Décryptage

La CDC : bras armé de la haute fonction publique pour confisquer le bien public.

illustration4

    La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) est réputée être le “bras armé de l’État dans l’économie”. Cela signifie que l’économie de la France est très largement contrôlée par la puissance publique, ce qui faisait dire à d’aucuns que la France était “le seul pays du monde où le communisme avait réussi” (Paul-Marie Coûteaux). Tout cela, en réalité, est à conjuguer au passé. La CDC, de fait est devenue l’instrument de la main-mise de la haute fonction publique sur l’économie : ce n’est pas exactement la même chose. 

    La CDC a été, ces derniers temps, sous la direction du Piérouge (eux disent “Pied-Noir libéral”) Pierre-René Lemas, deux fois dans l’actualité. Dans l’actualité visible, l’affaire de la distribution d’actions gratuites à 60 collaborateurs de l’entreprise mise au jour par la Cour des comptes dans son rapport de février 2015. Le dispositif mis en place entre 2007 et 2010 par Jérôme Gallot, président de de CDC, leur octroie la somme de 8,62 millions d’euros, dont la moitié de cette somme pour les dix principaux bénéficiaires. Problème : c’est illégal pour les agents de l’État ! Mais, justement, ça tombe bien : la CDC est une institution financière publique qui fonctionne comme une Société anonyme, sauf que ses actions sont détenues par l’État et, dans le cas présent, une partie de son personnel. Ce dont ses cadres dirigeants prennent prétexte pour s’attribuer des actions gratuites. Comment mieux illustrer la notion de “confiscation de bien public” ?

    Aussi révélateur d’un système et, de ce fait, soigneusement caché, le rapport entre l’actualité politique de ces tout derniers jours et la société  Transdev, l’une des filiales de la CDC, spécialiste du transport, qui a réalisé 7 mds€ de chiffre d’affaire et salarié 86 000 personnes en 2013. Il se trouve que Transdev a le monopole du transport par …autocar. Comme quoi, quand Macron veut ouvrir le transport interurbain à la concurrence, il travaille pour Transdev qui est déjà installée sur les lignes internationales. Les entrepreneurs privés qui seraient tentés de profiter à cette “ouverture” n’ont pratiquement aucune chance de bénéficier des appels d’offres d’exploitation des lignes, qui resteront du ressort de …l’État, c’est-à-dire entre les mains des condisciples et collègues des patrons de Transdev.

    Dans la même veine, le fait de confier à la Poste (21,6 mds€ de CA en 2012) le soin de faire passer les permis de conduire est dans la droite ligne de la politique de contrôle d’activités qui pourraient fort bien être laissées au secteur privé. Pourquoi, par exemple, ne confie-t-on pas la mission de faire passer les examens aux professionnels de la profession ? Mais, avec la Poste, rien n’étonne plus : banque, téléphonie, épicerie, bureau de tabac, …et quoi d’autre ? Ne serait-il pas plus facile, s’il faut absolument sauver le service postal alors que les Français écrivent de moins en moins, l’intégrer dans le secteur des télécommunications, autrement dit en faire une filiale de France Télécom ? Mais, ayant suivi de près la tentative d’O.P.A. réalisée par ADECCO sur la Poste, avec la complicité intéressée de son président d’alors Jean-Claude Bailly (par ailleurs membre indélogeable du Conseil économique et social) et du “conseiller social” de l’État Raymond Soubie[1], je n’ai aucun doute sur la véritable motivation de cette curieuse proposition.

    En réalité, la CDC est une puissant moyen au service de la haute fonction publique pour garder la haute main sur une ribambelles d’entreprises dites privées issues des fausses privatisations opérées depuis Balladur, qu’elle exploite un peu pour le compte de l’État et beaucoup pour son propre compte. Par exemple : la CNP-Assurances (27,5 mds€ de CA), France Télécom (23,3 mds€), TDF (1,3 mds€), Icade et SNI (immobilier, 1,5 et 1,35 mds€), EGIS. Dans le patrimoine de la CDC, il y a aussi Sanef-Autoroutes (1,9 mds€) et, surtout, la Société de financement local (84 mds€ de fonds propres) qui a repris de fonds de commerce de DEXIA, dont le contribuable paie les 17 mds€ de pertes. La SFL est un formidable levier pour influencer la vie politique locale.

    Mais la CDC, c’est aussi une machine à financer les copains du pouvoir, via le FSI, un fonds d’investissement dit “stratégique” créé par Nicolas Sarkozy qui a investi – heureux hasard – 3 m€ dans la maison de disques Naïve qui édite Carla Bruni. Curieusement, la première entreprise à bénéficier de l’apport du FSI fut la coopérative agricole Limagrain dont la filiale Vilmorin fait dans l’OGM…qui est interdit en France ! FSI est l’une des composantes, avec OSEO et Qualium Investissement, de la Banque publique d’investissement (BPI France) qui gère 42 mds€ dont : 20 Md€ en prêts, 12 Md€ en garanties et 10 Md€ en investissements en fonds propres. Une formidable force de frappe pas toujours cohérente et objective dans ses choix et dont les dirigeants ne se gênent pas pour financer les copains du pouvoir, sans que ça soulève les protestations de l’opposition… puisque celle-ci sait qu’elle en profitera à son tour !

    Tous les Français devraient connaître le scandale d’EADS devenu Airbus. Ayant connaissance du retard de livraison de l’A380, les deux plus gros actionnaires d’EADS et plusieurs cadre de l’avionneur, ainsi que leurs familles, vendent leurs actions. Le cours de celle-ci chutera de 36% le jour où l’information sera officialisée. Lagardère réalise à cette occasion une plus-value de 800 millions d’€uros pour la vente de ses actions d’une valeur de 2 mds€. C’est un “délit d’initié”, parfaitement banal si ce n’est que l’acheteur est – entre autres “investisseurs” institutionnels –  la Caisse des dépôts et consignations pour 600 m€. La chute de l’action entraîne un perte de 200 m€ pour le contribuable. L’affaire est entre les mains de la Justice. Exceptés Arnaud Lagardère et Jean-François Gut, tous les protagonistes de l’affaire sont des “grands commis de l’État”, énarques et polytechniciens, passés par les cabinets ministériels. Les plus connus sont Thierry Breton, ministre des Finances, Xavier Musca, Directeur du Trésor et Augustin de Romanet, Président de la CDC.

    Pour mémoir ou, plutôt, pour info, la CDC jour un rôle central – et minutieusement passé sous silence par nos chers médias – dans la curieuse affaire de la vente de la chaîne de restaurants Quick, par l’homme d’affaires belge Albert Frère, ami de Nicolas Sarkozy, à une filiale de la Caisse des dépôts. Celle-ci est accusée d’avoir acheté Quick deux fois le prix estimé de l’entreprise. L’affaire est toujours en cours d’instruction sur plainte de l’associé français d’Albert Frère. (A suivre)

 ________________

[1] Le symbole absolu du système en vigueur de confiscation du bien public par les intérêts privés. La CDC a aidé Raymond Soubie à créer une boîte privée, ALTEDIA, qu’il a opportunément revendue à …ADECCO avec une plus-value de 65 millions d’€uros. Il achète alors l’agence de presse AEF, éditrice une brochure de 8 pages qui passent immédiatement à 48 bourrées d’annonces des entreprises publiques qui en sont devenues clientes. Puis il prend le contrôle et la présidence de la société de “conseil en ressources humaines” Alixio dans laquelle on retrouve son complice et associé d’ALTEDIA Philippe Kienast et son épouse Danielle Duruy. Celle-ci a la spécialité de tenir au chaud la présidence de ses sociétés privées pendant qu’il cumule avec des fonctions de conseil des « grands ». Comme en 2007-2010, le président de la République N. Sarkozy. Mélange des genres et trafic d’influence !

This entry was posted in Non classé. Bookmark the permalink.

8 Responses to Décryptage

  1. Mascherpa Marc says:

    Apres ça … il n’y a plus rien à faire ni à dire … on
    est morts !!!

  2. domichel says:

    Tout est toujours des petits arrangements entre amis ! et on s’étonne du peu de confiance du peuple à ses politiques !

  3. Bureth says:

    Esperons qu’il se passera beaucoup de choses.

  4. Bureth says:

    Esperons qu’il se passera quelque chose et que les francais ne soient pas amnesiques

  5. Martinez says:

    Toutes ces combines, le peuple n’en a pas connaissance. Je découvre le FSI créé par Sarkosy et cela ne m’étonne pas, quand on voit à quoi sert ce fonds d’investissement…… Je suis étonnée de la filiale de Vilmorin, faire des OGM en France, en toute impunité, que fait BOVÉ ? Je suis de plus en plus écoeurée de ces comportements de français qui, au lieu de servir la France, se servent. La France est foutue parce que gouvernée par des corrompus. Georgette

  6. Miane albert says:

    Ne pas oublier un des aspects non moins intéressant du rôle de tutelle de la CDC sur l’ensemble des SEM ( sociétés d’économies mixtes)
    En effet l’encadrement des SEM est quasi exclusive d’agents issues recrutés et formes dans les organismes dépendant de la CDC.
    Ils assurent un tissus homogène a son service et a celui des collectivités qui concèdent leurs travaux aux SEM .
    Ainsi la CDC a des moyens de contrôle de la gestion des fonds publics considérables à usage de collectivités, et “contrôle l’attribution des marchés…!”
    Ce pouvoir est considérable car il est le lien entre public et prive , et peut en utilisant les moyens des appels d’offres publiques dont il “gère la légalité ” (car ce sont les SEM qui organisent par délégation les appels d’offres) offrir en toute légalité des possibilités d’arrangements convenant aux partenaires locaux , collectivités, politique et prives …!

    La CDC : une machine de guerre qui contrôle plus ou moins directement le budget considérable de l’investissement des collectivités locales…

  7. site says:

    Conseils très utiles ! A mettre en pratique maintenant !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *