incohérences, ses secrets et, plus encore, les dangers que, compte tenu de son parcours et de ses soutiens, lui-même représente pour le pays.
Moyennant quoi, un candidat socialiste requinqué dans les sondages pourrait profiter du consternant mélodrame Fillon pour hausser encore ses prétentions jusqu’à se voir au second tour de la Présidentielle face à Marine Le Pen.
________________
A suivre : Fillon pleurniche mais ne se défend pas.
A ce jour, je pense que Fillon est « plombé »…
A condition qu’il puisse se présenter, il ne sera pas élu. Contrairement à vous, Kader, je pense que l’unité du PS est loin d’être faite sur Hamon, et que le second tour se jouera entre Macron et MLP. Le déficit d’image de Hamon me paraît trop important.
Certes, le programme Macron est inexistant, mais l’enjeu est tel que ses « parrains » vont se charger de masquer les vides…